37.
Trigger warnings : mention de drogue et d'abus sexuels.
Louis.
Mai.
Le soleil inonde le salon d'une lumière dorée, je suis levé depuis une petite demi-heure et j'ai eu le temps de passer sous la douche et préparer le petit déjeuner. Harry dort encore, certainement épuisé à cause du cauchemar qui l'a réveillé en panique au beau milieu de la nuit.
Mais cette fois c'est différent de la première, nous avons tous les deux retenus la leçon. Il ne m'a pas demandé de partir, il ne s'est pas enfermé dans la salle de bains. Au contraire, il m'a laissé le tenir dans mes bras, lui apporter du réconfort comme j'ai pu. Il est resté là à trembler et pleurer silencieusement jusqu'à tomber de sommeil, sa tête dans le creux de mon cou, le soufflet lent et lourd. Au moins, malgré les larmes, j'ai pu m'assurer qu'il ne lui arrive rien de mal. J'étais déjà assez angoissé la dernière fois à l'idée de devoir l'abandonner.
Je termine ma cigarette, appuyé contre le mur à l'entrée du petit balcon. L'air est doux, chaud, annonciateur de l'été. C'est le week-end, je prends mon temps, le monde se réveille à peine, pourtant il est presque dix heures. J'écrase la fin de mon mégot dans le cendrier, que Harry a placé sur la table spécialement pour moi, puis laisse un coin de la porte-fenêtre ouverte. L'odeur du café remplit la pièce, je me choisis un parfum de thé parmi tous ceux rangés dans un placard.
Des bruits de pas derrière moi me font redresser la tête tandis que je pose deux tasses sur le plan de travail, Harry entre en cuisine, le visage encore à moitié endormi. Il se frotte l'oeil du dos de la main, la trace de l'oreille est encore sur sa joue et je souris en m'avançant vers lui. Je passe mes doigts dans ses boucles en bataille, un léger soupir lui échappe lorsque je pose un baiser contre sa mâchoire.
– Hey, je murmure d'une voix douce, ça va ?
Il acquiesce légèrement, je décide de ne pas insister plus et glisse mon index sous son menton afin de poser un rapide baser sur ses lèvres rosées. Ensuite, je m'occupe de nous servir le petit déjeuner, je lui prépare son café comme il l'aime, pendant qu'il émerge encore de son sommeil. Il cache un bâillement derrière sa main, ça suffit à me faire craquer. Je pose les tartines grillées, nos tasses, et un verre de jus pomme chacun sur la table.
Harry me remercie d'une voix lente et rauque, le genre qu'il a tous les matins après le réveil, et j'apprécie tout particulièrement entendre ce timbre rocailleux. Il boit son café en silence, je remue ma cuillère dans ma tasse pour mélanger le thé et le sucre, puis étale de la confiture de fraise sur une tartine encore tiède. J'en propose une à Harry, mais il décline et attrape une banane dans le panier à fruits, il la pose à côté de son verre de jus.
– Est-ce que tu as envie de faire quelque chose en particulier aujourd'hui ?
Il secoue la tête, sa tasse encore entre ses doigts, et son regard fixé sur la table. Je comprends, sans grande hésitation, que son esprit est occupé ailleurs, même s'il m'écoute. Il est tracassé, préoccupé par autre chose.
Je laisse ma tartine de côté et porte ma tasse à mes lèvres, je prends une gorgée en l'observant. Le thé me brûle la langue. Comme il ne semble avoir d'idées à proposer, je lui demande :
– Peut-être que l'on pourrait aller se balader au parc comme il fait beau ? Ou même pousser jusqu'à la mer si tu veux ?
Harry pose sa tasse, je le vois ravaler sa salive, puis les muscles de sa mâchoire frémir. Il est perdu loin, ailleurs, dans le chaos de ses pensées. J'aimerais être capable de lui faire oublier ce qu'il a pu voir dans son cauchemar et qui le hante encore, même éveillé. J'aimerais lui apporter la lumière dont il a besoin pour avancer dans le noir.
– Louis... est-ce qu'on peut juste... rester ici, s'il te plaît ?
Sa voix est faible, ce n'est qu'un murmure, ses yeux n'ont toujours pas rencontré les miens.
