Chapitre 8: Combat

Je craque mes doigts, prête au combat qui s'annonce. Jamais je n'ai ressenti cette excitation dans mes tripes. Une personne normale et saine d'esprit aurait été terrifiée ou même un tant soit peu effrayée, mai vous commencez à me connaître. Lorsqu'il est question de me battre, c'est comme si mon esprit passe en mode attaque.

Non, ce n'est pas du courage. Je suis simplement téméraire.

Je vérifie une dernière fois que tout le monde a quitté l'école et me poste devant l'établissement, les bras croisés et un large sourire aux lèvres. J'ai hâte de ressentir la douleur sur mes jointures lorsque j'assénerai des coups de poings et je suis impatiente de sentir cette sensation exaltante qui me rappelle que je suis en vie.

Soudainement, un mouvement dans mon angle mort me déconcentre. Je vois Maddy qui court dans ma direction. Et je me rends compte des vibrations dans le sol. La créature s'approche de plus en plus, même si elle est encore hors de ma vue. Je me précipite vers mon amie qui, stupidement, me fait des signes incompréhensibles.

- Maddy, reste pas là! je lui hurle en lui attrapant le poignet et tentant de la repousser vers le lycée.

- Et toi?! s'inquiète-t-elle.

Pourquoi tout le monde s'inquiète tellement pour moi, bordel?!

C'est pas le moment, bon Dieu! Je la pousse en direction du bâtiment en lui criant de partir au plus vite. Elle me lance un regard hésitant et son visage se décompose alors que ses yeux se posent par-dessus mon épaule.

Le monstre est derrière moi, n'est-ce pas?

Effectivement, en me tournant, je découvre son hideuse apparence. Haut de plus de cinq mètres, il est perché sur deux longues pattes identiques à ceux d'un dinosaure. Pourtant, il a la silhouette d'un gorille, avec ses deux bras déformés dont les mains frôlent le sol. Ses doigts sont serrés en deux poings. Son visage est plat et sa gueule, quoique fermée, laisse paraître quatre crocs. La créature a une expression neutre et n'a pas l'air en colère. Elle est immobile et ses grands yeux noirs me transpercent comme des couteaux.

Elle n'a pas d'âme. Cette chose est simplement là car on le lui a demandé. Et je pense savoir qui l'a envoyée. La femme de mon rêve. La soi-disant Déesse.

- Dégage! je hurle à Maddy qui est complètement pétrifiée.

Soudainement, le monstre se met en mouvement et attrape une moto qui est stationnée dans le parking. Je devine aussitôt ce qu'il mijote, alors je me jette sur mon amie avant que le véhicule ne la percute. Nous tombons violemment sur l'asphalte alors que la moto va s'écraser contre les portes de l'école.

Attendez. Je la connais... Me relevant et en jurant, je me tourne vers la chose et lui hurle:

- C'est pas possible! Je viens tout juste de la sortir du garage! Tu vas me le payer!

Je force Maddy à se remettre sur ses pieds et je lui attrape la main. Nous commençons à courir vers la côté du bâtiment. J'entends la créature dans notre dos se mettre à nous poursuivre. Maddy trébuche sur ses talons, mais je la rattrape à temps et nous arrivons finalement à l'arrière du lycée. Je vois que Frederick et sa bande se trouvent encore dans le terrain de football. Je peux également apercevoir la troupe de sportifs quelques mètres plus loin.

C'est quoi ce merdier? Pourquoi sont-ils là alors que je leur ai clairement demandé de décamper?! Sont-ils donc suicidaires?! Je me précipite vers l'attroupement le plus proche et pousse mon amie dans les bras de Frederick. Il l'encaisse sans broncher et je lui crie, terriblement en colère:

- Bande de débiles! Je vous ai dit de quitter le terrain de l'école!

Le garçon pouffe et met sa batte sur son épaule avec arrogance.

- On va défoncé ce petit monst...

Il écarquille les yeux en regardant derrière moi et je soupire. Le sol s'arrête de trembler alors que notre poursuivant nous localise. En même temps, on se tient en plein milieu de la cour, même un aveugle nous aurait repéré.

