20-Photos


Anakin

Au club photo, je développe des tirages argentiques, d'une humeur sombre de dogue. J'ai besoin d'être seul. Nous avons de la chance que le club soit bien doté, sans doute, un coup de pouce de la présidente du conseil des élèves, ma mère.

Les emmerdes volent en cascades. Je ne sais plus qui a dit cela, mais c'est bien vrai.

Mes copains sont en dangers, Fausto déconne complétement à cause d'Emeline. Martial est sur le point d'imploser, il m'a promis d'aller trouver son père et je me demande si je n'aurai pas dû le raccompagner chez lui.

Je ne trouve pas violette et me voilà probablement gay, que vont dire mes parents et qui est cet Ani2 ?

Honnêtement, je n'aurai pas forcément été plus raisonnable que Martial en étant resté à cette soirée de merde. Je déteste cette fille, qui bouleverse la vie de mes copains, qui nous a collé comme une punaise alors qu'on ne lui avait rien demandé. Avec un peu d'alcool et d'herbe dans le sang, pas sûr que j'ai refusé une bonne baise.

La seule chose que je peux espérer c'est que Martial aura le courage de parler à son père et que celui-ci se montrera compréhensif.

Gwen fait des photos montages à côté de moi, elle est aussi en classe élite, un peu moche. J'ai remarqué qu'elle était copine avec Ani2. J'ai presque envie de l'interroger, avant de me dégonfler. En plus ce sera bizarre puisque je n'avais jamais daigné lui parler jusqu'à présent. Elle part peu après, sans que je me décide, me laissant seul dans le labo.

Je regarde mes tirages qui sèchent, les photos d'Ani2, mitraillées en mode paparazzi.

Encore une fois, maintenant que je peux l'admirer, ce qui m'assaille c'est la stupéfaction. Comment j'ai pu ne pas le remarquer avant ?

Cette question, je me la pose en boucle. En même temps, je ne suis pas censé être gay et me voilà désormais à courir après deux mecs.

Martial m'appelle dans la nuit alors que je venais juste de m'endormir, il m'avoue qu'il s'est enfui, il pique une crise de nerfs au téléphone.

─ Tu es parti où ?

─ Sur Paris.

La réponse est rapide et surprenante concernant mon copain toujours irréfléchi. Pour décider quel pull mettre, il prend une plombe, alors la rapidité de son choix me parait étrange. Surtout, il ne connait pas Paris, il m'a même avoué que la capitale lui faisait peur.

─ Tes parents ?

─ Je leur ai dit que j'étais chez toi quelques jours.

─ Merci du cadeau, je marmonne. Le lycée va forcément prévenir tes parents !

─ ha oui, merde ! J'ai l'impression d'étouffer. Je n'en peux plus, je craque, répond Martial.

─ Dis-moi où tu es ? Je te rejoins ?

─ Non ça va aller, pas d'inquiétude !

Dylani

Nathan Marti traine devant le panneau des Post-its, fixant le faux message que je lui ai écrit. Il ne réagit pas quand je m'approche.

─ Ça va ? Tu as cours quand ? je lui demande en me mettant à sa hauteur.

─ On se connait ?

─ Non pas spécialement cela n'empêche pas de se parler.

─ Tu es en terminale ? Il me désigne ma veste en jeans : tu n'as pas froid ? Nous sommes quand même en hiver.

─ Non je suis d'origine tchétchène, je ne crains pas le froid.

Je suis un peu frimeur sur mes origines.

─ Tu as de la chance. Tu viens de la classe espoir non ? fait-il guère admiratif.

Je me demande qui a pondu ce nom : La classe espoir, espoir de quoi d'ailleurs ? Qu'on disparaisse avec nos problèmes ? Que nous gagnions au loto ?

Moi à leur place, je l'aurai directement appelé la classe des loosers, car cela revient au même.

D'ailleurs Nathan s'arrête, comme s'il avait dit un gros mot. Comme quoi ...aucun mot ne camoufle une réalité.

─ Oui et j'aime ma classe !

Il me regarde avec des yeux ronds.

─ Tu as de la chance, j'ai des difficultés en math, je suis en seconde, mais...

─ Je peux t'aider, passe à la biblio ce soir.

Il grimace, guère convaincu par ma proposition et retourne à l'examen du post-it.

─ Je m'appelle Nathan, je me demande si c'est pour moi, fait-il en désignant le message.

─ Probablement, puisque c'est écrit à côté de l'autre.

Je désigne du menton le post haineux.

─ J'étais amoureux de la fille qui a mis ce message, le résultat c'est qu'elle m'a dit que j'étais moche et gros ! Elle me déteste d'avoir osé écrire un mot d'amour la concernant sur le panneau.

─ Elle est vache quand même ! Elle aurait pu s'en foutre.

─ Oui tu l'as dit.

─ Tu ne l'aimes plus alors ?

─ Je ne l'aime plus. Cependant elle est en train de me détruire, elle m'a éjecté de la discussion de classe et elle organise une soirée avec tout le monde, sauf moi. Surtout des potes à elle n'arrêtent pas de me menacer.

