Chapitre 10 - 5 raisons de porter de jolis sous-vêtements.
5 décembre.
Ma colocataire est allée chez ses parents à New York ce weekend et a bien stipulé que si je voulais baiser avec le « pro-du-vibro », je ne devais surtout pas le faire dans son lit. La porte d'entrée enfin claquée et ma sérénité reconquise, je me dirige vers la cuisine pour me préparer du chocolat chaud. J'aime l'agrémenter de chamallows ainsi que d'un nuage de chantilly, saupoudrée de cannelle : un régal pour affronter le travail de la journée. Je bois une gorgée, mes yeux détaillant l'endroit d'un calme olympien, mais m'arrête sur la surprise laissée par mon amie. Le stimulpower trône sur le canapé. Ses yeux mobiles, soigneusement collés par Agathe, me dévisagent. Je le fixe à mon tour et m'approche pour lire ce qui est écrit dans sa bulle de BD : « Joue avec moi ce soir, Cassie ! ».
— Même pas en rêve, mon gros ! préviens-je le vibro, mon doigt pointé vers sa gueule vibrante.
Devant mon ordinateur, j'écris, je corrige, je recommence, j'avance, j'efface, je suis contente, je veux tout arrêter, je retrouve le courage jusqu'à épuisement total. Il est temps de s'accorder une pause quand quelqu'un sonne à la porte. C'est Phœbe, la frangine d'Agathe, qui a sorti une nouvelle ligne de sous-vêtements et aimerait me faire essayer quelques prototypes.
— Salut ma belle !
Phœbe embrasse rapidement ma joue avant de bazarder toutes ses dentelles sur la table de la salle à manger.
— Tu me sauves. J'ai reçu trois modèles hyper sexy, mais je n'ai pas encore pu les faire tester, m'avoue-t-elle désespérée.
— Pourquoi tu ne demandes pas à ta sœur ?
— Agathe est bien trop maigre. Toi, tu es pulpeuse et j'adore tes formes. Allez, enfile ça !
Elle me lance à la figure un charmant body vert sapin qui possède un joli dos nu. J'avance dans le couloir, tourne à droite afin d'aller me cacher dans la salle de bain et revêtir cette beauté.
« Raison n° 1 : Se sublimer. Qui a dit que l'on devait porter des culottes de grand-mère quand on est seule ou célibataire ? OK, elles sont pratiques, non prise de tête et hyper cocooning, mais je ne suis pas sûre que, quand tu te regardes dans le miroir, tu aies envie de t'autobaiser... Alors exit les draps d'entrejambes et welcome la dentelle affriolante. »
Je passe un pied puis le second dans l'ensemble, le fait coulisser le long de mes courbes, cache mon ventre et ma poitrine. Ce sous-vêtement camoufle plutôt bien toutes les parties intimes grâce à son épais voile : la transparence se fait uniquement au ventre. La broderie est fine, les rosaces bien travaillées. Je sors de ma cachette, plaque le body contre ma peau et me retourne. Phœbe s'affaire au laçage de celui-ci, s'assure du bon serrage et termine par un nœud final dans mon dos. Elle ferme les yeux, me demande de me poser en face d'elle, si possible dans une posture sexy - jamais de la vie - et tape dans ses mains. Elle découvre alors sa sublime création sur moi, me fait pivoter et récupère son mètre. Son stylo dans la bouche, un carnet arrimé à son cou, elle prend quelques mesures qu'elle note soigneusement, concentrée dans sa tâche, sérieuse.
« Raison n° 2 : Pour se mettre en valeur. Que vous soyez ronde, mince, pulpeuse ou filiforme, n'hésitez pas à mettre en valeur vos atouts avec une lingerie qui moulera votre corps et épousera vos courbes. »
Son téléphone vibre et coupe la jeune femme dans ses calculs. Elle décroche, coince l'appareil entre son épaule et son oreille, râle contre son interlocuteur : la conversation prend un autre tournant.
— Cassie, je vais dehors cinq minutes pour éviter de te faire subir l'engueulade avec mon mec. Je reviens... Ne.Bouge.Surtout.Pas, m'ordonne-t-elle. Mais Rob, ferme ta gueule par pitié. Tu crois que je ne bosse pas assez ? enchaîne-t-elle en sortant de l'appartement dans le froid bostonien, sans sa veste.
« Raison n° 3 : La confiance en soi. Toi tu sais ce que tu portes en dessous, mais tous les autres, non. Tu te sens belle et sexy comme jamais et ça se voit sur ton visage. Tu rayonnes et tu es sûre de toi ! Tout ça parce que tu sais que sous ton pull XL, pour l'hiver, tu as mis les plus beaux sous-vêtements qui existent. »
J'amorce le pas pour me rendre devant le miroir du salon, admire mon corps entouré de dentelles, mis en valeur et sexy. C'est fin, élégant et pas provocateur juste assez pour donner des sueurs froides à son mec sans trop en montrer. Je me surprends même à me trouver agréable à regarder.
— Toi, finalement, tu vas peut-être passer à la casserole, rioté-je à l'attention d'«Henry», mon vibromasseur.