Aussitôt, je presse les garçons de partir et je vole à Frederick sa batte au passage. Il ne rechigne pas et est même le premier à courir. Soufflant, je me dépêche de prendre une roche aussi grosse que ma paume et me mets en position. Je n'ai jamais été bonne au baseball, alors on verra bien. Alors que le monstre s'apprête à pourchasser ceux qui fuient, je lance mon cailloux dans les airs et la frappe de toutes mes forces. Ma balle de fortune fend les airs et vient percuter le nez de la chose. La chance du débutant, sans doute, je songe en affichant un rictus.

Brutalement, son attention se pose sur moi et je vois un éclair traverser son regard. En réalité, j'avais tord: elle est très en colère - et elle en a après moi, par-dessus le marché! Je me jette sur le côté alors que mon adversaire balance son poing. Il fait un énorme trou dans le bitume et je déglutis. J'aurais dû appeler des renforts. Je pensais pouvoir gérer la situation... Maintenant que j'ai toute l'attention du gorille, je n'ai plus un moment tranquille pour réclamer de l'aide.

Une seconde fois, je me décale sur la gauche et esquive sa main qui vient pour m'attraper. Le monstre fait presque trois fois ma grandeur, alors je ne vois pas comment je pourrais le combattre sans me blesser. Je vais devoir me contenter d'éviter ses attaques jusqu'à ce que je trouve une solution.

Enfin, c'est ce que je voulais faire avant de voir Gregory se précipiter hors de l'école et pointer sur le monstre un fusil de détresse. Qu'est-ce qu'il fout avec ça en premier?! Et dites-moi qu'il ne va pas faire ce que je pense qu'il va faire...

Et il fait ce qu'il ne fallait pas qu'il fasse: il tire une cartouche sur le dos du monstre qui se fige. La fumée rouge commence à s'élever dans le ciel alors que la créature se tourne lentement vers le garçon. Ce dernier se pétrifie, réalisant qu'il vient de s'attirer les foudres d'un immense gorille de cinq mètres de haut.

Aussitôt, mes jambes se mettent en marche et juste avant que le monstre réussisse à percuter violemment Gregory de son poing, je pousse celui-ci hors du chemin.

La douleur du poing me propulsant contre le mur de l'école est indescriptible. Je sens tous mes os se fracasser avec une souffrance pure et s'écraser contre les briques. Le coup est si puissant qu'il me fait traverser le mur. L'espace d'un instant, le temps est figé et je vois le visage de Gregory se déformer en une expression terrifiée et ses yeux vairons s'écarquiller. Juste après, je me cogne brutalement contre les bureaux de la salle d'arts plastiques.

Je ferme les yeux, deux secondes, et en les ouvrant, je vois l'immense créature passer son bras dans le trou causé par mon corps. Lentement, très lentement, je me relève et titube. J'ai l'impression que mon avant-bras a été aplati par un camion six roues et que ma cheville vient de tripler de volume.

Baissant la tête, je constate qu'effectivement ma cheville fait trois fois sa taille habituelle. Bon. On va devoir faire avec. J'essuie le sang qui me dégouline devant les yeux et attrape un couteau exacto sur le bureau de l'enseignante. Bon sang, ça fait un mal de chien! À chaque pas, on dirait qu'on compresse mes muscles et mes os.

Là, je suis en rogne. Vraiment.

Je grogne alors que la main géante me frôle. C'est l'ouverture que je cherche: je plante la lame dans le poignet du monstre et tranche ses veines. Il se met à hurler tout en se retirant. Du sang asperge mes vêtements, mais je n'en ai rien à carrer. Je veux le voir mort, à mes pieds.

Je sors à la lumière déclinante du jour et je jette un regard noir à la créature qui gueule toujours autant en se tenant la blessure. Elle laisse une traînée macabre dans son sillage. Je m'approche en boitillant et, discrètement, me glisse derrière ses mollets. Je poignarde ses tendons et mon adversaire s'écroule de douleur.

Enfin, j'achève le monstre agonisant d'un coup de couteau derrière la nuque. Rapide et sec. Le silence s'installe, mais je sais que Gregory est toujours derrière moi. Je soupire et active le réseau sur ma montre. Aussitôt, j'envoie un message à Daniel de m'envoyer un hélico. Au diable l'hôpital, je préférais de loin me faire soigner à l'OCAP.

