Chapitre 5: Opération Rouge
Je courais dans les couloirs comme une dératée, enchaînant les systèmes de défense aussi vite que je le peux. Ma montre a arrêté de vibrer au bout de deux minutes sur la route et, une main contrôlant aisément ma moto, j'ai aussitôt appelé Liza en tapotant mon bracelet électronique.
- Donald a déjà briefé les réguliers, ils ne restent que les élites à rencontrer, m'a-t-elle annoncé.
Je n'ai pas terminé l'appel. Cela semblait la rassurer de m'avoir au téléphone. Liza a beau être une génie dans l'informatique, ça reste une gamine de 10 ans.
- Je suis là! l'informé-je.
Je raccroche et pousse les immenses portes me conduisant dans le bureau du boss. Je découvre que tous les meilleurs atouts de l'OCAP sont réunis dans la grande pièce. Les jumelles se trouvent dans un coin, un portable sur les genoux. La noirceur règne, mais la télévision sert de lumière et il y est inscrit OPÉRATION ROUGE en écarlate.
- Qu'est-ce qui se passe?! je demande en m'approchant, sortant mon calepin qui contient le message inquiétant.
Mon esprit passe en mode professionnel. L'étudiante laisse place à l'agente. Je garde une expression sérieuse alors que je m'approche de mon patron. Il observe l'écran qui grésille et il me semble macabre avec cette lueur rouge se reflétant dans ses lunettes...
- Une nouvelle menace a immergé, m'apprend Denis, un alchimiste reconnu, son nez plongé dans un livre, le feuilletant de façon hystérique.
Je mets le bloc-note dans les mains de Donald et l'incite à le lire.
- Ça vient de ma mission. Le responsable de la disparition d'Ella Johnson a probablement rapport avec la situation.
Je fourrage dans mes boucles brunes, confuse. C'est la panique parmi les agents, ils sont sur leurs téléphones et montres intelligentes. Mon supérieur reste impassible, le regard rivé au télévision gris. Il a l'air perdu dans ses pensées.
- Monsieur! je lui hurle.
Il ne répond toujours pas. Je me place face à lui et c'est à ce moment-là que je comprends. Il est effrayé, ses yeux sont exorbités par la peur. Qu'est-ce qui le terrifie tant?! Grognant, je reprend mon carnet et, sur un coup de tête, je hurle pour attirer l'attention:
- Écoutez-moi! Hey! je hausse la voix encore plus, comme si c'est possible.
Enfin, le groupe d'élites se tournent vers moi et lâchent leurs appareils.
- Rendez-vous dans la salle de réunion Numéro #7. Immédiatement, je tonne d'une intonation dure.
Comme un seul homme, la troupe sort de la pièce dans un parfait silence. En même temps, il ne faut pas me chercher, car je suis plutôt forte en arts martiaux. Ce n'est pas mon genre de m'en servir contre mes propres confrères, mais si c'est vraiment nécessaire, je n'hésiterai pas.
Une fois que les hommes et les jumelles ont quitté la salle, je me tourne vers mon patron.
- Réveillez-vous! Votre équipe vous attend dans...
- Non, me coupe-t-il.
Je sursaute. Sa voix est grave, plus que d'habitude. Donald me fait face et pose sa grande main sur mon épaule et l'autre sur ma tête. Je suis confuse face à ce comportement inhabituel. Je n'aime pas l'augure que prend les circonstances.
- C'est toi qu'ils attendent. C'est ton élite, Lili.
Je me fige. Quoi?
- Tu as remarqué la manière que tu as eu de leur ordonner de sortir et d'aller en salle de réunion? Ils savent que c'est toi qui les dirige.
Perdue. Voilà qui peut bien représenter mon état d'esprit. Mon cerveau reste bloqué sur "c'est toi qui les dirige". Je ne comprends pas. Que veut-il dire?
- J'avais l'intention de t'en parler cet après-midi, mais j'ai eu un doute. Tu es du genre à suivre les ordres et non à les donner.
Je hoche la tête. Cela m'a d'ailleurs surprise lorsque j'ai expédié tout le monde dehors. La façon que j'ai eu d'hausser la voix... Pendant une seconde, j'ai eu l'impression d'être une patronne, d'être comme Donald. Pourtant, je l'ai repoussée, la situation m'inquiétait plus que cette simple seconde sans importance.
- Kaylia Anderson, je te nomme maintenant chef de l'Élite. Fais-en bon usage.
