~ Chapitre 2 ~

PDV d'Elizabeth Swan :
Lieu : Parc de Rose Falls - 19h35

Pourquoi tu n'as pas voulu te changer devant moi ?

T'es sérieux ?

— Plus que sérieux. Ta peau me manque...

    La sienne aussi...
    Dans moins d'une demi-heure, je serais à une fête chez un étudiant. J'ai choisis de changer de tenue dans ma salle de bain. Je ne voulais pas qu'il me voit en sous-vêtements...
    Pourtant, je n'ai pas beaucoup recouvert mon corps. Et c'est voulu. J'aime quand il est jaloux...
    J'ai opté pour un mini-short en jean, un haut à col bateau et des converses blanches.

Mon père n'a pas encore eu d'enterrement... Anastasia descend bientôt. Est-ce que tu veux être présent, ce jour-là ?

    J'avais besoin de changer de sujet. La tension entre nos deux corps se ressens dans tout le parc - si ce n'est pas dans toute la ville.
    Il prend mon visage entre ses deux énormes mains. Putain...

Je vais habiter avec mon petit frère. Ici. À Rose Falls. (Il caresse ma joue. Je ferme les yeux) Bien sur, je viendrais avec toi, Elizabeth.

    Je me doute que je devrais le remercier d'accepter de m'accompagner à l'enterrement de mon père mais, mon cerveau est bloqué sur « Je vais habiter avec mon petit frère. Ici. À Rose Falls ». Comment ça ?

Depuis quand as-tu un petit frère ? demandé-je, frustré d'ignorer une telle information.

    Il ricane.

Depuis 20 ans, Eli.

— Um. Lâche-moi, Julian.

— Pourquoi ?

    Je pose mes mains sur les siennes, et les retire de mon visage. Je pivote mon corps face à un arbre. Il ne bouge pas.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Tu connais tout de ma vie, et je connais rien de la tienne.

Et alors ?

Tu as un frère de 20 ans, Julian ! m'énervé-je, en me tournant vers lui. Pourquoi tu n'as jamais mentionné cette info ?

    Il souffle.

— Peut-être parce qu'à chaque fois qu'on se voyait nous avions d'autre occupation, si tu vois ce que je veux dire...

    Je suis pratiquement sûr que mes joues s'enflamment. D'une part parce qu'il mentionne nos anciennes parties de jambes en l'air et d'une autre part parce qu'un couple de personnes âgées nous observe. La femme chuchote à son mari :

De nos jours... L'amour ce n'est plus ce que c'était. (Elle me jette un coup d'oeil) Elle est beaucoup plus jeune que lui, tu ne trouves pas ?

Je n'arrive pas à les quitter des yeux. Par moment, je me disais que notre différence d'âge ne se voyait pas... Mais, personne nous voyait ensemble, jusqu'à aujourd'hui.
Julian doit certainement remarqué ma contrariété puisqu'il saisit mes mains.

Elizabeth, regarde moi. (Je fixe encore les vieux) Regarde-moi. Eli, s'il te plaît.

Je m'exécute. Ses yeux bleus plongent dans les miens. Son regard est tellement doux et rassurant que j'en oublie - presque - la présence du couple de vieux.

Quel âge as-tu ? demandé-je.

Je sais qu'il est plus âgé que moi, mais j'ignore à quel point.

Elizabeth, ne rentre pas dans leur jeu...

— Réponds à ma question.

Il lève les yeux au ciel.

Vingt-huit. J'ai vingt-huit ans.

Je soupire. Dix ans d'écart... Évidemment que la différence d'âge se remarque. J'étais juste trop stupide pour le voir. Et peut-être trop amoureuse...
Je détourne les yeux.

Je vais devoir y aller, Julian.

Je commence à me lever mais il saisit mon poignet, bloquant ma manœuvre.

Elizabeth, ne m'abandonne pas...

On en a déjà parlé, Julian. Jamais je ne t'abandonnerai. (Je lui souris tristement) Tu viendras ?

Il hoche la tête.
Il aurait aimé être là lors de la mort de mon père, j'espère qu'il sera là à son enterrement. J'ai beau le nier devant lui, mais je ne peux pas le nier à moi-même... J'ai besoin de lui.

Bonne soirée, Mademoiselle Swan.

— Bonne soirée, Monsieur Cooper.

    Jeremy est quelqu'un de plutôt sociable. Mon inverse. Je suis du genre à m'isoler... Jeremy, lui, communique avec la moitié des invités de l'appartement. En même temps, qui refuserait d'être son ami ? Il est adorable, gentil, gentlemen... J'ai toujours été proche de garçon sociable, sans comprendre ce qui les "intéressaient" chez une fille comme moi.
Revenons sur l'appartement dans lequel nous sommes... Quel étudiant vivant sur cette terre, réussi à s'offrir un appartement aussi luxueux ? Honnêtement, à mes yeux, se n'est pas un appartement. C'est une maison, dans un immeuble de dix étages. C'est tellement immense... Ma chambre universitaire ne fait pas la moitié du séjour de Brody Cooper...
D'ailleurs, Brody Cooper, où est-il ? Ça fait déjà deux heures que nous sommes ici, et j'ai toujours pas vu le garçon responsable de mon isolement.
J'observe une seconde de plus mon acolyte, puis je quitte l'appartement pour monter sur le toit de l'immeuble. Les toits, c'est mon refuge...
L'air frais me frôle le visage. C'est un moment plutôt paisible. Jusqu'à...

