Chapitre 9: Chronos

J'ouvre vivement les yeux. Un plafond blanc accueille mon réveil brutal. Sur le coup, je panique, puis je me souviens. Je suis à l'infirmerie de l'OCAP. Mon coeur commence à battre furieusement alors que je songe à mon combat contre le monstre. Je me redresse difficilement, mais la douleur me cloue à nouveau au lit.

- Lili? fait une voix masculine.

Je tourne la tête et vois Gregory qui se lève rapidement de son fauteuil pour me rejoindre. Mes grognements de souffrance l'ont sûrement réveillé. Il me sourit alors qu'il replace ses lunettes. Je peux voir ses yeux vairons juste avant qu'il les cache avec son toupet.

Alors que je m'apprête à dire quelque chose, une femme en tenue blanche avec de courts cheveux noirs entre dans la pièce et se fige en constatant que je suis éveillée. La seconde d'après, elle appelle le docteur responsable de mon cas et elle s'approche en sortant sa tablette.

- Notre belle aux bois dormants vient de se réveiller, on dirait.

- Patricia, tu me connais. Je suis imbattable, rigolé-je en tentant de faire gonfler mon biceps.

Malheureusement, mon bras retombe sur le matelas comme une nouille molle, ce qui m'attire un regard amusé de la part de l'infirmière. Si elle rigole, je ne donne pas cher de sa peau.

- Comme si tu en avais la force, s'esclaffe-t-elle en lisant mes pensées.

- Arrête ça! m'écrié-je, faussement offusquée.

Je suis trop faible pour protéger mon esprit, alors il est complètement vulnérable. Et Dieu seul sait à quel point je déteste l'être. Mais jamais Patricia n'utilisera son don de télépathe pour me nuire. Cette femme, c'est comme ma tante.

- Trêve de plaisanteries, tu es dans un sale état. Tes côtes sont en miettes, ta cheville cassée et ton avant-bras fracturé, m'énumère-t-elle en cochant les blessures sur sa tablette. Ça m'étonne que tu aies pu abattre le Chronos aussi rapidement.

- Le Chronos? je m'enquis.

Un tel nom ne me dit rien. D'ailleurs, durant toute mon apprentissage, jamais je n'ai entendu parler d'une créature ressemblant à un gorille et à un dinosaure à la fois.

- C'est un monstre venant directement du passé, d'où son nom: Chronos. En vérité, nous n'avons jamais parlé de ces choses car on ne pensait pas en avoir affaire un jour. Apparemment, nous avions tord, ajoute Patricia d'un ton amer. 

- Expliquez-moi, je la prie en me redressant.

Gregory a l'air complètement perdu, mais il s'assit sur une chaise à côté du lit et reste silencieux. Ça semble l'intéresser.

- En réalité, un Chronos est un hybride entre deux races. Ceux qui possédaient le pouvoir de contrôler les animaux qui sont les responsables de ces erreurs de la nature. Ils mélangeaient leurs gênes et ensuite créaient des machines de guerre, puis s'en servaient pour assouvir leurs desseins, négativement ou positivement. À présent, toute modification génétique est interdite.

Donc, mon adversaire était un hybride entre un gorille et un tyrannosaure, comme je l'avais constaté. Et dire que j'ai battu un foutu dinosaure et que j'ai survécu! En même temps, la chose n'était pas spécialement grande, mais sa force était égalable à celle d'un camion roulant à 100 km/h.

Soudainement, je me souviens de la soit-disante Déesse et de ma supposition, comme quoi c'est elle qui a invoqué ce monstre du passé.

- C'est elle.

Patricia me fait face avec un visage grave.

- Notre ennemi est en fait une femme. J'ai fait un entre-songe en cours et j'ai rêvé d'elle. Elle m'a laissé entendre qu'elle est une Déesse. Je n'ai pas pu savoir son nom... Mais je me souviens qu'on l'a appelée «Maîtresse». Et...

Je suis coupée par l'arrivée du médecin. Il entre dans un coup de vent et se poste à mon chevet, prenant la tablette que lui tend l'infirmière. Karim commence à se frotter la barbichette, un tic montrant une profonde réflexion.

- Eh bien, Lili, tu es dans un sale état! se moque-t-il gentiment, répétant inconsciemment les mêmes paroles de sa collègue.

