8.

Lili.

 La journée n'est pas très animée, à part l'affluence du midi. J'ai le temps de nettoyer la vitrine, et même de m'occuper un peu des chats. Olivia aide Harry à mettre en ordre la bibliothèque dans la salle du fond et avec Noé on s'occupe des clients qui entrent de temps à autre.

Je m'occupe de l'inventaire, Noé lave la vaisselle, quand la clochette retentit. Comme il a les mains plongées dans l'eau mousseuse jusqu'aux coudes, je repose le carton que je tenais pour m'avancer vers la caisse. Un sourire apparaît sur mes lèvres quand je vois le visage familier derrière la vitrine. Je me mords la lèvre et me retourne pour dire à Noé :

– Va chercher Harry, vite !

Il se dépêche de se sécher les mains et sort de la cuisine par l'arrière afin de rejoindre la salle du fond. Je fais mine d'être occupée quand il revient, deux secondes plus tard, avec Harry derrière lui. Un crayon et ma liste en main, je lui demande, l'air de rien :

– Tu peux t'occuper de la caisse s'il te plaît ? Je suis en plein milieu de l'inventaire et je vais m'emmêler les pinceaux si je dois tout recommencer.

– Oui, bien sûr.

Harry se frotte les mains sur son tablier, je lui souris pour le remercier tandis qu'il s'avance vers la caisse. Noé s'approche de moi pour observer la scène à son tour au-dessus de mon épaule, et il fronce les sourcils.

– Est-ce que j'ai rêvé ou je viens vraiment de voir Harry rougir ? Faut dire qu'il est plutôt pas mal ce client.

– Tu crois que je l'ai envoyé ici pour quoi ?

Je tourne la tête vers lui, il ouvre grand les yeux et me presse l'épaule, avant de sourire jusqu'aux oreilles. Nous retournons à notre travail, non sans leur jeter un coup d'oeil de temps à autre derrière nous. C'est la première fois, depuis ce matin, que je vois le visage d'Harry s'illuminer de cette manière, ou même que je remarque la trace d'un sourire sur ses lèvres.

Il prend la commande de Louis et ils discutent un petit moment à deux, même si c'est surtout Louis que je vois parler, mais Harry l'écoute attentivement. Et je pense que ça aurait pu durer de longues minutes encore si une femme n'était pas entrée à son tour. Louis regarde derrière lui, sourit à Harry, lui fait un signe de la main et sort du café avec un gobelet à la main.

Harry réapparaît en cuisine cinq minutes plus tard, il nous jette un regard, ses joues sont légèrement colorées de rose. Il me demande si j'ai encore besoin de lui, je secoue la tête en le remerciant avec un grand sourire. Après avoir acquiescé, il baisse les yeux au sol, passe une main dans ses cheveux puis retourne avec Olivia.

Noé et moi échangeons un regard avant de nous mettre à rire, aussi discrètement que possible. Si je peux aider Harry à approcher quelqu'un, c'est toujours un début. Pour avoir travaillé pendant un moment avec lui, j'ai fini par comprendre qu'il était de nature plutôt solitaire et renfermé, et qu'il aime garder ses habitudes. Mais je pense que côtoyer de nouveaux visages, en dehors de ceux du café, lui ferait du bien.

Il ne nous a jamais présenté ou parler d'autres amis, il est souvent déjà au travail quand on arrive et part le dernier. Je pense que créer des liens avec Louis lui serait bénéfique, ils peuvent parfaitement rester amis, même s'il y a ce petit quelque chose entre eux dès qu'ils se regardent. Comme une sorte d'étincelle. La même qu'il y a entre Yanel et moi.

Cependant, je ne veux pas lui forcer la main. Harry est un de mes plus proches amis, je veux son bonheur et je crois qu'il ne l'a pas encore trouvé, bien qu'il fasse le métier de ses rêves. Mais parfois, ça ne suffit pas. Harry n'en parle pas, il sait se faire discret et presque invisible. Pourtant, quand on prend le temps de le regarder, ça se voit. Il semble éteint.

