T1. Amine, mon crush de fac
Maintenant que j'ai vu Victor et Lenni, il ne me reste plus qu'un seul nom sur ma liste : celui d'Amine, mon crush de la fac. Je n'ai pas trop d'espoirs pour mon entrevue avec lui : étant donné qu'il est un peu homophobe sur les bords, je me doute qu'il ne va pas me sauter dans les bras (ni me sauter tout court, d'ailleurs, mais ça c'est une autre histoire). Mais bon, on ne sait jamais, on peut toujours avoir des surprises.
J'affiche de nouveau la carte sur Google Maps, et me dirige vers l'habitation d'Amine. Ça va, il n'habite pas bien loin d'ici, heureusement. À peine à un quart d'heure, d'après le temps calculé par le GPS (donc je vais mettre à peu près le double, vu ma vitesse de marche).
Je vais profiter du trajet pour appeler Hélène. J'ai envie de savoir comment s'est passé la demande en mariage de Lucas, et surtout entendre la réaction de ma meilleure amie.
Je compose son numéro, et elle me répond presque tout de suite, contrairement à hier.
- Gabriel ?!, s'exclame-t-elle. Tu tombes bien, il faut que je t'annonce quelque chose !
- Ah bon ?, je dis, avec un ton plein de sous-entendus. Quoi donc ?
Elle me hurle dans le micro qu'elle est fiancée, ce qui me fait rire, et elle me raconte toute sa journée d'hier sans que je ne puisse placer un seul mot. Mais je m'en fiche, parce que je suis super heureux pour elle. Elle a l'air vraiment contente, et pour moi, c'est le principal. Après, heureusement, qu'elle a l'air contente, parce que si le fait de vous marier vous déprime... Posez vous des questions.
- Bref, je suis trop contente !, conclut-elle après avoir fini son monologue.
- Moi aussi !
- Pourquoi tu m'avais appelé, au fait ?, me demande-t-elle.
- Je voulais prendre de tes nouvelles, et te raconter vite fait ma journée.
- Vas y, je t'écoute !
Je commence à lui narrer tout ce que j'ai fais depuis ce matin : mon déjeuner avec Victor, ma visite chez Lenni, et je lui dis que je vais justement voir mon troisième amour : Amine. À l'entente de son prénom, elle pousse un petit gémissement de désespoir.
- Je croyais qu'en t'en avais fini, avec lui !, se plaint-elle.
- Je sais, mais bon...
- Je ne comprends pas comment tu peux aimer quelqu'un comme ça... Il est tellement superficiel !
- Mais il est beau.
- Le physique ne fait pas tout, je te signale.
- Je sais ! Heureusement pour toi, d'ailleurs.
- Oui. Elle marque une pause, avant de s'exclamer : attends, quoi ?!
Je rigole, et je l'entends grogner.
- Je t'emmerde !, continue-t-elle.
Elle me rejoint dans mon fou rire, puis elle me dit quand même de faire attention à moi.
- Je sais, maman, t'en fais pas.
- Gnagnagna ! À ce propos, d'ailleurs... Tu aimes les enfants ?
Je m'arrête de marcher, et entrouvre la bouche. Non, ne me dites pas que...
- T'es enceinte ?!, je m'exclame.
- Ah non, pas du tout !
Un petit "ah" s'échappe de mes lèvres, ce qui la fait encore plus rire. C'est dommage, pendant une demi seconde j'ai eu l'espoir d'être tonton.
- Mais je vais faire du baby-sitting, reprend-elle.
- Oh ? Pourquoi pas, ouais.
On discute durant tout le reste de mon trajet, jusqu'à ce que j'arrive enfin devant la résidence d'Amine. Je cherche son nom sur les boîtes aux lettres, et je finis par le trouver, au fond du couloir du rez de chaussée. Je prends une profonde inspiration, et toque à sa porte.
Je n'entends aucun bruit, donc je réitère, et cette fois-ci, j'entends quelqu'un râler derrière la porte, et une vieille femme vient m'ouvrir.
- Quoi ?
- Bonjour madame, je viens voir Amine.
- Il n'est pas là.
- Vous savez où je peux le trouver ? Je suis un ami à lui.
(Enfin, "ami" est un bien grand mot. Je ne suis même pas sûr qu'il connaisse mon prénom, ni même mon visage, alors...)
- Il est à la fac, me répond-elle froidement, avant de me claquer la porte au nez.
Quelle charmante dame. Trouvez moi une vieille plus aigrie que ça !
- Bon, je soupire, alors allons à la fac.
