23-Premier rendez-vous


Dylani

Il est déjà tard et le lycée est désert. Il m'a convoqué dans le placard à balais, c'est aussi excitant que flippant. J'ai pensé à sa lettre toute la journée.

Je vais mieux, remis de ma défaite, décidé à le coincer et à lui faire payer cher. Je n'en reviens pas aussi d'avoir failli me faire choper pour mes photos par les gars de la cité.

Je me faufile dans le placard, conscient de pourquoi les gens s'y rendent. Je me sens ridicule, une alerte dans ma tête retentie, après tout il peut m'arriver la même chose qu'à Vanessa.

Je ne me reconnais pas !

Dans le noir, je mets le ruban sur mes yeux, c'est pourtant moi qui ai fait ces foutus dessins. La porte s'ouvre aussitôt, j'ai très peur de me prendre des coups, d'être filmé. Je me maudis de mes idées stupides, alors que mon cœur tambourine, conscient de risquer beaucoup.

Quelqu'un est là et se rapproche. Jusqu'à ce que j'entende une voix contre mon oreille. Un souffle chaud.

Il est aussi grand que moi et il sent bon. C'est comme si mes autres sens étaient exacerbés, privé de la vision. J'ai l'impression de sentir sa chaleur et sa présence me fait planer.

Je ne suis clairement pas bien moi.

─ Tu peux me donner ton numéro de portable, ce sera plus facile pour te donner mes ordres et moins exposés que les post-its.

─ Ça veut dire que je saurai qui tu es ! Tu es con où quoi ? je marmonne agacé de sa connerie monumentale.

Il rigole doucement et je sens un doigt qui caresse ma joue, délicatement.

─ Je me suis acheté un portable avec un forfait prépayé et j'ai payé en liquide. Tu peux toujours essayer.

Je lui donne mon numéro. Tant pis pour lui, je me débrouille en informatique, je vais surement pouvoir faire quelque chose.

─ Ta voix me dit quelque chose, j'insiste provocant.

En fait c'est faux, mais j'ai envie de lui faire peur.

─ Tu crois ? fait-il vraiment près de moi. Si tu veux stopper tout, c'est le moment ? Tu ne risques rien... Tu ne dis rien ? insiste t'il doucement.

Il était contre mes oreilles et je sens son souffle sur ma bouche. Il m'embrasse doucement d'un baiser léger, un effleurement. Un baiser doux qui devient plus puissant et savoureux et je ne songe qu'à lui rendre. Je me presse contre lui heureux de l'avoir trouvé, enfin plutôt heureux qu'il m'ait trouvé.

─ Tu fais quoi là ? Ça ne va pas ?

Maintenant qu'il s'est arrêté, je rouspète, jouant les prudes, alors que c'était flagrant que je lui ai rendu les baisers. Il va vraiment me trouver bizarre.

Curieusement, il rigole. Il a l'air cool.

─ Je récupère mon prix. Tu l'as dit non ? Tu es à celui qui te trouve et je t'ai trouvé.

─ Pourquoi ne pas me dire qui tu es ?

─ Pour faire durer le plaisir du jeu, mon Ani chéri.

Je sursaute, il connait même mon surnom.

─ D'où tu sans comment je m'appelle ?

Il rigole contre moi tressautant et m'émoustillant. Je ne sais pas qui il est, il est peut-être moche, en tout cas, le torse est musclé, je sens qu'il est bien membré en bas, son corps est ferme, la voix assurée.

─ Si tu comptes me filmer ou te foutre de moi, je te le rendrais au centuple !

─ Je ne ferai pas, alors tu n'as pas à t'inquiéter. Tu restes le patron et dès que tu veux qu'on arrête, on s'arrête, il te suffit de dire un seul mot.

─ Alors on s'arrête !

─ Tu es sur ? Tu ne veux pas encore un petit bisou ? J'attends que tu prononces le safe world.

Il s'appuie contre moi, pas pressant, juste agréable et tendre. J'avoue que je revis devant ses caresses et sa tendresse. Je sais bien de quel mot il parle, je n'ai pas envie de le prononcer.

─ Je n'aime pas être obligé !

─ Tu n'es pas obligé.

Il effleure mes lèvres et comme un signal je me précipite sur sa bouche. Tant pis s'il est moche et con, j'aime ses caresses, j'en ai assez d'être toujours raisonnable et ce moment hors du temps est bien agréable et surtout ses paroles, sa tendresse rassurante.

─ On continuera, jusqu'à ce que tu me trouves, si cela te convient et tu restes le maitre du jeu.

Il m'embrasse encore, je n'ai plus embrassé personne depuis plus d'une année. C'est si bon.

Il me fait un suçon dans le cou et ses mains se baladent sur moi, se posent sur mes hanches, me rendant fou de désir.

On s'embrasse un long et merveilleux moment et je me blottis contre lui. Je suis déchainé à réclamer ses caresses quand soudain je réalise que je fais n'importe quoi. Je me ressaisis enfin et réussis à l'éloigner un peu.

─ Je ne sais pas qui tu es ! Arrête de me peloter.

Il se frotte contre moi.

─ Ce n'est pas fini chéri, je vais faire beaucoup plus que cela.

─ Tu vas me la mettre ?

Il rigole, il a perçu comme moi mon envie dans la demande. Je me baffe mentalement d'être une telle chienne en chaleur.

─ Oui, mais pour ça il faudra que tu me trouves à ton tour.

