Chapitre 5 - Opération Noël

[👌🏻 ]

Le soleil disparaît derrière les immeubles bostoniens, pour rejoindre son lit douillet. La nuit prend place petit à petit et moi, j'ai un rendez-vous à honorer. J'arrête un taxi, fournis l'adresse de la forteresse de papa Anderson à Milton, puis prépare mon carnet dans lequel j'ai noté toutes les idées d'articles que je pourrais rédiger en rapport avec Noël. Le chauffeur me laisse devant le portail en fer blanc, puis file après avoir reniflé mon billet. J'avance dans la pénombre jusqu'à me retrouver face à cette demeure typiquement américaine. Elle est en bois, peinte en bleu et ressort parmi toutes les maisons voisines. Le porche est maintenu par huit piliers et se marie parfaitement avec la demeure. En dessous, sont installées des chaises en bois, munies de coussins blancs pour le côté « cosy ». A peine ai-je le temps de lever la main pour frapper à la porte qu'elle s'ouvre sur un visage familier : Carla. L'employée de maison dévoile un magnifique sourire jauni par le temps. Elle retire ma veste et la dépose à l'entrée sur le grand porte-manteau noir laqué. Après avoir essuyé mes pieds sur le paillasson gris, je la suis dans les escaliers.

La quarantenaire frappe à la porte de la chambre de monsieur Anderson, puis me fait un signe de la main afin de me laisser entrer. Carla me salue avant de disparaître dans les couloirs bleu ciel. Jack se tient debout, une béquille dans une main, une cigarette dans l'autre. Il tire une bouffée devant sa fenêtre ouverte, en admirant la lune qui éclaire cette nuit d'hiver. Puis enfin, sous un halo épais de fumée grise, il se retourne vers moi, tout sourire.

— Cassie ! Je suis heureux de vous voir, s'écrie-t-il en s'avançant vers moi comme il le peut.

Il m'enlace, veillant à éloigner sa cigarette. Sa barbe mal rasée pique ma joue quand il retire son visage du mien. Je l'observe quelques secondes dans son peignoir bleu et ses chaussons crème. D'ordinaire, cet homme est la classe incarnée mais aujourd'hui, il ressemble à n'importe quel être humain. C'est déroutant de lui découvrir des traits communs au reste de l'humanité.

Il y a deux semaines, mon patron a fait une chute en voulant installer les décorations de Noël sous le porche de sa maison. Heureusement que sa femme était présente : elle a pu joindre les secours immédiatement. Aujourd'hui, il a trois côtes fêlées et une jambe cassée, mais son sourire est intact. Jack monte difficilement dans son lit, passe une main dans ses cheveux poivre et sel désordonnés et m'adresse un clin d'œil complice.

— Comment ça se passe avec mon fils ? s'enquiert-il joyeusement.

— Bien, réponds-je en réprimant une grimace.

— Comment se comporte-t-il, Cassie ? insiste-t-il.

J'aide Jack à installer un coussin derrière son dos et le relève légèrement. Il grogne et me fixe dubitatif.

— C'est un homme... grincé-je.

— Oui, mon fils est un homme, Cassie, se moque monsieur Anderson, approchant de nouveau la clope de sa bouche. Mais je le connais et je devine à votre mine déplorable qu'il ne prend pas bien soin de vous. Je réitère donc ma question, comment se comporte-t-il ?

— Il est très professionnel.

— Mais ? Je vous connais d'un naturel plus franc...

Il a raison, je ne me démonte pas et j'aime que les choses soient claires. Je ne vois pas pourquoi Connor devrait déroger à cette règle. Peut-être que je m'inquiète un peu trop de ce que son père pourrait penser de lui.

— Râleur, arrogant, mal poli, insatisfait..., énuméré-je sèchement.

Jack éclate de rire, caresse ma main qui est en train de remonter le drap sur son corps avant de regarder dans le vide.

— C'est tout lui ! Alors, ne t'a-t-elle pas dépeinte avec perfection ?

Et merde. Note pour moi-même : toujours vérifier si la personne que l'on critique ne se trouve pas à proximité.

