Bonus 2.

Harry.

Octobre.

La main de Louis tire doucement sur la mienne, je souris de le voir aussi impatient qu'un enfant devant un magasin de jouets. Sauf que là, c'est dans une des plus grandes librairies de Londres et même de toute l'Europe que nous entrons. Waterstones, situé à quelques pas seulement de Piccadilly Circus. C'est le paradis pour Louis.

Il y a du monde, mais il se faufile sans aucun problème entre les autres clients pour accéder aux tables de présentations et aux longues bibliothèques qui débordent d'ouvrages.

– Attends, comment ça il y a cinq étages ? Tu es certain que c'est seulement une librairie et pas un centre commercial entier ?

Un léger rire m'échappe à la remarque de Noé qui arrive derrière nous, suivi de Lili et Yanël, visiblement toutes les deux émerveillées par l'endroit immense qui nous entoure. C'est vrai que c'est un lieu pour le moins impressionnant.

Louis, qui a déjà jeté son dévolu sur un livre, ne lève même pas les yeux du résumé qu'il est en train de lire pour répondre à notre ami.

– Noé, le coin pour les enfants est au deuxième étage si tu veux.

Cette fois je ris sans me cacher, Noé m'offre son majeur en guise de réponse avant de regarder le panneau qui indique la répartition sur les différents niveaux. Il nous informe qu'il va aller voir les jeux de société plus loin dans le magasin. Quand il s'éloigne, Louis relève son visage vers moi en souriant d'un air amusé, je secoue doucement la tête puis lui embrasse la joue.

– Lili et moi on va aller faire un tour au troisième étage, précise Yanël dont le regard se balade toujours autour d'elle, c'est là qu'ils ont l'espace sur l'art.
– A tout à l'heure les filles, on se rejoint ici.

Louis s'adresse à elle tandis qu'elles acquiescent et disparaissent dans les escaliers. Je reste, moi, à ses côtés. Sa main tient toujours la mienne, même quand il s'intéresse à un livre. Il y a déjà deux exemplaires qui terminent entre son bras et son torse.

– Tu veux que je les porte peut-être ? Ce sera plus facile pour toi regarder.
– Rappelle-moi, Louis se tourne afin de me faire face, qui t'as autorisé à être aussi parfait ?

Je sens un sourire niais étendre mes lèvres. Malgré le temps qui passe dans notre relation, Louis sait toujours trouver les mots pour me retourner le coeur. Et je ne me lasse pas de ces moments où j'ai la sensation de tomber encore amoureux de lui comme au premier jour, lorsque j'ai commencé à réaliser que je ressentais bien plus que de l'amitié envers lui. Lorsque ses simples sourires ne me suffisaient plus et que j'avais besoin de l'embrasser, être constamment à ses côtés, pour me sentir exister.

En fait, j'ai rapidement compris qu'une seule vie ne suffit pas à tout découvrir de sa vaste personnalité et les nombreux effets qu'il peut avoir sur moi. Encore aujourd'hui ça reste un mystère à mes yeux.

– Tu es certain que ça ne te dérange pas ?
– Ce matin, tu as porté mes sacs quand on est sortis de la pâtisserie et du salon de thé ensuite, alors on est quitte il me semble.
– Pas faux, tu es très perspicace j'adore ça.

Après m'avoir tendu ses livres, Louis pose un furtif baiser sur mes lèvres en guise de remerciement puis reprend sa route entre les livres. Nous passons un petit moment en bas à regarder les nouveautés et les meilleures ventes, puis nous passons à l'étage du dessus qui contient un vaste choix de genres divers.

Et c'est là où Louis se perd le plus, de mon côté je prends un grand plaisir à l'observer dans son élément. Il discute même avec une libraire en anglais à propos d'un recueil de poésie. Quelques livres s'accumulent dans mes bras, mais je n'y prête même pas attention parce qu'il n'y a que Louis qui compte. L'éclat dans ses yeux, son air constamment émerveillé par chaque exemplaire qu'il sort des étagères. L'ombre d'un sourire qui apparaît parfois sur le coin de ses lèvres quand il parcourt un résumé. C'est fascinant de le regarder vivre.

Un moment, pendant qu'il est occupé dans la section des oeuvres théâtrales, je m'approche du coin des classiques. Mon regard tombe presque immédiatement sur le nom de Virginia Woolf et sur un titre que je ne connais que trop bien.

Orlando.