Une fois qu'il a terminé la vaisselle, Noé passe devant s'occuper du service en salle. Harry réapparaît en cuisine et commence à sortir des ingrédients, après s'être lavé les mains. Je poste la liste sur laquelle j'étais en train de travailler pour venir m'asseoir à côté de lui, autour de la grande table qui nous sert de plan de travail.

Ses yeux se posent sur moi, il me sourit et ouvre un carnet qu'il laisse la plupart du temps ici. C'est son carnet de recettes, celles qu'il teste chez lui ou même ici. Il tourne les pages, doucement, son regard absorbé par son écriture linéaire. Je prends une louche sur la table que je fais tourner entre mes doigts, jette un coup d'oeil vers la caisse puis baisse la voix pour que lui seul m'entende.

– Hey, tu veux passer à la maison après le boulot ? On pourra discuter de ce qu'on va faire pour l'anniversaire de Noé, et Yanel prépare un chili végétarien.

Noé fête ses vingt-quatre ans dans une semaine et je sais qu'Harry aime particulièrement préparer des viennoiseries pour des occasions comme celles-ci. Il lève les yeux vers moi quand je commence à parler et son sourire s'étend sur ses lèvres.

– D'accord, merci.

– Pour ne pas éveiller les soupçons, je t'attendrais chez moi directement, ça ne te dérange pas de faire la route seul ?

Harry secoue la tête négativement, je glisse ma main sur la sienne et la presse doucement. Nous échangeons un sourire, puis retournons au travail chacun de notre côté.

Comme prévu, à l'heure de la fermeture à dix-neuf heures, je dis au revoir à tout le monde, jette un coup d'oeil à Harry qui acquiesce discrètement et pars. Je fais la moitié de la route avec Noé, il me fait la bise avant qu'on ne se quitte et je rentre immédiatement à l'appartement.

Yanel est déjà là, et c'est la délicieuse odeur de légumes qui m'accueille. Je pose mon sac au sol, retire mes bottes, ma veste en jean et file en cuisine. Elle tourne la tête vers moi quand j'arrive et je viens embrasser ses lèvres souriantes sans attendre. Mes bras trouvent leur place autour de sa taille tandis qu'elle remue une cuillère en bois dans la marmite.

– Ça sent divinement bon.

– J'espère que ça l'est.

– T'inquiètes pas, même si ça ne l'est pas, Harry te complimentera.

Un petit rire sort de sa bouche, je pose mon menton contre son épaule et reste blottis contre elle un moment, histoire de réchauffer mon corps. Les températures commencent à bien baisser, mais j'adore particulièrement l'automne, on approche d'Halloween et des fêtes de fin d'années. C'est toujours plus de travail au café parce qu'on propose des viennoiseries et des boissons spéciales, aux saveurs saisonnales. Les clients s'arrachent tout ce qui est à base de cannelle, de chocolat ou d'épices.

– Ça a été aujourd'hui ?

Je lui parle de ma journée au travail, elle est d'ailleurs heureuse de voir que je lui ai ramené des restes de brownie aux fruits rouges de ce matin. Elle laisse son chili mijoter sur le feu, je range le tupperware au réfrigérateur et lui retourne sa question.

– J'ai eu cours ce matin et je suis revenu étudier ici. Et aussi, je crois qu'il faudra appeler le plombier demain, la canalisation de la salle de bains fuit.

Elle rit à nouveau quand je me mets à soupirer. C'est bien le genre de choses dont je détester m'occuper.

Nous avons le temps de dresser la table, quand ça sonne à l'interphone. J'ouvre la porte du hall à Harry puis celle de l'appartement lorsque je l'entends arriver dans le couloir. Il me sourit, je le débarrasse de sa veste que j'accroche au porte-manteaux, il va dire bonsoir à Yanel et ils discutent un peu à deux. D'abord de choses et d'autres, puis du plat qui cuit dans le four.

Yanel sort une bouteille de vin rouge, je nous sers chacun un verre et montre à Harry les nouvelles planches de tatouages sur lesquelles j'ai travaillé ces derniers jours. Quand j'ai commencé à me lancer dans mes premiers tatouages, Harry a été l'un des premiers à me supporter et aussi un des premiers à passer sous mes aiguilles, après Yanel. Je lui ai fais deux ou trois petits tatouages sur ses bras, un sur son genou et il m'a accordé assez de confiance pour lui faire une grosse pièce. Un grand papillon qui se déploie sur son torse et le haut de son ventre.