Je rougis de honte, resserre ma mâchoire et n'ose pas me retourner de peur de me heurter à la fureur de Connor. J'entends deux pas se rapprocher et la chaleur d'un corps à proximité du mien. Le souffle mentholé de l'homme se trouvant derrière moi s'écrase contre ma nuque et me glace soudain le sang. Puis c'est au tour de la cannelle et du musc de venir envahir mes narines. L'ombre menaçante se racle la gorge afin de prévenir de sa présence et se met à parler :

— Ne me dites-pas que vous êtes venue vous plaindre auprès de mon invalide de père?

Une assurance inconnue s'empare de moi et me donne la force de me retourner. Bras croisés, sourcils froncés, je suis prête à lui balancer une phrase assassine. Sauf que ... lorsque je lui fais face, le nœud qui se forme dans mon estomac m'arrête dans ma lancée.

Connor est sauvage, affreusement sexy avec ses cheveux décoiffés et sa barbe parfaitement bien entretenue mettant en valeur sa bouche que j'imagine soudain glisser entre mes seins.
Son look décontracté lui donne un air moins sévère et plus jeune. Je suis certaine que le jogging gris dont il est vêtu moule parfaitement ses jolies fesses ciselées. Je ne parle même pas de son sweat à capuche rouge de chez « Boss » qui fait ressortir son teint hâlé.

Cassie, si tu continues de baver ainsi, il te faudra éponger le sol.

— Ma... complainte vous... déplaît ? C'est votre... reflet, monsieur, bégayé-je rouge écarlate.

Connor ouvre la bouche mais est immédiatement interrompu par son père qui nous partage, enthousiaste, son impression sur notre nouvelle collaboration. D'après lui, elle fera des étincelles : parfait pour les fêtes de fin d'année !

— Collaquoi ? m'alarmé-je, consciente de la bombe qu'il vient de lâcher.

— Connor, Cassie fera un article sur Noël, l'informe Jack.

— Merci pour cette opportunité monsieur ! le remercié-je en joignant mes mains

— Oh ! Ce n'est pas moi que vous devez remercier mais...

Jack arrête soudain de parler, se gratte la nuque en regardant son fils et reprend sa phrase où il s'était arrêté.

— Remerciez votre talent et votre ambition, conclut-il.

— Ah ! Vous avez écouté votre papa ? MON TALENT ! nargué-je Connor en souriant de toutes mes dents.

— Félicitations ! Excuse-moi, P'pa mais je dois y aller, souffle Connor en se retournant, en direction de la sortie.

— Attends ! s'exclame mon patron, le vrai.

Il marque une pause avant d'ajouter, l'œil pétillant d'une malice que je redoute soudain :

— J'aimerais que tu lui serves de cobaye pour cet article.

Mon...Quoi ? J'objecte immédiatement :

— Oh non ! Monsieur Anderson est très occupé. Son emploi du temps ne lui permet pas de telles occupations.

— Nous sommes d'accord, pour une fois, ajoute la voix grave du fils de Jack.

— Cassie, vous ne pouvez pas refuser cette opportunité. Pensez à votre rêve. Connor, tu es doué dans ton travail, mais, en tant que patron, tu dois apprendre à soutenir tes employés. Tu es encore bien trop immature et arrogant pour que je te propose de reprendre le flambeau.

— Et BAM ! Boule de neige directe dans la tronche ! Bien lancé Jack ! gloussé-je.

Très bon public, mon boss éclate de rire en se tenant les côtes encore douloureuses.

— Contrairement à vous, mon fils déteste Noël, râle Jack.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas ? lâché-je en fixant durement Connor.

Un éclair étonné fissure sa pupille à ma réplique. J'ignore pourquoi, mais un sourire presque imperceptible vient de fendre malicieusement le coin de sa lèvre.

— Votre rôle sera de lui montrer comment vous, vous voyez Noël. L'article sera basé sur « Comment lui faire aimer cette fête ? ». C'est tout ce que j'avais à dire. Vous avez jusqu'au douze décembre, m'informe le cinquantenaire en me pointant du doigt.

J'opine du chef, puis Connor, dont le sourire a disparu aussi vite qu'il l'était venu, m'emboite le pas dans le couloir, avec la même énergie qu'un enfant de quatre ans en train de bouder.

— Je ne comprends pas ce que vous trouve mon père, tonne Anderson junior en enfilant son manteau.