Je veux lui demander pourquoi. Je veux lui poser tellement de questions que j'en aurais pour des heures. Cependant, l'heure tourne et l'Opération Rouge est toujours en place, résonnant dans les pièces et les corridors. Je me détourne et m'empresse au pas de course vers la sortie, . Malgré l'alarme tonitruante, j'entends mon patron murmurer:
- C'est parce que je suis tellement lâche.
J'ai oublié que Donald est télépathe. J'ai appris à cacher mes pensées de son pouvoir, mais ma capacité m'a sans doute fait défaut en apprenant que je dirige à présent la meilleure équipe de l'OCAP.
Serrant les lèvres, je referme la porte derrière moi et me précipite vers la salle de réunion où tout le monde m'attend. Cette pensée me réchauffe le coeur, pour une raison qui m'est inconnue. Une brigade patiente mon retour et veut de moi que je les dirige. Oui, définitivement, ça me rassure de voir que je ne suis pas seule.
Finalement l'alarme s'éteint et mes oreilles continuent malgré cela de bourdonner. En deux minutes top chrono, je passe le seuil de ma destination. Les agents qui s'y trouvent se tournent vers moi. Ils sont encore tous plongés dans leurs appareils électroniques.
Je prends une grande respiration et je l'expire doucement. Allez, tu peux y arriver. De toute façon, il faut une première fois à tout. Mon corps se met en marche presque sur commande suite à cette pensée et je me dirige vers le siège au bout de la table.
- Assoyez-vous, on va parler un moment.
Ils s'exécutent tous d'un coup et je demande à Liza et Manu de s'installer à côté de moi. Elles placent leur portable sur la table et ont les doigts sur le clavier.
- Alors, qui, dans cette pièce, connaît ce qu'est l'Opération Rouge?
Le silence est tellement épais que je peux presque le toucher. Je soupire, pince mon nez, mais me reprend aussitôt. Pas le temps de craquer. Il suffit d'un coup d'oeil aux deux filles pour qu'elles commencent à faire leurs recherches. Manu branche le sien sur le projecteur. Pour ma part, je me lève et ferme les lumières d'un claquement de doigts.
- C'est la première fois en 100 ans qu'elle se déclenche, j'annonce sous les regards consternés de mes collègues. Au début, elle était censée alerter en cas d'intrusion. C'était avant l'installation de Robot-Mère.
Denis lève la main et j'acquiesce dans sa direction.
- Et en quoi consistait cette opération?
- Cela provoquait l'auto-destruction de la base, je réponds sans ciller.
L'alchimiste s'enfonce dans son siège, le mordillant la lèvre, alors que les autres recommençaient à s'agiter. Je cogne mes poings sur la table et tout le monde se fige. J'ai à nouveau leur attention.
- Mais rassurez-vous, il n'en est rien aujourd'hui. Elle a été modifiée pour une certaine spécificité... Un ennemi, beaucoup puissant que tout ce qu'on a connu, vient d'apparaître. Il a été détecté par le radar de Robot-Mère. Son pouvoir est tellement grand qu'il a déclenché l'Opération Rouge.
Finalement, le projecteur s'allume et illumine le mur blanc. Le logo de la démarche d'urgence s'affiche en grand. Je le pointe de l'index et deux diagrammes viennent s'ajouter alors que je continue sur ma lancée:
- Voici la moyenne en puissance de nos ennemis depuis la création de l'OCAP. Elle ne dépasse même pas l'unité. Pourtant, si on parle de celle à côté, elle atteint la cinquantaine, qui est un sommet jamais égalé.
Je laisse un moment à l'équipe pour assimiler l'importance de la situation. L'heure est très grave. Ce genre d'ennemis peut mettre une civilisation entière en danger. Il faut prévoir le pire. Enfin, les deux graphiques s'effacent et je fais face aux agents. Ce sont des génies, les meilleurs de chez les meilleurs, alors je ne doute pas de leurs capacités.
- Comme je ne connais pas très bien vos pouvoirs ou vos noms, à partir de demain on se rejoindra à la salle d'entraînement. Tous les jours, les fins de semaine incluses. Même vous les filles, j'ajoute en fixant les jumelles. À part ça, on va reprendre nos habitudes. Notre ennemi est caché quelque part sur la planète, introuvable, alors il ne nous reste qu'à nous préparer.
- Nous préparer à quoi?
