Chapitre 13 - Création d'une décoration.
Maxime pose son biscuit décoré dans le saladier et se tourne vers moi, joyeux.
— Tu restes manger avec nous ? demande-t-il en me fixant de ses grands yeux ronds.
— Non, j'ai une soupe instantanée qui m'attend dans l'un des meubles de ma nouvelle cuisine, annoncé-je à Maxime.
Je fourre le tablier dans mon sac en tissu que je passe sur mon épaule prête à partir.
— Je pensais que vous n'étiez pas du genre à manger juste une soupe, tonne la voix derrière moi.
Je me retourne et découvre Connor qui revient près de nous.
— Je n'ai pas eu le temps de faire des courses, expliqué-je.
Mon voisin passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffe maladroitement - sexy. Je m'attends à ce qu'il me balance une réflexion ou une blague pas très sympathique, alors je bombe la poitrine, en inspirant, prête à encaisser et à lui rétorquer quelque chose de plus fracassant.
— Restez avec nous ce soir, propose monsieur Anderson tout naturellement.
Je hoquette de surprise, fronce les sourcils sous le coup de la surprise. Il enchaîne.
— Maxime a l'air de vous apprécier, même si je ne comprends pas pourquoi, grogne-t-il.
Ah, la pique est là ! Connard !
Je n'arrive pas bien à cerner cet homme et ça me déstabilise complètement. Il change son état émotionnel en un claquement de doigts. Je jette un coup d'œil à Maxime qui a joint ses mains et qui papillonne des yeux pour me supplier de rester. Je souris, mais hésite tout de même à accepter l'invitation. Je ne souhaite pas m'imposer à un gars qui me déteste et encore moins rendre l'atmosphère pesante. Mon estomac, cependant, parle pour moi – comme souvent, il faut le reconnaître-, et le qui voilà qui grogne bruyamment son désir de rester ici pour le dîner.
— Bon d'accord, je le fais seulement parce que Maxime me regarde avec ses yeux de chien battu en mode « chat botté », affirmé-je, un sourire au coin.
Maxime saute dans mes bras et crie sa joie. Ce petit garçon est très câlin et pas du tout sauvage. Je ne le connais pas tant que ça et pourtant, je l'aime déjà beaucoup.
— Pouvez-vous juste vous occuper de lui pendant que je prépare le repas ? demande mon hôte en enfilant à nouveau son tablier.
Il noue la ficelle rouge dans son dos, ouvre le tiroir devant lui pour sortir un couteau.
— Je peux l'emmener chez moi pour décorer mon sapin ? J'ai besoin d'un assistant !
Je me penche vers le petit garçon, saisit une de ses boucles blondes entre mes doigts :
— Mais ne t'inquiète pas, je ne te demanderai pas de m'apporter un café. Ce n'est pas vraiment le job d'un assistant.
Je lève les yeux vers Connor qui fait semblant de ne pas avoir entendu ma plaidoirie. Il sort le matériel dont il aura besoin pour la popote de ce soir. J'imagine que ce seront des pâtes, des saucisses et une sauce à la tomate et ça ira parfaitement bien.
— Dis oui, daddy!!! sautille le petit garçon.
Le cuisinier du soir me dévisage, grimace et souffle.
— Laisser la prunelle de mes yeux avec une enfant comme vous ? Dites-moi que vous avez déjà gardé des petits, s'il vous plaît, s'inquiète-t-il.
— Non, je les ai en horreur... A chaque fois que je croise ces monstres, j'ai envie de leur mettre des tartes, blagué-je. Mais lui, il est cool ! avoué-je ensuite en faisant un clin d'œil à mon nouveau copain. Je suis juste à côté. Ne vous en faites pas, je ne vais pas le pousser par la fenêtre !
— Rien que le fait que vous pensiez à une chose pareille ne me rassure pas... Maxou, surveille bien mademoiselle Leroi. Je compte sur toi, ordonne son oncle en se penchant vers lui.
À la même hauteur tous les trois, proches, j'arrive à sentir le parfum si masculin de mon patron. Le rouge monte et se fait une place sur mes joues tandis que mon corps frissonne. Il sent vraiment bon, mieux qu'un gâteau qui sort du four. C'est un mélange épicé et boisé. Le regard torve qu'il m'offre provoque des nœuds dans mon estomac. Oui, physiquement, ce mec me plaît, mais hors de question d'imaginer quoique ce soit avec lui.
J'empoigne rapidement la main du garçon et le tire en dehors du logement, le souffle court. Le gosse entre en furie, visite toutes les pièces en riant. Je sais ce que ça fait, je ne me lasse pas du nombre de pièces de mon nouvel appartement. Maxime s'accroupit face au carton de décorations posé devant le sapin. Il enfonce ses mains à l'intérieur pour sortir plusieurs modèles entre ses doigts boudinés. Je place une guirlande lumineuse puis Maxime m'aide avec les colorées. C'est le fourbi, tout est mélangé dans ce carton. Que ce soient les couleurs, mais également les figurines qui semblent d'une autre époque. Le garçon retire les décorations cassées, mais je décide néanmoins d'en garder un : un renne à la patte brisée.