— C'est drôle, je me demandais la même chose à votre sujet, ajouté-je. Ne vous embêtez pas, je vais me trouver quelqu'un d'autre.

Une fois dehors, l'air hivernal me provoque un frisson désagréable. Je fouille dans mon sac pour appeler au plus vite un taxi.

— Mon père a été clair. Je dois m'investir dans votre projet où je peux dire adieu à la reprise de l'entreprise, cède-t-il.

— Je...

— Écoutez. Il vous faut votre article et moi, l'entreprise. De plus, si vous bossez bien, vous n'aurez plus à être mon assistante et je pourrais embaucher quelqu'un de plus ... qualifié, termine-t-il.

Nous marchons l'un à côté de l'autre en direction du portail blanc.

— Êtes-vous disponible ce soir pour discuter de tout ça ? J'aimerais savoir sur quoi partir. Je connais un endroit sympa pour manger, proposé-je en cherchant son regard dans le noir.

— Hors de question de manger dans un bouiboui. Je vous emmène quelque part.


***

— Vous avez exactement vingt minutes pour enfiler quelque chose de potable, me somme-t-il, en m'abandonnant devant la maison d'Agathe où je loge.

Non mais franchement pour qui se prend-il ?

J'ai attendu dehors, dans le froid, enveloppée dans mon manteau rouge pendant que monsieur était en train de se changer dans la maison de ses parents. Il a opté pour un pantalon beige, une chemise blanche et un cardigan brun. Par-dessus, il a enfilé une veste noire en injuriant le satané clébard de monsieur et madame Anderson, qui a laissé quelques poils blancs et gris bien voyants sur le tissu.

N'ayant pas pris beaucoup d'affaires avec moi, je fouille dans la penderie en bordel de la chambre d'Agathe afin de dénicher quelque chose que je pourrais porter ce soir et qui n'est pas trop froissé. Agathe étant bien plus mince que moi, je décide d'essayer les tenues les plus larges qu'elle possède. Je balance petit à petit les vêtements déjà testés, sur le lit de mon amie jusqu'à trouver la perle rare. Ou du moins, le seul truc qui ne me donne pas l'impression d'être une baleine enfermée dans un sac poubelle. Je sors rapidement le fer à repasser ainsi que la planche, donne un coup sur tous les plis pour qu'il n'en reste aucun. J'enfile la petite robe noire bustier, légèrement pailletée que je lui ai offerte il y a trois ans. J'admire mon corps, dans le miroir plein pied en face du lit, en imaginant ce que pourrait dire Connor de cette robe. Lui plaire ? Jamais de la vie, je ne veux juste pas me trouver ridicule au milieu de personnalités aux poches remplies de blé.

Je coiffe rapidement mes sourcils épais, promène ma main dans mes cheveux bruns courts et lisses, puis j'ajoute un rouge intense sur mes lèvres pulpeuses.

Je rentre mes pieds dans des escarpins pourpres empruntés à Agathe également et sors immédiatement pour me faufiler sur le siège passager de la luxueuse Bentley Continental GT grise de mon patron. Lorsque je claque la portière, il ne m'adresse même pas un seul regard trop occupé à discuter avec l'homme qui m'a clairement insulté ce midi.

— Quoiqu'il en soit, monsieur Juda, plus jamais vous ne manquez de respect à l'un de mes employés. Et la prochaine fois, vérifiez votre numéro de téléphone ou inscrivez votre mail sur votre dossier. Ça évitera de faire déplacer quelqu'un sur son temps de pause, gronde-t-il.

Il démarre la voiture et monte le volume des informations diffusées à la radio pendant que je laisse naviguer mes yeux sur le paysage qui défile dans le noir. Au bout d'une dizaine de minutes, il se gare dans un parking souterrain et sort du véhicule en me prévenant que nous sommes arrivés. Je récupère mon petit sac blanc et le suis dans l'ascenseur où règne une discrète musique d'ambiance couvrant ma gêne. En réalité, il m'impressionne avec son allure sérieuse et sa voix grave pouvant rendre jaloux n'importe quel homme.

