Stupide Facteur


Je me suis tapé un délire à partir d'une mésaventure qu'à vécue une amie, donc venez pas me dire que ca pourrait pas arriver. Bonne lecture.

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— Bonjour, monsieur Bakugo, c'est le docteur Shūzenji.

— Huh ?

— Voilà, je vous présente mes excuses de vous déranger ainsi.

La vieille bafouillait, connaissant le caractère explosif de son fameux patient, qui ne méritait pas ce titre. Katsuki commençait d'ailleurs à la perdre très rapidement, sa patience, s'imaginant le pire. Malgré sa réputation, des tas de personnes lui demandaient des services complètement aberrants. Non, il ne ferait pas exploser le sol du jardin de monsieur trou du cul pour l'aider à creuser sa piscine et il était également hors de question d'aider à mettre le feu à un tas de branches pour éviter un détour à la déchetterie.

— ...quand le facteur est passé, j'ai trouvé un courrier à votre nom dans le tas. Je ne sais pas ce qu'il faisait là, le postier a dû se tromper.

Il leva si haut ses yeux au ciel qu'il se fit mal. Mais faut-il pas être débile pour se tromper de nom et d'adresse ? Ce n'était pas la première fois qu'il avait des soucis avec son courrier, mais là, il ne savait même pas quoi en penser tellement c'était hallucinant.

— Ok, dit-il trop surpris pour trouver quelque chose de cohérent à répondre.

— Je la laisse à mon secrétaire, passez quand vous voulez pour la récupérer, bonne journée monsieur Bakugo.

Elle avait raccroché rapidement, profitant de l'effet de surprise pour esquiver la pluie de reproche qu'elle risquait de prendre pour l'incompétence du facteur.

— Crétin des îles ! cria-t-il tout haut. Je vous jure, j'ai qu'ça à faire de courir dans toute la ville pour récupérer MON courrier. Non mais sérieux, c'est pas le principe de la poste de porter les lettres à leur destinataire ?! Non mais qu'est-ce que ça signifie ça, je devrais faire pareil tiens, je vais aller sauver des gens pas en danger ailleurs de l'endroit où j'ai été appelé.

Finissant sa tirade, il se rendit compte qu'il n'était pas calmé. Il décida alors de composer le numéro de son ami et collègue, Eijiro, qui écouta son histoire en plaçant des "sérieux ?" Et des "pas cool mec", "t'as raison" au bon endroit.

Le téléphone raccroché, sa rage n'était pas encore passée. Son con de thérapiste lui avait donné ce conseil débile qu'il décida de suivre. Il ferma les yeux, s'imaginant dans un endroit apaisant et compta jusqu'à dix. À dix, sa vision avait changé, il réduisait la poste de son quartier en cendre à coup de nitroglycérine. Il fallait avouer que cette vision était bien plus apaisante que n'importe quelle clairière remplie de fleurs et de petits oiseaux. Son psy l'avait pris pour blanche neige ou quoi ? Pourtant il se faisait appeler King Explosion Murder, bordel à cul.

C'était décidé, il prit son manteau et partit au pas de course vers le cabinet de son médecin pour récupérer sa lettre. Le secrétaire la lui avait tendue en se ratatinant dans son siège afin d'être une cible moins visible, mais Katsuki avait d'autres plans. Il fila ensuite jusqu'au bureau de poste. Il apostropha la personne au guichet, demandant un responsable d'une voix menaçante. Elle arriva, une grande femme à la mine joyeuse. Plus pour longtemps.

Elle le laissa calmement raconter sa mésaventure et décrire à grand renfort d'insultes la dimension d'incompétence du postier chargé de sa tournée.

— Je vous présente encore une fois nos excuses pour cette erreur.

— Je m'en fous de vos excuses, je veux parler à l'espèce d'incapable qui se balade dans cette ville en se faisant appeler a tort postier.

— Je vous assure que je vais moi-même régler cette affaire.

— Son nom, insista le fameux héros. De quoi avez-vous peur, je vais pas lui faire du mal, je vous rappelle que je suis un héros.