Il y a plusieurs exemplaires de la même édition, la plus classique je dirais. Mais celle que j'ai en ma possession, grâce à Louis, n'est pas présente parmi les autres. Je pense que, d'une certaine manière, elle est unique. Il me l'avait déjà dit, qu'elle était très rare, et je m'en suis vraiment rendu compte quand je ne la trouvais nulle part en librairies.

Louis me rejoint au moment où mes doigts trainent contre la tranche d'un des livres, il pose une main délicatement sur ma hanche et mes yeux se posent sur son sourire lumineux. Je vois un éclat d'amusement passer au fond de son regard quand il me demande d'une voix douce :

– Tu es tenté d'acheter une autre édition ?

La réponse est évidente. Je n'y réfléchis même pas.

– Non, je me disais juste que celle que j'ai est la plus belle de toutes.
– C'est vrai que la couverture est vraiment jolie, la mise en page est bien pensée et...
– Parce que c'est toi qui me l'a donné.

Je l'interromps avec un sourire, la couleur de ses joues virent à un rose plus foncé et je ne peux pas m'empêcher de trouver cela adorable. Immédiatement, je repense à ce jour au Chalon de Thé lorsqu'il est venu déposer un sac de livres et que l'exemplaire d'Orlando est tombé au sol avec d'autres romans, qu'il a trouvé un mensonge sur le moment pour me le donner parce qu'il me plaisait.

Il cache un instant son visage dans le creux de mon cou, je ris près de son oreille en passant un bras autour de ses épaules afin de caresser sa nuque. Quand il se recule, je vois son regard briller, il n'a pas perdu son sourire.

– Je te propose qu'on avance, parce que si je me mets à pleurer entre deux rayons d'une librairie les gens vont vraiment se poser des questions et nos amis vont nous détester de prendre autant de temps ici. Noé était déjà au bord de l'explosion tout à l'heure.

Je me mets à rire avec lui, puis glisse ma main contre sa joue chaude. La constellation de grains de beauté sur son visage ressort aujourd'hui grâce au soleil éblouissant dehors, je la retrace du bout des doigts, il cligne des paupières. Je me décide finalement à le suivre dans la fin de son expédition, sinon je pourrais passer des heures entières à l'admirer.

Noé soupire de soulagement quand nous sortons enfin avec un grand sac de livres, dont j'ai insisté pour payer la moitié. Louis le taquine, mais lui même a trouvé un jeu de société qui lui plaisait. Les filles se sont offert un grand livre illustré sur l'art.

Le reste de l'après-midi, nous faisons un tour des friperies, de quelques boutiques de souvenirs. J'achète deux cartes postales de Londres, une pour Olivia que je vais lui envoyer avant la fin du voyage et une pour Louis et moi. Il sourit en me voyant la choisir, parce qu'il sait ce que ça veut dire. Après tout, c'est lui qui a lancé cette idée lorsqu'il a acheté la première durant notre séjour à la mer. Celle qu'il m'a ensuite offerte et que j'ai gardé précieusement depuis.

Elle s'ajoutera aux autres qui constituent les souvenirs de notre histoire. Chacun notre tour nous écrivons un mot derrière, parfois quelques phrases suffisent, Louis aime utiliser des citations qu'il pioche dans les nombreux livres qu'il dévore et qui lui font penser à moi.

Noé et Louis fument une cigarette sur la route du retour vers l'hôtel, Lili et moi parlons de recette, Yanël nous écoute attentivement en tenant la main de sa petite amie. Une fois arrivés, nous allons poser nos affaires chacun dans nos chambres, Louis laisse son sac de livres sur le fauteuil près du lit. Je me laisse tomber dessus sur le dos en soupirant, Louis vient se tenir à côté de moi, appuie doucement son genou contre ma cuisse.

– Ne t'endors pas, on sort ce soir.
– Mhhh cinq minutes, je marmonne en posant mes yeux sur lui.
– Le temps que je prenne ma douche, c'est tout.
– Et si j'avais envie de la prendre avec toi ? Puis, on serait plus rapides.
– Alors, il faut penser à se lever dans ce cas.

Je lui tends mes mains en le regardant avec un petit sourire amusé quand il lève les yeux au ciel. Il faut reconnaître qu'il en faut peu pour le convaincre. Mais il glisse ses doigts entre les miens quand même, sauf que je tire dessus avant qu'il ne puisse m'aider à me mettre debout. Son corps tombe sur le mien, je l'attire dans mes bras et nos rires meurent l'un contre l'autre lorsque je l'embrasse.

