La puce
Le sang gicla, et le liquide pourpre commença à s'étaler le long du bras de Thomas. Bien qu'il ne cria pas, on put constater pendant un micro instant, une grimace montrant la douleur ressentie par notre homme. Après avoir créé cette brèche sanguinolente dans le poignet, Genghis sortit une petite pince.
-« Ca va faire encore un peu mal mon gars, mais t'inquiète, c'est bientôt terminé ! »
— Vite, ils continuent à se rapprocher !
Genghis pénétra la blessure avec sa petite pince, et commença à triturer dans la plaie. La douleur continua de croître, mais toujours, Thomas ne montrait aucun signe de douleur, seule une crispation était visible sur son visage. La tension était de plus en plus palpable dans le véhicule, les drones se rapprochant de plus en plus, jusqu'à ce que ce Genghis annonce triomphalement :
— ça y est ! Je l'ai !
Tout doucement, il sortit un petit cylindre de 4 millimètres de long, sous le regard médusé de Thomas. Genghis sourit, lui fit un clin d'œil. « A partir d'aujourd'hui, Monsieur l'inconnu, tu n'es plus un esclave », annonça-t-il à un Thomas de plus en plus abasourdi par la douleur et la découverte de ce petit objet cylindrique présent dans son corps. Mais ce qui suivit étonna encore plus Thomas : la fenêtre à côté de Genghis s'ouvrit toute seule, la poignée permettant de baisser la fenêtre tournant comme si une main invisible actionnait le mécanisme, le petit objet cylindrique se mit à voler de son propre chef pour se diriger vers la seule sortie du véhicule disponible, la fenêtre maintenant ouverte. Pendant cette étrange séance de lévitation, les témoins du radar se mirent à émettre un profond cri strident. Les insectes se rapprochaient, et se trouvaient maintenant à moins de 1000 mètres de leur position. Et pendant que ce vacarme sonore retentissait de plus belle, ce petit cylindre, sous l'œil stupéfait de Thomas, se déplaça dans les airs, sortit par cette fenêtre, et vola pour aller se loger dans les vastes terres désolées qui se trouvaient à proximité, et la fenêtre se referma toute seule, comme elle s'était ouverte.
Le conducteur tenta une dernière accélération désespérée. Il voulait mettre le plus de distance possible de ce qui se rapprochait d'eux et s'engagea dans les vastes terres désolées, en quittant cette route étonnamment bien entretenue pour une rase campagne n'abritant aucune vie. S'éloigner le plus possible, faire en sorte que ce bruit strident qui cognait les tympans des passagers de cette épave ne retentisse plus.
« Ils semblent avoir mordu ! »
Le conducteur, après avoir dit ces mots, poussa un profond soupir de soulagement, et quelques secondes plus tard, l'alarme se tut, plongeant l'intérieur du véhicule dans le silence. Genghis tendit un bout de tissu à Thomas, en lui disant de l'utiliser pour panser sommairement sa plaie, et qu'on la regarderait correctement une fois qu'ils seraient à l'arrêt. Le chauffeur, continua à rouler en zigzag, déplaçant le véhicule selon le gré de ses humeurs dans cette campagne désolée. Au bout d'un quart d'heure, il reprit la route qu'ils avaient laissée pour pouvoir échapper à leur poursuivant. Pendant cette période, personne ne parla dans le véhicule. Les passagers semblaient récupérer de cette furieuse poussée d'adrénaline, mais cette femme rousse fascinante ne lâchait pas Thomas du regard, et pointait toujours son arme vers lui. Au bout d'un certain temps, celui-ci brisa le silence ambiant et osa prendre la parole :
— Bon, c'était quoi ce truc dans mon bras ?
La femme lui répondit, d'une manière toujours aussi sèche, mais l'agressivité qu'elle avait montré auparavant semblait s'être évanouie.