Franchement, c'est peut-être celui dont je suis le plus fière. Harry m'avait parlé de son projet, je lui ai proposé d'essayer de m'y coller. Il a adoré mon dessin et n'a pas hésité une seconde à se lancer quand je lui ai montré le résultat.

Ensuite, on passe à table. Comme je m'y attendais, Harry complimente Yanel, mais c'est vrai que le plat est délicieux. J'ai le ventre rempli lorsque je termine mon assiette. Je glisse une main sur celle de ma petite amie et lui sourit.

– Je me suis régalée, merci.

– Et moi dont, intervient Harry, il faudra que tu me passes la recette, si tu veux bien ?

Un sourire fend les lèvres de Yanel, qu'elle essaie de cacher derrière son verre de vin. Ses joues se colorent de rose, mais elle hoche la tête vivement dans la direction d'Harry tout en serrant mes doigts.

Je m'occupe de débarrasser et faire la vaisselle rapidement, les laissant aller se mettre à l'aise dans le canapé. De la cuisine, je les entends discuter, sans pour autant comprendre quel est le sujet de leur conversation. Mais je souris, parce que c'est agréable d'avoir Harry chez nous et de le voir prendre un peu de temps pour lui en dehors du travail.

Lorsque je reviens au salon, Yanel se lève du canapé. Elle embrasse furtivement mes lèvres et dit qu'elle va aller réviser dans sa chambre pour nous laisser parler tranquillement de pâtisseries. Harry prend un carnet dans la pochette de son sac et je ramène quelques livres de recettes rangées dans la bibliothèque, entre les quelques romans et ouvrages dont Yanel se sert pour étudier.

– Alors, je pensais faire quelque chose à base de citron ? Noé adore ça, peut-être un gâteau avec un glaçage légèrement acidulé et des macarons aux citrons au-dessus pour la décoration.

Harry parcourt ses notes, tandis que je l'écoute attentivement en hochant la tête. Je mordille le bout de mon crayon puis fouille dans mon premier livre de recettes. Nous passons une bonne heure à plancher sur le dessert qu'on voudrait réaliser, Olivia a insisté pour qu'on organise ça au café un samedi soir après les heures de fermeture. Elle a aussi souhaité prêter main forte et s'occupe du petit buffet qu'il y aura à côté.

Noé, évidemment, n'est au courant de rien. Il pense que nous allons simplement aller dîner dans un petit restaurant ou organiser une petite soirée chez l'un de nous. C'est Harry qui a abordé l'idée en premier, il a parlé d'inviter ses amis ainsi que sa famille. Olivia et moi n'avons pas hésité longtemps à suivre son avis.

Je pose les deux tasses de thé pleines sur la table basse, Harry me remercie et boit une gorgée. Son regard se perd sur le mur en face de lui, je remarque bien que quelque chose le taraude depuis plusieurs jours déjà, qu'il semble davantage fatigué. Mais surtout, il se renferme à nouveau sur lui-même, et au bout d'un certain temps, après avoir travaillé à ses côtés et passé une bonne partie de la journée avec lui, j'ai fini par le cerner. Du moins, je pense. Une partie de lui.

– Sinon, tout va bien pour toi ?

Il tourne la tête vers moi et hausse les sourcils, visiblement surprit par ma question. De ses deux mains, il pose prudemment la tasse sur la table en bois. Je porte la mienne à mes lèvres afin de souffler sur le liquide encore chaud.

– Oui. Je suis un peu fatigué en ce moment, mais ça va.

J'acquiesce, il fronce les sourcils, tandis que je bois à mon tour. Puis, il baisse les yeux vers le sol et joue avec ses bagues. Je le connais, je sais qu'il va se terrer dans le silence dès qu'il en aura l'occasion, parce qu'Harry n'est pas du genre à se confier si quelque chose ne va pas dans sa vie.

Après avoir pose ma tasse non loin de la sienne, je bouge dans le canapé afin de m'approcher légèrement de lui. Il me regarde à nouveau, mais ne dit rien. C'est moi qui prend la parole.

