Chapitre 3 - Questions

Franchement, Lucie, c'est une énigme.
Elle ne m'a pas quitté d'une semelle de la journée mais n'a pas du me dire plus d'une dizaine de mots.

Le cours de Mlle Jésus a ressemblé en tous points à celui d'hier.
J'ai eu droit aux mêmes réflexions.
À croire qu'elle n'a qu'un seul refrain.
Elle a tenté d'interroger Lucie mais celle-ci n'a rien répondu.
Je sais pas pourquoi d'ailleurs, ça se voyait qu'elle avait la réponse. J'avais même pas besoin de lui dire. Chose qui ne m'arrive pas si souvent que ça.

Ce qui est pas mal dans le fait que Lucie ne m'ait pas quitté d'une semelle, c'est qu'au moins, elle n'a pas séché les cours.
Elle fait ce qu'elle veut hein mais ça m'a quand même un peu choqué.
La classe SMFP, faut avoir un super niveau pour y rentrer et une fois que tu y es, t'as plutôt intérêt à t'accrocher alors se permettre de ne pas venir en cours, c'est culotté.
Elle paraît pas pourtant à la voir comme ça.

Je déteste le mardi.
D'abord parce que j'ai cours jusqu'à 17h. Et qu'après, j'ai orchestre.
Je déteste jouer dans l'orchestre.
Pas que j'aime pas jouer en groupe. Bien au contraire. Mais j'aime les groupes plus restreints.
Les deux heures d'orchestre passent à une lenteur hallucinante.
Heureusement que mes potes sont là. On se lance des coups d'oeil par moments. Et on parle. On s'est inventé une sorte de langage des signes rien qu'à nous et on se marre.
Alors que Louis nous dit une connerie, je loupe une note et on doit tout recommencer.
Tout le monde me regarde avec un œil noir.
Et moi, j'en peux plus de rire.
Le prof m'exclue momentanément.
Je devrais faire ça plus souvent. Sauf que je sais que Henri m'en voudrait.
La fin du cours arrive enfin. Avec Louis, Antoine et Raph, on se raconte encore quelques conneries et je rentre chez moi.

Pour une fois, mes parents sont là.
Ils sont plutôt cool dans le genre. Ils me font pas trop chier alors moi non plus. Donnant-donnant quoi.
On mange ensemble et je pars dans ma chambre.

J'ai envie d'en savoir plus sur Lucie, alors je tape son nom sur face de bouc.
Putain, je la trouve pas. Une fille qui a pas de compte facebook, j'en connais pas beaucoup.
Tant pis, je lâche l'affaire. On verra bien si elle se met à parler.

Juste avant de m'endormir, je me rend compte que je n'ai pas eu de nouvelles de Marie de la journée. Bizarre, ça aussi.
Qu'est-ce qu'elles ont les filles aujourd'hui ?
Je lui envoies un sms pour lui souhaiter bonne nuit et j'éteins mon tel.

.........

Il est 7h.
J'ai pas beaucoup dormi.
J'ai eu une idée de morceau tout à coup dans la nuit et je me suis levé pour retranscire les notes avant d'oublier. Je ne l'ai pas joué, je ne sais pas ce que ça va donner mais j'ai pas le temps d'essayer maintenant.

Ce matin, j'ai cours que jusqu'à 11h.
Mais c'est du lourd. Maths et physique. Tu sors de là et t'as les neurones qui surchauffent.

Quand j'arrive au lycée, Lucie est visible nulle part.
Elle arrive après le début du cours. Elle s'excuse platement auprès du prof et vient se poser à côté de moi.

- Salut. Ça va ?
- Mouais.
- Tu veux en parler ?
- Non.
- Je m'en doutais. T'as une sale gueule en tout cas.
- Merci. C'est gentil.

C'est vrai en plus, elle a des cernes sous les yeux et ils sont tout rouges. Je mettrai ma main au feu qu'elle a pleuré une bonne partie de la nuit.
Pourquoi ? Ça, bonne question...

Le cours se finit.
En allant au cours de physique, je tente une approche.

- Dis, pourquoi tu me suis partout si c'est pour pas me parler ?
- J'me casse si ça te dérange.
- J'ai pas dit ça. Mais franchement, c'est un peu pesant. Tu réponds à une question, juste une, pour aujourd'hui et je te fous la paix, ok ?

Elle réfléchit. Elle a l'air d'hésiter. Et finit par accepter d'un signe de tête.

- Pourquoi tu arrives que maintenant au bahut ?
- Je me suis fait virer de l'ancien.
- Pourquoi ?
- Tu as dit une seule question.
- C'est vrai.

Elle a pas la tête de l'emploi. Comment une fille comme elle a pu se faire virer de son lycée ?
Bon, en même temps, lundi après-midi, elle aurait dû être en cours et elle n'y était pas.
Je sens que ça va être long d'en savoir plus.
A moins qu'au fur et à mesure, elle s'ouvre un peu plus. Et que je puisse passer à deux questions.

Marie m'a dit qu'elle me rejoignait devant le lycée vers 12h. Du coup, je vais traîner un peu en ville en l'attendant.
Je vais faire un tour à la FNAC et quand je ressors sans n'avoir rien vu d'intéressant, je vois Lucie en train de discuter avec un mec que je n'ai jamais vu dans le coin.
Sans doute un mec de son ancien bahut.
Elle m'aperçoit et détourne immédiatement les yeux.

Quand je rejoins Marie, elle est furax.
Apparemment, je ne sais pas trop qui lui a dit que je passais mes journées avec « la nouvelle » et elle me pique une crise de jalousie de dingue.
Putain, les gonzesses.
Entre une qui ne dit pas un mot et l'autre qui croit tout ce que tout le monde raconte, je suis pas rendu...

Heureusement que mon cours avec Henri commence de bonne heure. Je suis bien content de me débarrasser de Marie...
Qu'est-ce qu'elle peut être chiante des fois.
Quand je ressors de mon cours en fin d'aprem, je me suis calmé.
La musique comme thérapie, y'a rien de mieux.

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