Chapitre 5

Pete

Lorsque je sors de l'appartement je rentre directement chez moi. Prendre une bonne douche va me rétablir un peu avec la cuite que je me suis pris hier, j'ai bien besoin de me ressaisir un peu.

Toutes ces pensées ont de nouveaux inondés mon esprit. Je crois n'avoir jamais réussi à cicatriser ses horreurs du passé. Si seulement on pouvait supprimer certains passages de sa vie de sa mémoire j'en serais si heureux.

Je n'imagine pas la réaction de Mia lorsqu'elle m'a vu dans cet état. A priori elle ne m'a pas détester pour mon comportement puéril puisqu'elle m'a accueilli chez elle avec bienveillance. Quelle fille digne et polie. Je crois qu'elle ne mérite pas de rencontrer une personne aussi dépravé que je le suis.

Mia

Après avoir rangé de fond en comble mon petit appartement, Pete me demande de le rejoindre au bar. 

Je pense qu'il a compris que s'excuser auprès de ses collègues étaient la moindre des choses. 

Pour ce soir j'opte pour une tenue chic. Une paire de collant noir, une robe bleue pailletée et des petits talons noir. J'enfile un long manteau gris foncé et je m'aventure jusqu'au bar. 

En entrant, la foule est déjà présente comme tous les soirs. J'aperçois alors Pete et son groupe accompagné d'un groupe de demoiselle plutôt charmante il faut l'avouer. L'une d'elle entoure de son bras la taille de Pete. Mia, fait mine que ça ne t'atteint pas, ce n'est pas ton mec.

Je m'avance vers eux et salue tout le monde. Pete me présente et me scrute de la tête au pied toujours tenu par cette fille. 

"Tu es très jolie dans cette robe" il m'envoie par texto alors que je suis à deux secondes de lui.

Je souris mais n'y répond pas. Merci pour le compliment petit charmeur, mais t'es accroché au bras d'une fille. A cet instant un groupe de mec passent et saluent le groupe. Ils restent avec nous et commande des bières. L'un d'eux m'interpelle.

- Très joli robe, me complimente l'inconnu. Je m'appelle Paul.

- Enchantée, moi c'est Mia. Je sens alors le regard de Pete vers moi mais je ne détourne pas le regard. Nous rions tous les deux mais ça n'ira pas plus loin. Il est très mignon mais je n'ai aucune envie de m'embarquer dans quoi que ce soit, puis Pete me plaît atrocement que je ne m'imagine pas pour le moment lâcher l'affaire. Mais susciter un peu de réaction de sa part ne me laisse pas indifférente et cela me fait même bien rire.

- Tu viens? Nous coupe alors Pete en me prenant le bras. On va être en retard.

- Oh déjà? Me lance Paul le petit inconnu. Quel dommage que tu me la piques juste maintenant, j'en aurais bien fait mon dessert.

J'écarquille les yeux, c'est pas vrai quel salopard. 

- Non mais ça va pas! Je m'écris en lançant une baffe dans la gueule de cet obsédé. T'as aucun respect! Je n'ai pas le temps de finir d'engueuler ce mec que Pete attrape le col de ce Paul, qui semble à première vue être un petit ange, et le roue de coup de poing. Il ne se contrôle tellement plus que son visage est crispé, le nez du Paul semble fracassé tellement le sang n'arrête pas d'y couler. 

- Pete enfin arrête toi ! Tu vas lui déchiqueter le nez! Je lui dis en lui enlevant les mains du col de Paul à deux doigt du malaise.

- On manque pas de respect aux femmes. 

Il prend ma main et nous sortons.

- Fais gaffe, tu peux avoir des ennuies à réagir aussi violemment. Je lui dis.

- Je sais mais ça me répugne cette façon de parler. 

- Pourtant, tu fais pareil après tes concerts... Je bredouille.

- C'est vrai. Mais toi c'est différent. On voit que tu n'aguiches pas, que tu n'es pas là pour ça. Et puis, c'était une façon animale de le dire.

