Chapitre 8 - Un ami ?
Ça fait deux jours que je suis couchée avec 39 de fièvre.
J'aurais dû fermer mon manteau en sortant de chez Matth, je ne serais pas dans cet état lamentable.
En plus de la fièvre, j'ai mal partout, j'ai la gorge en feu, je n'arrive rien à avaler, j'ai mal au crâne.
Bon, en gros, j'ai la grippe.
Et j'en peux plus.
Ne pas aller bien parce que je suis une fille bizarre, ok, je veux bien. Mais succomber à un virus, clairement, ça me saoule.
Je n'arrive rien à faire à part lire et encore je n'y arrive pas longtemps.
La luminosité de mon portable m'arrache les yeux.
J'ai la tête tellement en vrac que je suis incapable d'écrire trois mots d'affilée.
En plus, rien ne me vient.
Et comme je dors mal, mes souvenirs remontent.
Autant dire que ce n'est pas joli joli.
Penser à Chloé me fait me sentir encore plus mal.
Pourquoi n'ai-je rien vu ? Pourquoi sérieux ?
Je connais la réponse. Je sais que ce n'est pas ma faute, que je n'aurais rien pu faire ou changer mais c'est plus fort que moi, je n'y peux rien.
Ce monde est tellement injuste. Ce monde est tellement fou.
Nous ne nous y reconnaissions pas.
Je ne m'y reconnais toujours pas.
Pourtant j'aimais la vie avant. J'aimais MA vie avant. Jusqu'à ce que tout bascule. Du jour au lendemain. Sans prévenir.
C'était il y a un peu plus de deux ans maintenant.
Le lendemain de la rentrée de seconde.
En perdant Chloé, je me suis perdue moi.
Elle était tout. Mon nord, mon sud, mon est et mon ouest. Ma lumière dans la nuit. Ma boussole, l'autre moitié de moi-même.
J'ai l'impression de délirer.
Je sens ma mère qui me touche le front.
Elle sort de ma chambre et revient quelques minutes plus tard avec du paracétamol.
Elle me force à avaler le comprimé effervescent dans un peu d'eau.
Au bout d'une demie-heure, je me sens un peu mieux.
Et j'ai faim. J'essaie de me lever mais je n'y arrive pas.
J'ai la tête qui tourne.
J'appelle ma mère faiblement.
- Ça va ma puce ?
- Je crois que j'ai faim.
- Tu veux quoi ?
- Je voudrais bien du thé et des petits gâteaux.
- Je t'amène ça ma chérie.
- Merci maman.
En l'attendant, je regarde si j'ai des messages.
Je ne vois pas vraiment qui aurait pu m'écrire mais on ne sait jamais.
J'hallucine en voyant que j'en ai plusieurs.
Ils sont tous de Matth.
Évidemment.
« Salut. Questions du jour. Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'amène les devoirs et les cours ? Tu faisais quoi comme sport avant ? »
« Pourquoi tu ne réponds pas ? »
« Lucie ? »
« Nouvelles questions. Même si je sais que tu ne répondras pas. Qu'est-ce qui t'est arrivé pour que tu ailles si mal ? Ça te dirait de venir au spectacle de noël du conservatoire ? »
« Putain, tu pourrais répondre quand même. »
« Bon, c'est le dernier, je lâche l'affaire. Salut. »
Bien malgré moi, je me mets à sourire.
Il me gonfle. Mais il prend de mes nouvelles.
J'hésite. Est-ce que je dois lui répondre ou faire comme si de rien n'était ?
Je penche pour la deuxième solution. Sauf que... Sauf que ça fait depuis que Chloé n'est plus là que quelqu'un de mon âge me montre de l'intérêt. Un vrai intérêt, pas un truc faux-cul. Alors, je lui réponds.
« J'ai la grippe. Je ne sais même plus où j'habite tellement je suis mal. Je ne répondrai pas à tes questions. Je suis sûre que tu le savais déjà. »
J'appuie sur envoyer et j'attends.
Ma mère revient avec mon thé et de quoi manger.
Il ne répond pas. Je suis un peu déçue.
Je mange quelques gâteaux secs. Je les trempe dans le thé pour qu'ils passent mieux.
J'ai à peine fini que mon téléphone se met à biper.
« Sorry. J'te plains vraiment. Tu peux compter sur moi pour bien prendre mes notes de cours. »
« Même ceux d'anglais ?»
« Non, l'anglais on s'en tape. Si tu veux apprendre l'anglais, le vrai, je suis là. Et puis, je voudrais surtout pas faire plaisir à Mlle Jésus.»
« Oui, ça serait bien trop dur pour toi. Et pour elle. »
« C'est ça ! Comment on fait pour notre devoir ? »
« Tu finis tout seul ? »
« Hors de question ! »
« Tu fais chier. Je t'appelle quand j'arrive à parler ? »
« On fait comme ça. Repose-toi bien. »
« Merci Matth. »
Je ne sais pas pourquoi mais je me sens un peu mieux.
Est-ce que c'est le thé, les gâteaux, l'échange de sms ? Peut-être bien un peu des trois. Mais il faut bien que je reconnaisse que savoir que quelqu'un pense à moi me fait plaisir.
On ne s'est rien dit de bien important mais j'ai aimé notre échange.
Je crois que je pourrais être amie avec Matth. Et c'est bizarre parce que je croyais que ça ne m'arriverait plus jamais.
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