Chapitre 12: Marque
La tête posée sur mon bureau, j'ai l'esprit qui surchauffe. La situation est pire qu'un casse-tête - sans mauvais jeu de mots. Je suis censée écrire mon rapport, mais tout tourne trop pour que je fasse quoique ce soit.
J'essaie de comprendre. Qui est notre ennemie? Que veut-elle? Que voulait-elle dire par «une simple humaine dont je peux très bien reprendre le pouvoir»? Est-elle réellement une sorte de Déesse? De plus, qui sont les créatures qui ricanaient dans l'entre-songe?
J'en ai mal à la tête, mais je ne peux m'empêcher de penser. En même temps, il faut que je fasse un récapitulatif à envoyer à mon patron, alors songer aux précédents événements est inévitable.
D'ailleurs, pourquoi Gregory est ici, au coeur de l'OCAP? À ma connaissance, il n'a aucun lien le reliant à l'agence. Je me demande ce qui a poussé Donald à rapatrier le garçon avec nous. Le Chronos me revient en tête alors que je bouge maladroitement mon bras plâtré.
Un monstre venant tout droit du passé... Ce que j'en ai compris est que de nos jours, mélanger deux races totalement opposés et contre nature est interdit, mais avant, ce genre de choses était autorisé. Patricia l'a même précisé. Cependant, elle n'a pas vraiment expliqué d'où ils viennent et qui peut les invoquer...
Un véritable casse-tête, je me répète.
Secouant la tête, je me concentre sur mon rapport. J'y écris tout ce qui m'est arrivé avant-hier, sachant que j'ai été dans les pommes pendant une douzaine d'heures. Mon enquête, ma message découvert grâce à mon don, la femme de mon entre-songe, l'avertissement de ma montre, l'apparition du Chronos, mon combat et l'interruption de Gregory... Je vais droit au but, sans mentionner de détails inutiles. Puis vient le moment où j'ai passé au travers du mur, que j'ai empoigné un exacto et que je l'ai planté dans les veines de la créature. Je décris la manière que j'ai eu de le blesser fatalement avant de l'achever d'un coup de couteau dans la nuque.
Le reste, mon patron le sait déjà.
Soupirant, je recule ma chaise roulante de sous la table de travail et je tourne sur moi-même, posant ma fiche sur mes genoux. Je sursaute violemment en avisant Gregory qui dort le dos accoté contre mon lit, les jambes repliées. Je l'ai complètement oublié, celui-là!
Je lui ai demandé de m'attendre, le temps de faire mon rapport. Pourtant, cela m'a pris plus de deux heures pour le terminer. Le pauvre s'est endormi durant ce laps de temps... Il doit être crevé, lui qui a veillé à mon chevet. Je plisse les lèvres tout en réfléchissant et finis par prendre une décision.
Je m'approche du garçon et, habilement, je le soulève par la taille avec mon bras valide. Il n'est pas très lourd. Je réussis sans me casser un autre membre à le placer dans mon lit sans même que Gregory cille. Prenant quelques secondes pour l'admirer, je repousse doucement les mèches de son visage. Il n'a pas une beauté renversante, mais il a son charme quand on le connait un peu.
Il doit tellement être perdu... Plus perdu que moi dans ma jeunesse, sans doute. Avec le Chronos, l'OCAP et l'Élite... Puis, je comprend mon erreur: je lui ai expliqué l'origine de l'agence dans les grandes lignes, mais je n'ai même été foutue de lui dire à propos des capacités spéciales! D'accord, je lui ai dit pour mon don de rétrovision, mais ça s'est terminé tragiquement avec la vision de l'enterrement de sa mère...
Je suis vraiment nulle.
- Désolée de t'avoir fait rappeler la mort de ta mère... je souffle dans le silence de la chambre, sachant pertinemment que Gregory dort.
Soudainement, je me rends compte que je caresse tendrement sa joue et me redresse. C'est quoi mon problème, avec ce garçon? Pourquoi est-ce que je ressens de la compassion et de la compréhension envers lui? Ces émotions me déstabilisent.
