L'Appel de la Délivrance (1) - Partie 2
Iréna s'était soulevée contre les mœurs inadéquates de son peuple, permettant ainsi d'offrir un second souffle à l'armée alliée et de donner du fil à retordre aux Oiseaux élémentaires.
La Solidarité des Mirages, guidés par cette dernière ainsi que Eirynistás, Dunkello, Spýra et Noctismo, s'est rendu chez le Meneur Suprême, puissant président des Clopis, afin de négocier une coopération...
Cela se passera-t-il comme Noctismo l'avait prévu ?
Hélas, j'en ai bien peur que non.
Enfin, tout dépend du point de vue, après tout.
Cela faisait des heures, voir au moins deux jours, que nous étions repliés dans la demeure du Meneur Suprême, alors ébranlée par d'interminables débats brûlants.
Iréna, Eirynistás, et Spýra se relayaient tour à tour, espérant remportées gain de cause. Mais, malgré tous les efforts mis en œuvre, Fander ne semblait pas être déidé à se plier. La négociation n'était pas assez intéressante pour lui, toujours. Peu importe ce que l'on lui proposait.
Dunkello avait rejoint la mêlée, en s'armant de son éloquence parfaite. Mais, frustré, il fut contraint de réaliser que ses arguments, quoi que légitimes, ne retenaient nullement l'attention de Fander.
Moi... on ne voulait pas vraiment que je ne participe à ce débat. Enfin, c'était plutôt moi-même qui me l'interdisait. Par peur de mal faire ; par crainte de faire une erreur...
Siræ jouait tantôt entre mes jambes, tantôt avec Fairy. Le reptile faisait de même, passant des jambes de sa maîtresse à sa nouvelle amie. Comme si elles étaient devenues inséparables.
Par ailleurs, malgré la fraîcheur de la caverne, il faisait chaud dans la Chambre des Meneurs.
— Noctismo, propose leur tes conditions. Vraiment. Tu as retenu un détail que même la Clopis influente n'a point songé à aborder. Tu peux faire basculer ce débat. S'il-te-plaît, regarde toutes ces personnes que tu as réussi à convaincre jusqu'à aujourd'hui. Et, regarde, ils n'arrivent pas à le persuader. Alors, tente, tu n'as rien à perdre... Vous n'avez rien à perdre. Pour notre avenir...
— Maître Tęlínœ ? C'est vous ? Oh... C'est juste que je n'ose pas, par habitude, et laisse les autres parler pour moi...
— Eh bien, il est temps de changer la donne, mon disciple ! La révélation va sonnée, tu dois agir avant qu'elle ne soit révélée !
— Pardon ? Vos propos sont si flous ! Que veulent-ils dire ?... Eh ? Eh ?! EH ?! Maître Tęlínœeeeeeeeeeeeeeeee ???!!!
Hélas... seul le néant me répondit.
Je ne voyais plus que la Tortue de la Conscience et, parfois, les Naïades, dans mon esprit.
Le Mage des Contemplations avait utilisé le même conduit mental que j'avais usé pour l'appeler aux secours , une idée salvatrice puisqu'elle a permis de paralyser les lignes de fronts Oiseaux-Fatales.
Je fermais les poings, mon regard dur traversait les visages de tous les participants. Je rassemblais mon courage pour parler, oubliant cette part enfantine bien trop omniprésente chez moi...
— Monsieur Fander ? Je peux vous proposer quelque chose ? quémandais-je, timidement.
— Bien sûr, répliqua-t-il, inébranlable.
Je le trouvais presque menaçant, mais je tachais de ne pas me liquéfier.
Les autres Solidaires se turent, comme s'ils retenaient leur souffle.
— Cher Meneur Suprême, nous savons à quel point vos problèmes internes sont omniprésents dans vos débats politiques, et recouvrent la majeure pensée de votre population. Et, je suppose que ceci est l'une des raisons primordiales qui vous obligent à rester une nation neutre, voir refermée sur elle-même. Vous êtes si débordés que vous ne pouvez même pas vous permettre un seul regard sur ce qui se passe autour de vous, au sein des Îles Mirages.
Je reprenais distinctement mon assurance, une fois sur ma lancée.
— De... Euh... Où est-ce que vous voulez en venir, jeune Lýkos ?...
Je crois que j'avais touché juste !
— Les Montagnes Raake sont tellement envahies par les monstres que chaque jour, chaque nuit, sans relâche, vous avez le devoir de les repoussés. Cette guerre sans fin affaiblit votre peuple tout entier. Vous diminuez de décennies en décennies, si ce n'est en moins de temps plus les années défilent.
