Chapitre 25 - Joyeux Noël Cassie

CASSIE

25 décembre.

Il est presque dix heures, quand la lumière filtre à travers les volets de mon ancienne chambre. J'étire mes bras, baille bruyamment sans retenue, pousse la couverture avec mes pieds et attrape mon téléphone, espérant trouver un message de Connor. Je grimace, déçue de voir qu'il ne m'a pas écrit depuis mon départ de Boston.

Cassie, il est quatre heures du matin là-bas ...

Je file immédiatement sous l'eau chaude : décontracter mes muscles est une priorité. Je ferme les yeux, profite du filet de chaleur qui se déverse sur mon corps, courbaturé par la folle nuit avec mon Connor. Je prélève une noix de savon et frotte ma peau, perdue dans mes réflexions. Je touche chaque centimètre de ma peau, me remémore notre dernière nuit : sauvage et douce à la fois. Connor est attentif à mes sentiments, à mes besoins et aux diverses réactions de mon corps sous la pulpe de ses doigts. Il n'est pas comme David qui se lançait dans son éternelle levrette sans se préoccuper de mon bien-être à moi. Qui aurait cru que mister-connard me ferait jouir comme jamais ? Je passe mon visage sous le jet, mouille mes cheveux.

Est-ce que Connor va ouvrir son cadeau sur la tombe de son frère ce matin ? Que va-t-il penser ?

Je m'enroule dans une serviette verte, enfile mes sous-vêtements, passe un pull de Noël ainsi qu'un collant et un short noir. J'emprunte les escaliers et déboule en bas en criant de joie face à tous les cadeaux présents sur le sapin. Maman bouche ses oreilles et embrasse mon front en me répétant que je ressemble à une enfant un matin de Noël. Je lui souris, récupère le bol de chocolat qu'elle m'a déposé sur la table du salon et goûte ma boisson en faisant attention à ne pas me brûler la langue.

Il est midi et demi quand ma nièce Olive débarque avec ses parents. Guillaume demande de mes nouvelles et Carole commence à râler contre ma mère parce que le repas de la petite n'est pas prêt : elle déteste quand sa fille saute sur les apéros. La petite brunette me raconte le réveillon qu'elle a passé chez les parents de son père. Elle me détaille l'ensemble de ses cadeaux, les yeux pétillants de bonheur.

Maman regarde l'heure et souffle, énervée par l'habituel retard de mon frère, Martin. Ce mec n'est pas pressé par le temps. C'est un globetrotteur écolo qui voyage avec seulement un sac à dos et ses pouces en l'air.

— David arrive à quelle heure ? s'enquiert-elle, me coupant dans mes pensées.

Carole fronce ses sourcils finement épilés et me dévisage. J'ai peut-être omis le fait d'avoir été larguée par mon infidèle petit copain. Repoussant l'heure fatidique des aveux, j'ai complètement oublié de prévenir qu'il ne serait pas des nôtres. Maman lève une assiette, me fixe avec un regard qui veut dire « alors ? ».

— Il ne viendra pas, lui réponds-je en prenant l'assiette dans mes mains pour aller la ranger.

— Oh ! Il n'a pas pu se libérer ? en déduit-elle me dévisageant tristement.

— Non, il doit être en train de baiser sa nouvelle copine, grogné-je.

Je ressors de la cuisine, enfonce mes pieds glacés dans des chaussons molletonnés en forme de tête de renne.

— Oh ! je ... Bon, il me semble que Steeve, notre voisin est célibataire. Je pourrais éventuellement lui proposer de passer prendre la bûche avec nous pour le dessert ! s'en joue-t-elle le sourire aux lèvres.

J'ouvre la bouche afin de refuser sa proposition précipitée, lorsque la sonnette retentit dans l'entrée et me sauve du plan foireux que maman est en train de me concocter.

— C'est Martin ! J'y vais, crié-je en courant jusqu'à l'entrée.

