11-Les épreuves de natation

Dylani


─ Bornesmica, couloir trois, premier ! annonce le juge dans le micro.

Je hurle de joie dans l'eau, manquant boire la tasse. Malgré mes jambes et bras en compote, je fais le con, sous les regards dégoutés de mes adversaires.

J'ai gagné le quatre-mille mètres nage papillon. J'ai fini deuxième au deux-mille mètres à cause d'un mauvais départ, par contre en crawl, c'était à prévoir, je suis cinquième. Ça m'énerve, j'ai horreur de perdre !

Le coach et les autres sont contents, car nous n'avions personne sur cette distance, peu leur importe la victoire. Surtout j'occupe la ligne et je gêne les concurrents en bousculant le classement.

Une fois la remise des médailles faites, nous nous retrouvons sous les douches, j'adore ce moment où la fatigue après l'effort me berce. Je suis heureux, j'ai gagné une des épreuves et je regrette de ne pas pouvoir partager ce moment avec le mec des post-its. Heureusement que nous ne sommes pas au lycée, car je rêve d'aller mettre un post en lui indiquant mon numéro de téléphone, pour lui parler. Il me manque et je voudrais être dans ces bras.

Je rêve éveillé à nos deux corps quand une serviette m'atterrit sur la tête, interrompant mes rêveries.

─ Nous allons fêter cela ? propose Stanislas.

Ils approuvent tous, alors que cela fait furieusement écho à ce qui est arrivé à mes copains.

─ Désolé, les gars sans moi !

Leurs jérémiades ne me feront pas céder.

Dans les vestiaires, je m'assois sans bouger pour me remettre, tandis qu'eux s'activent pour se préparer. Quelles énergies ils ont, car nous sommes vidés après les épreuves, en tout cas moi j'ai l'impression d'être une masse gélatineuse dépourvue de muscles.

Ils discutent de leur plan pour la soirée, en se plaignant de leur téléphone en rade, ce qui me fait tousser en avalant de travers. Je me retiens d'afficher un air satisfait, décidément le virus est efficace.

─ Juste quand je regardais la vidéo de la cochonne !

─ Fausto a abusé !

─ Fausto ? j'interviens très intéressé.

Merde, j'aurai peut-être dû accepter de les accompagner, pour en apprendre plus, après tout la plupart de ces gars font partie de la classe élite.

─ Oui un mec de notre classe qui adore faire du mal aux petites innocentes, il s'est tapé une minaaaaa... il s'arrête venant de réaliser à qui il parle.

Je fais semblant d'entrer dans son jeu, cachant ma rage.

─ A oui la pute de notre classe ! C'est Fausto son mec ?

─ Tu rigoles ! Stanislas secoue la tête en enfilant son sweat. On parle de Fausto Vicomti Larconelli, ce n'est pas son mec ! Il s'est foutu d'elle, oui ! Il lui a fait croire qu'il l'aimait bien et elle s'est tapé ses potes pour lui faire plaisir.

─ C'est un de vos potes ? Ce gars ?

─ Non il est super hautain ! Il n'est pas ami avec toute la classe loin de là ! Ces potes ce sont Amaury, Bragance et Martial.

─ Anakin aussi non ? demande Edouard.

─ Comme dans star wars ? je ricane incrédule.

─ Je crois que son père est d'origine grecque, mais oui comme dans les films. Oui, ils sont proches, Anakin et moi, nous étions à la soirée d'Halloween de Fausto, où la cochonne a assuré, mais nous étions déjà partis, explique Stanislas.

─ Mais vous étiez à la soirée ? j'insiste, car ce gars est une vraie mine d'information.

─ Oui et cette fille est complètement con ! Elle n'a pas arrêté d'allumer tout le monde.

─ Si tu étais resté, tu te la serais faite ? demande Edward.

─ J'espère que non, mais bourré comment savoir ?

Je ne dis rien pendant qu'ils terminent de se préparer, je viens d'apprendre que même dans leur classe, il y a des distinctions sociales. Je crois qu'encore une fois je désespère de l'homme. Je mets ma tête dans ma serviette quelques minutes, me retenant de hurler. La fille, dont ils se moquent, est dans un hôpital psychiatrique, après une tentative de suicide. Je m'efforce au calme, il me faut jouer une stratégie sur le long terme, déjà j'ai toutes mes informations et des prénoms. Je dois à regret renoncer à les interroger plus.

Tremblant de rage, je fonce aux toilettes pour m'isoler quelques instants. Quand je retourne dans les vestiaires, ils sont sur le point de partir.

─ Ça va mec ?

─ Super bien ! allez-vous amuser, buvez pour moi !