Je le fixe du regard. Toujours devant le bar.

- Merci Pete. 

Même sous son air violent et de bad boy agressif il reste attirant.

- On ne touche pas aux bonnes personnes. Et encore moins à celle que j'apprécie. 

Un petit pincement au cœur se fait ressentir. Alors il m'apprécie. C'est un bon début.

- Bon, on va manger ? On va arriver en retard non? Je lui dis en riant.

- Allez mademoiselle, allons-y avant qu'on se fasse vraiment piquer notre table.

Il plie alors son bras pour me dire de passer le mien en-dessous tel un gentleman. Un gentleman bad-boy. Qui aurait cru qu'il allait autant être si important pour moi? 

*

Arrivé au moment du dessert, Pete redemande une bouteille de vin. Puis lorsque le serveur du restaurant repart, il me fixe et me pose alors cette question :

- Quel genre d'homme as-tu rencontré auparavant Mia?

- Oh... Comment dire, je me suis beaucoup concentrée sur ma carrière professionnelle. En revanche je suis sortie avec quelques mecs. Je suis restée deux ans et demi avec l'un, un an et demi avec un autre, et les autres c'étaient juste des petits flirts. On se voyait un peu, on sortait et puis au bout d'une semaine on ne se rappelait plus. On était trop différents je pense.

- Pourquoi tes longues relations n'ont pas durées Mia? Si ce n'est pas trop indiscret évidemment.

- Oh, ce sont des expériences de la vie, ça ne me dérange pas d'en parler. Le première, j'étais jeune et lui aussi. On avait pas les mêmes centre d'intérêt, c'était un amour passionnel mais aussi destructeur, le premier amour qui consume pleinement. Je me voyais finir ma vie avec lui, mais arrivée aux études supérieurs, les chemins différents nous ont séparer et on s'est arrêté comme ça. Ensuite, celui avec qui ça a duré un an et demi, j'ai appris qu'il côtoyait d'autres filles. Je suis tombée de haut aussi.

- Ah oui... Que des relations compliquées. Ma pauvre, tu mérites bien mieux.

- Et toi ? Je l'interroge. J'aimerais que tu répondes au moins à cette question. Tu en as esquivé beaucoup.

- D'accord, je vais y répondre. Je ne te promets pas de rentrer dans les détails. Mais, je suis sortie avec pleins de filles pour des coups d'un soir. Je n'ai pas fait d'études, donc après le lycée c'était soirées sur soirées, j'enchaînais les femmes comme on enfile un pantalon chaque matin. Pas beau à dire, mais c'est la stricte vérité. Puis quand j'ai eu 22ans, j'ai rencontré une fille qui m'a chamboulé. On a duré trois ans et demi ensemble, mais voilà... 

- Le tiramisu ? Nous interrompt le serveur.

- Pour moi, dis-je.

- Et voici la tarte à la framboise pour Monsieur. L'addition se fera au comptoir. Bonne dégustation.

- Pas mal la tarte à la framboise, il dit comme pour clore le sujet. 

- Le tiramisu est délicieux aussi... Je dis. Il ne répondra donc jamais jusqu'à la fin à mes questions.

Lorsque le repas se termine, il me propose de retourner au bar prendre un verre. 

- Ça te tente? Il me demande.

- J'aimerais bien, mais demain je bosse et j'ai besoin d'un peu de repos. Je lui réponds les yeux rivé vers le ciel bleu nuit. L'air frais caresse mes joues qui doivent être toutes roses de froid. 

- Entendu. Je te raccompagne et j'irai faire un tour au bar.

- Pas de soucis.

Nous prenons la rue à pied. Une vingtaine de minutes je me retrouve enfin chez moi. Pete part en direction du bar. Je ne comprends pas pourquoi il essaie de cacher toute sa vie, tout son passé. C'est vrai, je suis une étrangère mais plus vraiment. Il apprend à me connaître. Peut-être suis-je trop naïve à ne voir aucun inconvénient à parler de moi? Je ne comprends pas qui il est, ce qu'il représente dans ma tête. Je vais prendre de la distance, cette attirance commence à prendre beaucoup trop d'importance dans mes pensées. Et ce n'est pas le moment.