Il ne me regarde toujours pas, concentré à pianoter sur son téléphone. J'espère qu'il fera un peu plus d'efforts pour répondre à mes prochaines questions. Les portes coulissantes de la cage en fer s'ouvrent sur la sublime salle du restaurant italien dans lequel nous avançons.
Mes talons claquent sur le sol au carrelage gris, jusqu'au comptoir en marbre. Le cadre romantique fait apparaître quelques rougeurs sur mes joues, et ravive de mauvais souvenirs. Au moins je ne m'y installe pas en espérant une demande en mariage qui se soldera par un largage en bonne et due forme, cette fois.

Une femme aux cheveux blonds, attachés en queue de cheval parfaite, récupère deux menus en nous faisant signe de la suivre. Je m'installe au fond du canapé beige, en face de Connor qui reste toujours aussi silencieux. La jeune femme saisit une allumette et brûle la mèche d'une bougie se trouvant entre mon boss et moi.

Nom d'une guirlande... Ça devient hyper gênant !

Je souffle rapidement dessus afin de l'éteindre, sous le regard sévère de mon boss. Il détourne finalement ses yeux lassés vers la serveuse avant qu'elle ne puisse tourner les talons :

— Je vais prendre comme d'habitude. Servez de même à la demoiselle ici présente.

La blonde valide d'un hochement de tête puis s'en va pour de bon, emportant avec elle le menu que je n'ai pas eu le temps d'ouvrir.

— Vous ne me demandez pas si j'aime ou si je suis allergique ? dis-je d'un ton réprobateur.

Il boit une gorgée du vin blanc que lui avait directement apporté la serveuse. Sûr de lui, il croise ses bras sur son torse et arque ses sourcils.

— Parlons de l'article si vous voulez bien, Calie.

Je ne relève pas l'erreur habituelle sur mon prénom. Je pense que c'est inutile, ce mec est un crétin.

— Bien. Qu'est-ce que vous n'aimez pas dans Noël ?

Question simple, basique, qui lance le sujet et permet de sonder le personnage.

— Absolument tout, mademoiselle Leroi.

Au moins il connaît mon nom de famille. Je farfouille dans mon sac et sors un stylo ainsi qu'un petit bloc-notes sous le regard moqueur de mon nouveau sujet.

— Très bien, alors on va faire plus compliqué. Qu'est-ce que vous aimez ?

Connor passe sensuellement son doigt sur ses lèvres faisant mine de réfléchir.

— Quand ma petite amie débarque chez moi, habillée en Mère Noël, s'amuse mon patron en me fixant.

Je ferme les yeux en soufflant de dépit. Qui fait ça, franchement ? Déjà elle doit se taper l'affiche devant l'appartement de son mec et ensuite c'est très pervers et à l'opposé de la fête familiale qu'est Noël.

— Oh ! Vous avez une petite amie ? grincé-je sans m'en rendre compte.

— Vous semblez déçue, Caroline, lâche-t-il un sourire au coin.

La serveuse revient déposer devant nous nos assiettes, puis soulève les cloches blanches afin de dévoiler le luxueux plat italien composé d'un fromage frisé « de la tête de moine » qui repose délicatement sur le riz crémeux à côté de trois tranches très fines d'un champignon noir : de la truffe. Mes yeux s'écarquillent au fur et à mesure que je détaille le plat dont les effluves viennent embaumer mes narines.

— Comme ça, vous goûterez la truffe autrement que fourrée dans un fromage, le tout dans un vulgaire bout de pain tout sec. Les Français et le pain..., soupire-t-il en plongeant sa fourchette dans son riz.

Je pique à mon tour dans le risotto et pousse un incontrôlable gémissement de plaisir. Le goût du champignon et du riz vient éclater sur mon palet, délivrant les saveurs les plus explosives. C'est croquant et crémeux à la fois.

Merde c'est trop bon, m'exprimé-je en français, dans un soupir proche de l'orgasme.

Quand je me rends compte que, non, je ne suis pas seule, je lève mes yeux verts et réalise que Connor m'observe attentivement. Il mâche et ne détache pas son regard de ma bouche.

What, j'ai quelque chose sur le visage ?

Je sais pertinemment que non, mais je tente de cacher ma gêne. Sa lèvre droite s'étire discrètement en creusant sa petite fossette.

— Non, vous êtes juste... Enfin, on dirait un enfant qui s'extasie sur son assiette, reprend-il.

— Est-ce mal ?

— Êtes-vous toujours comme ça ?

— Comment ? demandé-je surprise.

— Excessivement expressive.

