Je ne me souviens pas de mon enfance. C'est un trou noir complet. Mon premier souvenir qui me revient en mémoire est lorsque Daniel m'a recueillie au sein de l'OCAP. J'étais couchée sur le ventre, la figure dans la boue. Je n'avais pas de blessures. Mes souvenirs commencent lorsque je me suis réveillée à l'infirmerie de l'organisation.

J'avais dans les environs de 10 ans. Enfin, selon mon apparence. Je ne sais même pas quand je suis née. Du coup, je n'ai jamais fêté mon anniversaire. On présume simplement que cette année j'ai passé le cap des 16 ans. Ce n'est pas pour rien qu'on me dit souvent que je fais plus vieille.

Ce ne me dérange pas vraiment. Je veux dire, savoir quel âge j'ai n'est pas la chose qui m'importe le plus aujourd'hui. Loin de là. Pour dire vrai, je voulais faire partie de l'Élite et contre toute attente, j'en suis devenue la capitaine. Au début, j'étais réticente. Je n'ai pas l'esprit fort et dynamique de Daniel.

Pourtant, ma nuit blanche m'a porté conseils. Je vais m'adapter rapidement, j'en suis sûre. Je n'ai pas le choix. De plus, avec mon entre-songe, l'histoire se corse. Je devrai rapidement en informer mon patron de cet événement et mon équipe également.

N'oublie pas que tu n'es qu'une simple humaine dont je peux très bien reprendre le pouvoir... Qu'est-ce que ça signifie? Est-ce que notre ennemi serait une sorte de Déesse? Une entité ultra-puissante qui serait à l'origine de nos pouvoirs? Cette conclusion me donne de frissons d'horreur. Il va falloir que je fasse des recherches, car je n'ai jamais entendu parler d'une Déesse - ou même que nous possédions une Déesse autre que Dieu lui-même - de ce genre.

Perdue dans mes pensées, je finis mon croquis juste comme la cloche sonne et je l'observe. J'ai dessiné le halo de lumière et la petite planète que j'ai vu dans mon rêve. Une main aux ongles blancs est au-dessus de la Terre et semble la contrôler avec des fils, comme une marionnette. Je soupire tout en pliant la feuille en quatre et en la glissant dans ma poche arrière.

En me rendant à mon casier, je découvre que quelqu'un m'attend. Je souris alors que je m'approche lentement de Gregory. Pense-t-il que je l'ai oublié?

- Salut. T'as pas de dîner? je demande en voyant ses mains vides.

Le jeune homme détourne la tête et dit:

- Nah. J'avais... pas faim vraiment... euh, pas vraiment faim.

Je soupire tout en roulant les yeux. Pourquoi bégaie-t-il autant? Je lui fais peur ou quoi? Je dois avouer que cela commence un peu à m'agacer.

- Frederick te l'a volé, n'est-ce pas? je devine d'un ton ennuyé, mais amusé.

Il est vraiment pas chanceux, le pauvre. Ce dernier se frotte la nuque avant d'avouer avec un petit sourire timide:

- Ouais. On ne peut rien te cacher...

Sa voix tremble légèrement. Il se tient cependant plus droit, même s'il a toujours la tête basse. Voilà qui est mieux, je songe en hochant la tête légèrement. Je range mes affaires d'arts plastiques dans mon compartiment, attrape mon pot en plastique hermétique, referme la porte et barre mon cadenas d'un geste habitué. Je fais signe à Gregory de me suivre et me dirige d'un pas déterminé dans les couloirs déserts. À cette heure, tout le monde est au réfectoire en train de manger.

- Alors, qu'est-ce que tu comptais me dire? je m'enquis d'un ton curieux tout en ouvrant la porte menant aux escaliers.

Je crochète la serrure, car l'accès au toit est interdit aux élèves à cette heure.

Gregory reste silencieux alors que nous montons les marches jusqu'au sommet. Je soupire en comprenant que je ne vais rien tirer de lui tant que nous serons pas sur la terrasse. Nous passons le seuil de la sortie et nous nous retrouvons en plein soleil.

Aussitôt, le garçon s'approche du bord et observe le paysage. Une grille le sépare du vide, mais elle ne déteint pas le moindre du monde la qualité de la vue. C'est quand même impressionnant. D'ici, on peut facilement voir la totalité de la ville. Elle n'est pas très grande, pourtant ce n'est pas un village non plus. On peut apercevoir l'orée de la forêt et le chemin que j'utilise pour quitter la ville et me rendre à l'OCAP.