J'ouvre. Mes yeux s'écarquillent d'emblée quand je découvre que ce n'est pas le grand brun aux yeux caramel qui se trouve à l'entrée dans le froid de la campagne lyonnaise, mais bien le grand châtain aux yeux océan. Alors que mes yeux n'y croient pas, mon cœur, mon ventre et mes jambes, eux, ressentent parfaitement la réalité de la situation. Je n'ai pas le temps d'émettre un son que ma mère débarque dans mon dos et s'attaque à l'homme qu'elle pense être un vendeur de porte-à-porte.

— Mais quelle idée de déranger les gens un jour de Noël, comme ça ? Vous n'avez que ça à faire de vendre vos bidules ?

Elle s'approche, je tente de reprendre la parole, mais elle me coupe encore une fois.

— Ou peut-être que vous êtes strip-teaser ? Dans ce cas, je suis plutôt intéressée, ajoute-t-elle en bougeant son corps.

Oh non la honte !

— Maman ! Arrête, la coupé-je, gênée par sa démonstration ratée de danseuse burlesque.

— Ben quoi, c'est un beau mec, ajoute-t-elle. Ma fille est à présent célibataire, ça vous tente de venir manger avec nous, jeune homme ?

— MAMAN !

Connor lâche un petit rire à peine audible en me fixant. J'espère sincèrement que son français est rouillé et qu'il n'a pas compris ne serait-ce que la moitié de ce qui vient d'être dit ici.

Sorry, it's a mistake.

Il me lance un clin d'œil avant de rebrousser chemin.

Oh! Mais il croit aller où comme ça ?

Je sors dans le froid et tire sur un pan de son manteau. Il se retourne et ses yeux bleus viennent se planter dans mon regard marron. Mes bras passent autour de sa nuque, je me hisse jusqu'à être sur la pointe des pieds et mes lèvres se posent chastement sur les siennes. Pourtant Connor ne l'entend pas de cette manière ; il approfondit mon baiser en glissant sa langue dans ma bouche chocolatée.

Oh putain ! J'avais presque oublié comme c'était bon.

Je me recule à contrecœur, le regarde, un sourire niais sur mon visage rouge. Il se penche et murmure un « Joyeux Noël miss-étincelles ! » avec un accent anglais qui pourrait faire fondre n'importe qui. Sa main glisse dans la mienne et nos doigts se nouent pour ne former plus qu'une petite boule de chaleur.

Ma mère me fixe choquée, ma sœur, elle, sourit de toutes ses dents, quand j'invite Connor à pénétrer dans la maison familiale. Mon petit ami - oh que ça sonne bien - essuie ses pieds sur le paillasson.

— Nous ne sommes pas intéressés par ce que vous vendez, grogne mon père en arrivant dans le couloir une raquette de tennis entre ses mains (au cas où il faille sortir l'intrus avec force).

Maman dépose sa main gelée sur l'avant-bras de mon père. Il frissonne à son contact et se tait.

— Papa, maman, Carole, je vous présente Connor.

Je marque une pause et le regarde, comme pour avoir son aval quant à notre situation.

Cassie's boyfriend, déclare-t-il alors, réchauffant d'une seule phrase l'ensemble de mes organes.

Ça sonne encore mieux quand c'est lui qui le dit !

— Ton petit ami ? s'écrie ma mère avec surprise.

Connor avance sa main, prêt à saluer les membres de ma famille.

— Élisabeth, my mother, Carole, my sister, and Roger my father, terminé-je en anglais.

Nice to meet you.

Je le débarrasse de son manteau, attrape ses épaules et le pousse en direction de la salle à manger. Maman apporte une assiette, la pose à l'ancienne place de David et ne se gêne pas pour lancer des regards à mon copain qui tente de sympathiser avec Olive, malgré la barrière de la langue. Cette coquine est déjà en train d'ouvrir tous ses cadeaux et elle a demandé à Connor de l'aider pour monter ses quelques jeux. Aussitôt débarqué en France, aussitôt transformé en ingénieur en montage de jouets.

