Stupide héros
Court chapitre et gros cliffhanger, enjoy !
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Nouveau plan. Il allait proposer à Deku de sortir avec lui. Et pas dans un café stupide, il allait lui proposer un rancard. Le truc qui se finit en roulage de pelle, je te raccompagne chez toi, un dernier verre et qui se termine dans un lit qui craque penché sur un cul clair parsemé de petites taches rousses.
Un jour où il devait se rendre au travail à 11h30, il patienta cette fois dans le couloir menant à l'entrée. Il regardait l'heure sur son téléphone, agacé. Plus d'une heure qu'il poireautait ainsi. Que faisait-il ? Avait-il eu un accident ? Était-il passé affreusement tôt ? Il vérifia son courrier, la boîte était vide, mais il n'était pas rare qu'il ne reçoive aucun courrier. Il referma la petite porte métallique, peut-être juste un peu trop fortement, faisant un pli visible au centre. De toute façon c'est de la camelote, se dit-il. Il retourna dans le couloir afin d'avoir l'air de partir de chez lui de la façon la moins suspecte possible quand Deku arriverait, pas comme s'il avait attendu comme un lourdaud pendant des heures.
Plusieurs de ses voisins passèrent devant lui, le saluant d'un air étrange. Passez bande d'extra, y a rien à voir. Puis, une vieille qu'il connaissait de vue pour être sa voisine du dessus l'interpella.
— Que faites-vous à traîner ici ?
— Je fais bien ce que je veux, l'envoya chier le jeune héros.
Elle partit avec un air offusqué. Il savait que c'était mieux pour sa réputation de se montrer gentil et courtois, mais ça lui coûtait trop. Ceci dit, il se faisait assez souvent reprocher ce genre de comportement par le service RP. À sa défense, il avait eu envie de répondre "Qu'est-ce que ça peut te foutre la vioque", donc on peut dire qu'il avait fait un effort, non ?
Un dernier coup d'œil à son tel lui apprit que s'il ne partait pas immédiatement, il serait en retard pour le boulot. Il proféra une insulte et partit à son foutu travail. Cette façon de faire n'était vraiment pas efficace. Comment revoir le jeune homme sans passer sa matinée dans son hall d'entrée ? Il passa une partie de sa journée à réfléchir à un stratagème pas trop élaboré. C'est dans l'après-midi, alors qu'il reçut un mail d'un glandu du service communication et publicité qu'il trouva la solution. Il contacta la boîte de confection avec laquelle travaillait son agence et stipula de faire envoyer le colis avec les prototypes de sa nouvelle merch directement à son appart à un jour précis, jour où il se trouvait en repos. Il retint un rire sadique de méchant maboul, mais un large sourire s'épanouit sur son visage.
— Mais pourquoi t'as fait ça, bro ? lui demanda Eijro, avec qui il partageait son petit bureau.
— Je vais pécho mon facteur.
— T'es au courant que tu ne vis pas dans un porno, personne ne bang le facteur quand il vient t'apporter un colis.
— Ta gueule, oui ça je m'en suis déjà aperçu tout seul. J'ai un plan.
— Un plan ? Tu me fais flipper là, tu sais que tu ne peux pas utiliser la force.
L'idiot reçut une pile de papier sur la tête en réponse à sa question débile.
Il n'aimait jamais attendre, mais enfin, c'était mieux de le faire dans son appartement qu'à l'extérieur. Il avait mis un jean et un t-shirt moulant pour être à son avantage et buvait son troisième verre de flotte pour faire passer le temps. Le son strident et désagréable de la sonnette finit par retentir dans son appartement et il alla ouvrir la porte, lentement, comme un mec normal. Pas un qui aurait attendu la venue de son facteur toute la matinée. Il colla un sourire charmeur sur ses lèvres avant d'ouvrir.
— Bonjour Kacchan, j'ai un colis pour toi, le salua le jeune et séduisant postier.
— Deku, répondit-il d'un ton mielleux accompagné d'un petit signe de tête en guise de salut. C'est ma nouvelle merch, des prototypes, pas encore sortis, déclara-t-il pour piquer l'intérêt du postier. Ça te dirait de me donner ton avis ?