Pourquoi Henry ? Je crois qu'Agathe a voulu lui donner ce nom par rapport à l'acteur qui nous fait craquer toutes les deux.
« Raison n° 4 : Explore ta sexualité. Enfile des porte-jarretelles et un body ouvert entre les cuisses. Tu verras que tu seras émoustillée en imaginant la réaction de René Jean troisième du nom. La femme fatale que tu es peut enfin se trouver séduisante devant un miroir. »
La créatrice frappe à la porte pour me prévenir de son retour. Le silence suit. C'est bizarre, mais j'imagine que Phoebe est du genre poli.
— Entre !
La jeune femme débarque, le pas lourd, chargé de colère dans la pièce. Je n'ose piper mot, reste devant la glace à observer chaque millimètre de ma peau semi-recouverte par le fin tissu.
— Quel accueil, toussote la voix grave d'un homme.
Sursaut. Cœur serré. Yeux aussi ronds que des billes. Je comprends. Ce n'est pas la sœur de mon amie qui se trouve derrière moi, mais bien un homme. Pas n'importe lequel. Je reconnais sa voix. Je panique, n'ose pas me retourner. Je le fais néanmoins, retrouvant mon courage pour affronter ses yeux. Nos regards se soudent. Le sien est ardent, volcanique, dangereusement inflammable. Le mien est surtout rempli de pudeur : le cul à l'air, les seins compressés et mis en valeur, j'ai connu mieux niveau pudicité. Je ne peux plus bouger, fixée au sol comme une plante qui a déjà pris racine.
« Raison n° 5 : Faire aussi plaisir à votre compagnon. Que vous soyez folle amoureuse où que vous ayez juste besoin de raviver la flamme avec René Jean, quoi de mieux que de lui montrer ce que vous cachez sous vos vêtements ? Avec ça, il sera tout à vous ! »
— Mais qu'est-ce que vous faites là ? m'enquiers-je hésitante.
Connor est habillé en mode « weekend » avec son jean bleu et son tee-shirt légèrement plus clair. Il retire sa veste déjà ouverte, la pose sur son avant-bras gauche et me laisse admirer les vallons de ses muscles cachés sous ses longues manches. Il n'a pas froid sans pull ? Mes yeux sont directement happés par deux colliers qui pendent à son cou et finissent leur course sous le vêtement. Il n'est pas coiffé ; les mèches, plus longues sur le haut de son crâne, retombent sur son front légèrement ridé par le regard distant et sévère qu'il tente d'instaurer. Il croise ses bras sur son torse, relâche ses expressions et déploie un petit rictus sexy.
— Vous ne voulez pas vous vêtir avant d'avoir ma réponse ? Ce n'est pas que ça me dérange, mais ...
Il marque une pause, étire encore la commissure de ses lèvres, le regard appuyé sur mes formes.
...mais je suis presque à poil devant mon patron et je ne sais pas pourquoi, mais la situation m'excite un peu.
Je m'ébroue, lui ordonne de retourner dans le couloir, loin de moi : très loin, et si possible à Tataouine. Il s'exécute non sans rire, un rire qu'il a l'obligeance de camoufler légèrement, peut-être pour éviter le malaise. Pour une fois ... J'enfile un pull de Noël oversize qui retombe au niveau de mes cuisses et cache mon corps dénudé.
— Vous avez le chic pour être toujours là quand ce n'est pas le moment ! Que voulez-vous ? m'énervé-je les bras croisés contre ma poitrine tendue.
— Vous n'avez pas répondu à mes mails, m'informe-t-il en se tournant.
— Nous sommes samedi, je ne travaille pas. Avez-vous oublié ?
— Je sais. Mais il y a une urgence. Sabine a eu un accident de voiture ce matin et n'a pas pu envoyer la mise en page pour l'impression finale de ce soir.
— Et qu'est-ce que je peux faire ? grincé-je.
— Vous avez accès à tous les dossiers mis en ligne par les employés, n'est-ce pas ? me questionne-t-il plein d'espoir.
— Oui, c'est vrai, mais vous aussi, sur le drive.
— Dois-je vous rappeler que je ne remplace mon père que depuis quelques jours ?
— Je vais vous noter les infos et vous envoyer un mail avec le lien direct.
Je saute sur mon ordinateur en veille, l'allume, tape mon code et pianote. Pendant ce temps, Connor se balade dans l'appartement et découvre l'espace dans lequel je vis.
— Je vois que votre soirée va être exquise ! dit-il en montrant du doigt le stimulpower sur le canapé.
— Oh! C'est Agathe qui m'a fait une blague. D'ailleurs le Père Noël s'est trompé, c'est un achat inutile. Merci quand même, dis-je à son attention.
Je fais mine d'être imperturbable, mais au fond de moi je me noie encore une fois dans ma honte. Le vibromasseur que mon patron m'a offert est sauvagement exposé avec le petit mot me demandant de m'occuper de lui. Y a-t-il un trou de souris aussi gros et grand que moi afin de m'y glisser ?
— Je ne sais pas pourquoi, mais je ne vous crois pas, ajoute-t-il comme s'il me connaissait par cœur. Vous vivez à deux ici ? continue-t-il.
