Chapitre 2 : Laguerra

"Tu ne peux pas les laisser dans un tel danger... Ce ne sont que des enfants..." me murmurait ma conscience.

Je ne pouvais pas les laisser dans un tel danger.

"Et il y a Mendoza. Il t'aime..."

Et si ce n'était plus le cas, après tout ce que je lui ai fait ? Peut-être que vouloir l'aider est une mauvaise idée...

"Je me suis laissée aveugler par mes sentiments pour vous !" Voilà ce qu'il t'a dit une fois ! Tu crois réellement qu'il ne t'aime pas ?"

Je l'ai déçu depuis, dans la nef. Ça a certainement changé beaucoup de choses !

"Mais tu l'aimes, toi ! ALORS FONCE !!!!"

TAIS-TOI !!

Je voulais que cette voix se taise, je ne voulais pas prendre la décision qui s'imposait à moi. C'était trop dur...

"C'est lui ou ta mission pour Charles-Quint."

Je ne sais pas... Je ne peux pas... Si je trahis Charles-Quint, alors je ne pourrais certainement plus jamais retourner en Espagne...

"C'est toi qui choisis."

Ce combat mental commençait à me faire mal à la tête. Ma conscience s'était enfin tût, me laissant seule dans un désarroi des plus total. Que faire ? J'ai bousculé Tirias sur un coup de tête, n'écoutant que mon cœur. J'étais presque arrivée au niveau de Magon, c'était maintenant qu'il fallait choisir. Après, je ne pourrai plus revenir en arrière.

Soudain, l'olmèque dirigea son arme sur Mendoza et tira. Je bondis sur lui, et poussant son arme, je parvins au dernier moment à dévier le tir ; malheureusement Mendoza fût tout de même touché au bras droit.

"Ce que tu viens de faire, c'est ce que l'on appelle ni plus, ni moins, un acte d'amour", me fit remarquer cette maudite conscience dans un sarcasme exaspérant.

Je bâillonnai cette stupide voix dans un coin de ma tête. Je n'avais plus besoin d'elle et de ses commentaires intransigeants ; j'avais pris ma décision.

Folle de haine après Magon qui avait osé tirer, je me précipitai sur lui dans le but d'en finir ; mais un petit détail m'avait malheureusement échappé : je n'avais aucune arme sur moi.

Magon parvenait avec trop de facilité à deviner chacun de mes mouvements à l'avance ; et bien sûr il finit par l'utiliser contre moi. Profitant d'un moment de faiblesse de ma part, lié à mon absence d'armes, il m'assena un grand coup dans les côtes.

Je portai instinctivement la main sur ma blessure, qui me faisait vraiment souffrir. Ne pas avoir d'arme commençait sérieusement à me peser. C'est alors que, pour la première fois depuis le début, je croisai le regard de Mendoza. Il me fixait, sans cacher sa surprise, et même si je voyais qu'il était toujours blessé par mes propos dans la nef, je crûs apercevoir à un moment une lueur de sympathie. Je constatai qu'il avait eu le temps de mettre les enfants et ses deux marins en sécurité. Je voyais qu'il désirait vraiment m'aider à repousser Magon, mais malheureusement son bras l'empêchait d'utiliser son épée. Son épée... Mais oui, il a une épée, il a une arme !

Je me relevai difficilement. Je remontai un peu l'escalier, puis je pris de l'élan sur les marches et m'élançai dans un saut périlleux. Je fis un salto arrière et, arrivée au niveau de Mendoza, je dégainai d'un mouvement sec son épée.

- Je te l'emprunte, si tu permets ! dis-je seulement sous le regard ébahi du capitaine.

Et je m'élançai vers Magon, qui, surpris lui aussi, se préparait à un combat rapproché.

C'était la première fois que j'affrontais un olmèque, et pourtant, je ne crois pas que c'était cela qui causait mon impression d'être dans un autre état de conscience. Pour la première fois de ma vie, tout ce que j'avais accompli avant n'avait plus aucune importance ; Seuls le visage du capitaine et ses yeux sombres obnubillaient mon esprit, il n'y avait plus que lui. Ce n'est que plus tard je comprendrai que, par cette unique action, j'avais définitivement brisé ma promesse envers mon empereur, ainsi que tout ce qui comptait pour moi auparavant.

"Tu as bien fait. Si ton amour pour lui est sincère, alors tu as bien fait."

J'esquive une attaque de Magon.

"Si tu n'étais pas intervenue, tu aurais certainement eu sa mort sur la conscience."

Je réattaque à nouveau.

"Tu vas pouvoir enfin être en accord avec toi-même."

Je fends, je pare les coups, je n'abandonne pas.

"Cet homme est ta libération. Il a sut te montrer le chemin."

Je ne me battais plus contre ma conscience. Elle était moi et j'étais elle ; nous étions devenues unité.

C'est alors que j'envoyai l'arme de Magon voler. Je poussai l'olmèque dans les chutes d'eau. Il n'avait pas fait le poids, fasse à un cœur reconstitué, à un destin enfin trouvé. Ce n'est qu'à ce moment là que je remarquai les blessures qu'il m'avait causées : mes bras tailladés, mes côtes douloureuses et une brûlure sur la jambe gauche. Mais la souffrance n'avait plus aucune importance ; je sentis mes jambes céder, ma tête toucher le sol.

Encore évanouie par épuisement, mais cette fois, avec sérénité.


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