— Tu vois, ce n'est pas parce qu'il est abîmé qu'il ne peut pas avoir une place dans le sapin. Regarde, on va le mettre juste là, dis-je en positionnant l'ornement entre une boule rouge et une boule verte.
La tête blonde choisit une cloche en or qu'il me tend et en récupère une deuxième pour lui. Ensemble, nous commençons à habiller le géant vert.
— Cassie, tu veux être ma copine ?
— Euh, oui. Avec plaisir Maxime, réponds-je joyeuse.
— Je suis content, j'ai pas souvent de copine ici, se lamente-t-il.
— Ton oncle Connor n'a pas une amoureuse à te présenter ?
Il cligne des yeux quelques secondes et je regrette aussitôt ma question. La situation amoureuse de mon patron ne me regarde en rien. Mais quand j'ai vu la fausse blonde à son bras, le courant électrique qui m'a traversé le corps était loin d'être positif. Je voulais cogner la tête de la jeune femme contre la porte coulissante. Elle était tellement belle que j'aurais pu changer de bord pour elle, même si, sur le coup, je l'ai insultée de traînée superficielle.
— C'est toi son amoureuse, affirme le gamin.
— Ah, non non. Pourquoi dis-tu ça ? m'enquiers-je aussitôt.
— Parce que j'ai jamais vu une fille avec lui. Il me garde souvent et j'ai jamais de copine avec qui m'amuser. C'est la première fois.
Le garçon sourit de toutes ses dents et enfile une boule dorée sur une épine. Je me souviens effectivement qu'Anderson avait bien spécifié, au restaurant, qu'il n'invitait personne chez lui. Or, j'ai débarqué par surprise pour l'envahir de décorations.
— Nous avons fini ! crie Maxime.
Je me gratte le menton en dévisageant l'arbre.
Presque parfait !
— Il manque quelque chose, dis-je en scrutant le sapin. Est-ce que ton oncle a de la peinture ?
— Oui !
Nous retournons dans l'appartement voisin.
Le propriétaire a disparu de la cuisine, mais un plat, dont l'odeur embaume la pièce principale, mijote. Maxime tire mon bras et me dirige vers une pièce au fond. Nous arrivons dans une chambre sublime et luxueuse : le large lit prend presque toute la largeur de la pièce.
Le mur du fond est fait d'une pierre noire en relief. Du plafond blanc retombent deux lumières en forme de boules brillantes et chromées. Les rideaux gris cachent une large fenêtre avec vue sur la brume de cette nouvelle soirée qui débute.
— Il neige, Cassie ! s'exclame le petit, le visage collé contre la fenêtre.
Je m'approche, prends le temps d'admirer la vue sur la ville plongée dans la nuit quand un bruit de porte nous fait sursauter. Je me retourne et surprends Connor, torse nu, enroulé dans une serviette noire. Il sèche ses cheveux avec une autre serviette, trois gouttes d'eau ruissellent sur son torse, taillé à la perfection. Je détaille : abdominaux marqués, dans lesquels je me ferai un plaisir à planter mes crocs, et obliques formant un parfait « V » juste assez marqué. Quelques petits poils m'indiquent le chemin à suivre pour atterrir là.
Oh put...
Maxime saute dans les bras de son oncle, à deux doigts de faire tomber la serviette de celui-ci qui veille à retenir le tissu foncé. La température de mon corps vient d'augmenter encore un peu. La buée de la salle d'eau pénètre dans la chambre, l'odeur du gel douche nous envahit. J'inspire, remontant ma poitrine, tente de retrouver mes esprits devant ce spectacle interdit aux mineurs.
— Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre ? grogne Connor tout en me fixant.
Enfin, je crois. Je suis bien trop subjuguée par le haut de son corps pour me soucier du bleu de ses yeux.
— On.. cherche de... de la peinture, bégayé-je.
— C'est où, tonton ?
Le regard dur de l'homme presque nu en face de moi s'adoucit immédiatement quand son neveu lui adresse la parole. Mon patron passe devant moi, offre à mes narines le délice cannelle et santal. Je le suis du regard, observe sa chute de rein juste...
Je dois mettre la tête dans le c*l d'un ours polaire pour me rafraîchir l'esprit ! Vite des glaçons !
Connor se penche, ouvre le dernier tiroir de la commode de sa chambre et en sort une boîte remplie de peinture, pinceaux ainsi que d'un peu de matériel créatif pour les enfants. Il donne le carton à son neveu sans détacher ses yeux des miens, pour surveiller mes rougeurs, peut-être.