— Quand David m'a quittée, je n'avais nulle part où aller. Étant Française, je n'ai pas de pied-à-terre ici alors Agathe m'aide le temps que je trouve quelque chose de plus ... cosy, repris-je.
— Il y a un logement disponible qui ne trouve pas d'acquéreur dans mon immeuble.
— S'il ne trouve pas preneur, c'est peut-être parce que son proprio doit en demander un prix exorbitant. Vous vivez en plein centre-ville de Boston dans un appartement luxueux. Et j'ai un patron qui ne me paie pas très bien.
Je me décale du plan de travail, apporte le post-it avec le code de connexion et le lui tend. Mâchoires contractées, son regard passe de mes yeux à mes cuisses nues. Il fait un pas en arrière, se racle la gorge et enchaîne :
— Je suis le propriétaire et nous pouvons négocier un prix qui serait convenable pour vous.
— Pourquoi ? paniqué-je.
— Premièrement parce que vous dormez sur un canapé.
— Ne me dites pas que vous avez pitié de moi... J'ai un toit sur la tête, c'est ce qui compte.
— Deuxièmement, vous êtes toujours en retard. J'imagine que, pipelettes comme vous êtes avec votre amie et collègue, vous devez louper l'heure de partir. Je déteste quand les salariés n'arrivent pas à l'heure.
— Je suis la seule responsable de mes retards et non, c'est juste que j'aime dormir.
— Vous êtes mon employée et une gaffeuse. Vous êtes également assez pénible, mais mon père tient à vous et je sais que vous faites très bien votre job quand vous êtes motivée. Le logement est meublé, disponible et je n'ai pas le temps de chercher un locataire pour le moment. Venez le visiter, ça ne vous engage à rien, insiste Connor d'un ton faussement détaché.
Un bruit de talons fait son apparition dans le couloir et la voix de la créatrice coupe la discussion en cours.
— J'ai fini, je suis désolée ma belle. Bon, maintenant tu vas essayer l'ensemble « baise-moi ce soir bébé », minaude Phœbe dans le couloir.
Elle se stoppe, lance un « oups » et scanne mon patron, ou plutôt, ses fesses.
— Désolée, je vous dérange peut-être ? ricane-t-elle.
— Pas le moins du monde. Monsieur allait partir et moi, j'ai un ensemble sexy à essayer, lancé-je agacée.
Anderson salue rapidement la sœur de ma colocataire d'un geste de la main.
— Sauf si vous souhaitez rester pour me donner un avis constructif sur mes créations ?
Connor ouvre la bouche, prêt à répondre à la proposition de Phoebe, mais je prends rapidement les devants avant que la situation ne dégénère. Je suis assez gênée comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche.
— Surtout pas ! interviens-je en levant mes mains.
Je plante mon regard dans les iris de mon patron, souffle un bon coup avant de lui affirmer que je viendrai visiter l'appartement en soirée, autour de dix-huit heures. Il hoche la tête et se retourne un instant vers Phœbe, un sourire greffé sur son visage. Le premier vrai smile sur sa tronche. Je devrais le noter dans le calendrier, ça se fête. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m'inspire pas confiance.
— L'ensemble vert sapin sied parfaitement à mademoiselle Leroi. Il est très joli, la complimente Connor en gardant mon corps en visuel.
Je tire sur mon pull, rouge écarlate, mal à l'aise. Il se marre. Le connard est en train de se jouer de moi : je suis à deux doigts de sortir de mes gonds. Entre le vibro et le compliment sur le body sexy, je vais finir par croire que Connor cherche autre chose qu'une relation assistante/patron. Or, c'est presque impossible de le cerner : il est froid, distant mais s'amuse à me faire rougir dès qu'il en a l'occasion.
Balancez-moi dans la Seine ou le Mystic river ! Je ne vais plus pouvoir croiser son regard à présent.
— Merci monsieur ! lui répond la sœur d'Agathe en serrant sa main.
— Sur ces bonnes paroles, je vais vous laisser enfiler ce second ensemble et m'en aller.
Il termine par un :
— A ce soir, Cannelle.
La soeurette mord sa lèvre inférieure : elle se retient de parler.
— Qui était ce putain de beau gosse ? s'impatiente-t-elle en sautillant sur place.
— Notre patron, à ta sœur et moi.
— Connor Anderson ?
— Tu connais son nom ? dis-je surprise.
— Agathe m'a déjà parlé de lui. Elle le décrit comme incroyable, sexy, torride et baisable.
La jeune femme se dandine, touche son corps et imite un coït en tapant ses paumes l'une contre l'autre.
— Elle devrait tenter sa chance ! couiné-je complaisante.
— Non, elle aime diriger les choses. Le genre dominateur, c'est pas son truc. Mais putain, ton patron a adoré ma création. Peut-être pourrais-tu lui parler de moi et faire un petit article dans le magazine ?
— Ne compte pas sur moi pour les photos en revanche ! la contré-je.
Elle me balance la deuxième lingerie dans ma figure.
— Allez ! File essayer le prochain !
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