Rêve de noir et de sang

La gorge nue et le cou coloré par les marques de strangulation, le corps était fixé à la croix de pierre par de gigantesques pieux. Les cheveux noir de la pauvre fille pendait de son crânes tel des milliers de cordelettes, raclant ses épaules et se glissant dans sa bouche pour se mêler au sang et à la bave. L'un de ses bras traînait mollement le long de son corps, sa peau grisâtre et ses ongles cassés caressaient la courbe de sa taille lacérée et meurtrie. Son corps entier était coloré de bleu, de violet, de noir, mais surtout de rouge. Un rouge qui glissait sur sa peau et sur les entrelacs de la gravure celtique de la croix de pierre. Ses jambes n'avaient plus de formes, tordues, disloquées et longées parles ruissellements du sang qui s'écoulait goutte à goutte le long de ses pieds couverts de terre. Un sang si pur, un sang de vierge qui provenait de la déchirure soigneusement entaillé de son entrejambe. Tourbillon de gris et de rouge de son corps, brutalement brisé par le blanc de ses yeux vides et ce bras violemment cloué à la pierre. Sa main meurtrie ne semblait plus tenir, ses doigts se courbant à l'extrême, figé dans un angle cassant qui donnait envie de vomir. Et enfin, sur l'un des doigts déchirés s'extirpait l'os d'entre les chairs encore gorgées de rouge, un os si blanc, brillant d'un éclat d'une rare pureté, l'ultime pureté laissé à cette fille.

C'est face à ce spectacle qu'Ophélie ouvrit les yeux. Son regard vide se balada sur le corps avant de s'arrêter sur le doigts. Sa tête bascula comme pour suivre une direction. Un cheminement de tombes serpentait autour du monument macabre. Chacune d'entre elles portaient le nom d'un être aimé qui pourrissait lentement sous la terre malade et infectée par la mort. L'une d'elle semblait plus clair que les autres, aux yeux de l'enfant. De profondes traces de pas en décoraient les abords et la terre semblait fraîchement retournée. Les bords de la pierre tombale étaient lacérés d'entailles qui l'avaient frappé de façon aléatoire.

Ophélie leva les yeux vers l'ombre assise sur la pierre. Le cadavre observait l'enfant de ses yeux blanc. De son doigt désarticulé, elle désigna la fillette. Celle-ci ne bougea pas, se contentant d'attendre en silence. Les cheveux corbeaux de la femme s'élevèrent lentement autour de son visage et se mirent à danser autour d'elle :

- Sais...tu...se...qu'il...m'a...fait ? murmura-t-elle d'une voix étranglée

Un sourire dément tordit le visage lisse du cadavre. Mais Ophélie ne bougea pas, l'expression figé dans une harmonie de neutralité paisible. La femme grimaça, sa peau rougit et un nouveau flot de sang jaillit de ses plaies. Ses cheveux se plaquèrent brusquement sur son crâne et des larmes rouge glissèrent le long de ses joues :

- Tu le sais ! hurla-t-elle, Et tu ne fais rien ! Je sais qui tu es. Et bientôt ce sera ton tour !

Elle éclata d'un rire amer et rauque. Ophélie se sentit tomber, son corps bascula en arrière, sa vision se troubla et brutalement, tout s'effaça. Le silence et le vide s'empara d'elle. Elle flottait dan sun océan de clarté confuse qui lui engourdissait les membre. Mais la fillette savait ce que cachait cette paix trompeuse. Il ne lui restait plus qu'à attendre. Le lointain sifflement lui parvint aux oreilles. Une note stridente et continu se rapprochait d'elle. Un brouillard gémissant enveloppa le sifflement. Il se mua peu à peu en bourdonnement et enfin, en voix :

- Ne la touchez pas ! Hurla un homme.

- Lâchez moi, monsieur. Je dois m'occuper d'elle, son coeur ne bat plus. S'indigna une femme.

- Que personne ne la touche !

- Mais votre fille est en train de mourir !!

Le sifflement était assourdissant, les voix de l'homme et de la femme s'intensifiaient et hurlaient à présent des mots incompréhensible.Ophélie ferma les yeux, supportant en silence le tumulte de son qui vrillait ses oreilles. Un tremblement de sa main droite lui échappa,c'était bientôt...elle le sentait arriver, ce moment, ce court instant...

Ses yeux se rouvrirent brutalement, son corps se tendit à l'extrême, sa gorge se noua, son coeur s'arrêta.

...ce court instant où elle ressentait tout.

Elle hurla. Sa gorge fut violemment compresser par une force invisible. Elle ressentit une douleur atroce à l'entre jambe, comme si on le lui déchirait avec une délicatesse mortelle. Un poids écrasa ses jambes, ses bras, ses mains. Son corps entier n'était plus qu'une masse informe de souffrance dont elle ne parvenait plus à comprendre les contours. Brusquement ses os cédèrent à la pression . Sa gorge expulsa le peu d'air qu'il lui restait et le cri qui lui échappa secoua son corps mutilé :

- Chut, tout est fini, ma jolie. Je vais abréger tes souffrances...murmura un homme à son oreille.

Elle sentit sa peau se glacer, comme si on la plongeait dans l'eau et la pression sur son cou s'intensifia, encore, encore...Elle ne pouvait plus bouger et elle ne respirait déjà plus. Une masse noire entra dans son champs de vision. Une grande main squelettique en sortit et prit une mèche de ses cheveux noir :

- Pour une vie, des milliers de morts ! Souffla une nouvelle voix, bien plus glacial, et si familière à l'enfant.

Ophélie ferma les yeux et laissa son corps mourir, encore une fois.

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