Je me précipite vivement vers la sortie, les mains maladroitement posées sur les roues de ma chaise à cause de mon plâtre. Je m'arrête une seconde et le silence est si épais que j'aurais pu entendre une mouche voler. Pourquoi est-ce que j'hésite? Je me décide enfin à sortir de la pièce, l'esprit embrumé.
Le pouvoir de Donald me revient et je ferme mes pensées. Il ne faut pas qu'il sache à quel point je suis troublée. Je ne veux pas qu'il pense que cela pourrait interférer ma supervision de l'Élite.
Mes mains s'agrippant aux roues, je me rends au bureau de mon patron, lentement à cause de mon handicap. Heureusement que personne ne voit ce misérable spectacle. J'ai peine à avancer. Je finis pas abandonner et me dirige d'une main.
Au bout de dix minutes, j'atteins finalement ma destination. Je cogne deux fois et j'attend. Je sais que Donald est encore réveillé. En situation de crise, il peut rouler sur l'adrénaline et la caféine pendant plus de soixante-dix heures aisément.
La porte s'ouvre et j'entre dans la sombre pièce. Aussitôt, je sens que mon boss attrape les poignées de ma chaise et me pousse jusqu'à son bureau. Il me relâche et s'installe dans son fauteuil haut et son soupir interrompt la pesante ambiance.
- Tenez, voici mon rapport. Tout y est inscrit.
Je lui tends ma fiche et il la prend, l'ouvre et commence à la lire sans dire un mot. Mon regard s'égare et se promène sur l'énorme écran derrière Donald. Elle illumine la pièce à elle toute seule. Le logo de l'OCAP est affiché en grand. On y voit les lettres O, C, A et P étroitement collées et le cercle rouge entouré de noir qui les encercle. Puis, on discerne le symbole tribal de la force sur le graphisme. Les tourbillons sont légèrement bordés d'une aura de la même teinte que le sang...
- J'imagine que tu as des questions à propos de la présence de Gregory au sein de l'agence, n'est-ce pas? fait tout à coup mon patron d'une voix rauque.
J'acquiesce et me redresse dans mon siège, me raclant la gorge. Je vais droit au but:
- Est-ce qu'il a un lien avec l'OCAP?
Donald affiche un rictus et se lève, manipulant une petite télécommande dirigée vers le grand écran. Il appuie sur plusieurs boutons et une fiche apparaît - celle de Gregory. Il a 16 ans, vit avec son père qui est policier et a une excellente moyenne à l'école. Cependant, je ne vois pas l'intérêt de me montrer cela.
Puis, mon patron zoom la photo et à un certain point, nous ne voyons que ses yeux vairons. Ils remplissent complètement le mur. Je suis troublée. Où veut-il en venir? Alors que je m'apprête à lui exprimer ma confusion, je comprend finalement en voyant la lueur étrange dans les prunelles du garçon.
Ses yeux ne sont pas normaux. En plein centre de la pupille se trouve une lueur blanche. Ce que j'avais pris pour une lueur de la combativité est en réalité un reflet qui ne devrait pas être là. Elle semble bouger, alors que ce n'est qu'une photo. Plus je la regarde, plus j'ai l'impression qu'une douche chaude me tombe sur les épaules.
- Qu'est-ce que ça signifie? je demande sans détourner les yeux.
Mon boss soupire et se rassoit dans son fauteuil, en pleine réflexion.
- Je n'en suis pas sûr, mais je crois que c'est la marque d'un Dieu.
- D'un Dieu? je répète, stupéfiée.
Donc la femme de mon entre-songe serait réellement une Déesse? Enfin, si Gregory est réellement marqué par un Dieu. On est donc vraiment mal barrés. Alors que je me perds dans mes pensées, je comprends soudainement la raison qui a poussé Donald à embarquer Gregory avec nous.
S'il s'avère que le garçon a véritablement la marque d'un Dieu et que notre ennemie est également un être supérieur, quoi de mieux que de combattre le feu avec le feu, ai-je tord? Mon patron prévoie d'utiliser Gregory pour abattre la menace qui risque de plonger l'humanité au fond du ravin.
