Chapitre cinq.
Je viens tout juste de finir de manger quand la sonnette de l'entrée retentis, je saisis mon sac de cours et ouvre la porte pour tomber sur Harry. Il a respecté sa promesse, même si j'aurai parfaitement compris qu'il ne veuille pas venir par manque de confiance. Ce serait normal de sa part, après ce que je lui ai dit. Je ne sais pas ce que j'essaye de faire au juste. Lui montrer que je ne suis pas un être si horrible que ça ? Me faire pardonner ? Surement un peu des deux. Je commence à l'apprécier, au fond il y a du bon en chacun de nous. Puis ça se ressent tellement qu'il a besoin de quelqu'un même s'il ne veut pas l'avouer de vive voix.
« Bonjour. »
« Salut. »
Il me sourit avec son même air timide que d'habitude. Je descends les deux marches qui mènent à ma maison et le rejoins. Je sors une cigarette ainsi qu'un briquet de ma veste en jean, et commence à tirer quelques bouffées. Harry porte son éternel sac marron en bandoulière et ses vêtements un peu vieillot mais bizarrement... Ses cheveux ne sont pas comme avant. Ils ne sont pas coiffés si parfaitement et ça le change. Dans le bon sens je veux dire.
« C'est nouveau ? »
« Pardon ? »
« La coupe de cheveux, c'est nouveau ? »
« Ah non... Il rougit légèrement. Je n'ai pas eu le temps de les coiffer ce matin. Alors, ils bouclent un peu. »
« J'aime bien. Tu devrais les laisser au naturel plus souvent, ça met ton visage plus en valeur. »
Ses joues prennent une teinture encore plus rouge et il baisse la tête. Il ne doit pas avoir l'habitude des compliments, et ce n'est surement pas dans notre lycée qu'il en recevra. Mais il ne lui reste plus qu'un an et après il partira en université, parce qu'évidement il aura son diplôme haut la main, sans même avoir besoin de réviser et de travailler dur. Evidement il le fera, parce que c'est Harry est qu'il est toujours comme ça. Parce que pour lui, le seul moyen de réussir dans la vie c'est en travaillant. C'est vrai pour les études, et pour l'avenir, mais pas pour les amitiés.
Il ne fut pas très bavard durant le trajet mais il semblait nettement plus détendu que les autres fois. Disons que ce matin, je ne suis pas là pour le critiquer. Je veux lui faire comprendre que je suis quelqu'un de bien et qui plus est de sincère. Je veux l'aider. L'aider à affronter ces brutes, l'aider à comprendre comment fonctionne les principes de l'amitié. En fait, il a encore des choses à apprendre. Pas dans le terme de l'éducation non, mais du social. Mais malheureusement c'est le sujet qui le met le moins à l'aise, qui le crispe. Surement parce qu'il a dû oublier, volontairement, les relations avec les autres parce qu'il a été trop souvent critiqué par des idiots dans le passé. Parfois, les gens devraient cesser de s'arrêter à l'apparence de quelqu'un. Le monde aurait déjà évolué d'un degré, je pense.