Nos mains sont toujours liées, il serre doucement les miennes et approfondit le baiser au fil des secondes. J'en perds un peu la notion de tout autour de moi, je ne pense plus qu'à ses lèvres, la chaleur de son corps et son parfum envoûtant. Mais déjà, il se recule. Bien trop vite à mon goût.

Quand je pose mes mains sur ses cuisses, il secoue la tête mais se met à sourire davantage. Ses joues sont légèrement rosées, il pose un baiser sur ma joue.

– On va être en retard si tu t'amuses à ça, il me souffle tout en se mordant un peu la lèvre, je te promets que ce soir on aura tout le temps qu'on veut.
– Je te ferais remarquer que Noé est descendu presque trente minutes après nous ce matin.
– Certes mais c'est Noé, toi tu es très ponctuel. N'est-ce pas ?

Il me taquine, ses mots me font sourire. Je lève les yeux au ciel mais je le suis tout de même quand il se lève pour aller dans la salle de bains.

Et bien que ce soit très compliqué de résister à la tentation brûlante d'embrasser chaque parcelle de sa peau nue, nous rejoignons les autres à l'heure convenue pour aller dîner en ville. Louis m'a demandé de porter une tenue assez élégante, tout comme la sienne, mais je remarque que nos ami.es n'ont pas fait autant d'efforts. Du moins, Lili porte une veste en cuir au-dessus d'une robe, Yanël a simplement changé de pull et Noé porte un jean et un gros pull à capuche.

Je lance un regard interrogateur à Louis qui se contente de me sourire et de glisser sa main dans la mienne. Noé sort une cigarette de son paquet tandis que nous avançons dehors.

– Où est-ce qu'on va finalement ?

Suite à ma question, je vois Noé et Lili échanger un regard qui me fait froncer les sourcils. Yanël se contente de sourire en coin. Il se trame définitivement quelque chose. C'est Louis qui prend la parole au bout de quelques secondes de silence.

– Eux ils vont dans un restaurant au centre, moi je t'emmène autre part.
– On ne mange pas tous ensemble ?
– Pas ce soir, intervient Lili en me souriant, mais on prendra des photos ne t'en fais pas.

Je tourne mon visage vers Louis, il hausse simplement les épaules comme s'il ne venait pas de m'annoncer qu'il avait prévu une sortie pour nous deux et que tout le monde était au courant sauf moi.

– Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
– C'est le principe d'une surprise.

Un léger rire sort de sa bouche, j'ai très envie de l'embrasser à cet instant. Mais je n'ai pas le temps davantage que Noé intervient.

– Allez, partez profiter de votre soirée. Et Louis si Harry se met à pleurer je veux une photo d'accord ?

J'ouvre grand les yeux et alors que j'allais lui demander ce qu'il insinue par là, mais nos ami.es s'éloignent déjà le sourire aux lèvres en nous souhaitant une bonne soirée. Avant de partir, Lili m'embrasse la joue, Noé se contente de me faire un clin d'oeil. Louis tire doucement sur ma main en riant face à mon air totalement perdu.

Sur la route j'essaie de savoir où nous allons mais il refuse de me le dire, il se contente de me sourire pendant le trajet en taxi. Il a donné une adresse au conducteur qui ne me dit rien du tout, cependant je lui fais confiance les yeux fermés. Parce que c'est Louis et que je n'ai jamais eu aucun doute à ses côtés.

La voiture s'arrête dans une rue où beaucoup de monde semble circuler. Louis remercie le chauffeur et lui paie la course avant de sortir après moi. J'ai beau observer partout autour de nous, je suis incapable de deviner où nous pourrions aller. La main de Louis retrouve la mienne, il me guide entre les passants, le jour est couché depuis un petit moment, les façades des restaurants et des bars sont allumées, les lampadaires éclairent les rues, il y a un brouhaha et une bonne ambiance avec un fond musical qui se dégage des commerces devant lesquels nous passons.

Plusieurs odeurs différentes de nourriture me chatouillent les narines, du sucré autant que du salé. Louis regarde une fois l'écran de son téléphone, puis autour de lui avant de s'arrêter quelque temps après derrière des personnes qui font déjà la queue.

Je lève les yeux pour observer le bâtiment devant lequel nous sommes et mon coeur loupe plusieurs battements à l'instant où je lis l'inscription au-dessus de nos têtes.