– Tu me le dirais, si ça ce n'était pas le cas ?

Harry hoche directement la tête, mais ses yeux semblent fuir les miens. Je décide de laisser tomber le sujet, pour le moment, il ne veut clairement pas l'aborder et je ne souhaite pas lui gâcher sa soirée. Je souris alors et étend mes pieds de façon à les poser sur ses cuisses, il secoue la tête en souriant, lui aussi.

– Est-ce que tu préfères qu'on parle de ce garçon qui vient souvent au café depuis un petit moment ?

Instantanément, je vois ses joues s'empourprer, même s'il tente de la cacher. Il ouvre grand les yeux et fait mine de ne pas comprendre.

– Léonie m'a dit l'autre jour qu'un, et je cite, « très joli jeune homme » avait rejoins ton cours de pâtisserie.

J'enchaîne sur cette information, qui fait monter davantage les couleurs à ses joues. Ce n'est pas anodin, je pense qu'il s'intéresse à ce garçon, même s'il n'ose pas encore se l'avouer.

– Il s'appelle Louis.

Surprise de l'entendre m'annoncer ça, je me redresse afin d'être mieux assise. Il joue avec le bout de mon pantalon, les lèvres pincées et le regard fixé sur mon tatouage à la cheville.

– Oh, donc tu connais déjà son prénom !

Harry soupire, il hausse les épaules puis tourne les yeux vers moi. Je reprends ma tasse pour boire une autre gorgée.

– Ce n'est pas... comme ça.

– Non ?

Il secoue la tête, mais je ne serais pas dire s'il est déçu ou même triste, son visage reste impossible à lire.

– On s'est à peine adressé la parole et on ne sait rien l'un sur l'autre.

– Justement, ce serait l'occasion, non ? Il m'a l'air sympathique.

Je tiens ma tasse entre mes mains, le liquide à l'intérieur réchauffe mes doigts. Harry prend plusieurs minutes à me répondre, et je lui laisse tout le temps dont il a besoin.

– Et, en ce moment, je n'ai pas vraiment envie de me lancer dans ça.

– Mais peut-être que ça te ferait du bien ? De faire des rencontres, même amicales ?

– J'ai déjà des amis.

Quand il lève la tête pour me regarder, je lui souris et repose directement ma table pour changer de position et venir contre lui. Il passe un bras autour de mes épaules puis m'enlace doucement. Son parfum à la vanille se mêle à l'odeur du café, des pâtisseries qu'il a passé la journée à faire.

– Tu sais ce que je veux dire, Harry. En dehors de Noé et moi.

Ma voix est plus faible, plus basse. Harry m'entend cependant, car il inspire. Très, très lentement. Je sens, sous ma joue, sa poitrine se lever et s'abaisser. Il me tient toujours dans ses bras, je crois qu'il en a besoin. De sentir qu'il n'est pas tout seul.

– Je ne sais pas si je suis prêt pour ça... pas encore.

Je sens l'émotion et l'incertitude dans sa voix, frêle, à peine un murmure. Brisée. Mon coeur se serre dans ma poitrine, je relève la tête pour le regarder. Il n'ose pas vraiment croiser mes yeux, je lui souris faiblement et passe mes bras autour de lui afin de mieux l'étreindre. Puis, je souffle ces mots à son oreille.

– D'accord, ne t'en fais pas Harry. Dans tous les cas, on sera toujours là pour toi. Tu peux compter sur nous.

Harry s'accroche à moi, ses mains tiennent mon pull. Je me mets à caresser le haut de son dos, et je crois qu'il est au bord des larmes, mais qu'il ne souhaite pas pleurer devant moi. Il respire doucement contre la peau de mon cou, et nous restons un long moment ainsi.

C'est Harry qui se sépare en premier, il me sourit d'abord, puis pose une de ses mains sur la mienne, qu'il serre ensuite entre ses doigts.

– Merci, merci beaucoup.

– Tu n'as pas à me remercier Harry, jamais.

Je presse sa main en retour puis prend la télécommande sur la table basse. Nous restons l'un contre l'autre, alors que je lance un épisode d'un programme de pâtisserie que nous aimons regarder tous les deux.