« Bon... Je vais en littérature. A ce soir. »
« Eh attend ! Je lui attrape le bras alors qu'il s'apprête à rentrer dans la cour lycée. Qu'est-ce que tu fais là ? »
« Tu attends Zayn ici d'habitude. »
« Je ne lui ai pas parlé depuis la soirée de Samedi. Et je t'ai dit que je restais aussi avec toi aussi maintenant. »
« M... Même au lycée ? »
« Partout où tu voudras que je sois, oui. »
« C'est... Je... Merci. »
« Arrête de me remercier, c'est normal. Tu manges ici ce midi ? »
« Oui, toute la semaine. »
« Bien, dans ce cas attend moi devant le réfectoire et on mangera ensemble si tu veux ? »
« Vraiment ? »
« Je ne suis pas un menteur. »
« Personne n'a jamais fait ça pour moi avant. »
« Faut bien commencer un jour. Je souris tandis qu'on avance à présent dans les couloirs du lycée. Je te l'ai dit, je ne suis pas quelqu'un de méchant. »
Je vois son visage s'illuminer au fil de mes mots. Je crois que ça lui fait chaud au cœur d'entendre ça. Il me sourit timidement et hoche la tête avant qu'il me fasse savoir qu'il doit se rendre devant sa salle. Je le salue, il fait de même et file à l'autre bout du couloir afin de monter à l'étage. Je suis plutôt content de moi, de mes efforts. Je me rends compte qu'aider les gens est surement la chose que j'aime le plus faire, à défaut de les sauver réellement. Un combat contre soi-même ne marche pas sans le soutien des autres, et l'Humanisme est ce qui manque le plus dans ce monde. C'est surement d'ailleurs ce qui le vouera à l'échec et que l'espèce humaine deviendra sauvage, elle ne parviendra pas à survivre sans vouloir s'entretuer. Si ce n'est pas déjà ce qu'elle fait. J'en ai le constat avec Harry. Il ne cesse de se faire humilier, et il ne dit strictement rien. Il se laisse marcher dessus comme si toutes ses insultes à son égard étaient normales à ses yeux, comme si elles lui étaient dues. Ou simplement qu'il avait tellement eu l'habitude de les entendre, d'entendre les rires, les moqueries, les insultes. Mais je ne suis pas d'accord, il n'a pas à tout encaisser comme s'il était une vulgaire machine. Quand je l'ai critiqué sur son style vestimentaire, quand j'ai été moi aussi méchant avec lui, il aurait dû me frapper, ou du moins me rendre la pareille. N'importe quel être humain normal aurait agi comme ça. Mais le centre du problème était là, Harry n'était pas quelqu'un de normal. Au contraire, malgré ce qu'il veut nous faire croire. Son intelligence, son renfermement le différencie totalement des autres. Jamais encore je n'ai eu affaire à une telle personne. Il est unique.
« Tomlinson. »
Alors que je venais de m'assoir sur un banc dans le hall du lycée en attendant d'entendre la sonnerie retentir, la voix de mon meilleur ami m'extirpa de mes pensées. Il avait l'air de ne pas encore s'être remis de la soirée. Je ne lui avais pas envoyé de message depuis lors, et je sais que ça sort entièrement de nos habitudes. On se parle constamment, même si souvent le fond de nos conversations n'est pas si enrichissant que ça. Je ne veux pas le perdre, loin de là, parce qu'il est vraiment mon repère. Il m'a toujours soutenu quand j'avais besoin d'aide, dès que j'allais mal il accourait pour venir me rassurer, il savait trouver les mots pour ça. Encore aujourd'hui. Et notre relation marche dans les deux sens, quand il a un petit coup de blues, j'essaye de lui faire penser à autre chose. Il est en quelques sortes le frère que je n'ai jamais eu.
« Où est-ce que tu es allé hier soir après la fête ? Je t'ai envoyé au moins une dizaine de messages et t'as jamais répondu. »
Il s'installa à côté de moi en posant lourdement son sac au sol, entre ses pieds. Effectivement, au départ je n'ai pas répondu volontairement à ses messages, mais après avec la présence d'Harry chez moi je n'y ai plus vraiment prêté attention. Disons que j'avais oublié. Mon but premier était de venir en aide au brun qui était dans un état déplorable. Trempé, effrayé et bourré. La totale.
