~ Chapitre 1 ~
PDV d'Elizabeth Swan :
Lieu : Campus universitaire de Rose Falls - 16h46
De nos jours, une centaine d'habitant de Rose Falls choisissent l'université, après avoir été déclaré comme "non-méritant". Les "non-méritant", qu'est-ce que c'est ? Une catégorie de gens, que le Roi de Rose Falls estime trop inintéressant pour être destiné à un autre être-humain... Dans le cas où ils n'ont pas d'âme-sœur, ils peuvent choisir entre l'université et être serveur au Palais Royal. Et encore une fois, pour choisir l'université, il faut le consentement du Roi.
Et qu'arrivent-ils aux "méritants" ? À la fin de chaque mois, le Roi organise une cérémonie. Par exemple, à la fin du mois de février, les filles et garçons ayant eu 18 ans dans le mois, sont conviés à la cérémonie. Le Roi choisit premièrement les garçons, puis grâce à l'aide de la Reine, ils choisissent les filles. Après cela, ils unissent un garçon à une fille, sans l'accord des deux concernés. Et chaque mois, une dizaine de filles et de garçons sont "non-méritants".
Quel est l'intérêt de cette nouvelle démocratie ? La reproduction. Ça faisait des années que la population diminuait, les habitants mettaient du temps à trouver un âme-sœur et donc, il n'y avait plus de progéniture. Le Roi et la Reine ont prit la décision d'instaurer cette règle de cérémonie, le jour où l'aîné de la famille royale a eu 18 ans. C'était il y a... dix ans.
Et maintenant, vous vous demandez sûrement dans quel catégorie je suis ? Eh bien, je suis une "non-méritante", pour la simple et bonne raison que le Roi a découvert une chose dont j'ignore... Peut-être qu'il a découvert qu'une fille était amoureuse de moi, lorsque j'avais 16 ans. Ou peut-être parce qu'il a découvert que j'aimais mon professeur de sport, lorsque j'étais au lycée... Qui sait ?
Je suis probablement la seule fille à être heureuse d'être "non-méritant". Aux dernières cérémonies, du mois de septembre et d'octobre, les filles étaient déçu d'être rejetées. Elles préfèrent - sans doute - être des femmes au foyer, à s'occuper de dix gosses et d'un mari qu'elles connaissent pas.
Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon pantalon. Je l'extirpe, avant que la vibration attire la bibliothécaire et qu'elle décide de m'éjecter. C'est un message de Jeremy :
Ce soir, sois prête pour 20h. Un certain Brody Cooper organise une fête dans sa chambre universitaire. Oh, et, y'a un beau gosse qui t'attends à la résidence.
Mon esprit retient que la moitié du message. «Cooper», et «y'a un beau gosse qui t'attends à la résidence». Cooper, c'est le nom de famille de mon professeur de sport du lycée, le nom de celui qui occupe sans cesse mes pensées. «Des Cooper, y'en a des milliers...», pensé-je pour me rassurer.
Puis, le beau gosse, qui est-ce ? La seule personne que j'attends, c'est ma belle-mère, et elle ne sera pas là avant... trois jours.
Après une vingtaine de minutes, j'entre dans le hall de la résidence. Je suis surprise de croiser une dizaine de filles qui me reluquent à mon passage jusqu'aux escaliers qui mènent aux chambres. D'ordinaire, elles m'accordent pas un coup d'œil. Pas un seul petit coup d'œil. Qu'ai-je fais de travers pour qu'elles me remarquent, aujourd'hui ?
— Hey, Swan ?
Et elles connaissent mon nom ?
Je m'arrête, et je tourne la tête vers une grande blonde.
— Oui ?
— Il t'attend dans ta chambre. Luke à ouvert la porte. (Elle croise les bras) Ça fait deux heures qu'il t'attend, il doit vraiment t'aimer...
J'ignore vraiment de qui elle parle mais l'arrogance dans sa voix m'exaspère. À l'époque, c'est le genre de fille qui m'aurait fait complexer. Elle est parfaite : une longue chevelure blonde, soyeuse ; des yeux bleus océans ; des lèvres pulpeuses ; des formes volumineuses. Les garçons l'adorent. Mais aujourd'hui, ça ne m'atteint plus. Le but de ses filles, c'est : ajouter des nouveaux garçons à leur liste de « coup d'un soir ». Qui voudrait ressembler à ces filles ? En tout cas, pas moi.
