Lorsque j'ouvre les yeux, j'aperçois ma montre en premier, mon avant-bras dépassant de sous l'oreiller et couchée sur le ventre. Il est 9 heures du matin et je lis que j'ai un nouveau message de Manu. Je tente de me redresser, mais quelque chose m'en empêche. Il y a un poids sur mon dos. Tournant la tête, je découvre que Gregory est à moitié allongé sur moi. Son visage est dissimulé derrière son toupet et son bras est enroulé autour de ma taille.
Je soupire et tente de me dégager, malgré mes plâtres qui me compliquent la tâche. Au bout de dix minutes, je réussis à me faufiler hors de son emprise et je sors du lit. Le carrelage est gelé sous mes pieds nus et ma peau se couvre de chair-de-poule. Je m'assieds dans ma chaise et je me dirige vers la cafetière qui trône sur ma table de travail. Une tasse dans les mains, j'allume la machine et me fais un café noir.
Tandis que le liquide foncé se met à couler, je consulte le message de Manu. Apparemment, elle a découvert un truc - et je cite - «super important» et qu'elle me l'annoncerait ce soir à l'entraînement. Quoique curieuse, je me désintéresse rapidement et attrape ma tasse à présent remplie. J'efface les dernières traces de sommeil autour de mes yeux.
Je me tourne et je vois Gregory qui se réveille peu à peu. Il se frotte le visage et sursaute en regardant autour de lui. La pauvre a l'air perdu.
- Hey, je fais pour le calmer.
Son attention se fixe sur moi. Je m'enfonce dans mon siège et sirote tranquillement mon café.
- T'en veux?
Il secoue la tête et se redresse. Soudainement, le garçon se met à farfouiller parmi les couvertures de façon paniquée. Je l'observe pendant quelques secondes avant de deviner ce qu'il cherche. Ses lunettes. Je souris alors que je les repère aussitôt sur la table de chevet.
Gregory ne se rappelle pas de les avoir ôtées en arrivant dans la chambre? Il est vraiment tête en l'air, des fois.
- Psst! sifflé-je. Tes lunettes sont là, j'ajoute en pointant ledit objet.
Il s'y jette dessus et les enfile rapidement. Je le dévisage en plissant les yeux tandis que l'étrange jeune homme sort ses jambes du lit et se met debout.
- T'es sûr que t'en veux pas? Ça réveille vraiment bien.
Il m'ignore complètement et au lieu de me répondre comme une personne polie l'aurait fait, il sort son téléphone de sa poche. Il fait défiler son écran et tapote quelques touches. Je glousse et lui dis d'un ton amusé:
- Le réseau ne passe pas ici. Il est bloqué par notre propre connexion indépendante.
- Il faut que j'appelle mon père ou il va s'inquiéter!
Sa voix tremble et ses mains commencent également à s'agiter. Pourtant, il y a quelque chose qui ne va pas... On dirait un jeu d'acteur mal fait... Oh! et puis tant pis, je songe tout en écartant mes doutes. Je suis trop épuisée - après tout, je n'ai dormi que cinq heures environ - pour ça. Je pose ma tasse vide et m'approche maladroitement.
- Allez, pousseur de chaise personnel. Je vais te conduire là où tu peux passer un coup de fil, mais avant je dois passer à l'infirmerie pour qu'elle m'ôte ces foutus plâtres.
Avec le pouvoir régénérateur de Karim, ma blessure a complètement guéri durant la nuit, si bien qu'à présent, je suis apte à marcher normalement.
Aussitôt, Gregory agrippe les poignées de mon fauteuil roulant et ouvre la porte. Il nous propulse dehors tandis que j'écarquille les yeux. Le garçon tient apparemment beaucoup à son père et à le tenir informer de sa condition. Je ne peux pas comprendre cela, car je n'ai pas de parents et je ne me souviens pas de mon enfance.
Ça paraît triste, mais en fait, je m'en fiche royalement.