« Chez moi. »
« Tu aurais pu me prévenir quand même. »
« Excuse-moi, mais je pensais que tu t'éclatais à la fête alors je ne voulais pas te déranger. Puis j'étais fatigué. »
« Fais pas ton rabat-joie. Il soupira lourdement en fronçant les sourcils. Et Styles ? »
« Hm quoi ? »
« Bah je t'ai vu passer devant la maison avec lui. Vous avez fait la route ensemble ? »
« Oui, il est venu chez moi. »
« Wow répète vite fait. Me demanda-t-il surprit. »
« Tu veux que je te la fasse en espagnol ? »
« Sans déconner Louis putain ! Ce type est... Il est venu chez toi ? »
« Ouais, et il a dormit dans mon lit. »
« Super, c'est quoi la prochaine étape de vos aventures, vous avez couchés ensemble c'est ça ? »
« T'emballe pas Malik, je lui ai prêté mon lit pour la nuit et j'ai été sur le canapé du salon. »
« Je croyais que tu l'aimais pas. »
« Ca ne veut pas dire que j'ai l'intention de laisser mourir en se noyant. Et puis c'était avant. »
« Alors quoi, ça y est t'es devenu meilleur ami avec Styles ? »
« Putain t'as vraiment que ça à faire de jouer au con ? Et puis il a un prénom je te rappelle, il est humain comme nous, c'est pas un extraterrestre ou je ne sais quoi d'autre. »
« Je te comprend plus Louis. »
« Tu sais quoi, moi non plus je ne te reconnais plus. On a un style différent nous aussi, on est sensé le comprendre, et j'essaye au maximum de le faire mais toi... Toi tu fais comme tous ces crétins au lycée qui ne savent que rabaisser les plus faibles. T'es devenu de ces personnes qu'on détestait au début, maintenant, j'ai l'impression d'être le seul. Alors, tu veux continuer de maltraiter ceux qui sortent de la norme, très bien... Mais ce sera sans moi. »
Sans même attendre une réponse de sa part, je me levai du banc, pris mon sac d'une main et marcha d'un pas assuré vers la classe où se déroulait mon prochain cours. Cette fois, je ne ferais pas le premier pas vers lui. Nous sommes deux, et maintenant, c'est à lui de faire des sacrifices. J'ai toujours eu comme principe de haïr au plus profond de moi, ceux qui s'en prenaient aux plus faibles, à ceux qui sont un peu différents, et même si Zayn fait partie de ses gens... Je ne pourrai jamais m'y joindre à mon tour. C'est purement l'inverse des idées que je défends. Tant pis si lui ne le comprend pas, je ne vais pas lui courir après alors qu'il a failli laisser mourir un homme, un être humain, sans en ressentir la moindre culpabilité. Même ivre, il savait parfaitement ce qu'il se passait.
La matinée passe lentement, mon meilleur ami ne s'est pas assis à côté de moi parce qu'il a dû comprendre que je ne lui adresserai pas la parole, sans qu'il ne fasse un effort d'abord. Je me surprends même à écouter le cours de littérature qui s'est avéré plutôt intéressant. D'habitude, je passe mon heure à discuter sans arrêt avec Zayn si bien que le professeur ne cessait de nous faire des remarques pour qu'on se taise. J'ai toujours aimé lire, peu importe le genre de l'ouvrage, je peux aussi bien passer du roman au théâtre sans aucun problème. Il me suffit simplement d'un peu de silence et de mon lit ou d'un coin d'ombre dans mon jardin et je me laisse emporter pendant une après-midi entière par les mots. C'est magique. Je range mon livre et mon cahier puis file au pas de course devant le réfectoire où Harry doit me rejoindre. Et justement, au bout de cinq minutes, une fois que le flot d'élèves affamés est passé, je le vois arriver avec un sourire timide sur le visage. Je pense que le fait d'avoir de la compagnie pour manger lui fait vraiment plaisir, ce qui est tout à fait compréhensible. Nous rentrons dans la grande pièce puis allons nous mettre derrière les autres dans la file. Nous sommes servis rapidement, et en allant nous assoir à une table au fond je remarque Zayn avec notre ancienne bande. Ils me jettent un regard de travers, surtout James et Greg. Disons que j'ai un peu gâché leur soirée Samedi, mais ça ne m'importe peu. Je pose mon sac au sol et mon plateau sur la table circulaire, Harry s'installe en face de moi, là où il a l'habitude d'être depuis la rentrée. Il entame son repas, enfin si on peut considérer que deux cuillères de purée et du poisson vont l'aider à se remplir le ventre, il n'a même pas pris de dessert ou un fruit.