─ Comment ?

─ Tu es intelligent, tu vas trouver ! Ferme les yeux.

Je le fais bêtement.

Sans me répondre il mord mes lèvres enlève le foulard et embrasse mes cils mes cheveux puis il sort du placard.

Je me retrouve seul dans le noir pantelant de désir, regrettant son départ.

Quand je sors, plus tard, dans le couloir vide, j'ai l'impression de débarquer d'une autre planète. J'ai failli faire l'amour avec un inconnu et me revoilà étourdi dans mon vieux bahut pépère. Tout ça à cause d'un post-it à la con et de cette foutue idée du proviseur.

Pourtant porté par ce secret, cette folie je vais à la bibliothèque pour bosser, comme si je volais sur un nuage. J'y retrouve Gwen et Nathan, qui sortent ensemble.

Je vais finir par me prendre pour cupidon avec mes conneries.

Gwen me hèle et je m'installe avec eux.

─ J'ai un vieil ordi pour Vanessa, tu pourras le lui donner.

─ J'irai le lui porter tout à l'heure,

Vanessa a parlé à sa mère et elle arrête le lycée. Elle commence bientôt son apprentissage.

Nathan s'est éloigné, il est allé chercher des livres soucieux de nous laisser parler tranquille. Il est délicat et attentionné et Gwen est radieuse.

─ Ça va avec Mister love ?

─ Il est génial ce mec. C'est un trésor caché.

Je pourrai lui répondre la même chose avec mon inconnu du placard. Quand je le mets dans mon sac, Gwen repère le magazine.

─ C'est quoi ça ?

─ Des gars de la cité m'ont reconnu. J'ai failli me faire claquer !

À elle, j'avais avoué mon petit secret et je lui montre la pub ou j'apparais.

─ Pas mal, glousse-t-elle d'un regard appréciateur.

─ Merci, il faut que je me débarrasse de ce truc et vite avant que mon oncle le trouve.

─ Donne-le-moi ! Pour le club photo, ça peut toujours servir. Nous avons plein de magazines de ce genre pour nous donner des idées de photos. Je ne pense pas que quelqu'un te reconnaisse.

Anakin

Notre première fois dans ce placard a été magique. Il est exactement comme je le pensais : parfait.

Il est passionnant, drôle, têtu et je craque complètement.

J'avais la trouille de mal faire et si lui avait les yeux bandés, moi je ne l'ai pas quitté des yeux. Je ne voulais qu'une chose qu'il apprécie, prenant mon pied à le satisfaire. Moi le roi des égoïstes, je ne pensais qu'à lui.

Je n'avais jamais songé à embrasser un garçon et c'est super cool. Je pense que c'est parce que c'est lui.

Lui, lui, lui, lui ! Je suis dingue de lui !

Quelques jours passent, tout le monde cherche Martial, la police est venue nous interroger au lycée. Mes parents sont inquiets, ils me font penser à deux squales qui tournent autour de moi.

Martial doit s'ennuyer car il n'arrête pas de m'envoyer des messages. Je lui ai dit de couper son téléphone sinon ils vont le trouver, mais il craque de temps à autre. Il semble de ne pas avoir de souci de confort et de bouffe. Ou peut-il bien être ?

La police veut m'interroger et la famille de Martial aussi, mes parents ont mis leur véto. Je sens que je ne vais pas y échapper indéfiniment.

Je traine au club photo, perdu entre mon bonheur et mon inquiétude.

Gwen feuillette un magazine qui me laisse perplexe, un magazine gay célèbre avec des photos d'hommes nus sur la couverture.

Cette fille m'intéresse beaucoup désormais, depuis que j'ai découvert qu'elle est amie avec Ani. Elle le retrouve parfois les soirs ou à des pauses.

─ Qu'est-ce que tu fais avec ça ?

─ Rien, elle le feuillette en rigolant. Trop de beau mec et de pectoraux pour moi ! je le laisse sur la table ça pourra donner des idées de photos, on ne sait jamais ! Bon j'y vais, je te laisse fermer ?

En attendant que mes tirages sèchent, je prends le magazine, admirant la technique destinée à sublimer les corps de ces mecs parfaits. Photographier quelqu'un, c'est assez simple et pourtant compliqué, il faut trouver le bon moment ou l'expression du visage, du regard correspond à ce que l'on veut faire passer.

Soudain, je suis en arrêt devant une publicité avec un gars en slip, entouré de deux costaux. Il est mince au milieu d'eux. La photo suggère très clairement qu'il va se faire bouffer par les deux autres.

Le regard vert lumineux est magnifique. Je l'ai déjà vu ce regard qui m'a fait voler en éclat toutes mes illusions.

Ce garçon n'est décidément pas ordinaire et plein de surprises. Le photographe a réussi à capter l'espièglerie, l'énergie du plus jeune. C'est un très beau cliché. Il est sublime et fait clairement passer le message suivant : on verra bien qui bouffera l'autre. C'est mon Ani.

Le torse est magnifique de finesse et de tentation, les tablettes légères, le corps lisse et adorable

Les jambes sont sympas, le slip moule parfaitement ce qu'il y a en dessous. C'est limite, si je ne bave pas.

Encore une fois maintenant que je peux l'admirer, ce qui m'assaillec'est la stupéfaction. Comment j'ai pu ne pas le remarquer avant ? Jecrois que cette question je me la pose en boucle.

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