— Il est beau gosse, affirme ma mère. Mais est-ce qu'il est aussi sympa que mignon ?

Je hoche la tête timidement. Même si notre relation n'a pas débuté sur de bonnes bases, je ne peux pas nier que depuis notre rencontre, il n'a cessé de me surprendre.

— Bien, je suis contente pour toi, mon p'tit Caramel.

Caramel. Il aurait pu l'ajouter à sa liste, celui-là.

Elle embrasse mes cheveux et retourne se cacher dans la cuisine après nous avoir demandé de nous installer à table.

— Connor, c'est ça ? s'enquiert le père d'Olive.

Il acquiesce entre deux bouchées de dinde aux marrons, répond aux multiples questions maladroites de mes proches et profite du brouhaha collectif pour glisser parfois quelques mots à mon oreille comme « Tu m'as manqué », « Merci pour le cadeau, j'ai vraiment adoré », « Maxime est ravi de sa boule à neige », « J'ai très envie de toi » ...


À la fin des festivités, Connor remercie ma mère, ne tarissant pas d'éloges sur sa cuisine. Je l'ai vue rougir à plusieurs reprises, face à ce bel Américain. Il se lève, s'excuse de quitter la table et prétexte une grosse fatigue due à son trajet et au décalage horaire. Ma mère me demande de lui montrer ma chambre et d'aller me reposer aussi.

Nous montons main dans la main. J'ouvre ma porte et lui dévoile une chambre rose bonbon aux allures de princesse Disney. Il avance, retire son pull, qu'il pose sur ma chaise à roulettes et visite les lieux.

— Je suis désolée pour l'atteinte à ta vue. Ma mère ne veut rien changer ici... J'espère que ça ne te dérangera pas pour dormir, dis-je timidement.

Come on.

Il saisit mon bras et m'attire à lui pour m'offrir un câlin, puis, il recule son visage, attrape mon menton et fait basculer ma tête en arrière.

— Enfin seuls, murmure-t-il contre mes lèvres avant de m'embrasser.

Il passe ses mains sous mes fesses, et me soulève. J'enroule mes jambes autour de ses reins comme des lianes autour d'un tronc et le laisse me porter jusqu'à la salle d'eau. D'un coup de pied, il claque la porte tout en continuant d'explorer ma bouche.

Il pose mes fesses sur le meuble des serviettes, passe ses mains sous mon pull et le retire, affirmant que je suis trop vêtue pour prendre ma douche. Je rigole, le laisse s'acharner sur les boutons de mon short en caressant sa barbe.

— Tu n'étais pas fatigué ? demandé-je, taquine.

— Je dors mieux après le sexe, avoue-t-il.

— Oh ! Je ne crois pas, non. La dernière fois que nous avons passé la nuit ensemble, tu n'as pas fermé l'œil de...

— Cassie, grogne-t-il.

Il me soulève et me repose sur le sol. Il s'agenouille, lève mes jambes une à une pour faire glisser mon collant et mon short, puis il embrasse l'intérieur de mes cuisses en remontant lentement. Ne reste à présent que mes sous-vêtements sur mon corps parsemé de chair de poule.

— Connor..., soufflé-je gémissante. Je suis sûre à trois cents pour cent que ma mère se trouve derrière la porte de ma chambre, rigolé-je discrètement.

— Raison de plus pour ne pas faire de bruit, miss Leroi, ajoute-t-il dans mon oreille.

Je termine mon effeuillage, sans aucune élégance, pressée par l'appel de son corps. Il fait de même et se dépêche, comme si coucher ensemble devenait plus important que de respirer. On file sous la douche, explorer nos corps. Je fais mousser le gel parfum vanille et place mes mains sur le torse trempé de Connor.

— Je demanderai à Guillaume de te prêter quelque chose de plus masculin pour les prochaines douches car, là, tu vas sentir la gonzesse, finis-je par dire.