« Dis.. ? »
« Oui ? Il relève la tête doucement. »
« Je peux te demander pourquoi tu es venu habiter ici, si ce n'est pas trop indiscret ? »
« Ma mère a trouvé un poste intéressant ici mais elle hésitait à le prendre par rapport à mes études, elle ne voulait pas me changer de lycée pour ma dernière année. Finalement, elle a accepté de venir ici parce que c'était le coin le plus proche de son nouveau travail, d'autant plus que son salaire est nettement mieux, et que je ne suis qu'à quelques pas d'un lycée. Au fond, ça ne change rien pour moi. Les études, les cours restent les mêmes peu importe l'endroit. »
« Tu avais des amis là-bas ? »
« Oui, un seul. Ça doit faire trois ou quatre ans qu'on se connait, mais on s'envoie des mails et je le vois pendant les vacances alors la distance ne pose pas vraiment de problème. C'est à environ deux heures d'ici en voiture. »
« Et... Ton père ? »
Je devine à sa tête que j'ai touché une corde sensible. Son expression devient plus grave et livide. Tout comme moi, il doit avoir un passé trouble avec celui qui est sensé représenté son modèle masculin. J'ai grandis avec pratiquement que la présence de ma mère, j'ai dû apprendre à devenir virile par moi-même. Et disons que... Ça n'a pas vraiment réussit. C'est surement pour ça que j'ai adopté ce style particulier, pour me donner une sorte de carapace solide. Et je me demande si c'est le même cas pour lui.
« Je... Il n'est pas... »
« Ne m'en parle pas si tu n'as pas envie. Je pose beaucoup de question sans vraiment réfléchir, je suis trop curieux. Excuse-moi. »
« C'est juste que... Personne à part ma mère ne le sait et... On ne se connait pas assez pour que... »
« Je comprends, ne te justifie pas Harry. C'est de ma faute. »
« Désolé... »
Il baissa la tête comme s'il s'en voulait d'une chose dont il n'était même pas coupable. Je dû lui faire plusieurs fois comprendre que c'était uniquement de ma faute et qu'il ne devait pas se blâmer avant qu'il n'accepte mes excuses. La curiosité est surement l'un de mes pires défauts, je réfléchis rarement avant de poser des questions sur la vie des gens, sur eux, et c'est souvent très personnel. Sauf, que je m'en rends compte toujours trop tard. Nous finissons le repas en parlant d'un tout autre sujet, il me parle de ses goûts intellectuels. J'ai appris qu'il était passionné par la littérature, que l'astronomie l'avait toujours fasciné et qu'il essayait de se perfectionner dans les arts plastiques parce que c'était surement la matière où il était le moins compétant.
« C'est pas si compliqué. Tu sais... Je pense que c'est un peu comme les maths, si tu échoues à un calcul tu le recommences jusqu'à ce que le résultat soit le bon, pas vrai ? Eh bien c'est exactement la même chose pour l'art, si tu ne parviens pas à dessiner une main, par exemple, alors tu vas t'entrainer jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Il suffit d'être persévérant. »
« Peut-être mais... Mes dessins sont laids. Encore, la culture artistique je me débrouille mais pour ce qui est de la pratique c'est autre chose. Il poussa un soupire. »
« Aucun dessin n'est laid, Harry. L'art... C'est un tout, c'est le centre du monde. Tu peux aussi bien dessiner un corps humain qu'une pomme. Tu peux faire des traits colorés sur une feuille ou peindre la Joconde, ça restera toujours une forme d'art. Peu importe ton sujet ou ton support, il faut juste que tu laisses l'imagination et l'expression prendre le dessus sur la connaissance. Quand tu as un crayon en main pour faire un croquis, il ne faut plus que tu réfléchisses, il faut que tu te laisses aller. Ça doit être naturel et pas mécanique. »
« Je vais jamais réussir, déjà que je n'arrive pas à dessiner un simple visage. »
« Dis pas ça. Je pourrai t'apprendre les bases si tu veux, c'est pas si compliqué tu verras. »
« Tu... Tu ferais ça ? Me demanda-t-il, surprit. »
« Oui, et si jamais tu as besoin d'aide pour autre chose n'hésite pas à me demander. Par contre, les matières scientifiques c'est pas du tout mon point fort je te préviens, mais si tu ne comprends pas un poème de Rimbaud ou un passage d'un roman de Fitzgerald, je peux te renseigner. »
« Merci Louis. Il me sourit. Alors... Comme ça, tu t'y connais en littérature ? »
Suite à sa question, ce fut à mon tour d'exposer mes connaissances. Je lui expose mes auteurs favoris, ainsi que ceux que je n'ai pas encore lus mais que j'aimerai découvrir. Nous continuons notre conversation hors du réfectoire et optons pour un bout d'herbe au soleil dans les jardins du lycée. Il ne fait pas énormément chaud, le temps tourne doucement vers l'automne, mais la température est encore agréable. J'en profite pour montrer mes dessins à Harry, il les contemple un à un, les détaillants avec admiration. Je dessine un peu tout ce qui me passe par la tête. Un paysage qui m'a marqué, des endroits sinistres du lycée, une personne intrigante que j'ai vu passer dans la rue, ou bien n'importe quel autre chose qui me tombe sous le regard. Je n'aime pas me vanter, je ne suis pas non plus ce genre de personne narcissique, mais je suis quand même fière de ce que je produis avec un simple crayon. Ce n'est pas un don, loin de là, parce que j'ai encore des tas de progrès à faire, des manières pour bien dessiner des lèvres ou des bâtiments à apprendre.