Oh putain de merde !

Un garçon est assis sur le rebord du toit, les jambes dans le vide. Qu'est-ce qu'il fout, cet abruti ?!
Je m'approche de lui, doucement, pour ne pas l'effrayer. Le problème, c'est que la personne effrayée, c'est moi. Est-ce qu'il veut se suicider ?! Mais putain, je voulais simplement prendre l'air, pas être spectatrice d'un suicide ! Pas une deuxième fois.
En m'avançait, je comprends que le garçon sanglote, et qu'il n'a pas l'intention de sauter. En tout cas, pas maintenant. Ouf.

Excuse-moi...

Il sursaute, se rapprochant davantage du vide. Mon instinct de peureuse m'incite à agripper son bras. Je ne suis pas à l'aise avec le vide... J'aimerais qu'il s'éloigne du rebord, sinon, dans quelques secondes, mon coeur va quitter ma poitrine.

Oh mon dieu... tu voudrais pas t'éloigner du bord ? lui demandé-je, en évitant de regarder en bas.

Excuses-moi mais... nan. (Il renifle) Toi, par contre, tu devrais t'éloigner. T'es un peu... pâle.

J'ai le vertige. Tu veux te suicider ?!

J'aimerais bien mais y'a une gonzesse qui m'empêche d'en finir avec moi-même.

    Je suppose que je suis la "gonzesse" qui l'empêche de sauter. Comment est-ce qu'il peut plaisanter avec ça ?
Je lève les yeux vers son visage et...
Merde. Merde. Merde. Et... Grosse merde.

On se connaît, n'est-ce pas ? m'interroge-t-il, en plissant les yeux.

N-non, non. Cela m'étonnerait...

Bien sûr qu'on se connaît... Le soir d'un festival de cosplay, avec Julian, nous faisions les photographes pour les mecs déguisés en supers-héros. Le dernier, c'était un type dans un costume de Thor... Il était tard, c'était la première fois que je buvais de l'alcool et visiblement, il n'était pas non plus dans son état normal. L'adrénaline me poussait dans ses bras... On a flirter, mais c'est tout. Pas de baiser, pas de sex... rien. À cette époque, je pensais encore que Julian ne voyait qu'en moi une élève.
J'ai tellement honte.

En France, n'est-ce pas ?

Arrête avec tes "n'est-ce pas", c'est agaçant. Je ne peux pas me concentrer alors que t'es assis sur le rebord d'un toit.

Je n'ai toujours pas lâché son bras. J'ai tellement peur qu'il tombe...

Très bien, alors, j'accepte de m'éloigner du vide, si tu acceptes de me parler de cette soirée, en France...

Je déteste les chantages, et j'ignore comment je dois prendre le «si tu acceptes de me parler de cette soirée», qui veut sans problème signifier «j'étais trop bourré pour me souvenir de notre aventure»... mais, j'ai besoin qu'il s'éloigne du rebord. J'angoisse tellement à l'idée qu'il saute, que ma chaleur corporelle à augmentée. Wow...

Tu acceptes ?

— C'est odieux comme chantage mais, j'accepte. Sors de là !

Je lui tends une main pour l'aider à s'éloigner au plus vite. Il l'a saisit, et s'extirpe, en enjambant le rebord du toit. Je m'éloigne pour reprendre mon souffle. J'étais au bord de la crise cardiaque...

Pauvre type !

— Merci du compliment, mademoiselle.

— C'est pas un compliment, pauvre abruti ! Rassure-moi, tu n'allais pas mettre fin à ta vie pour une "gonzesse" ?

Il marque une pause. Le silence est tellement long que je lève la tête pour m'assurer qu'il n'a pas sauté sans prévenir.
Il glisse une main dans ses cheveux châtains, et lève les yeux au ciel.

Ouais, c'est ça, c'est à cause d'une "gonzesse", admet-il enfin, en détournant le regard.

Pas très convainquant mais de toute manière, j'en ai rien à foutre. Ne t'avise plus à mettre ta vie en danger, parce que je ne serais pas toujours là... La prochaine fois, choisis mieux ta petite copine !

— Um. Merci du conseil. Comment est-ce que tu t'appelle ?

— Elizabeth Swan.

Il se fige. Mon cœur s'emballe. Il ne connaît pas mon nom, pourtant...

Merci d'être là, Elizabeth. Je suis Brody Cooper.

Super ! Je viens de sauver le mec qui a organisé la fête de ce soir...

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