Il ne répond pas, trop impatient de poser aussi ses mains sur moi. Mais l'une des miennes s'empare de son érection, enchaîne des va-et-vient de plus en plus rapides, puis je m'agenouille pour glisser son sexe dans ma bouche avec appétit.

— Bordel, Cassie, expire-t-il en me fusillant du regard.

Je prends ses mains, les pose sur ma tête : je veux qu'il me montre la cadence à suivre, qu'il dirige mes gestes. Je désire le sentir au plus profond de ma gorge. Monsieur ne se fait pas prier plus longtemps : il rassemble mes cheveux entre ses doigts, forme une queue de cheval et tire ma tête en arrière. Il me regarde, les yeux chargés de luxure. Il durcit dans ma bouche, se contracte à plusieurs reprises mais se retient d'éjaculer dans ma gorge.

— Cassie, je ne veux pas jouir comme ça, lève-toi.

Je m'exécute, embrasse ses lèvres tremblantes de désir, puis me retourne lui offrant mes fesses.

— Deuxième tiroir, lui indiqué-je.

Il sort de la cabine, trouve les préservatifs et enfile rapidement le premier qu'il attrape. Il se place derrière moi, fait claquer la fesse droite.

Putain que j'aime ça !

Ma poitrine s'écrase contre la paroi de douche quand Connor me pénètre. Le cul en arrière, sa main entre mes cuisses, nos corps ondulent. Je mordille ma langue, retiens les picotements qui se font une place dans mon bas ventre. Je ne peux pas gémir aussi rapidement. Je veux profiter encore et encore, mais il le sent, se presse un peu plus contre moi, me souffle à l'oreille qu'il compte se venger en ne me laissant pas dormir de la nuit. Je rigole, me cambre, accueille plus profondément son membre et écrase ma main sur ma bouche pour libérer discrètement mon râle de plaisir. Connor lâche sa jouissance dans le bout de caoutchouc et halète contre ma nuque.

***

Emmitouflés dans nos tenues d'hiver, nous empruntons le métro qui nous dépose dans le vieux Lyon, près de Fourvière. Il m'embrasse devant la vue sublime que nous offre cette place avant de reprendre notre route pour nous perdre dans les rues pavées et les traboules. Une gaufre au chocolat et quelques kilomètres plus tard, nous arrivons au centre de la place Bellecour. Connor lâche ma main, se presse devant la grande roue et m'invite à monter dans la nacelle. C'est la première fois que je vois une expression enfantine sur son visage : il apprécie réellement ce moment. La roue tourne, le paysage nous offre une vue sublime sur Fourvière qui s'étend à nos pieds. Connor saisit son téléphone, passe son bras sur mon épaule et embrasse ma joue en dirigeant l'appareil sur nos visages.

— Tu viens de nous prendre en photo ? réalisé-je surprise.

Yes !

— Je n'ai pas eu le temps de prendre la pose, me plains-je immédiatement.

Il ouvre l'image et crée un nouveau contact dans son téléphone. Ah oui, je n'ai même pas son numéro perso. Je note les dix chiffres et lui rend son smartphone.

— Comment tu m'as trouvé ?

— Agathe.

— Oh je vois ...

Il renomme mon prénom en « Miss étincelle pénible ».

— Tu ne vas pas noter ça ! boudé-je.

— Je vais me gêner ! rigole-t-il

— Très bien, alors de mon côté je vais noter « Connard ».

Connor s'empare de ma mâchoire et dépose un baiser sur la commissure de mes lèvres avant de se reculer et de me menacer.

— Si tu fais ça « miss étincelle », tu devras jouer seule avec ton « stimulpower » jusqu'à ce que tu changes ce foutu surnom.

— Hum, je ne crois pas que tu tiendras aussi longtemps de ton côté.

— On parie ?

— Bonne chance « Connard » !  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top