J'ordonne au jeune homme de tourner à gauche, puis à droite et ensuite de s'arrêter au fond d'un couloir. Je vois justement Patricia qui entre dans son local, un café fumant dans une main.
- Patricia! l'appelé-je.
Nous la rejoignons et la porte se referme derrière nous.
- Je ne sens plus aucune douleur, donc tu peux me les retirer? Ils me pourrissent la vie.
Dans un sourire, la femme attrape des ciseaux imposants. Je m'installe dans la chaise allongée au centre de la pièce et étend ma jambe. Elle se met alors à la tâche avec une mine concentrée. Elle commence à couper les bords et prend ensuite une sorte de scie électronique qui s'occupe du reste. Je n'ai pas peur qu'elle me blesse, elle sait ce qu'elle fait. Finalement, l'infirmière empoigne un objet qui va servir à écarter les pans du plâtre afin d'en sortir mon tibia et mon pied.
Une fois le travail fini, Patricia s'attaque à mon bras et cinq minutes plus tard, il est libéré. Je m'amuse à faire tourner ma cheville et mon poignet. Puis, Gregory s'avance et me fait signe de partir. Roulant les yeux, songeant à quel point je déteste quand on me presse, je descends de la civière et je remercie la femme tout en me dirigeant vers la sortie.
Le garçon et moi continuons notre chemin dans le labyrinthe de couloirs. Finalement, nous débouchons dans un cul-de-sac. Je pose ma main contre l'identificateur caché en bas de la porte. Celle-ci s'ouvre deux secondes plus tard dans un bip sonore.
Le silence qui nous entoure est rapidement remplacé à des centaines de doigts pianotant sur des claviers. Je m'engage dans l'immense salle et observe tous les travailleurs qui s'acharnent sur leur ordinateur. Certains marchent, une oreillette à l'oreille. D'autres se promènent, une tasse à la main, racontant les dernières rumeurs.
Sans m'attarder, je conduis Gregory dans la foule et j'aperçois l'escalier en colimaçons. Je me poste à sa droite et pointe un téléphone payant tout simple fixé juste à la gauche des marches.
- Il est gratuit. T'as qu'à composer le numéro.
Même si, pour des raisons de politesse, je veux m'éloigner et le laisser seul avec son père, je résiste. Je ne peux risquer que le garçon déballe tout et annonce l'existence de l'OCAP. Pas que je n'ai pas confiance en lui...
Non, en fait, je n'ai absolument pas confiance en lui.
- Papa? fait Gregory en se redressant. Non, je vais bien, désolée de t'avoir inquiété.
Il hoche la tête, son dos se redresse vivement.
- Je sais, mais... tu sauras jamais où je me trouve!
Je tourne brusquement la tête vers le jeune homme et je m'approche lentement, menaçante.
- Je suis au coeur de l'O...
J'attrape vivement le téléphone et le brise contre le mur. Je donne un violent coup de point dans la boîte. Le silence emplit la pièce alors que les employés dans mon dos se taisent. Je pousse Gregory contre la rampe d'escaliers. Dans mes yeux brille une lueur dangereuse.
- Que pensais-tu faire, Gregory?
Brusquement, son visage se vide de toutes émotions et sa voix se dresse, calme et posée:
- Ça fait des années que mon père et moi cherchons l'organisation qui a tué ma mère.
→Xx×xX←
Tadadadaaaam! :D Vous ne vous y attendiez pas, n'est-ce pas?! Vous pensiez sincèrement que Gregory était gentil et innocent? Pas entièrement faux, mais pas complètement vrai non plus. ^^' En vérité, cette révélation fait partie des changements que j'ai apporté à l'histoire. J'espère que ce petit rebondissement vous aura plu! :)
Je vais changer l'horaire de publication, parce que, avec mon nouveau quotidien surchargé, ça va pas être possible de publier un chapitre par jour. ._. Enfin, maintenant, ce sera un chapitre tous les deux jours et la fin de semaine sera réservée pour la correction, donc trois chapitres par semaine. ^^'
Sur ce, à la prochaine! :)
『N』『H』『Y』
『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』
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