– Louis...

C'est tout ce que je parviens à dire, à murmurer réellement, je ne suis même pas certain qu'il m'ait entendu. Je sens qu'il me regarde, mais je suis incapable de parler tant ça m'a ôté les mots de la bouche. Sans que je ne puisse vraiment le contrôler, j'ai les larmes qui me montent aux yeux. Louis pose sa main libre contre ma joue, il me faut quelques secondes pour réagir.

J'ai l'impression que c'est un rêve et pourtant son contact me ramène à la réalité. Malgré tout, je regarde une seconde fois la devanture du lieu. Les mots qui y sont inscrits.

Le mot plutôt, le seul qui compte en réalité.

Orlando.

Louis m'emmène voir une représentation d'Orlando au théâtre.

Avant que je ne pense à trouver les bons mots pour lui offrir des remerciements à la hauteur de sa surprise, il prend la parole.

– Ca faisait un moment qu'on parlait d'aller à Londres, depuis ce temps là je regardais s'il y avait des choses intéressantes à faire en dehors des endroits vraiment touristiques. Par le plus grand des hasards je suis tombé sur la programmation de ce théâtre pour cette année, j'ai vu qu'ils faisaient une seule représentation de cette adaptation et que les places partaient très vite, je n'ai pas réfléchi plus longtemps. J'étais tellement angoissé à l'idée de ne pas réussir à en avoir, mais j'ai été chanceux. Puis j'en ai parlé à Lili, Yanël et Noé et on a tout planifié autour de cette date.

Je respire à peine, j'écoute chaque phrase avec attention. Louis ne me lâche pas du regard, j'ai l'impression de flotter sur un petit nuage et je n'ai pas du tout envie d'en redescendre.

– Tu n'imagines pas le nombre de fois où j'ai voulu te l'annoncer, mais je tenais à ce que ça reste une surprise, il laisse échapper un léger rire. Et j'allais dire j'espère que ce ne sera pas une adaptation ratée mais honnêtement je ne pense pas. Je me suis renseigné avant d'acheter les places, je suis allé voir sur internet et la troupe a reçu de nombreuses acclamations, c'est un succès partout où ils se produisent. Je ne sais pas quelle étoile m'a souri, mais grâce à elle j'ai pu t'offrir cette soirée et c'est tout ce qui compte à mes yeux.

Là, je sais que les larmes sont réelles. J'en sens une rouler le long de ma joue, Louis l'essuie avec son pouce en souriant et je ne résiste pas à l'envie, au besoin même, de le prendre dans mes bras. Je le serre contre moi de toutes mes forces au point où j'en tremble, je respire son odeur, je sens presque les battements de son coeur répondre aux miens. Il embrasse ma joue et j'aurais voulu que cette étreinte dure une éternité, mais il me souffle qu'on ferait mieux d'avancer.

Je ne remarque que maintenant que la file devant nous a commencé à se réduire. Mais avant de le laisser, je murmure son prénom, il se détache de moi et me regarde avec des yeux qui brillent d'émotions, lui aussi.

– Merci Louis, vraiment. Merci. Je ne l'oublierai jamais. Je te le promets.

Son sourire tremble un peu, je sais que ça le touche autant que moi. D'être ici. De vivre ce moment unique. Il me tend son petit doigt, j'ai le ventre qui se retourne d'amour pour lui. Je noue mon doigt au sien sans quitter ses yeux, notre signe de promesse. Je souris à mon tour, il garde ma main dans la sienne et nous comblons le vide laissé devant nous rapidement.

Et je comprends mieux pourquoi Louis ne voulait pas être en retard, pourquoi il m'a demandé de mettre une tenue plus habillée ce soir. Ce n'était pas un simple dîner entre ami.es. J'ai une vague d'émotions qui afflue en moi en pensant que Louis a organisé tout ça pour me faire plaisir.

Louis sort les tickets au moment venu, l'agent d'accueil nous remercie et nous souhaite une bonne soirée en nous indiquant l'entrée de la salle. Nous gravissons quelques marches d'escaliers avant d'y entrer. Il y a du monde déjà installé, la scène en bas est grande, plongée dans le noir pour le moment. Un bruit de discussions s'entremêlent, je ne sais pas où donner de la tête tant j'ai encore du mal à y croire. Je suis simplement Louis qui nous emmène vers nos places, dans les derniers rangs à droite.