La jeune femme avait l'air tout de même sceptique, mais ne se voyait pas refusée devant l'insistance du jeune héros qui s'était fait connaitre pendant ses études et grimpait le ranking à une allure jamais égalée.

— Bien, je vais voir s'il est rentré de sa tournée.

Elle disparut un nombre conséquent de minutes et revint accompagnée d'un jeune homme très séduisant qu'il reconnut immédiatement. Il avait beaucoup grandi depuis le collège et atteignait maintenant le 1m75 facile. Les traits du petit garçon pleurnichard avaient laissé place à un visage plus adulte sur lequel s'attardaient tout de même quelques rondeurs au niveau des pommettes et dont les taches de rousseurs avaient fini de coloniser l'espace disponible. Ses cheveux verts en bataille étaient toujours plantés au sommet de son crâne, mis en valeur par une coupe undercut. Son uniforme pendait sur son bras et il était habillé d'un des premiers t-shirts à l'effigie de Bomberkill, son pseudonyme de héros à la sortie de l'école, qu'il avait changé peu de temps après. Il venait sans doute de terminer son travail.

— Deku ? Demanda surpris le jeune homme.

— Vous vous connaissez, demanda étonnée la responsable ?

Le jeune postier répondit d'un signe de tête. Certes c'était son ami, si on pouvait l'appeler ainsi, d'enfance, mais depuis il était devenu un héros, il était célèbre et Izuku se sentait terriblement intimidé face à ce Katsuki qui était devenu très grand, très large, et surtout incroyablement canon.

— Finalement ça ne m'étonne pas que le courrier se soit perdu entre tes mains, se moqua le héros.

Il retint le "incapable" qui avait failli sortir de ses lèvres. Le facteur incompétent méritait cette insulte, mais cela ressemblait trop aux insultes qu'il proférait plus jeune et dont il avait honte. Les années d'apprentissage en tant que héros lui avaient ouvert les yeux sur quelques problématiques. Il ne rejetait pas sa personnalité, il avait le droit d'être bruyant, insultant, colérique. Mais un héros ne blesse pas, il sauve.

— J'ai dû aller chercher cette lettre, dit-il en lui collant la missive sous le nez, chez mon médecin traitant. Tu as une explication ? grogna-t-il.

Le jeune homme piqua un fard qui fit disparaître totalement les jolies taches de rousseur s'étalant sur son visage sous la rougeur de ses joues.

— Kacchan, pardon, je suis désolé, elle a dû s'être collée à une autre lettre, proposa-t-il incertain et balbutiant.

Ça lui semblait louche, mais l'utilisation de ce surnom enfantin qu'il n'avait pas entendu depuis de nombreuses années fit naître un mélange de nostalgie et de mal du pays au creux de son ventre.

— Juste... fait gaffe quoi, j'ai pas que ça à faire de courir dans la ville à la recherche de mon courrier.

— Pardon, répéta-t-il, je ferais plus attention à partir de maintenant, promis-t-il avec ferveur.

Il grogna en guise de réponse, la responsable semblait soulagée de la tournure des événements et Katsuki aurait dû partir. Il ne se sentait plus du tout en colère et avait récupéré son courrier. Pourtant, il n'était pas prêt à partir.

— Qu'est-ce que tu fous à la poste, d'ailleurs ? demanda-t-il.

Les grands yeux d'Izuku s'éclairairent.

— Je travaille ici l'été et pendant les vacances, ils ont besoin de remplaçant pour que les postiers puissent profiter de leurs congés. C'est pour payer mes études.

— C'est bien, dit-il, je suppose. Bref, fais attention c'est pas parce que c'est un job d'été que tu peux te permettre de le faire n'importe comment.

Katsuki se détourna de l'émeraude des yeux de son postier pour l'été et s'arracha du petit bureau de poste de son quartier.

La lettre était inintéressante, juste un récapitulatif de ses mensualités d'assurance habitation qu'il ne comprenait pas pourquoi il recevait par courrier plutôt que par email.