« Tu as un vrai talent. »
« Merci. »
« Tu mets du temps à faire tout ça ? »
« Ça dépend, les croquis me prennent cinq à dix minutes quand j'ai bien le modèle en tête et les projets plus travaillés me demandent parfois une petite heure. Après, je peux en faire plusieurs sur une même journée. »
« Dire que je mets déjà trois heures à faire un croquis. »
« Faut aller à l'essentiel. Je ris doucement. C'est simplement des esquisses, tu ne dessines pas la globalité de ton dessin, juste des détails importants, la base tu vois ? »
« Oui. C'est compliqué quand même. »
« C'est marrant. »
« Quoi donc ? »
« Tu es capable de me réciter les noms des constellations de l'Univers par cœur, des formules mathématiques, des passages de livres, mais tu ne parviens pas à dessiner. Je trouve ça... Vachement paradoxale comme situation. »
« Pourquoi ça ? »
« Je pensais que tu étais vraiment doué et au plus haut niveau dans toutes les matières. Et pourtant, c'est dans la plus simple d'entre elles que tu n'y arrive pas. »
« Oh mais... Je n'ai jamais prétendu avoir la connaissance absolue. Les bonnes notes, ça ne s'obtient qu'en travaillant. »
Je ris et lui fit remarquer qu'il irait de pair avec ma mère avant que nous commencions à discuter du lycée. J'apprends qu'il a passé une classe, qu'il compte faire des études supérieure pour devenir avocat et qu'il aurait rêvé d'être astronome mais que sa mère voulait, pour lui assurer un bon avenir, un métier concret. Ce qui nous fait un point de plus en commun et je pense que nous avons tellement encore. Les cours vont bientôt reprendre, je range mes affaires puis nous nous levons et marchons vers l'aile ouest du bâtiment.
« Bon... Tu m'attends ce soir ? Je lui demande, un léger sourire aux lèvres. »
« Oui, évidement. »
« Ça marche. A tout à l'heure alors. »
« Louis.. ? »
« Oui ? »
« Merci... Pour ce midi, pour tout en fait. Merci de rester avec moi, c'est la première fois que quelqu'un fait cet effort. »
« Tu sais, je ne perçois pas du tout ça comme un effort. L'amitié, c'est naturel. »
Il met quelques secondes à réagir avant que son visage ne s'illumine, je lui souris et lui rappel d'aller en cours au risquer d'arriver en retard. Il hoche la tête et marche rapidement dans le sens opposé au mien, je le vois déjà disparaître dans l'ombre avec son sac en bandoulière marron et ses cheveux rebelles. Et en le voyant si rayonnant, si débordant de vie, je me demande pourquoi je lui ai fait la misère pendant tout le début d'année ? Pourquoi j'ai été si cruel avec lui alors qu'il demandait juste un peu d'attention ? Quels motifs m'avaient poussé à faire du mal à un être aussi pur et aimable que lui ? La différence ? Je suis différent, j'aurai du l'accepter dès le départ et non pas le sous-estimer parce que je pensais que c'était le genre de personne à frimer par rapport à son intelligence, mais pas du tout. Au contraire. Il est à la fois ordinaire et original. Je ne sais pas comment le définir. Je ne sais pas si j'arriverai à le cerner complètement un jour. Mais je pense que ça vaut la peine d'essayer. Qu'il en vaut largement la peine.