- Vous allez être combien à me dire ça! je m'énerve en croisant mes bras sur ma poitrine, ce qui est assez difficile à cause de mon plâtre.

Après avoir pris en notes mes signes vitaux tout en se moquant de mon cas - ce qui me met de mauvaise humeur d'ailleurs -, les deux guérisseurs quittent la pièce pour laisser place à Donald. Celui-ci passe le seuil de la porte et son regard me transperce de part en part. Puis, la présence de Gregory à mes côtés me rappelle ce que je voulais demander à mon patron.

- Au fait, pourquoi est-ce qu'il est là, lui? je m'enquis en pointant l'intrus du pouce.

L'intrus en question se fige et commence à tripoter ses lunettes. Un tic nerveux. Ce garçon est impossible à déchiffrer, mais en même temps si facile à cibler.

- Parce qu'il a été vu en train de t'aider.

- M'aider? Il a failli nous tuer, tu veux dire! m'exclamé-je en montrant du doigt le danger public ambulant. J'étais tranquillement en train d'évaluer la situation quand il est apparu avec un pistolet de détresse! Un pistolet de détresse! je répète en haussant la voix. Il lui a tiré dessus! Tu es suicidaire?! je m'écrie en me tournant vers Gregory.

Il a l'air de vouloir disparaître six pieds sous terre. Sur le coup, je me sens mal de lui avoir crier dessus, car c'est en faisant des erreurs qu'on devient plus fort. Donc, je soupire, me calme doucement et ajoute d'un ton moins vif:

- En même temps, c'était très courageux et tu l'as fait pour de bonnes intentions. Alors, merci.

Le jeune homme relève prestement la tête et un grand sourire étire ses lèvres minces. L'espace d'une seconde, tout semble se figer. Ses yeux, dévoilés entre deux mèches, étincellent d'un éclat éblouissant et une lueur y brille.

Celle de la combativité. Je souris tout en détournant les yeux. Enfin, le temps reprend son cours et Donald prend la parole:

- Ton équipe t'attend déjà dans la salle d'entraînement. Et devine quoi? s'excite faussement mon patron.

Il attrape les épaules de Gregory et le secoue légèrement.

- Voici ton infirmier personnel. On va l'appeler «pousseur de chaise roulante».

Je ne peux me retenir: des secousses ébranlent tout mon corps et j'éclate de rire. Alors que le garçon rougit, je tape ma paume contre celle de mon boss. Même s'il est mon supérieur, il est comme mon père, donc je m'entends vraiment bien avec. Il y a des moments où on doit être sérieux entre nous et d'autres, comme maintenant, où on peut se permettre de rigoler.

Attention, ce n'est pas parce qu'il m'apprécie beaucoup qu'il m'a chouchouté, loin de là. Je dirais même qu'il m'a entraînée plus durement que les autres, si bien qu'aujourd'hui, je suis fière de mes capacités. Je me sais forte, courageuse et déterminée, donc en aucun moment je n'ai un moment de faiblesse.

- Allez, pousseur de chaise roulante, aide-moi à débarquer de ce lit inconfortable, je me moque gentiment.

Timidement, il glisse son bras autour de ma taille et me soulève. Quoique étonnée par sa force, je me laisse faire et mon infirmier personnel m'installe aisément dans ma chaise adaptée à ma condition.

- Je te donnerai les directions. Donald, je t'enverrai un rapport ce soir.

Et tu m'expliqueras la vraie raison pour laquelle Gregory est ici, je songe, sachant pertinemment que mon patron peut lire mes pensées.

Il hoche la tête et après un bref salut, un poing sur le coeur, nous nous séparons dans le couloir dans un silence de mort. J'ai bien hâte de connaître le lien entre le garçon et l'OCAP.

Je pourrais en mourir de curiosité.

Xx×xX

Voici le chapitre 9! J'espère qu'il vous aura plu! ^^' Il y a surtout beaucoup de blabla, je l'avoue. Mais dans le prochain chapitre, il y aura plus de descriptions, parce que de nouveaux personnages s'annoncent à l'horizon! ;) Enfin, vous m'en direz des nouvelles. :p

À la prochaine! :)

N』『H』『Y

C』『O』『R』『R』『I』『G』『É

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