Il était par contre encore déstabilisé par sa rencontre avec Deku. "Kacchan". Le timbre de sa voix avait changé, plus grave et posé, mais toujours un peu hésitant. Et il n'y avait pas que ça qui avait changé. Il était devenu typiquement le genre de gars qui lui plaisait. L'air trop innocent, les grands yeux verts, les taches de rousseurs. À se demander s'il n'avait pas éprouvé inconsciemment des sentiments pour lui déjà à l'époque. Peut-être que ça expliquerait le comportement de con qu'il avait eu. Ne vous méprenez pas, il était orgueilleux et gueulard avec tout le monde mais il ne s'était montré cruel qu'envers Deku.

Il avait mis derrière lui tout ce qui s'était passé au collège. Plusieurs fois il avait réfléchi à aller présenter des excuses pour son comportement de l'époque, mais il ne savait pas si ça aurait fait du bien à Deku. Il était peut-être passé à autre chose et n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'il avait été harcelé au collège par un mec souffrant d'un grave complexe d'infériorité. Enfin d'après son psy. Il lui avait craché au visage qu'il ne se sentait pas du tout inférieur et il était sorti en trombe après l'avoir entendu marmonner "typique".

Le fait était que Deku était devenu sexy, que Katsuki n'était plus un gros con, juste un con normal et qu'il savait que le jeune homme parcourait son quartier tous les jours pour délivrer le courrier aux habitants. Pour couronner le tout, il portait un t-shirt à son effigie. Et pas n'importe lequel, celui des débuts. Izuku ne l'avait donc jamais perdu de vue, enfin il l'espérait. Il avait beau retourner cette information dans sa tête dans tous les sens. Ça aurait pu être un cadeau de sa mère qui n'avait aucune idée de ce que lui avait fait subir Katsuki. Mais ça n'aurait pas expliqué pourquoi il le portait encore. Peut-être qu'il avait oublié de faire des lessives et que c'était son dernier t-shirt propre. Mais si c'était le cas, il n'y avait que deux explications : premièrement Izuku vivait seul et avait effectivement oublié de faire sa lessive. Or cela signifiait qu'il avait intentionnellement emporté ce t-shirt dans ses affaires pour son déménagement. Sinon il vivait chez sa mère et il était peu probable que cette mère poule laisse son fils sans vêtements propres.

L'idée d'imaginer qu'Izuku ait toujours de l'admiration pour lui, qu'il portait ses habits, qu'il économisait pour son merch, lui donnait des frissons. Le lendemain, Katsuki sorti donc à 9h de son appartement, top tank noir un peu serré, short qui moule le boul. Il allait faire son jogging mais au lieu de courir 15km tout droit aller puis retour il avait prévu de faire des tours de quartiers jusqu'à ce qu'il croise le facteur. La seule chose qu'il savait était qu'il recevait son courrier dans la matinée.

Mais à 11h il était en nage et n'avait toujours pas vu Deku. Il alla vérifier dans sa boite aux lettres et y trouva une putain de pub. Il la froissa dans sa main et la jeta dans la petite poubelle à papier posée à côté des boîtes aux lettres.

Il recommença plusieurs jours, quand il ne travaillait pas le matin et finit par repérer Deku. Il nota l'heure puis le jour suivant, il se posta à l'angle de la rue et attendit.

Il attendit un long moment. Des gens le reconnaissent et le saluaient en regardant étrangement le héros qui faisait le pied de grue, caché à l'angle de l'immeuble et jetant régulièrement des coups d'œil vers l'entrée principale. Il finit par apercevoir sa cible entrer dans l'immeuble. Il versa le contenu de sa petite bouteille d'eau sur lui, jeta la bouteille dans la poubelle de la rue et entra en trottant dans son immeuble comme s'il venait juste de terminer son jogging.

— Oi, salua le jeune héros.

— Kacchan ! Bonjour, balbutia Izuku surpris.