Et puis comment expliquer que j'aie pu tuer une créature non identifiée de cinq mètres avec une épaule probablement déboitée, un bras cassé et une cheville sans doute foulée? La police va sûrement s'impliquer, si elle n'est pas déjà en chemin pour ici.

Finalement, je tombe à genoux et bascule sur le côté. Mes muscles, à présent vidés de toute adrénaline, viennent de me lâcher. J'entends un hoquet et des pas se précipitent dans ma direction. Ça doit être Gregory.

- Lili? fait-il d'une voix tremblotante.

Je tourne faiblement la tête vers lui en grognant. Il me dérange, là. J'essaie de ne pas bouger pour ne pas aggraver mon cas. Son visage est défiguré par la peur. Je ne peux m'empêcher de tendre la main et de lui faire signe de s'asseoir.

Il s'exécute sur-le-champ et je souris presque. Soudainement, il sort son téléphone de sa poche et s'écrie:

- Je vais appeler une ambulance!

Je l'arrête aussitôt en posant la main vivement sur l'appareil, ce qui ranime ma souffrance dans tout mon corps. Bordel, qu'est-ce que j'ai hâte qu'on me donne des anti-douleurs. En même temps, ça m'étonne que je ne me sois pas évanouie jusqu'à maintenant. J'ai quand même reçu un coup de poing d'un dinosaure-gorille et passé à travers un mur de briques... Je suis plus résistante que je le pensais, finalement. Mes années d'entraînements n'auront pas été vains.

- Non. J'ai déjà appelé les secours. Tu devrais part...

Je suis coupée par l'hélicoptère qui s'approche. Quelques instants plus tard, je vois ses hélices apparaître lorsqu'il vole au-dessus de l'école. Il commence à planer et lentement, il débute sa descente. Il atterrit juste à côté de la chose qui se vide encore de son sang noir.

Daniel, Liz, Manu et trois hommes que je devine être des infirmiers sortent de l'engin au pas de course.

- Lili! hurlent les jumelles alors que mon patron écarte doucement Gregory et commence à m'examiner.

Je souris doucement alors qu'il arbore un regard inquiet.

- Il ne t'a pas manqué. Pourquoi tu n'as pas demandé des renforts avant de combattre?

- Pas le temps. J'avais pas un moment à moi, j'explique.

Bientôt, on me relève et me transporte dans l'hélico qui est toujours en marche. On m'installe dans une civière et je commence à trembler. Mon corps ne supporte plus la douleur, tout comme mon esprit, d'ailleurs.

Alors que tous s'apprêtent à monter également, notre boss nous surprend en disant à Gregory d'embarquer. Je vais pour refuser et rétorquer sa décision lorsqu'un étourdissement me prend par surprise.

- Elle est en train de s'évanouir! Ramenez-nous le plus rapidement possible au Q.G! ordonne Donald alors que le monde se met à tourner et à s'obscurcir.

J'entends les soeurs dire mon nom d'une voix tremblante et je sens quelqu'un serrer ma main...

Puis, c'est le trou noir.

Xx×xX

Bonsoir ou bonjour! ^^' J'espère que ce chapitre vous aura plu. Comme promis, il est beaucoup plus long (même si ça ne paraît pas vraiment, il a presque 1000 mots de plus). Il se peut que des erreurs complètement idiotes s'y trouvent, je corrigerai demain! ^^' De toute façon, je vous fais confiance pour me dire vos impressions du chapitre en commentaire! :)

À la prochaine!

N』『H』『Y

P.S.: Merci infiniment pour les 126 vues et les 24 votes, je suis vraiment heureuse, même si c'est peu. ^^' Voir que des personnes lisent et suivent mon histoire m'encourage à écrire et à améliorer mes chapitres. :) Je remercie également ceux qui commentent et me donnent leur opinion. Ça me permet de savoir ce qui vous plaît ou vous déplaît et donc à produire des chapitres qui seront appréciés de tous (enfin, c'est mon but)! ^^'

C』『O』『R』『R』『I』『G』『É

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