— Vraiment ? demanda étonné le jeune homme qui n'en croyait pas sa chance.
S'il faisait des jobs saisonniers, c'était en partie pour financer un de ses loisirs préférés, qui était de s'acheter des objets à l'effigie des héros, principalement des objets KEM.
— Ouais, c'est ton truc, toi non ?
— Tu dis ça à cause du t-shirt que j'avais sur moi l'autre jour ? demanda-t-il en rougissant.
Il avait beau arborer fièrement cette pièce de collection, ça restait gênant de s'afficher tel un fanboy en face de son idole. Et ce t-shirt le classait parmi les fanboys les plus enthousiastes. L'agence de Katsuki ayant sorti cette série de t-shirts après qu'il ait quitté son poste de sidekick pour devenir un héros à part entière. Il y avait eu juste un petit nombre réalisé. 500 pièces en tout, à commander en ligne sur la boutique de l'agence. Il avait le numéro 6, sûrement le premier vendu à de vrais clients. Actuellement, ce t-shirt valait plusieurs centaines de milliers de Yens, et il prenait de la valeur à chaque fois que KEM grimpait dans le ranking. Mais peu importait son prix, jamais Izuku ne s'en séparerait. Ceci dit, quand il vaudra plusieurs milliards de yens, peut-être arrêtera-t-il de le porter pour aller au boulot.
— Entre autres, mais je me souviens aussi de l'état de ta chambre de l'époque.
Izuku se sentit un peu gêné et rigola, mais suivit le héros dans son salon, rien ne pourrait l'empêcher d'être présent pour cet unpacking de rêve.
Le carton était grand, mais pas très lourd. Katsuki arracha le scotch d'un geste qu'il espéra viril tout en se demandant s'il y aurait un moyen de trouver une justification pour soulever un truc vraiment super lourd. Puis se ravisa, Deku en bon fanboy était au fait de ses capacités physiques. Il était de toute façon déjà en extase devant le contenu inconnu de ce carton et Katsuki se rendit compte avec amertume qu'il n'était plus le centre d'intérêt du jeune homme. Il fallait tomber bien bas pour se sentir jaloux de goodies à sa propre effigie.
Il sortit d'abord du carton une peluche.
— Elle est trop mignonne ! s'exclama Deku, on a envie de la prendre dans ses bras et de la serrer très fort.
Katsuki se contenta de le fixer avec un petit sourire en coin.
— Je parle de la peluche, insista Izuku alors que le coin droit de la bouche du héros s'était relevé dans un demi-sourire plein de sous-entendus.
— Je t'en prie, lui répondit Katsuki en la lui tendant. Moi j'avais demandé qu'on la fasse plus effrayante, avec des yeux furieux, les sourcils froncés et que quand on appuie dessus ça lance une insulte ou un petit "crève!!!!", mais apparemment ça serait pas bon pour mon image.
— Mais Kacchan, lui répondit le postier hilare, tu n'es pas sérieux ?
— Ben quoi, chaque héros à son style, je suis rentre dedans et malpoli, j'ai pas le droit ?
— Mais tu as déjà déclaré à plusieurs reprises à la presse que tu souhaitais être le numéro un et tu sais qu'Endeavor a eu du mal à accéder à cette position à cause de son caractère qui est, disons-le, un peu moins explosif que le tien. Le sourire et la sociabilité de All might ont beaucoup joué dans son positionnement, même si ses résultats le propulsaient de toute façon à cette position.
— Je ferais mieux encore dans ce cas, dit solennellement le héros en regardant droit dans les yeux verts.
Izuku déglutit devant la conviction de Katsuki. Pendant ce temps le héros sortit un sweat à capuche orange et noir évidemment, un tank top noir avec une tête de mort en son centre, une serviette de toilette, un mug, une bouteille en métal, un casque audio, un tapis de souris, une figurine et même du dentifrice. Il n'y avait pas assez de goodies, l'avalanche de cadeaux devait hurler propriété de Bakugou Katsuki, or là le petit tas semblait ridicule à côté de la monté d'hormone qu'il devait supporter. Il passa le tout en revue, se délectant des commentaires enthousiastes du postier. À chaque nouvel objet, Izuku était conquis, il adorait la couleur, il adorait l'idée, et, si jamais il se trouvait qu'il y avait une photo du héros imprimé sur l'objet, il trouvait que la photo était géniale et donc, que Katsuki était génial.