Je fais demi-tour, et renfile mon casque. Heureusement que mon école n'est pas très loin d'ici ! Mais en même temps, on est en pleine semaine, c'est donc normal qu'il s'y trouve. En plus, il me semble que j'avais moi aussi un cours ce matin. Oups.
Je me dirige vers l'arrêt de Tram le plus proche, et me met en route pour rejoindre mon université. J'ai la flemme d'y aller à pieds, je commence à avoir mal aux jambes. J'ai assez marché pour aujourd'hui, même si mon école n'est pas très loin.
Une fois arrivé sur place, je me gratte la tête en me demandant où je pourrais bien trouver Amine. Je commence par me diriger vers la bibliothèque, étant donné que c'est un des lieux les plus fréquentés. Je fais le tour de celle-ci, mais je ne le vois nulle part. Bon, ça fait déjà un endroit de vérifier... Si ça se trouve, il est en cours, ou même reparti chez lui. Je n'espère pas, mais ça serait fort possible...
- Excuse moi, je chuchote, en voyant une fille qui traîne souvent avec lui, tu sais où est Amine ?
- Amine ?, répète-t-elle. Non, pas du tout... Peut-être au coin fumeur. Pourquoi ?
- D'accord, merci.
Je lui souris, et ressors de la bibliothèque universitaire. Je ne suis pas fan de cet endroit. J'aime bien les livres, mais il y a trop de gens ici, et le fait de devoir respecter un silence absolu... C'est trop dur pour moi.
Je monte au premier étage, et vais sur l'espèce de petit balcon réservé aux fumeurs. S'il y a bien un endroit que je boycotte, c'est bien celui là. Je déteste déjà l'odeur de cigarette, mais alors celles de toutes ces drogues mélangées... Parce que oui, la plupart de ceux qui viennent fumer ici ne fument pas de la nicotine.
Je parcours la petite terrasse des yeux, à la recherche de mon brun. Ah, mais c'est vrai que je ne vous ai pas décrit à quoi ressemble Amine ! Il est assez grand, a un physique à tomber par terre, deux yeux d'un vert perçant, et des cheveux châtains coupés courts. Très très courts, même. Mais ça lui va bien. Ses sourcils sont assez fins, tout comme son nez, et il a deux petites fossettes qui m'ont toujours fait craquer.
- Ah, bah je l'ai trouvé.
Effectivement, il est assis sur un banc, à l'autre bout du balcon. Une fille est posée sur ses genoux, et ils sont tous les deux en train de fumer (logique, vu qu'ils sont au coin fumeur).
Je les rejoins, et une fois devant eux, je me racle la gorge pour leur signaler ma présence.
- Quoi ?, me lance Amine en haussant un sourcil.
Décidément, la froideur doit être héréditaire, chez eux. Je me demande à quoi ressemble leurs repas de famille. Ça doit être drôle à voir, mais pas à vivre.
- Euh, je voulais te parler un peu, je lui dis.
- T'es qui ?
Ouch. Je ne sais pas ce qui me blesse le plus, entre le fait qu'il ne sache même pas qui je suis et son niveau de français.
- Je m'appelle Gabriel, je lui dis. Vous êtes ensemble ?
- Ça se voit, non ?
- Je préfère demander, on ne sait jamais.
- D'acc, me répond-il en tirant un coup sur sa cigarette.
Je grimace. J'ai été amoureux de ça, moi ? Mais qu'est-ce que j'avais dans le crâne ? Je comprends pourquoi ma meilleure amie est aussi dépitée à chaque fois que je prononce son nom. Quelle désillusion...
- Bon, bah, je vais vous laisser...
Il ne me répond même pas, donc je fais demi tour et fuis cet endroit au plus vite. L'Opération Saint Valentin n'aura pas été un franc succès... Surtout en ce qui concerne ce mec là. Hélène a vraiment raison, le physique ne fait pas tout du tout. Je le savais déjà, mais là, waw. Je crois que j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi méprisant et condescendant que lui.
Je vais m'asseoir sur un banc, à l'intérieur de la fac, et je laisse ma tête tomber en arrière en poussant un long soupir. Lara-Jean, tu nous as menti. L'amour, ça ne se trouve pas aussi facilement que ça. Pour une fois que j'ai tenté de dire aux gens ce que j'ai sur le cœur...
Enfin, je tire quand même du positif de cette journée. Premièrement, j'ai repris contact avec Victor et Lenni, et ça m'a fait plaisir de les revoir. Ensuite, j'ai pu avoir la certitude qu'Amine était (pardonnez moi l'expression) un petit con.
Je n'ai plus qu'à rentrer, et me préparer pour ma soirée en tête à tête avec mon premier amour. J'espère que ça se passera plutôt bien...
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