— C'est... pas totalement faux ! Vous êtes bien le premier a l'avoir remarqué ! du moins de manière officielle, remontée jusqu'à moi je veux dire.
Fander, même s'il essayait de feindre l'indifférence, semblait se décontenancer au fur et à mesure.
Mes amis semblaient se détendre légèrement. Très légèrement.
— Alors, pour la préservation de votre peuple, je vous propose de rejoindre ce conflit mondiale pour la paix, contre l'invasion volante ! Et je vous garantis, qu'une fois la paix revenue, que tous les peuples des Îles Mirages viendront éradiquer ce fléau monstrueux qui a duré bien trop longtemps.
Ce qui, je le conçois, augmentera encore plus notre dette envers vous. En effet, c'est grâce à vos efforts continus que ni Fatales, ni peuples de l'Ombre, n'ont à subir des invasions de monstres. Donc, je suppose qu'après tout ça, c'est le minimum que nos peuples peuvent vous rendre en retour.
— Les Ghoulishs vont de pairs avec les Lýkos ! approuvèrent Dunkello et Spýra, plein d'entrain.
— Les Fatales sont loyaux, ils rendent les services exécutés par les autres peuples. Et, depuis l'Invasion Flamboyante, ils sont de mèches avec les peuples de l'Ombre, donc c'est également garantis ! affirma aussi Iréna, d'une voix rassurante.
— Mais...
Je ne lui laissais même pas le temps de contester.
— Y a pas de mais. Pardonnez, Messire Fander, ma manière crue de parler, mais vous ne pouvez pas réellement refuser. La légendaire fierté clopis doit céder, sinon elle ne vous mènera qu'à votre perte. Le pire, c'est que vous en avez pleinement conscience ; je le vois bien avec ces gouttes de sueur perlant sur vos tempes, achevais-je, d'un ton si léger qu'il paraissait tout aussi explosif qu'une bombe.
Attaque finale. Touché, coulé !
Le Meneur Suprême abaissa la tête, son œil explorant frénétiquement la salle, les mains entremêlées entre elles, l'air perplexe comme s'il était piégé. End of the game !
Il était comme encerclé. Les arguments énoncés étaient incomparables, et il ne pouvait passer à côté d'une telle opportunité. Il n'avait pas le choix, pour le bien de son peuple tout entier, d'abandonner la légendaire fierté des Clopis.
Il soupira longuement, revenant à lui. Il se releva délicatement, et se tourna vers nous, adressant un regard attentif à chacun. Il décrocha, chaque mot, lentement, comme si ceci lui brûlait la mâchoire d'avoir à les prononcer.
— Je pense... que nous pouvons... trouver un arrangement... Nous n'avons plus qu'à réfléchir comment allons-nous nous y prendre, se résigna-t-il, et se tourna vers l'impressionnante Fatale, entreprenant. Je pense que nous aurons besoin de vos talents en stratégie.
— J'en ai aussi, s'enquit de préciser Spýra en un murmure, mielleuse.
Pardon ? Était-elle jalouse ?! Ha, ah ! La meilleure !
— Ça serait une immense joie de construire un plan digne de ce nom avec votre collaboration ! déclara Iréna, particulièrement ravie.
Hyiaaaaaaaaaah !!!!
Sans prévenir, Siræ hurla, faisant fuir Fairy sous la jupe de sa maîtresse.
Un long cri strident s'échappa de ses cordes vocales.
Et, une violente douleur apparut dans mon esprit. Si intense qu'elle me forçait à me prendre le visage entre mes mains serrées.
Si intense que j'en fus projeté contre le mur, perdant l'équilibre.
Ma tortue avait cessé de crier par sa bouche, mais son cri strident résonnait toujours intensément sur les parois de mon esprit en connexion avec le sien.
Mon meilleur ami s'approcha de moi, inquiet :
— Qu'est-ce qui se passe ? Noctis' !
— Siræ s'est transformée, informa la Fatale, sur la réserve.
— Et, cela semble de manière constante ! ajouta la sœur Ghoulish.
Fander, l'air penaud, ne semblait plus savoir où se mettre.
— Ça hurleeeeee, je comprends pas ! m'écriais-je, les larmes aux yeux.
— Essaye de te calmer, vraiment. Ne serait-ce pour comprendre ! me souffla Dunkello, de sa sagesse si bénéfique.