- Vous êtes malin, je dis en me détournant et me dirigeant vers la porte. Mais avant de faire quoique ce soit, permettez-moi de faire des recherches de mon côté, s'il-vous-plaît.
Je jette un coup d'oeil derrière moi et je vois sa silhouette se démarquer dans la lumière de l'écran géant. Ses épaules larges sont tendues alors qu'il se tient droit comme un piquet. La situation se complexe - enfin, se complexe encore plus qu'elle ne l'est.
- Demande acceptée. Je ferai un tour à l'entraînement demain.
Je hoche la tête et sors de la pièce étouffante.
Alors Gregory a vraiment un lien avec l'OCAP et même étroitement avec un Dieu. J'ai toujours trouvé les yeux du garçon fascinants, mais jamais je n'aurais pensé qu'ils soient spéciaux à ce point. Je songe à la lueur qui s'y cache et je soupire. Comment vais-je pouvoir lui expliquer qu'il a dans ses yeux - ces mêmes yeux qu'il dit détester - une lumière implantée par une entité surpuissante?
En même temps, comme tout est indécis, je crois que cela serait sage de garder cette information pour moi et de la divulguer le moment voulu. De plus, Gregory a tellement de trucs à apprendre et à assimiler. Lui rajouter un poids pourrait simplement aggraver sa situation...
Je retourne lentement mais sûrement dans ma chambre. Je vois le garçon qui dort encore, un léger ronflement s'élevant dans la sombre pièce. Ne pouvant m'empêcher de glousser, je me dirige vers mon lit et me soulève à l'aide de mon bras non blessé. Gregory grogne dans son sommeil et je l'entends très clairement appeler sa mère.
Je me fige, mon souffle se coupant et mon coeur s'arrêtant de battre. Le pauvre commence à s'agiter alors que mon rythme cardiaque s'endiable. Je m'empresse de poser mes mains sur les épaules du jeune homme pour le réveiller. Celui-ci sursaute violemment et se redresse.
Nos fronts se fracassent l'un contre l'autre et je me jette en arrière, gueulant de douleur.
- Putain!
- Désolé! s'écrie Gregory en se frottant lui aussi la tête.
Je m'assis sur le matelas alors que le garçon s'accote au mur.
- On ne t'a pas attribué une chambre? je le questionne tout en retirant mes chaussures.
- Non, répondit-il d'un ton fatigué.
Trop épuisée pour faire quoique ce soit, je lui fais signe de se coucher. Sans rechigner, ce qui m'étonne, il se laisse tomber sur le côté, laissant échapper un soupir bruyant. Je m'étends à mon tour et lui tourne le dos, entourant mon oreiller de mon bras valide.
- Bonne nuit.
Sa voix rauque brise le silence pesant.
- Fais de beaux rêves, je dis d'une voix faible.
Mes yeux se ferment et ma respiration se calme. Je sens quelque chose entourer ma taille alors que ma conscience s'éteint et que je sombre dans le monde des rêves.
→Xx×xX←
Désolééééééééééée pour le retard!! Franchement, c'est juste honteux, j'en ai conscience! >.< Simplement, j'ai eu beaucoup de changements ces dernières semaines, en plus que j'ai commencé à m'entraîner et que j'ai eu une panne d'inspiration...
En réalité, l'histoire que je m'étais tracée n'avait plus aucun sens, alors j'ai complètement changé la fin et le dénouement, ce qui m'a pris presque trois jours à organiser! ^^' En plus, j'ai perdu mes lunettes (ouais, la boulette. ._.) et ma vue est vraiment, vraiment, vraiment dégueulasse. Un peu plus et courir sur mon tapis était impossible. ;-;
Enfin, j'espère tout de même que ce chapitre vous aura plu et que je ne vous ai pas trop déçu! :$ Est-ce que tout se passe trop vite? Est-ce qu'il y a trop de descriptions? Est-ce que l'histoire tient debout? Vous m'en direz des nouvelles! :)
À la prochaine! ;p
『N』『H』『Y』
『C』『O』『R』『R』『I』『G』『É』
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