Ne regarde pas son torse, ne fixe pas sa bouche, n'imagine rien de salace, reste focus sur ses yeux et pense à autre chose.
Je déglutis une bonne dizaine de fois et toussote mal à l'aise. Une fois débarrassé de la boîte, mon patron fait un pas dans ma direction, me forçant à lever la tête pour ne pas lâcher son regard. Nous restons là, silencieux, à nous observer.
— Mademoiselle Leroi, Max vient de sortir de la chambre. Je vous invite donc... à faire de même, chuchote-t-il. Sauf si vous souhaitez rester pendant que je m'habille ?
Son haleine mentholée s'écrase sur mon visage quand il prononce ses mots, trop près. Ses pupilles toujours accrochées aux miennes, je sens son bras bouger et se déplacer. J'exécute un pas en arrière, gênée par la soudaine proximité. Connor détache la serviette qui pend autour de sa taille, sans la retirer.
— Non merci, je... je préfère jouer avec mon stimulpower qui est bien plus humm woaw, gémis-je inconfortablement.
— Vous l'avez testé...
Un terrible sourire, le genre qui vous retourne l'intérieur du ventre, se colle sur sa tronche.
— Cadeau pas si inutile que ça finalement, déduit-il me prenant au piège de mon propre jeu. Combien d'hommes avez-vous testé pour dire qu'un objet vibrant est bien mieux ?
Sa voix devient plus rauque, son timbre plus grave. Sa poitrine monte et descend aussi rapidement que la mienne : au même tempo.
Affreusement gênant. Et délicieusement grisant, aussi...
Je ne réponds pas, mais je prends soin, en quittant le sauna qu'était devenu sa chambre, de frôler son bras brûlant. La tête doucement envoûtée, je retrouve le petit garçon dans mon appartement.
Qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça?
En réalité, je ne mens pas. J'ai effectivement beaucoup apprécié mon bain d'hier soir. Lorsque Phœbe a quitté la maison, j'ai préparé l'eau, les bougies et surtout mon cadeau de Noël.
J'ai longuement hésité à le tester, mais je me suis dit que ça aurait été du gâchis de ne pas l'utiliser. Surtout que j'étais seule.
J'ai donc appuyé sur le bouton afin d'activer la succion clitoridienne et me suis laissé aller au plaisir. J'ai joui, bien trop vite, malheureusement. Je mentirais si je disais que je n'ai pas pensé quelques secondes à celui qui me l'a offert.
— On fait quoi, Cassie, avec la peinture ?
Retour à la réalité : mon job de nounou du soir.
— Lorsque j'étais petite, tous les ans, avec ma maman, nous fabriquions des décorations de Noël.
Je m'accroupis à côté de lui et sors d'un sac une petite botte rouge cousue à la main.
— À l'intérieur, maman a glissé une poudre magique. Ma botte enchantée me suit partout pour me porter chance pendant les fêtes. Nous l'avons fabriquée ensemble, elle et moi, quand j'avais ton âge.
— Je veux aussi fabriquer quelque chose pour daddy Connor !
— Tu peux lui faire un ornement pour son sapin, lui proposé-je.
Je récupère le carton créatif et sors six bâtons de glace, de la peinture, des cure-pipes et des perles.
Nous nous installons sur la table du salon que j'ai couverte d'un vieux drap.
Je remonte les manches de Maxime et lui propose de peindre en vert les bâtonnets de glace. Je fais de même en face de lui.
— Cassie, ton papa il est vivant ?
— J'ai la chance d'avoir mes deux parents, oui.
— Mon papa est au ciel, mais il me regarde et je suis sûr qu'il te trouve gentille.
Je lui adresse un sourire maladroit. Je ne suis pas très douée pour parler de ça.
— Je l'ai déjà croisé, au début, lorsque j'ai commencé à travailler pour ton papi. Ton papa était quelqu'un de très joyeux et il rigolait tout le temps.
Maxime n'ajoute rien de plus. Il continue sa création et se concentre pour qu'elle soit parfaite. Une fois la peinture terminée, je lui propose d'enfiler quelques perles sur un cure-pipe de la couleur de son choix.
Je récupère la colle forte dans un tiroir de l'entrée et colle les trois bâtons secs pour former un sapin. Puis je l'entoure de sa guirlande de perles. Il ne manque que la ficelle pour l'accrocher au sapin !
Le coup d'œil sur l'horloge m'indique que nous sommes chez moi depuis déjà une heure et demie. Le petit gars court se laver les mains, juste après m'avoir peint le nez en rouge pour, je cite, "que tu sois Rudolph, le renne au nez rouge qui illumine le ciel".
Peu importe ce que dira monsieur-autoritaire, ce soir, je dîne en mode « renne du Père Noël ».
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top