Je me sens désolé pour le garçon timide et parce que j'ai commencé de lui parler, c'est comme si j'avais ouvert une vanne, il me déballe tous ses malheurs, les vacheries qu'il subit et le pire, ses copains qui le boycottent.

─ Ce message doit être une ruse de leur part pour ce foutre de moi.

─ Pas forcément ! Écoute je ne peux pas faire grand-chose pour toi, à part pour ton problème de math. Passe à la biblio ce soir, au moins je t'expliquerai les trucs que tu ne comprends pas.

Nathan me regarde surpris : merci c'est cool, mais notre niveau est compliqué en seconde normale.

─ T'inquiètes ! fais-moi confiance et vient.

Il part en me faisant un petit signe. Je me demande si j'ai bien fait de mettre ce genre de message à Nathan, ce n'était pas une si bonne idée alors qu'il galère dans sa classe. Je dois trouver comment arranger les choses et vite. Comme je suis enfin seul au panneau d'affichage, j'en profite pour coller une réponse à mon petit-copain-secret.

J'ai rencontré quelqu'un il était plus âgé m'a un peu bluffé. Tu fais erreur je n'ai signé aucun engagement.

J'ai dessiné un mec qui pose nu devant un autre, un photographe et son mannequin. David et moi, quand j'étais naïf et amoureux. Cela m'a fait du bien de dessiner cela, comme une thérapie. Je me demande qui est mon correspondant. Il est loin de se douter de combien il est devenu important pour moi.

Cette année scolaire est étrange, si intense, je suis aussi perdu avec le copain de Fausto. La star de mon lycée que je compte déboulonner. Quand cette garce est venue me voir pour me draguer, je n'ai pas pu m'empêcher de le regarder me demandant si c'était lui. Cette peste tentait de m'allumer, tout en balançant des méchancetés à Vanessa, si sure de son charisme que je ne verrais rien. Je me suis fait plaisir à lui balancer toutes les vérités et à lui lister mes cibles. Ce gars qui a le même diminutif que moi. J'ai l'impression de le voir de plus en plus souvent, de ne voir que lui. Je suis troublé par sa présence, ce qui est ridicule, puisqu'il est un beau salaud et surtout ce qui est dommage un bon hétéro. Il s'appelle Anakin Dambreville Saintange, putain de nom à rallonge. Il parait que sa mère est juge, son père député et il vit dans un château. Il est riche et entouré d'ami.

Je crois qu'il n'y a pas plus à l'opposé de ma vie. Surtout je dois me rappeler que je n'aime pas les riches, si je l'oublie je finirais à poil comme dans cette école de Reims.

Du côté de unu et trei, c'est le calme plat en ce moment, ils ne me répondent plus. Je suis assez motivé à les trouver car peut être que je pourrais en caser un avec Claire et si ce sont des filles dans ce cas j'en caserai une avec Nathan.

Patru lui, continue de m'écrire pour se plaindre des sélections, je suppose que mes réponses lui font du bien.

Si j'ai voulu faire les sélections c'est que je n'y arrive pas seul.

J'ai répondu :

Va à la biblio bosser demande des bouquins d'anglais avancés

Ces bouquins n'existent pas, je viens d'en avoir l'idée. Je vais prévenir Ingrid de prendre le nom de celui qui lui fera la demande. En espérant que cela fonctionne.

J'ai une réponse dans la journée au panneau d'affichage de mon mec-anonyme. Il a fait vite et m'a surpris.

Je craque pour toi, je veux te rencontrer ! est-ce que tu vois une solution ?

Je n'ai pas d'idée pour que nous avancions tous les deux, surtout il est censé me trouver et je ne suis pas censé l'aider sinon c'est de la triche.

Je lui mets une grosse bêtise, j'ai envie de délirer un peu.

J'ai encore dessiné deux garçons qui font l'amour dans le placard à balais du lycée. J'ai poussé le vice à dessiner un des garçons avec les yeux bandés.

C'est archi nul, car on est dans un lycée alors je mets un mot de modération par-dessus. Normalement, lui seul ira voir sous le mot. J'espère qu'il le lira.

Au club de science, nous construisons un robot pour un concours et j'ai pensé à quelques gestes que pourrait exécuter la petite machine et à la façon de les coder. Nous bossons d'arrachepied, c'est la sonnerie de début de cours qui nous interrompt à regret.

─ Il faudrait qu'on fasse un film, il faut de la qualité, je décrète en rassemblant mes affaires.

─ Je m'en occuper, je connais quelqu'un qui se débrouille en photo et en vidéo, je vais lui en parler, propose Pierre-Alexandre.

Le soir à la bibliothèque, Mehdi est là ainsi que Gwen et nous faisons connaissance avec Nathan. Je lui explique rapidement les exercices qu'il n'arrive pas à résoudre et au bout de quelques exercices il a enfin compris. Il s'extasie de notre groupe et nous raconte qu'il passe ses journées solitaires et Gwen l'enlace.

Nous allons trouver Thomas au surf et nous sortons tous les cinq en boite.

Les choses se précipitent, car un gars de la classe élite a fait une fugue, la police le cherche déjà, son papa a fait jouer ses pistons. Comme par hasard, c'est celui qui s'appelle Martial, un des coupables du viol. 

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