Je me fais l'effet d'un super hypocrite, car j'ajoute in petto : étouffez-vous avec !

***

Le lendemain au lycée, je passe le même test de math que la classe Élite, les sujets sont costauds. Je les fais pour vérifier que je suis bien à leur niveau, même si je ne compte pas faire leurs prépas hors de prix. J'ai une contrainte supplémentaire intéressante, les autres font les cons autour de moi ou viennent m'admirer et me déranger.

Sur l'heure du déjeuner avant d'aller au club de science, je passe au panneau et constate satisfait que les messages contre Vanessa se tassent. Mon virus a fait des merveilles.

Pas de réponses pour moi, par contre, trei a répondu, en réussissant l'exploit d'être tout aussi déprimant sur le papier que unu. Et toujours aucune idée de son genre.

J'ai couru 5 km et j'ai mis 1 heure ! C'est nul non ? Depuis trois jours je n'ai parlé à personne

Je lui prépare une réponse en quelques instants :

Je suis là moi je te parle. Va demander quelque chose à quelqu'un, n'importe quoi par exemple un cours ou parle d'un film dis-moi si cela a marché

Il/elle se trompe en disant que personne ne veut lui parler, mais je ne sais pas comment lui ouvrir les yeux. Il me faut trouver une meilleure idée pour l'aider, pour l'instant je sèche un peu.

Je dois aller voir l'administration du lycée, pour parler du dossier d'un des élèves, quand un couple sort du placard du troisième étage, juste sous mon nez.

Ce placard est une légende urbaine, car il n'est plus utilisé que par les élèves qui veulent se faire des câlins, cela sans que les profs ni le personnel ne soient au courant, comme quoi, quand on veut garder un secret, nous sommes assez doués.

Les deux élèves rajustent leurs habits, je ne les connais pas et soudain moi aussi j'ai une envie folle d'y aller dans ce placard, avec le gars des post-its.

Je sais ce que je vais faire, je vais lui faire un dessin de ce placard.

Je n'ai pas oublié mon enquête et j'ai piraté le téléphone de Fausto et de ses copains. J'ai des échanges entre les quatre gars qui ont abusé de Vanessa, car ces idiots en parlent. Je suis sidéré de voir combien ils croient que ce qu'ils disent sur leur mobile reste secret. Rien ne l'est pour un bon hacker.

Un des gars n'est pas content, celui qui s'appelle Martial, car on le reconnait sur la vidéo et on voit son sexe. Bien ! Si on doit les faire craquer, il faut commencer par lui.

J'ai aussi vérifié les autres vidéos rapidement, elle n'apporte pas plus d'informations, si ce n'est la confirmation qu'ils sont quatre salopards.

J'ai fouillé leurs données et trouvé pas mal de secrets. J'y ai passé des heures le week-end et mon oncle m'a engueulé, car je « jouais » trop sur mon téléphone. Pour une fois que j'étais à la maison tranquille.

Son chantier est fermé pour cause de tempête. Il est enragé car comme il ne bosse pas, il n'est pas payé. Mourad m'a encore proposé d'arrêter mes études pour travailler avec lui sur les chantiers. Comme s'il me donnait envie là.

J'aime bien bricoler c'est vrai, mais j'ai vraiment envie de soigner les gens. Dépité par ma réponse négative, il râle que je n'y arriverai pas, que ça coutera trop cher.

Le dimanche soir, la tempête est passée, laissant la ville détrempée sous un déluge de boue. Mon oncle a été appelé pour aller bosser vers dix-sept heures et il nous a embarqué Omar, Pietr et moi, ils ont besoin de bras supplémentaires pour rattraper le retard.

Nous jurons tous les trois, obligés de porter des sacs de ciment et de pousser des brouettes aux différents points du chantier. Nous sommes dans la boue jusqu'au cou et il fait un froid de canard.

Je rêve de rester au lit comme tout le monde, pourquoi je ne peux pas avoir une vie tranquille ?

Tout cela, car je passe trop de temps sur mon téléphone ! Pardon, mais je passe mon temps à courir ! En tout cas, cela me servira de leçon la prochaine fois que je voudrais passer une journée chill, j'irai chez Mehdi.

Mon oncle est super macho, donc son épouse et sa fille n'ont pas le droit de bosser à part pour faire le ménage et la cuisine. Elles devraient tout le temps se reposer et nous les garçons, nous n'avons pas le droit à une minute relax. Au moins, il s'applique cette maxime à lui-même, puisqu'il bosse tous les jours jusqu'à minuit. Il ne saoule pas trop sa femme par sa présence et heureusement avec toutes les conneries qu'il pense.

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