Déjà fort satisfait de sa personne, Katsuki était aux anges d'entendre de telles louanges de la bouche de son ancien camarade de jeu. Il avait toujours eu le secret espoir de remplacer All Might à ses yeux. Son cœur battait fort et Izuku qui par bien des aspects était resté le même, lui rappelait des émotions qu'il avait depuis trop longtemps refoulées.
— Tu devrais repartir avec, lui offrit-il.
— Mais, non, c'est à toi.
— Et je vais en faire quoi ? Ça ferait bizarre de me balader avec des trucs à mon effigie ou de voir ma gueule sur le dentifrice, je sais que je passe pour un mec mégalo, mais là, c'est trop, même pour moi.
— Donne-les à tes proches alors.
— Prends-les je te dis, s'agaça le jeune héros.
— C'est la première fois que je repars avec le colis de quelqu'un, s'amusa-t-il. Merci Kacchan.
Son sourire sincère fit des choses non conventionnelles au cœur du héros qui sembla se ramollir dans sa poitrine, lui procurant une écœurante sensation de malaise et de bien-être à la fois, qu'il voulait à tout prix continuer de ressentir.
— Bon, il faut vraiment que j'y aille, je dois finir ma tournée, il reste des lettres et des colis à livrer. Encore merci Kacchan et passe une bonne journée !
— Attends ! s'exclama le héros. Je peux... avoir ton numéro ? Comme ça tu me diras ce que tu penses du dentifrice, proposa-t-il comme excuse.
— Heu, oui, si tu veux.
Le jeune homme lui laissa donc son numéro et continua sa tournée.
Voilà ce qu'on aurait pu imaginer : Katsuki était sûr de lui, il savait toujours quoi dire, ne perdait jamais son sang froid et se foutait de ce qu'on pensait de lui. Mais, qui ne se crée pas une façade qui le protège et empêche les extras de voir au fond de son cœur ? Ainsi, Katsuki se flagella pour les idioties qu'il avait pu dire ou ne pas dire. Il faisait les cent pas, se remémorant les deux derniers échanges.
— Ton numéro pour avoir ton avis sur le dentifrice. Quel crétin, quel prétexte de con ! On s'en fout du dentifrice. On. S'en. Fous ! Un rendez-vous, c'était ça le plan. C'est fou ça de pouvoir s'engager sans réfléchir dans un souterrain blindé de vilains armés jusqu'aux dents, mais de même pas être capable de proposer un putain de rendez-vous. Aaaaaaaaaaah.
Oui, en plus de ça, il le faisait à voix haute. Il passa sa main sur son visage pour chasser l'exaspération qu'il ressentait, en vain.
Mais il n'était plus temps de se lamenter sur les erreurs passées, l'avenir lui offrait quand même de très alléchantes possibilités. Maintenant il était en possession d'un moyen bien plus simple pour communiquer avec le facteur que de faire le guet et lui sauter dessus lors de sa tournée. Et s'il n'avait pas réussi à obtenir son rendez-vous de vive voix, il serait beaucoup plus simple de l'écrire.
Pensait-il.
Quelle erreur ! Combien de temps avez-vous déjà passé devant votre téléphone à supprimer des mots ? Trop, n'est-ce pas ? Beaucoup trop. Katsuki avait le cerveau vide. Les actions, ça c'était sa cam. Il parlait peu, alors écrire. Il était avachi sur son canapé, chose qui n'arrivait jamais, et regardait son écran en clignant des yeux.
Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il draguait quelqu'un. Mais Izuku n'était pas n'importe qui. Si ça foirait, d'habitude, il choisissait une autre cible plus sensible à son style de drague directe et franche. Mais il ne voulait pas quelqu'un d'autre, pas de remplaçant, pas d'extra, c'était Deku qu'il voulait. Depuis toujours.
Il choisit le petit emoji explosion et envoya cet unique caractère par message à son postier. Qui aurait pu penser qu'en quelques jours d'échanges ils en seraient là ?
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