Je lance un regard à un rouquin qui a une feuille noire de notes devant lui.
- À nous battre.
Une minuscule sourire au coin des lèvres, je brandis mon calepin et le passe à Liza qui l'ouvre et le place dans le projecteur. Mes écrits apparaissent derrière moi et je m'écarte. Je leur laisse le temps de lire avant de prendre la parole:
- J'étais en mission cet après-midi pour la disparition d'Ella Johnson, j'explique alors son portait s'affiche sur le mur. Visiblement, elle a été kidnappée par un intangible. Il est très puissant, comme le démontre cet extrait.
Une vidéo s'ajoute au charabia et prend toute la place. On voit la femme être comme aspirée par le mur de l'ascenseur. D'un coup, un jeune homme dans la vingtaine se lève et pointe l'enlèvement, paniqué.
- C'est impossible! C'est forcément truqué!
Je songe à l'un des policiers qui a sorti presque exactement la même chose. Peut-être que je ne devrais pas écarter cette supposition. Enfin, le mieux serait de n'omettre aucune explication. Les circonstances sont à prendre avec des pinces.
Je me frottais le menton, toujours dans mes pensées, lorsque Liz me touche le coude.
- Alors qu'est-ce qu'on doit faire?
Je dirige mes yeux vers le groupe d'élites. Ils sont tous levés, ils me fixent tous en attendant de la suite des événements. Ils me font visiblement confiance. Soupirant, je passe ma main dans mes boucles et mets une main sur ma hanche.
- Comme je l'ai dit, on va garder notre train de vie. Ça ne sert à rien de s'affoler alors que tout est encore incertain.
J'éteins le projecteur, reprend mon bloc-note et je m'avance vers la porte. Les autres me rejoignent dehors. Une migraine commence à pointer son nez, ce qui va sans doute me gâcher mes heures de sommeil. Je n'ai pas l'habitude de ce genre de choses. Normalement, c'est Donald qui nous briefe et nous donne des ordres. C'est facile et simple. Maintenant, je le comprends un peu mieux. Être chef n'est pas aussi aisé que je le pensais.
- Allez dormir, les prochaines semaines vont être difficiles.
Mon poing se plaque contre mon coeur et ensemble, nous nous inclinons tous. Je fais signe à Liz et Manu de me suivre tout en faisant un salut à mes coéquipiers. Ils partent vers différents chemins et bientôt, moi et les deux filles nous retrouvons toutes seules. Je m'accroupis soudainement face à elles et pose une main sur leurs épaules.
- O.K. Ce que je m'apprête à dire va être très important, alors écoutez-moi bien. Si la situation dérape, je vous ordonne de quitter la base et de vous rendre à cette adresse.
Je prend mon calepin et y inscrit l'adresse en question. Je déchire la feuille et la donne à Manu. Elle la prend et les deux soeurs me lancent un regard confus. Sans même prendre conscience de mes gestes, je les prend dans mes bras et, quoique surprises, elles me répondent en m'enlaçant de leurs petits bras.
Pourquoi suis-je sur le point de pleurer?
- Alors, c'est compris?
- Ouais, disent-t-elle ensemble en souriant légèrement.
- C'est pas pour rien que vous êtes jumelles, hein, je me moque doucement en me relevant. Allez dormir, maintenant, il est tard.
Je les regarde partir et je sens une boule se former dans ma gorge. La situation m'effraie plus que je ne veux l'avouer. Si tout dérape, je ne sais pas comment je vais pouvoir tout arranger. Je ne suis pas un génie non plus.
Soupirant, mon mal de tête s'empirant, je me retire dans ma chambre et m'écroule dans mon lit. Je fixe le plafond dix secondes avant de m'enfoncer le visage dans mon oreiller. Je pense aux jumelles, à Maddy, à Jessica, à Ella Johnson, à Gregory, à Frederick... Si le monde tombe entre les mains de l'ennemi, qu'adviendra-t-il d'eux?
Sur cette pensée, je m'endors et tombe dans le vide sans fin des rêves.
→Xx×xX←
Ce chapitre est beaucoup plus grand que les autres, je dois l'avouer! 'º' Dans les 2000 mots, alors qu'habituellement, je fais dans les 1500 mots... En tout cas, j'espère que ça vous aura plu tout de même! ^^' Je n'ai pas grand chose à dire de plus, alors on va finir la fermeture ici!
À la prochaine! :)
『N』『H』『Y』
『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』
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