Ses copines, toutes vêtues de robes moulantes, me détaillent de la tête aux pieds. Certaines chuchotent entre elles.
— Si un jour, tu ne veux plus de lui... je suis dans la chambre 256. (Les filles ricanent) N'hésite pas à lui communiquer le numéro de ma chambre.
Je ne préfère pas répondre. Je tourne les talons et reprends ma route jusqu'au quatrième étages de la résidence. Je les entends. Elles rient. Ouais, c'est drôle de proposer à une fille d'envoyer son petit ami dans la chambre d'une autre. Certes, je n'ai pas de petit ami mais elle, elle n'est pas au courant.
J'arrive finalement devant la porte de ma chambre et je ne comprends pas pourquoi mon coeur bat aussi fort. Ma clé ne tourne pas dans ma serrure. Je suis bête... La blondasse m'a dit qu'il m'attendait à l'intérieur. Donc, il n'a forcément pas refermé le verrou derrière lui.
Je pose la main sur la poignée et je pousse la porte. Mon cœur s'échappe de ma poitrine quand j'aperçois un homme, debout devant mon étagère, le dos face à moi. Comment est-ce possible de le reconnaître, même lorsqu'il est de dos ? Pourtant, il porte très rarement des jeans...
— Putain de merde ! Julian ?
Il incline légèrement la tête vers moi. Je suis probablement entrain de rêver... Ça fait plus de 4 mois et quatorze jours que je n'ai pas vu son visage. Je ne sais pas si je suis frustré, énervé ou heureuse de le revoir... Je voulais m'éloigner de lui, l'oublier. Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas faire comme moi ? Pourquoi est-ce qu'il est là ?
— Qu'est-ce que vous faites ici, Monsieur Cooper ?
— « Monsieur Cooper » ? répète-t-il, en se retournant complètement vers moi. C'est nouveau ? Dois-je t'appeler « Mademoiselle Swan » ?
— Arrêtez votre délire. Vous m'avez toujours appelé par mon prénom, alors pourquoi posez-vous cette question ?
Cette conversation ne mène nul part... Et je dois admettre que je redoute le moment où il m'expliquera réellement ce qu'il fait dans ma chambre.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? demande-t-il.
— De quoi vous parlez ?
— Arrête de me vouvoyer, Elizabeth.
Le ton de sa voix est tellement sévère qu'il me rappelle le dernier jour où nous nous sommes vu... Les larmes me montent aux yeux.
Je referme la porte de ma chambre, pour être sur que notre conversation reste confidentielle.
— Ton père est mort, Eli... Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?!
Il tient un livre dans les mains. The Book Of Ivy. Quand j'ai lu ce livre pour la première fois, j'ai pensé que le Roi avait dû trouver la nouvelle loi des mariages arrangés dans ce roman... Puis, y'a trois mois, j'en ai conclus que le Roi était juste un gros con. Le plus puissant des gros con.
Pourquoi l'a-t-il dans les mains ? Et pourquoi la mort de mon père l'intéresse-t-il autant ?
— Pourquoi est-ce que je te l'aurais dit ?
Il s'approche de moi. Ma respiration s'accélère. Il est beau. Il porte un jeans, une chemise bleue marine et des baskets. Sa barbe n'a pas été rasé depuis plusieurs semaines, ce qui lui donne un côté davantage viril. J'adore.
— Tu es jeune, et tu n'as pas à vivre cette épreuve toute seule...
— Inutile de me rappeler que je suis jeune.
— Elizabeth...
— Et je n'ai pas vécu cette preuve toute seule... Ma belle-mère était là, pour me soutenir.
Il s'approche davantage. Je recule. Mon dos heurte la porte de ma chambre. Je suis prise au piège.
Il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Le bout de ses doigts frôlent ma peau. Je frissonne.
— J'aurais aimé être là... Pour toi.
— Tu n'aurais jamais dû revenir...
Il se pince l'arrête du nez.
— Tu me manques...
— Pas moi.
— Tu mens.
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