Ses yeux papillonnèrent sur la vision du corps du héros, assez peu vêtu et couvert de sueur, presque issue d'un de ses fantasmes. Il se mit une baffe mentale pour éviter d'avoir l'air d'un fanboy creepy sans se douter que c'était exactement l'effet escompté par Katsuki.

— J'ai du courrier ? demanda Katuki fier de son entrée, un petit sourire narquois au coin des lèvres.

— Laisse-moi vérifier, dit le jeune homme en fouillant dans son sac, ravi de pouvoir échapper un instant à la vue trop stimulante de Katsuki.

Il lui tendit une enveloppe que Katsuki attrapa sans même regarder l'expéditeur, provoquant du regard son postier.

— Ça va pas rentrer, dit-il à Izuku en indiquant le gros carton à ses pieds.

— Oui, je vais devoir aller sonner pour le remettre en main propre, lui confirma-t-il dans une vaine tentative de se concentrer sur son travail.

Katsuki fourra la lettre dans sa poche et attrapa le carton qui était assez lourd pendant qu'Izuku finissait de mettre les enveloppes dans les boîtes de ses voisins.

— Kacchan qu'est-ce que tu fais ? Tu n'as pas le droit ! s'exclama Izuku voyant Katsuki s'emparer du colis.

— Je te donne un coup de main, déclara-t-il.

Izuku le contempla un instant, avant d'accepter son destin. Katsuki semblait déterminé à porter ce colis pour lui et il ne voulait pas argumenter pour le récupérer. Le blond l'accompagna dans l'ascenseur, mal à l'aise, Izuku se mit autant à l'écart qu'il le pouvait dans l'espace restreint de la cage métallique. Mais il n'y avait pas assez d'espace pour échapper à l'odeur musquée du héros qui était accompagnée d'une légère odeur de caramel brûlée. Il s'était toujours demandé pourquoi il ne sentait pas juste le brûlé, c'était sa peau qui avait un goût sucré, donnant ce mélange d'odeur alléchante. "Danger" se dit Izuku, il ne pouvait pas laisser son esprit vagabonder sur des questionnements à propos du goût de la peau de Katsuki, c'était affreusement gênant. Il enfonça le bouton 5 et en évitant de croiser le regard du héros. L'ambiance était un peu tendue. Izuku était visiblement nerveux et Katsuki ne savait pas comment faire la conversation.

— Tu fais quoi comme études ? finit-il par demander après quelques secondes qui parurent une éternité de silence pesant.

— J'étudie le journalisme, répondit efficacement le postier.

— Tu trimbales toujours tes carnets de notes sur toi, se moqua Katsuki.

Izuku rougit de honte cette fois, se souvenant le nombre de moqueries qu'il avait essuyé à cause de sa manie qui lui serait fort utile dans son futur métier il baissa la tête puis acquiesça d'un son étouffé.

— C'est bien, lui assura le héros, comprenant sa maladresse.

Le "ding" sonore retentit dans le petit espace clos annonçant l'ouverture de la porte. Katsuki sortit à la suite d'Izuku et lui tendit le colis.

— Tiens, je pense qu'il vaut mieux que ce soit toi qui le fasses.

— Merci, répondit timidement Deku d'une façon que Katsuki trouva adorable.

— À bientôt, ajouta-t-il avant de prendre les escaliers.

— Bonne journée ! lui répondit Deku avant que la porte de la cage d'escalier ne se referme.

Une fois rentré chez lui, le héros se sentit idiot. Tous ces efforts pour ça. Cette semi-conversation et ces 5 minutes passées ensemble, si on pouvait dire ça. C'était une tentative lamentable d'établir un contact très fastidieux. Même s'il avait eu la satisfaction de sentir un regard admiratif, voire gourmand sur son corps quand il était apparu dans l'entrée de l'immeuble. La fin de leur rencontre l'avait pourtant déçu. Mais qu'avait-il cru ? Izuku était en train de travailler et ils n'étaient pas dans un porno, on invite pas le facteur à entrer chez soi pour lui faire sa fête dans la vraie vie. Il aurait peut-être tout simplement pu lui proposer de prendre un café pour "rattraper" le temps perdu. 

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