Chapitre 4: Enquête

Le mieux pour commencer une enquête est de logiquement se rendre sur le lieu du crime. Donc, après avoir passé au travers du système de sécurité, je ressors du chemin de terre, mais avec quelque chose en plus...

Une rutilante moto de sport noire. Souriant d'une oreille à l'autre, je m'empresse de la chevaucher et de la démarrer. Le moteur vibre et je m'amuse à le faire gronder. La sensation m'a tant manquée! Avoir cette bête qui grogne sous moi, cette adrénaline qui monte, le pouvoir que cette moto me donne... Ça fait longtemps que je n'ai pas conduit un de ses engins.

J'enfile mon protège-tête, range la béquille d'un coup de pied et tord la poignée. Je pars sur les roues de chapeaux, exaltée par cette impression de puissance. Alors que d'autres seraient effrayés, de mon côté je suis conquise. Je roule sur une trentaine de kilomètres afin de finalement rejoindre la ville. Les passants se retournent sur mon passage. J'avoue que je me suis laissée allée sur la musique. Rise de Skillet résonne jusque dans mon casque.

Tout en zigzagant dans le trafic, je songe à la jeune femme portée disparue. La façon qu'elle a eu de s'enfoncer à travers le mur est clairement la preuve qu'un intangible est derrière tout ça. Et s'il est capable d'emporter quelqu'un grâce à son pouvoir et sans le toucher, c'est qu'il est très puissant et expert en la matière. Sans mauvais jeu de mots.

J'ai du boulot sous les bras.

Ma moto sillonne les routes, empruntant des ruelles presque par elle-même. C'est si facile de la contrôler, comme si c'est une extension de mon corps. Finalement, après avoir évité plusieurs accidents, j'arrive à destination sans encombres.

Je retire mon casque et scrute l'immense building qui me nargue de sa hauteur. Comme on dit, plus on regarde les gens de haut, plus on attrape un torticolis rapidement. Je tiens cette citation de mon professeur d'Éthiques et cultures religieuses.

Secouant la tête pour chasser mes pensées, je cache mon engin dans une ruelle, l'éteins et m'engage dans le bâtiment. J'observe le décor élégant du hall, le visage neutre. Un grand chandelier pend du plafond et des tableaux sans doute faux ornent les murs. Ils ne m'intéressent aucunement, par ailleurs. Je m'approche donc de la réceptionniste après ma courte contemplation.

- Bonjour! Je suis étudiante dans mon lycée et j'aimerais faire un article sur la mystérieuse disparition d'Ella Johnson, je mens sans aucune hésitation.

La femme soupira et je devine que je n'ai pas été la seule à lui sortir ce discours. De mon côté, c'est des bobards. J'ai mes responsabilités et mes raisons. D'ailleurs, ce n'est pas comme je peux me pointer et avouer que je suis membre de l'OCAP, une organisation entraînant de jeunes recrues hors du commun dans le but de combattre le mal.

On se comprend?

- L'ascenseur est juste là, me pointe l'hôtesse.

Je suis son doigt et avise un coin reculé où un ruban jaune caractéristique de la police bloque le passage. À la droite des portes coulissantes se trouve une troupe d'officiers. Alors on a mis le cas sous la justice de la ville? Je lui souhaite sincèrement bonne chance pour trouver le criminel. D'un sourire léger, je me dirige vers la troupe.

- C'est tout simplement inexplicable, disait le plus jeune, qui doit être dans ses premières années.

- On la voit carrément disparaître dans le mur! s'exclame un autre à la moustache.

- Ça peut être un trucage de caméra, suggère mollement un troisième qui semble avoir la vingtaine.

Ses collègues secouent la tête tout en se frottant le front. Ils sont quatre en tout.

- Bonjour! Qui est le responsable? je demande en m'incrustant sans politesse dans leur conversation.

L'homme qui n'a pas parlé sursaute et se tourne face à moi. À leurs yeux, je dois paraître inoffensive, voire innocente, et c'est exactement ce que je veux. Ils me prendront pour une idiote et m'écarteront. Pourtant, ils baisseront leur garde et c'est là que je infiltrerai dans la brèche.

- Désolée petite, on a pas le temps, me repousse celui à la moustache.

J'imite une moue de gamine et insiste d'une voix geignarde.

- Mais c'est pour mon lycée! Allez, juste deux minutes!

Devant mon regard suppliant, ils craquent et m'entraînent un peu plus loin. Je vois que l'un des policier tient le sac contenant le sac-à-main délaissé de la disparue. Il est mal fermé et la ganse dépasse très légèrement. Quelle incompétent! C'est clairement un débutant. Je souris mentalement et commence mon jeu d'actrice.

- Donc, est-ce que c'est vrai qu'Ella Johnson a été aspiré par un mur? je m'enquis en préparant un calepin et un crayon.

Je les avais chipé sur le bureau de la réceptionniste sans qu'elle ne s'en aperçoive.