— Votre mouchard. Vous en êtes tous équipés. Il permet de vous tracer n'importe où, de vous localiser. Mais il permet également d'ouvrir les portes, d'effectuer vos paiements. En fait, cette puce contrôle l'ensemble de votre vie. C'est grâce à elle que les nettoyeurs peuvent retrouver leurs cibles, qu'INDECT2 sait exactement où vous vous trouvez, ce que vous faites, et grâce à tous vos faits et gestes, peut prédire ce que vous allez faire. C'est votre geôlier, dans cette prison invisible. Et elle est implantée dans votre corps dès votre naissance. Les seuls qui n'en ont pas sont les familles dirigeantes, membres des comités de direction des corporations, qui règnent en maîtres absolus sur toute la population du Nouvel Empire Mondial.
Genghis, regarda Thomas avec un grand sourire, lui tendit son poignet, et lui montra sa belle cicatrice.
— Tu vois, moi aussi, j'étais comme toi, mais maintenant, je suis libre ! La seule dans le véhicule à n'avoir jamais eu de puce, c'est Aria, qui semble te fasciner au plus haut point ! C'est vrai, faut avouer qu'elle est bien bonne ! Mais les rares qui ont essayé de la toucher ont eu les couilles broyées, te voilà prévenu !
Genghis se mit à rire après avoir prononcé ces mots.
— Je n'ai jamais vu de femmes telles que vous, c'est vrai que vous êtes très belle, mais ces tâches sur votre peau, la couleur de vos cheveux, c'est la première fois que je les vois sur un être humain !
Le conducteur prit la parole, pour répondre à Thomas.
— C'est normal mon gars. Dans ton environnement, tout est contrôlé. Il a été déclaré il y a bien longtemps que les personnes rousses étaient mauvaises, inaptes. Les gens qui ont pris cette décision devaient avoir peur de quelque chose, mais quoi ? On ne sait pas. Et depuis lors, des généticiens traquent systématiquement ces gênes. Les bébés qui naissent avec des cheveux de cette couleur sont automatiquement écartés. On ne sait pas ce qu'ils deviennent. Ça ne m'étonnerait pas, avec les ordures qui contrôlent tout agissement humain, qu'ils sont jetés aux ordures vivants, ou servent de nourriture à leurs animaux de compagnie.
— Et donc vous venez d'où, alors ?
La femme sourit, mais son regard restait froid. Elle ne respirait aucune empathie envers Thomas, et lui répondit sèchement.
— On verra. Si tu es sage, si tu fais exactement ce qu'on te dit, peut-être je répondrai à cette question.
Thomas se cala dans ce qui faisait office de siège. Les questions s'amoncelaient dans sa tête au fur et à mesure des révélations qu'on venait de lui faire. Et un sentiment de colère s'installa en lui. Il avait été lui-même contrôlé, manipulé par les corporations. Il était un esclave qui n'avait aucun libre arbitre, il avait toujours fait ce qu'on voulait qu'il effectue, un citoyen modèle, sans histoire obéissant au doigt et à l'œil, selon le désir de ces directeurs, de ces despotes des corporations. La dernière réflexion augmenta sa rage et ses questions : L'œil ? Mais c'est quoi cet œil, qu'il a vu dans cette carte de données et sur l'uniforme des types qui l'ont bastonné ? Et curieusement, Aria lui répondit, ce qui continua à accroître le nombre des questions de Thomas
— On en parlera bientôt de ces questions, Monsieur Thomas Jefferson. On le fera à tête reposée, lorsque nous serons sûrs que nous pourrons discuter à notre aise et que nous serons sûrs que nous ne sommes plus poursuivis. Mais je suis persuadée que tu as un rôle à jouer, et que ces fameuses données que tu as interceptées aujourd'hui, apporteront des réponses, auxquelles même nous n'avons pas encore accès.
— Le soleil va bientôt se lever.
Le conducteur du véhicule, après avoir prononcé ces mots, quitta de nouveau la route et s'aventura sur ces terres désolées, dévastées par on ne sait quel cataclysme. Au bout d'un bon quart-d'heure, un bâtiment en ruine, se dressait, solitaire, dans cette campagne. Et, une fois arrivé à sa hauteur, le véhicule s'arrêta. Les compères s'activèrent pour faire un camouflage de fortune pour leur véhicule, le conducteur sortit deux gros sacs du coffre, et tous pénétrèrent dans cette bâtisse en ruine.
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