* * *
Point de vue externe ; Mercredi soir.
Zayn venait de rentrer de deux épuisantes heures de son entraînement de football. Il aurait volontiers hiberné tout une semaine pour se remettre de ses efforts, tellement ses jambes lui lançait, mais les cours lui l'en empêchait. Sans compter que les révisions lui prenaient un temps fou le soir. Il posa son sac de sport au sol, ôta son tee-shirt et ses chaussures de courses avant de s'étaler sur son lit en poussant un long soupir. Tout allait mal en ce moment. D'abord sa gueule de bois du Dimanche matin qui lui avait valu une journée horrible et un mal de tête assommant, son meilleur ami qui semblait totalement l'éviter depuis quatre jours, il ne lui adressait même plus un « bonjour » le matin ou un simple regard. Et puis ses notes. Si ce n'est les arts plastiques, ses moyennes tombaient en chute libre. Le seul point stable qui lui restait dans tout ce capharnaüm, c'était son petit ami. Liam était le seul à qui il pouvait encore s'accrocher. D'ailleurs, une fois avoir passé sa main sur son visage, il saisit son téléphone et composa son numéro. Il avait besoin de décompresser.
« Hey sunshine ! »
« Salut Li'. »
« Oh toi t'as une petite voix, qu'est-ce qui va pas ? »
« Si je te dis tout, c'est assez précis ? »
« Raconte-moi. »
« Je ne sais pas par quoi commencer... Soupira le métis. »
« Pourquoi pas par le début ? »
Liam avait toujours eu cette capacité de lui rendre le sourire. Peu importe la situation. Qu'il soit de mauvaise humeur, qu'il ait eu une journée épuisante, qu'il soit au bord des larmes... Ses mots étaient toujours choisis méticuleusement pour lui redonner le moral. Mais là, tout de suite, il avait besoin de ses bras, que ces paroles soient prononcées en face dans un murmure, et non par le biais d'un vulgaire téléphone mobile. Il aurait tellement aimé l'avoir auprès de lui à l'instant. Qu'il ait juste à lui envoyer un message pour qu'il se retrouve à l'entrée de sa chambre en moins de dix minutes, malheureusement, la réalité le frappait en plein visage. Et elle est beaucoup plus horrible qu'elle n'en a l'air.
« Les études m'épuisent, j'ai des notes médiocres et j'ai plus l'envie de travailler. Pareil pour mes entraînements, en plus l'équipe joue mal en ce moment, on a perdu nos deux derniers matchs. Sans compter que Louis m'évite complètement. »
« C'est la fatigue. Tu seras bientôt en vacances t'en fais pas pour ça. Il ne t'a pas reparlé depuis Samedi ? »
« Non, il se fait un trip bisounours avec un gars de notre lycée, j'sais pas à quoi il joue. »
« Qui ça ? »
« Tu le connais pas, mais je t'en ai déjà parlé il me semble. C'est un intello de première, qui s'habille comme mon arrière-grand-père tu vois ? »
« Ah oui, je me souviens. Mais... Essaye de parler avec Louis. »
« Je l'ai déjà fait. Il m'a sorti un long discours sur le fait que j'avais changé, qu'il ne me comprenait plus... Enfin des paroles à la Tomlinson quoi. »
« Depuis que je te connais, que vous connais, je ne vous ai jamais vu l'un sans l'autre. Vous êtes comme deux frères, vraiment inséparables. Vous partagez tout, et ça ne fait que commencer. Mais parfois, il faut prendre du recul bébé, peut-être qu'il a juste envie de souffler un peu. Ce n'est pas pour autant qu'il ne t'aime plus. J'en suis convaincu. Va le voir, parle-lui. Calmement, ne lui fais pas de reproche. Je sais que tu as peur qu'il te remplace, qu'il te laisse tomber, mais si tu essayes de t'expliquer avec lui je suis certain qu'il ne te rejettera pas. Tu es son meilleur ami, tu ne dois pas tout lui céder c'est certain, mais fais un effort pour comprendre son choix. Si ça se trouve, ce garçon est plus gentil que tu ne le crois. Ne te base pas sur des rumeurs ou des préjugés. Le regard ne fait pas l'homme mon ange. Réfléchis à ça. »
« T'es certain que tu veux pas devenir philosophe bébé ? »
« Zayn, je ne rigole pas. C'est sérieux ce que je te dis. Je connais Louis, moins que toi c'est sûr, mais je sais que s'il décide de te faire la tête ce ne sera pas lui qui fera le premier pas pour tout arranger. Il est têtu et bornée, mais tu as besoin de lui. Il a besoin de toi. Vous ne pouvez pas continuer à jouer aux cons chacun votre tour. Je ne veux pas avoir à te ramasser à la petite cuillère tous les soirs parce que tu le vois avec ce garçon. Allez parler, comme des adultes. Pas en s'insultant ou en s'attaquant de reproches. Je lui enverrai un message pour lui en parler un peu si ça peut t'aider, mais je veux que tu ailes le voir demain.»