Yanel nous rejoint entre temps, elle vient se servir sa tisane habituelle du soir puis s'assoit à moitié sur mes genoux. Je passe un bras autour de sa taille, et elle tend l'assiette de biscuits à la cannelle à Harry qui en déguste un.

Vers vingt deux heures trente, Harry se redresse un peu dans la canapé et nous regarde tour à tour avant de nous sourire timidement.

– Je crois que je vais y aller, il se fait tard.

J'acquiesce, Yanel se lève de mes jambes et nous accompagnons Harry jusqu'à la porte. Il reprend sa veste ainsi que son sac où il a précieusement rangé le carnet avec nos idées pour l'anniversaire de Noé.

– Merci pour le repas.

– Merci d'être venu, et on se refait ça quand tu veux.

– La prochaine fois, je te fais goûter mes lasagnes à la butternut et au fromage de chèvre.

– Oh oui ! C'est une tuerie, tu vas adorer !

Son sourire s'étend sur ses lèvres, il nous dit qu'il a hâte. Je m'avance pour le serrer dans mes bras, pus brièvement que tout à l'heure. Yanel lui fait la bise tandis que je lui ouvre la porte.

– Bonne soirée.

– Rentre bien, fais attention à toi !

Il avance dans le couloir en hochant la tête, nous fait un petit signe de la main.

– A Lundi.

– A Lundi Harry !

Je le regarde se tourner et descendre les escaliers, puis disparaître après quelques secondes. Je ferme la porte à clefs, Yanel débarrasse la vaisselle sur table basse pendant que je refais le canapé. Nous éteignons tout pour aller nous mettre en pyjama et nous allonger dans le lit. Elle prend son roman sur la table basse, et moi mon carnet de dessin. Nos jambes sont entremelées sous la couverture, sa tête est posée sur mon épaule, ou mes cuisses, parfois mon ventre.

C'est notre routine du soir, chacune plongée dans son univers. La plupart du temps, je m'endors avant elle, et elle prend toujours soin de déplacer mes papiers et mes crayons sur la table basse puis d'éteindre la lumière.

– Tu ne trouves pas qu'Harry se comporte étrangement en ce moment ?

– Il n'avait pas l'air en pleine forme ce soir, c'est vrai.

Yanel me répond sans vraiment lever le nez de son livre, mais je sais qu'elle m'écoute. Mes doigts jouent avec les petites mèches de ses cheveux noirs qui s'échappent de son chignon. Je fixe mon papier en fronçant les sourcils et, de ma main libre, je porte le bout de mon crayon à ma bouche afin de le mordiller. Yanel lève les yeux vers moi, elle sourit doucement.

Sa main glisse sur ma joue et me ramène à moi, je porte mon attention sur son visage, proche du mien. Elle m'embrasse, c'est tendre et lent. Sa langue a le goût mentholé du dentifrice. Puis, quand on se détache, elle me tient la nuque.

– Ne t'en fais pas mon coeur, tu connais Harry non ? Il viendra t'en parler quand il se sentira prêt. S'il se rend compte que tu le pousses, il risque de se renfermer davantage sur lui-même. On a pas tous le même tempérament ou la même facilité à exprimer ses émotions.

– Mais, j'ai l'impression qu'il ne le fait pas, qu'il préfère tout enfouir en lui.

Ses sourcils se froncent, elle caresse la peau de ma nuque et secoue la tête.

– Non, je pense juste qu'il a une façon différent de montrer ses émotions. Et surtout, qu'il a besoin de temps pour les comprendre.

Je fais une moue triste, elle rit et m'embrasse le coin des lèvres avant de reprendre sa position initiale contre mon corps. Elle cherche la page de son roman en me disant :

– Mais tu te débrouilles très bien Li, il sait que tu es une vraie amie.

Un petit soupir m'échappe, je m'enfonce légèrement entre les coussins et embrasse le front de Yanel avant de reprendre mes dessins.

Au fond de moi, j'espère vraiment que c'est le cas. Qu'Harry sait qu'il n'est pas livré à lui même. Qu'il n'est pas tout seul.

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