*

Pete

Lorsque je dépose Mia chez elle je me dirige illico dans le bar. La musique retentit à plein régime dans la pièce. Les gens se déhanchent. J'attrape une bière à moitié vide sur le comptoir et j'avale d'une traite celle-ci. Mon manteau gris à carreau commence à me tenir si chaud que la température en devient insoutenable. Je le dépose sur le tabouret devant le comptoir. Je commande à Jo' le barman deux bières que je bois comme de l'eau. Les gars viennent me voir.

- T'étais passé où mec? 

- J'étais partie faire un tour, je leur réponds en allumant une clope à l'intérieur du bar.

- T'abuse Pete, tu sais qu'on fume pas dans mon bar, me rappelle Joe en colère. Il m'attrape par le col. Je n'arrive même pas à me débattre tellement imbibé d'alcool dans le sang. Je ne dissocie plus rien. Il me jette dehors comme un pauvre clodo. 

- Eh mec, bon sang! Je lève le bras, ma clope toujours au coin de la bouche. Je titube. Les deux verres de vin et les trois verres de bière plus la cuite de la veille, je n'assume plus vraiment. Danny, mon bassiste me rejoint alors. Il s'allume une cigarette aussi puis lâche :

- C'est cette fille ? 

- De quoi tu parles mec?

- C'est pour ça qu'on te voit plus ici? Deux représentations sans notre chanteur. Puis la prochaine fois on te vire du groupe, ça ira plus vite non?

- Commence pas à me gonfler Danny. Je vais finir par te dégommer la tête et c'est moi qui vais te virer. Je ne calcule même plus mes mots. Mes gestes partent tout seul. Je lui file un coup de poing. Il riposte, et je le laisse me cogner. 

- Allez dégage Pete, t'es qu'un bon à rien. 

- C'est ça oui, je dis tout en titubant vers l'entrée du bar. Un groupe de fille en sort à cet instant me bloquant le passage.

- Oh mais ça serait pas toi le chanteur du groupe Les Straters? L'une d'elle me dit. Une grande blonde, avec une forte poitrine vêtu d'un décolleté plongeant, maquillé d'un surplus de maquillage. Elle me caresse le torse du bout des doigts et sourie. Tu viens chez moi? Elle me chuchote à l'oreille en gloussant.

- Vas-y ma poule, on dégage. Elle me prend le bras et m'entraîne je ne sais où. La seule chose que je veux oublier ce soir c'est elle. Cette question qui m'a fait replongé dans mes vieux démons dont je souhaite me débarrasser. Mia, un jour ou l'autre tu finiras par monopoliser ma tête. Mais, la seule chose que tu as su faire, c'est me refaire plonger la tête la première dans mes pensées les plus sombres. Me rappeler ce moment douloureux de ma vie. 

- Allez déshabille toi. J'ordonne à la blonde en la poussant sur son lit tout rose. Elle s'exécute à une vitesse folle. En un rien de temps elle se retrouve sur moi à me faire toute sorte de chose qui me font oublier cette atroce nuit. Si seulement je pouvais changer qui j'étais. Mais ma vie après elle est devenu un chaos ambulant. Les seules choses qui me font oublier toutes ces choses, c'est l'alcool, et les femmes. Mais Mia, c'est différent. Elle est si pure et si douce. Je ne veux pas la froisser dans mon monde. Je ne peux rien lui avouer, rien lui dire de moi. Je veux juste qu'elle profite des cette découverte new-yorkaise, et rien d'autres. J'espère qu'elle n'attend rien de moi, car je ne pourrai jamais lui offrir un monde rose, sain et pure comme elle l'est. Mon monde est sombre et personne n'arrivera à le faire devenir lumineux. 


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