- Tiens, je fais en tendant la moitié de mon sandwich à Gregory.

Quoique surpris, il le prend et en prend une bouchée. Il a l'air très détendu, une main dans la poche de son sweat-shirt. Son profil est illuminé par le soleil. Je découvre à quel point il est beau. Son nez incurvé légèrement en trompette, son menton fin et sa mâchoire imperceptiblement carrée, le garçon peut être très attirant. Pourtant, avec ses lunettes de nerd qui lui mangent la partie supérieure du visage et sa longue frange, il est tout de même difficile à déchiffrer.

- En fait, je voulais demander te... euh, je veux dire, te demander si tu étais libre samedi soir pour... euh... fairesemblantd'êtremacopine, débite-t-il d'un coup.

J'écarquille les yeux. Dites-moi que j'ai mal compris. Faire semblant d'être sa petite-amie? Je n'ai pas le temps pour ce genre de choses! Il y a un nouvel ennemi surpuissant qui risque de détruire toute une civilisation! De plus, je n'ai jamais été dans une relation amoureuse, alors je ne sais pas comment je devrais agir...

Gregory est un étrange garçon. Un jour, il m'ignore et m'évite, puis le lendemain il me demande de le rejoindre sur le toit pour me demander une faveur quelque peu gênante...

Et puis, pourquoi a-t-il besoin d'une fausse copine?

- Je suis désolée. Je suis occupée ce mois-ci, je dis avec une expression désolée.

Son profil se décompose et il perd son petit sourire tout en rougissant d'embarras et commençant à s'éloigner. Je lui agrippe le poignet et le force à me faire face en soupirant.

Il est vraiment timide, ma parole!

- J'aurais accepté volontiers si je n'avais pas un truc de prévu, tu sais?

Je suis étonnée par la vérité de mes mots. Ce n'était pas un mensonge, je le pense vraiment. Si je n'avais pas été impliquée dans les affaires de l'OCAP, je crois que j'aurais dit oui.

Soudainement, ma montre émet une vibration électrique, ce qui me fait violemment sursauter. Je m'écarte aussitôt de Gregory et, lui tournant le dos, allume le réseau sur mon dispositif. Une mini-carte s'affiche avec un point rouge au centre et une voix s'élève, m'annonçant qu'une créature non-identifiée se dirige droit vers l'école.

Droit vers moi, pour être exacte.

Je grogne de mécontentement et me retourne. Agrippant à nouveau le poignet du garçon, je le traîne derrière moi jusqu'à ce que nous soyons en sécurité dans l'établissement. Je m'empresse de le faire entrer dans la cafétéria. Le chaos y règne à l'intérieur. Tout le monde crie et pousse des exclamations paniquées, les yeux scotchés à leur téléphone. La magie des réseaux sociaux... L'information passe de plateformes en plateformes à la vitesse de la lumière.

Je hurle pour avoir l'attention, agitant les mains.

- Écoutez-moi!

Mon esprit est en train de surcharger afin de trouver une solution et je prends une grande respiration alors que des centaines de paires de yeux se posent sur moi. Lance-toi, Lili...

- D'ici cinq minutes, une menace inconnue sera devant le lycée. Veuillez s'il vous plaît ne pas paniquer, parce que cela va juste me compliquer la tâche. Vous allez immédiatement quitter le bâtiment par la sortie de secours située dans le gymnase. Dans le calme, j'assène alors que tous vont pour se précipiter dehors.

Je les regarde marcher rapidement et fixe Gregory qui reste stupidement à côté de moi.

- Tu dois partir toi aussi.

- Et toi alors? me demande-t-il avec un trémolo dans la gorge.

Il a l'air terrifié. Pour ma part, j'ai un grand sourire aux lèvres.

- Moi? Partir? Pas question! Je sens que ça va être une partie de plaisir, au contraire! j'ajoute avec une expression féroce.

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Je suis désolée d'avance pour ce chapitre extrêmement court! :( Simplement, je voulais vraiment séparer l'événement sur le toit de l'arrivée de la créature inconnue. En tout cas, le prochain chapitre sera beaucoup plus long, je vous le promets! ^^'

Sur ce, à la prochaine! :)

   『N』『H』『Y』    

P.S.: Vous découvrirez pourquoi Gregory a demandé à Kaylia. Ce sera plus tard dans le livre. ;p

『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』