Mes sourcils se froncent, ma ride du lion se plisse, mais Connor ne me laisse pas le temps de répondre. Il se penche dans ma direction.

— Tout vous ravit et vous excite. Comme un bambin. C'est éreintant, murmure-t-il.

— Déjà, je ne vous permets pas de me juger ainsi. Ensuite, oui, j'aime manger.

On nous propose de nous resservir du vin. Je refuse et regagne la route du délice, profitant de chaque bouchée de mon plat divin.

— Donc, reprenons. Il faut savoir que j'ai besoin de votre investissement à trois cents pour cent. J'ai tout un programme à tenir et je dois être sûre que vous allez me suivre. Alors, êtes-vous prêt à entrer dans toutes mes folies noëlesques ?


— Non, mais ai-je le choix ? Vous avez entendu mon père. Soit j'accepte de vous aider, soit ...

— Vous devez prendre la place de votre père définitivement ? Quand ? le coupé-je paniquée.

— Changement de sujet ?

— Euh non, pardon. Mais...

— Continuez, propose-t-il.

— Il faudra se voir après le travail et éventuellement quelques heures le week-end. Chez vous, de préférence, car je ne vis pas seule. Je peux passer demain soir ?

— Nous en sommes déjà là...? Si j'avais su, j'aurais accepté d'être votre cobaye plus rapidement

— Non... je... j'aimerais juste ... décorer votre salon, bégayé-je. Je suis sûre que c'est morose et terne chez vous. Je vais apporter un peu de gaieté à cet endroit, repris-je dynamique.

— N'y comptez même pas ! Je ne fais entrer personne chez moi.

— Rabat-joie ! Je peux donner les décorations à votre petite amie. Elle le fera avec vous, suggéré-je.

— Peut-on éviter de mêler mon appartement à votre article, pitié. Et je n'ai pas de petite amie.

— Vous aviez dit que...

— Vous êtes agaçante, expire-t-il.

— Vous aussi, monsieur Anderson. Vous ne me rendez pas la tâche facile, me fâché-je.

— En acceptant, je n'ai pas dit que ça serait facile de me convaincre. Savez-vous quoi faire pour me rendre plus docile ?

— C'est du harcèlement sexuel, crié-je.

— Je n'ai rien dit, mademoiselle.

— Vous...

La serveuse nous interrompt, le temps de débarrasser et de proposer la carte des desserts que j'accepte volontiers. J'ai faim.

— Je prendrai juste un café, dit-il en adressant un sublime sourire à la blonde déjà rouge écarlate.

Il se tourne vers moi et laisse un silence planer en attendant que je fasse mon choix.

— Vous ne commandez pas à ma place cette fois ?

Connor pince l'arête de son nez et chuchote quelque chose du genre « C'est une sacré chieuse ». Je préfère ne pas relever et me retourner vers la serveuse.

— Pas de café pour moi, donc, mettez un café gourmand à monsieur comme ça je pourrais déguster la farandole de desserts, dis-je en m'adressant à la jeune femme qui me fixe avec de grands yeux avant de tourner les talons et de s'enfuir dans les cuisines.


— Pourquoi a-t-elle fait cette tête ? me demandé-je à moi-même.

— Les femmes que j'emmène ici ne prennent jamais de desserts.

— Je ne pense pas qu'elle m'ait prise pour l'une de vos conquêtes, rigolé-je. Mais vous ne connaissez que ce restaurant ou quoi ?

— J'y ai mes habitudes.

J'essuie ma bouche et tends mon verre de vin blanc à monsieur-pénible avant de lui avouer mon aversion pour cette boisson trop sèche et pâteuse. Connor s'intéresse au programme que je souhaite garder secret pour le moment. Rien n'est fixé et tout se mélange dans ma tête. Je lui avoue que je suis excitée d'avoir ma chance et que j'adore Noël. Je me confie également sur le fait qu'étant maintenant loin des miens, je n'ai pas eu envie de faire toutes les activités de cette fin d'année, seule. À la fin du repas, il saisit la note et paie l'ensemble, avant de nous ramener vers sa voiture. Je le remercie en offrant une caresse à mon ventre bombé et, baillant comme une enfant après un bon repas, je monte dans le véhicule de mon boss, prête à rentrer chez Agathe.

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