Je croise les bras, affichant un visage de marbre. Devant moi se trouve Gregory, enfermé dans une cellule. Il est assis à même le sol, le dos appuyé au mur opposé aux barreaux. Son regard vairons est fixé dans le mien, provocateur.

Le garçon innocent et timide n'était donc qu'un rôle. Ce type doit être très rusé pour avoir réussi à passer au travers des filets de Donald. Je m'approche de la geôle et soupire.

- J'y ai presque cru. Dommage que je ne me laisse pas aussi facilement manipuler, j'ajoute d'un ton sarcastique.

Un rire amer s'élève dans les airs et la voix glaciale de l'imposteur résonne parmi les murs en acier.

- N'empêche que tu m'as tout raconté à propos de l'OCAP. Merci pour ça, se moque-t-il en se relevant.

Il s'avance lui aussi et bientôt, nous sommes nez à nez. La seule chose qui nous sépare est les barreaux de fer.

- C'est désolant que tu sois un tel connard insensible, je t'aurais apprécié.

- Je préfère être un connard insensible qu'une meurtrière! il assène violemment en tapant du poing.

Je fronce les sourcils et me défend aussitôt:

- Jamais je n'ai pris une vie humaine! Il y a sûrement eu une erreur ou un malentendu!

- La mort de ma mère n'est pas une erreur! hurle-t-il bruyamment en me lançant un regard terriblement haineux. Comment peux-tu dire une telle chose! Je l'ai vu de mes propres yeux se faire tuer! De ces même yeux que je déteste!

Voilà donc la raison pour laquelle il haït tant ses yeux. Sur ce point, il n'a pas menti. J'entend la porte dans mon dos s'ouvrir dans un coulissement et mon patron apparaît à mes côtés. Un sourire froid glisse sur mes lèvres avant de s'évanouir.

- Lili, j'ai fait des recherches. La victime s'appelait Marilyne et c'est effectivement la mère de Gregory. Pourtant, ce n'est aucunement notre faute. Nous sommes arrivés sur le terrain deux minutes après un appel et le pyromane était déjà hors de contrôle. Elle s'est interposée pour protéger un enfant.

Mon boss lève la tête et observe le prisonnier avant de lui annoncer d'un ton indifférent:

- Toi. Elle t'a poussé du chemin pour te sauver.

- C'est faux! Je m'en rappellerais! s'écrie Gregory, son masque se fissurant. Si elle s'était vraiment sacrifiée, je m'en souviendrais!

Il s'écroule à genoux, ses mains agrippant aux barreaux.

Je regarde les papiers que me tend Donald et lorsque j'apprend comment s'est déroulée la suite des événements, je les lâche. Je suis stupéfiée, mais aussi dégoûtée. Lentement, les feuilles s'étalent sur le sol alors que je me tourne vers l'homme.

- Vous avez... modifié sa mémoire... je murmure, sans vouloir y croire. Vous avez trafiqué ses souvenirs! Comment avez-vous pu faire ça! C'est interdit par la loi - cette même loi que vous avez vous-même créé!

- Je n'avais pas le choix! Il en avait trop vu! tente-t-il de s'expliquer.

Soudainement, je recule d'un pas et mon visage se vide jusqu'à redevenir impassible. Mes sentiments se mélangent à la situation et je ne dois pas les laisser me dicter ma conduite. Alors, je respire un bon coup et dit d'un ton posé:

- Donc, récapitulons. La mort de Marilyne n'a pas été causée par l'un de nos agents. Elle a sauvé Gregory en y laissant la vie. Vous avez donc préféré changer sa mémoire. Apparemment, il a mal interprété votre histoire, parce qu'il pense depuis son enfance que l'OCAP est responsable de la mort de sa mère.

Je tape dans mes mains, attirant l'attention de Gregory. Ce dernier me lance un regard meurtrier tout en grinçant des dents. Il me déteste donc tant que ça? Je détourne les yeux alors qu'une flèche de douleur me transperce le coeur.