L'un des hommes roule les yeux et se gratte la tête. Cela démontre qu'il a une information et qu'il hésite à prendre la parole. Sûrement pour m'envoyer bouler, il me rétorque que tout est encore incertain et que l'affaire est classée confidentielle de toute façon.

Je ris intérieurement alors que je réplique avec des pupilles qui brillent d'une admiration feinte:

- Pourtant, je veux devenir journaliste plus tard et aider les policiers à retrouver les criminels!

Ils ne prennent pas une adolescente de 16 ans au sérieux. Enfin, pour mon cas, cela va être leur erreur monumentale. De toute façon, ils vont avoir besoin d'aide pour élucider la disparition d'Ella. Ils ne sauront simplement pas que je leur aurai donné un coup de main.

- Bon, rentre chez toi gamine, on a une affaire importante sur les bras, s'énerve le plus vieux qui m'attrape l'épaule.

Je fais semblant de trébucher et tombe sur le jeune homme qui possède la sacoche convoitée. Mon doigt frôle la petite surface exposée et c'est suffisant. C'est tout ce qu'il me prend pour avoir accès à des centaines d'information.

Essayant vainement de contrôler l'afflux de renseignements, je m'excuse et m'éloigne vivement en direction de la sortie. Je me précipite vers la rue où j'ai planté ma moto et j'accroupis à côté d'elle. Les yeux dans le vide, je saisis mon stylo et mon bloc-note. Mes mains se mettent en marche comme sur commande et je transmets tout ce que je viens d'apprendre sur les feuilles jaunes.

Au bout de dix minutes, ma transe s'apaise et je peux reprendre ma respiration. Malgré le fait que je gère assez bien mon pouvoir de rétrovision, c'est toujours douloureux et imprévisible. Je regarde mon calepin rempli de notes sans lire et je souris de satisfaction.

Faire l'imbécile et la maladroite peuvent rapporter beaucoup, si on s'y prend bien.

Soudain saisie d'une faim de loup, j'embarque sur mon véhicule et je dirige vers le fast-food le plus proche. Un enseigne Subway fait gronder mon estomac et donc je me gare aussitôt en face du restaurant en coupant une voiture. On me klaxonne, mais je m'en fiche pas mal, en réalité. Finalement, manger santé me démange plus que me bourrer la figure d'une pizza. Et puis, il faut que je me garde en forme.

La salle est presque vide, à part un garçon que je suppose à l'université. Il se tient dans un coin éloigné, sa main enserrée autour de son verre en carton. Il semble perdu dans ses pensées. Il me dit quelqu'un, mais je ne peux le placer...

La caissière fait un signe discret pour attirer mon attention et je me détourne. Je lui décris le sandwich que je veux: jambon, fromage râpé, cuit au four, avec de la salade, des concombres et de la mayonnaise. Je passe mon tour pour le trio et m'achète simplement une bouteille d'eau.

Avec mon plateau, je vais m'installer à un table près des fenêtres. Tout en déposant mes affaires sur ma table, je sors mon carnet de notes et commence à lentement savourer mon dîner, ce dernier une main et mon bloc-note dans l'autre.

- Donc, donc, donc, qu'est-ce que j'ai bien vu d'intéressant...

Je m'étouffe avec ma bouchée et la recrache de manière peu gracieuse sur mon emballage. Qu'est-ce que c'est que ce charabia?! Ça n'a aucun sens! Je laisse tomber mon repas et me concentre sur mon travail, me levant debout.

Fléau. Vague. Extermination des Non-Élus. Utilisation des humains pour parfaire notre vengeance. Chère détentrice de la rétrovision, je te conseille gentiment de te mêler de tes affaires avant que ça se termine mal pour toi...

Et pour ta stupide agence. L'OCAP va sombrer et ma Maîtresse montrera au pouvoir. Ce n'est qu'une question de temps.

Je vais pour contacter mon patron, très inquiète par ce message, quand soudainement ma montre se met à vibrer de façon presque douloureuse. Je la retire vivement et la regarde frétiller comme un poisson hors de l'eau. Aussi vite que l'éclair, je l'agrippe, m'empresse de rejoindre ma moto et démarre le moteur, laissant avec regret mon repas abandonné.

Tandis que je me rend en vitesse au repère, mon dispositif qui s'anime toujours autant s'illumine d'un coup d'une couleur écarlate. Aussi rouge que le sang lui-même. Non... C'est impossible.

L'Opération Rouge vient de s'activer pour la première fois depuis la création de l'OCAP.

  →Xx×xX←  

Voici le quatrième chapitre! :) J'espère qu'il était correct et que le suspense est bien soutenu! ^^' Je n'ai pas l'habitude d'écrire ce genre de fictions, alors j'hésite sur la méthode d'écriture à employer. L'action commence pour de bon! 'º' La suite devrait paraître demain, comme prévu!

À la prochaine! (:

N』『H』『Y

  『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』  

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