Une fois installés, il retire sa veste, je regarde le petit papier qu'ils nous ont donné à l'entrée qui résume la pièce et présente brièvement la troupe de comédiens. Mais je suis trop impatient à l'idée de voir mon livre préféré être adapté sur scène que je suis incapable me concentrer sur ce qui est écrit.

– J'aurais aimé avoir de meilleures places, devant ou au milieu par exemple mais...
– Tu plaisantes ? Je l'interromps en tournant d'un coup ma tête vers lui. Louis, mon dieu, c'est déjà extraordinaire d'être là.

Je suis à deux doigts de me pincer le bras pour vérifier que c'est bien réel. Il vient chercher ma main entre nos sièges, je baisse les yeux pour regarder nos doigts qui s'entremêlent.

– Je sais à quel point ce livre compte pour toi, je voulais juste que tout soit parfait.
– Et sans aucune hésitation ça l'est. Je n'aurais jamais assez d'une vie entière pour te remercier.

Son sourire me réchauffe le coeur, il m'informe que l'on ira dîner après la pièce et qu'on rejoindra nos ami.es à l'hôtel. J'acquiesce mais tout ce à quoi je pense c'est au fait que je veux que cette soirée ne se termine jamais.

Quelques minutes après, une voix annonce au micro que la représentation va débuter et que tout le monde est invité à rejoindre sa place et à éteindre son téléphone pour ne pas gêner le déroulement de la pièce. Louis et moi le faisons en même temps, il reprend ma main au moment où les lumières s'éteignent.

Le silence se fait.

Je retiens mon souffle.

Ma gorge se noue d'émotions alors que ça n'a même pas encore commencé.

Je serre la main de Louis dans la mienne.

La représentation commence.

Et pendant les deux heures trente de spectacle je suis incapable de détacher mon attention de la scène. Ni de lâcher les doigts de Louis.

Puis, bien trop vite, le rideau se ferme.

C'est la fin.

La fin d'un des moments les plus marquants et émouvants de mon existence.

J'ai les larmes aux yeux et lorsque les premiers applaudissements retentissent je suis le mouvement jusqu'à ce que ça devienne un tonnerre d'acclamations pour les acteurs et actrises qui viennent nous saluer et nous remercier sur scène.

Mon coeur bat la chamade, pendant un instant je tourne mon visage vers Louis, il sourit et même si les larmes ne coulent pas sur ses joues, à la différence des miennes, je les vois dans son regard. Il est aussi touché que moi.

Depuis le jour où Louis me l'a offert, ce livre est devenu tellement important à mes yeux, le nombre de fois où je l'ai lu, où il m'en a lu des passages à voix haute, les annotations dans les marges, tous les souvenirs contenus dans quelques pages seulement.

L'histoire de Virginia Woolf d'un côté puis celle de Louis et moi de l'autre.

Ce soir-là, une fois rentrés à l'hôtel, une fois la porte de notre chambre fermée derrière nous, j'embrasse Louis comme s'il n'y avait pas de lendemain.

Entre des baisers passionnés et langoureux, je lui répète que je l'aime, je le couvre de remerciements, ça le fait rire, mais il sait que je pense chacun de mes mots.

Je l'embrasse à nouveau et je veux lui rendre tout l'amour qu'il me donne. Les mots et les gestes ne suffisent même plus. Il pose sa main contre ma poitrine nue, pour sentir mon coeur battre, je prends plusieurs secondes pour l'admirer, son regard me transperce la peau, j'ai la sensation qu'il sait lire en moi comme dans un livre ouvert.

Parfois, ça me retourne le ventre de penser à quel point je l'aime.

– Tu me rends tellement heureux... mes remerciements ne seront jamais à la hauteur de ce que tu m'a offert ce soir.
– Harry, tout ce que je veux c'est te voir sourire comme ça tout le temps, il me souffle sur le même ton, le reste n'a aucune importance. Je ne me suis jamais senti aussi comblé qu'en te regardant ce soir, alors oui la pièce était extraordinaire mais toi... plus encore.

A nouveau, les larmes me montent aux yeux, Louis embrasse le coin de mes paupières avec une douceur dont lui seul a le secret et je lui demande en souriant :

– Rappelle-moi, qui t'a autorisé à être aussi parfait ?

Je reprends ses mots de tout à l'heure dans la librairie et ça le fait sourire à son tour. C'est dans ces moments là, quand je vois cet air heureux sur son visage, que je sais que moi aussi c'est tout ce dont j'ai besoin.

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