« Hm. »
« Amour... ? »
« Oui ? »
« Tu me le promets ? »
« Je... Le plus vieux poussa un soupir. Oui, je te le jure Li'. »
« Bon, c'est déjà ça. »
« Merci bébé, t'es merveilleux. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Je me pleins toujours, tu dois supporter mon sale caractère assez souvent et je trouve ça vraiment adorable ce que tu fais pour moi. Ça doit pas être facile. »
« Je ne suis pas facile à vivre non plus. »
« Faudra que tu me donnes ton secret pour toujours garder ton calme. »
« Je ne crois pas en avoir, je suis comme ça au naturel. Et quand vraiment ça ne va pas, je pense à toi et tout redevient apaisant. »
Le métis poussa un soupir, forcé de constater que c'était le genre de paroles qui le touchaient directement à l'endroit sensible. Il regrettait encore le début de leur relation où ils pouvaient se voir pratiquement tous les jours, où Liam venait passer la totalité de son week-end chez lui, où ils allaient en ville, au cinéma... Peu importe la destination, le lieu dans lequel ils se rendaient, l'important était qu'ils soient à deux. Ensemble. Et non séparés par des kilomètres. Ou par quelques heures de train.
« Tu me manques... »
Et c'était là toute la complexité de ses sentiments. Le manque prenait le dessus sur tout. Même parfois la présence de son meilleur ami n'arrivait pas à combler le fait que son copain n'était pas là, à ses côtés, à rigoler avec eux, à leur donner n'importe quel conseil sur n'importe quel sujet. Comme il sait si bien le faire. Une de ses grandes qualités, trouver une solution à chaque problème. Il était d'une force de caractère et d'une volonté sans pareil. C'était surement ce que Zayn préférait chez lui, ainsi que sa capacité à toujours avoir un cœur en or et une oreille attentive. Même à travers un téléphone.
Parfois, il se demandait si arrêter leur relation ici, à ce stade, ne serait pas la meilleure façon de mettre fin à sa douleur, à leur douleur, mais il se rendait bien vite compte que c'était une idée absurde. Parce que Liam était sa raison de vivre. Il était son souffle, ses battements de cœur, son soleil le matin et sa lune le soir. Son tout. Et même si ça paraissait niait aux premiers abords, il s'en fichait, parce que c'était la réalité. Il la sentait brûler dans ses veines et se consumer dans sa poitrine d'adolescent qui connaissait son premier vrai amour. Mais également les peines de cœur qui allaient avec. Parce qu'il l'un n'existait pas sans l'autre Il l'aimait bien évidement, comme Roméo aimait Juliette, comme Jack aimait Rose, le seul inconvénient c'était que leurs histoires finissaient toujours dans le drame et la mort. Et puis... Il y avait la peur. La peur que la distance ne se creuse plus encore, et qu'il finisse par tomber dans le gouffre, dans les ténèbres, sans personne pour lui retenir la main.
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