Maraudeurs
Les bruits de moteur s'entendirent de plus en plus. La panique gagna le cœur de tout un chacun, que ce soit les maraudeurs ou les rescapés. Les premiers étaient d'ailleurs prêts à tirer à vue pour pouvoir s'échapper, quitte à blesser leur compagnon maintenu par Aria. Orbo tenta une négociation de la dernière chance.
- Prenez-nous avec vous. On risque de grosses emmerdes s'ils nous découvrent. Je vous l'ai dit, on ne vous veut aucun mal.
Le « chef » ne semblait pas fléchir le moins du monde. Mais Orbo avait compris ce qui l'animait : il voulait décamper le plus vite possible.
- Comment pouvons-nous être sûrs que vous ne nous racontez pas de bobards ?
Orbo regarda ses compagnons. Ils n'avaient pas le choix. S'ils voulaient gagner leur confiance, il leur fallait tout leur déballer. Ses compères semblèrent avoir compris, et la plupart approuvèrent d'un signe de tête.
- Nous ne pouvons pas tout vous expliquer ici. Les engins se rapprochent. Je peux cependant déjà vous dire que nous détenons des informations importantes, celles du type que les types en noir feraient n'importe quoi pour qu'elles ne s'ébruitent pas. On peut tout vous raconter une fois qu'on sera à l'abri.
- Ismaïl, on a plus le temps. Il faut se barrer. Si en plus on les laisse là, on pourrait découvrir notre planque.
Le chef commençait à hésiter. Profitant de cette tergiversation, Orbo continua avec cette ultime proposition :
- On vous racontera toute notre histoire. Si nos explications ne vous conviennent pas, que nous n'avons pas réussi à vous démontrer que nous sommes sans danger pour vous, vous n'aurez qu'à nous tuer.
Cette dernière phrase le convainquit. Il commença à hurler ses ordres à la vitesse de l'éclair.
- On les prend avec. Suivez-nous, au pas de course. Max, Yassine, restez derrière. Si l'un d'entre eux fait le moindre faux pas, tirez à vue. Quant à toi, Julius, laisse la petite dame tranquille. Au moins jusqu'à ce qu'on ait entendu leur histoire.
Ils commencèrent tous une folle course dans les décombres pour arriver à une trappe bien dissimulée par quelques débris. Une fois tous descendus, ils se retrouvèrent tous dans une grande salle, qui rappelaient à Aria et Thomas cette fameuse pièce où ils avaient discuté pour la première fois toute la nuit. L'odeur était épouvantable. Une trentaine de personnes y vivaient, dans l'absence totale d'hygiène. Il y avait plusieurs familles, avec quelques enfants en bas âge. Le plus âgé ne devait pas avoir plus de cinq ans. Dans un des coins, étaient amassés tous leurs déchets, la source principale de cette puanteur. Harry inspecta d'un coup d'œil rapide le fond de la salle. La planque qu'ils cherchaient à atteindre était intacte, personne n'avait pu franchir le dispositif de sécurité.
- Ismaïl les fit asseoir dans un coin et ordonna qu'ils soient sous surveillance constante. Après avoir inspecté rapidement la salle et s'être enquit d'éventuels absents, il retourna voir ses prisonniers.
- Les machines se sont éloignées. Maintenant, vous allez nous raconter votre histoire.
Orbo, devenu porte-parole malgré lui, raconta toutes leurs aventures. De la capture de Thomas et leur fuite face aux forces des corporations, la découverte des données et la destruction de New New-York. Au fur et à mesure, toutes les habitants de cet abri de fortune étaient venus écouter leur pérégrination. Il termina avec cette interrogation.
- Il y a cependant une interrogation qui m'effraie. On a pas eu spécialement le temps d'en parler. Qui étaient ces gens qui ont massacré toute la cité. Si ce sont bien des personnes « officiellement » alliées, on est pas dans la merde. Car ça voudrait dire tout simplement que tout le monde est mené en bateau.
Alors qu'il terminait sa réflexion, le bruit d'un immense souffle se fit entendre au-dessus de leur tête. La panique submergea femmes et enfants qui commencèrent à pleurer. Mais Thomas tenta de les rassurer.
- C'est le souffle d'une explosion très puissante, mais l'épicentre devrait être assez éloigné. Vous êtes bien à l'abri ici, sinon nous ne pourrions échanger ces mots. Mais le bruit de ce souffle ne trompe pas, je suis sûr et certain qu'il s'agit d'une explosion nucléaire. Et si c'est le cas, il vaudra mieux pas trop mettre le nez dehors tout de suite.
- Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.
Harry se leva et se dirigea vers le fond de la pièce. Il fit signe au chef de le suivre.
- Cet endroit dans lequel vous avez trouvé refuge n'est autre qu'un des points de repli au cas où New New York devait évacuer. En gage de notre bonne volonté, nous allons vous montrer quel est le vrai refuge et ce qu'il contient.
Il se plaça devant un des murs et frappa dedans de toutes ses forces. Le plâtre s'effrita, laissant place à une petite poignée dissimulée dans le béton. Il se tourna ensuite vers Ismaïl.
- Lorsque je vous le dirai, tirez sur cette poignée. Il y en a une autre, elles doivent être actionnée toutes les deux en même temps.
Il se plaça ensuite devant le mur opposé et répéta l'opération. A son signal, ils tirèrent simultanément les deux poignées. Une porte s'ouvrit dans le mur du fond, comme pour les passages secrets décrits dans bien d'histoires.
- C'est un vieil abri anti-atomique. Nous l'avions aménagé avec de quoi tenir un petit temps pour une cinquantaine de personnes. Nous pensions nous arrêter ici, pour décider de la suite des opérations en étant bien planqués, à l'abri de tout.
La caverne d'Ali Baba venait de s'ouvrir pour Ismaïl. Elle contenait tout ce dont il aurait pu rêver : des vivres, des vêtements, et de l'équipement en tout genre. Une fois passé les premières étagères, s'ouvrait une autre grande pièce, remplie de lit de camps. Des étoiles brillaient dans les yeux du maraudeur qui fit signe à tout le monde d'aller regarder.
Tous étaient émerveillés, laissant leurs prisonniers sans aucune surveillance. Orbo en profita pour s'enfoncer plus profondément dans l'abri, regardant s'il pourrait trouver quoi que ce soit d'utile. Il tomba sur un petit robot muni d'une caméra. Parfait ! Ils pourraient inspecter les dégâts au-dessus de leur tête sans risquer la moindre vie. Il continua et trouva quelques armes. Pas très récentes, mais suffisantes pour se défendre. Mais plus loin, un mur attira son regard, lui faisant oublier tout le reste. Un immense écran. Alors qu'il s'en approchait, Harry l'interpella.
- C'est un vieux télécran. Il ne fait que diffuser les chaînes de Deisny, sans possibilité de communiquer avec quiconque. Avec un peu de chance, il fonctionne encore et les protocoles de diffusion n'ont pas trop changé. Au moins, on pourrait apprendre ce qui se trame officiellement du côté des corpos.
Ni une ni deux, Orbo activa l'appareil. Il tomba de suite sur un flash spécial. Mais ce qu'il vit le fit tomber à la renverse.
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