- Voilà que tout est réglé, qu'est-ce qu'on fait de lui?

Donald dévisage le garçon qui nous lance un regard noir.

- J'aime bien son attitude. Il ferait un bon agent.

Je m'écrie aussitôt en pointant le prisonnier du doigt:

- Pas question que je travaille avec ce connard insensible!

- Et moi je refuse de faire équipe avec cette tarée!

- Taré toi-même, le traître! je fais en le regardant méchamment.

- Parle pas trop vite, l'orpheline!

J'inspire brutalement et me jette sur Gregory. Je commence à l'étrangler à travers les barreaux tandis que le garçon m'agrippe les poignets. C'est Donald qui nous sépare brusquement. Je réussis à garder mon équilibre alors que l'autre tombe sur ses fesses.

- C'est impossible! objecté-je en écartant les bras.

- Ce n'était pas une suggestion! tonne mon boss de sa puissante intonation.

Je tressaille aussitôt et croise mes mains derrière mon dos.

- Vous allez vous entendre, un point c'est tout. D'ailleurs, ajoute-t-il à mon intention, tu n'as pas un entraînement à préparer? Ouste!

Chassée comme une vulgaire mouche, je pars cependant la tête haute. Jamais je ne vais être amie avec un traître de l'OCAP. Quiconque n'est pas avec nous est contre nous, point. Il n'y a pas d'entre-deux face à une situation si critique.

Je songe à la nuit dernière, lorsque Gregory a rêvé de sa mère et l'a appelé dans son sommeil. Était-ce vrai? Cette fois-là aussi, en pleine classe, quand il m'a demandé s'il pouvait manger avec moi sur le toit... De la comédie?

Comment puis-je faire confiance à quelqu'un qui n'a jamais été réellement vrai avec moi? Qui a joué un rôle afin de dévoiler au grand jour l'existence de l'OCAP? De mon côté, j'ai été franche et directe. Je me suis simplement contentée de ne pas en dévoiler trop. En même temps, lorsque je lui ai divulgué les principaux éléments à propos de l'organisation, ce n'était pas par choix, mais par obligation. Donald m'a donné un ordre et je l'ai suivi.

Je me rends donc dans la salle d'entraînement. Elle est vide, ce qui m'arrange bien. Organiser la pièce va divertir mes pensées et me changer les idées. Je commence donc à regrouper des tatamis ensemble afin de former une sorte d'arène où ceux qui le voudront s'affronteront. Puis je réaménage les stands de tir à l'arc et aux couteaux pour les placer l'un à côté de l'autre. Pour finir, je prends toutes les armes et les mets à même le sol, à côté des épais tapis.

Je regarde mon oeuvre et hoche la tête. Pour le premier entraînement, ça va suffire. Ça sera probablement juste de la parlotte. Pour le reste, je verrai. Donc, je m'assois tranquillement sur les tatamis et contacte l'Élite, qui me répondent presque tous en même temps. Ils seront là dans 10 minutes, le temps qu'ils se préparent.

J'ai quand même hâte de savoir quelle peut être la fameuse nouvelle de Manu...

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Un peu court, mais je crois que c'est juste idéal. Je n'ai pas vraiment vu l'intérêt de mettre beaucoup de détails pour si peu d'action. ^^' Enfin, j'espère que ce chapitre vous aura plu et que vous me pardonnez pour le coup avec Gregory! ;-; N'empêche que c'est un connard insensible. :(

Vous verrez, il est pas aussi insensible que je vous le fais croire! ;)

Sur ce petit indice, à la prochaine! ^^'

  『N』『H』『Y』  

P.S.: Merci pour les 300 vues et les 39 votes! :) Je remercie également ceux qui commentent et me font part de leur opinion! Merci beaucoup pour votre participation, vous êtes des lecteurs en or! :p

『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』