Hélas, avez-vous déjà demandé à quelqu'un en colère de se calmer ? Et bien, c'est une très mauvaise idée. Ça énerve encore plus !
Hélas, le bruit devient si fort qu'il taisait tous bruits aux alentours...
Ce vacarme interne était effrayant et mortifiant. Je croyais réellement que j'allais saigner des oreilles... ou même des yeux. J'avais si mal que, je crois... que j'allais finir par m'arracher les cheveux, tellement cette douleur mentale incommensurable semblait ne jamais vouloir s'arrêter.
Soudainement, Je me rappelais des conseils de Maître Tęlínœ sur les êtres spéciaux, et plus précisément la connexion mentale entre l'animal et le porteur.
Je devais réussir à retrouver une certaine sérénité. Oui, retrouver mon calme dans cette cacophonie, trouver l'origine de ce mal, et l'atténuer.
L'âme de Siræ semblait loin, imperceptible, ou plutôt... injoignable.
J'arrêtais alors de jacasser de manière stridente, et de gémir comme un faible, puis commençais par prendre de grandes goulées d'air. J'essayais d'avoir une meilleure respiration, afin de retrouver une sérénité respectable pour m'éclaircir l'esprit.
Cette image était autant métaphorique qu'elle pouvait être pris au sens propre.
Je fermais les yeux, oubliant totalement ce qui se passait autour de moi, comme emprisonné dans ma bulle.
Je prenais conscience de mon environnement interne alors totalement et anormalement encombré.
Je semblais être un fluide violacée, tel une vague colorée et lumineuse, dans un amas d'éléments jaunes opaque dans un organisme vivant. Mon organisme vivant, et plus particulièrement mon système nerveux.
Je percevais l'esprit de Siræ : Je devais trouver un passage à travers cet amas opaque afin de la retrouver. Pour faire cesser ce vacarme et enfin connaître la vérité.
Le fluide violacée se déplaçait entre les blocs mouvants et oppressants, sous cette cacophonie infernale auquel j'essayais de feindre l'indifférence.
Cependant, je fus obligé d'user de mon énergie mentale pour traverser un des blocs, emprisonnant alors l'esprit de Siræ, un flux coloré d'une douce lumière bleutée. C'était compliqué, mais j'y suis arrivé. Donc, toujours persévérer ! Ça finit toujours par rentrer !
Après l'avoir fait volé en éclats, et avant qu'il ne se recompose, je fondis sur l'esprit de la Tortue de la Conscience, l'entourant de toute part.
Enfin, presque. Il me fallait laisser un passage afin que son esprit fasse jaillir cette matière jaune... Que, je devais contrôler, pour ne pas que cela s'agglutine trop dans nos esprits combinés !
Et, une fois en connexion totale avec Siræ, j'intimais l'ordre de faire taire le bruit désagréable. Enfin, visiblement impossible, je le fis du moins atténuer, à tel point que je puisse le supporter. Tel, un léger bourdonnement de détresse au fin fond de l'oreille, histoire de ne pas oublier.
Puis... j'ouvris de nouveau les yeux.
Je vis Siræ sous sa forme d'esprit. Un scintillant joyau bleu électrique s'était formé au dessus de son front. Une lumière se propageait de son être, traversant le joyau, ce qui amplifiait la couleur du rayon se perdant dans l'horizon. Vers l'Est précisément, et nul n'arrivait à la faire changer de direction.
— iel m'appelle, je lui réponds... me glissa la tortue, explicative.
J'étais surpris que Siræ puisse me parler, même quelques mots, par télépathie. Mais, si, si, elle venait de le faire !!
C'était triste de voir Fairy tenter d'attirer l'attention de son amie qui ne réagissait absolument pas... véritablement imperturbable.
Je lançais un regard rassurant à Dunkello, et me tournais vers Fander et les autres.
— Je le crains, vous allez devoir poursuivre les préparatifs sans moi... La Torture de la Conscience a reçu l'Appel. La révélation finale est proche, et je dois la suivre pour rejoindre l'être qui vient de se réveiller. Un être qui a visiblement besoin de notre aide, surtout du sien (en désignant Siræ).
— Oh, je me rappelle que Tęlínœ en avait vaguement parlé... lâcha le jeune Ghoulish, l'air pensif avant de se ressaisir. Non, mais ! Tu ne pars pas seul ! Je viens avec toi !
— Mais, tu ne vas pas abandonner ta sœur une seconde fois, nan ?! lui répliquai-je, immédiatement.
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