Instinctivement, je descends de ma chaise et vient me placer devant lui. Je glisse mes doigts contre son genou, sur sa peau découverte. Il porte un short de pyjama, avec un sweat qu'il m'a emprunté. Je cherche son regard et lui souffle, un doux sourire sur les lèvres :
– Bien sûr, c'est tout aussi bien.
Un léger soupir sort de sa bouche, ses épaules s'affaissent comme s'il venait de relâcher une pression énorme. Il se penche, ferme les yeux et enfoui sa tête dans le creux de mon cou. Mes doigts se mettent à caresser son dos, à travers son haut, tandis que son souffle réchauffe ma peau. Je le serre contre moi, il se tient à mon corps, désespéramment.
– Tu as besoin de quelque chose ? Que je te fasse couler un bain ?
Je murmure ces mots contre son oreille, dans ses cheveux qui me chatouillent le bout du nez. Il se redresse, son regard ne se dérobe pas, j'y perçois toute la fatigue et la tristesse. Après s'être pincé les lèvres brièvement, il acquiesce.
– D'accord, je pose un baiser sur son front et dégage une mèche de devant ses yeux pour mieux le regarder, termine de manger tranquillement et je vais te préparer ça.
Avant que je ne parte ou même que je me détache de lui, Harry entoure ma taille de ses bras et m'enlace. Mais c'est plus fort encore que ça. Ses doigts s'accrochent à mon tee-shirt, je les sens presque contre ma peau. Sa tête trouve une place au creux de ma poitrine, il semble presque écouter mon coeur battre en dessous.
– Merci. Merci Louis.
Quand je me recule, je lui souris et passe mes doigts contre sa joue. Et pendant qu'il termine de déjeuner, je rejoins la salle de bains afin de faire couler l'eau. Je vérifie la température, puis mets un peu de savon pour qu'il y ait de la mousse parfumée à la lavande.
Harry me rejoint peu de temps après, une fois le bain remplit. Il se brosse les dents, j'attends qu'il termine pour prendre la parole.
– Voilà, je t'ai préparé une serviette aussi sur le côté, je pense qu'il y a tout ce qu'il faut. Tu veux peut-être que je te ramène des vêtements avant ?
Je le regarde jouer avec ses doigts, ils paraissent nus sans bagues et en même temps ses ongles sont habillés d'une jolie couleur menthe. Il baisse les yeux au sol et me demande tout bas :
– Reste.
Il me faut un instant pour comprendre, et surtout l'entendre. Je dois mettre un temps à répondre, parce qu'il relève timidement son visage vers moi, puis reformule sa phrase de manière plus claire.
– Reste avec moi.
J'acquiesce, la gorge nouée d'émotions qu'il ne me demande pas, cette fois, de le laisser. C'est out l'opposé. Il veut que je sois là. Ce n'est peut-être pas grand-chose aux yeux du monde entier, mais aux miens c'est un progrès immense. Je suis extrêmement fier de lui, de la façon dont il prend davantage confiance en lui, et en moi, chaque jour, pour me laisser faire un pas de plus dans sa vie.
Harry le sait, je lui ai déjà répété, il n'a pas besoin de changer, pour personne. Je suis tombé amoureux de lui, de sa personnalité, de son charme, sa timidité, son intelligence, sa douceur, son amour pour la pâtisserie, ses sourires discrets qui réveillent des sentiments grandioses à l'intérieur de ma poitrine. Je suis tombé amoureux du premier Harry que j'ai rencontré et je tombe amoureux de celui que je découvre de jour en jour.
Mais j'apprécie le fait que nos erreurs passées nous permettent d'en apprendre plus sur nous même et nous amènent à avancer ensemble, main dans la main.
Je lui souris et hoche la tête. Et en même temps je sens cette chaleur s'emparer de moi, parce que je me rends compte d'une chose qui m'a échappé jusqu'à maintenant. C'est la première fois que je vais voir le corps nu de Harry, ou du moins ce qu'il souhaitera me montrer en dehors des parties que je connais déjà, son cou, ses épaules ou ses jambes.
– Est-ce que tu pourrais juste te retourner... s'il te plaît ?
Un rougissement s'empare de mes joues, j'acquiesce plusieurs fois et me mets dos à lui. Je fixe le carrelage de la salle de bains, le souffle court. La dernière fois que j'ai été intime avec un autre homme remonte à un long moment, un peu après le décès de ma mère. Et je crois que cette perspective, de dépasser un jour le stade des baisers et des simples câlins, m'effraie et m'intimide autant que c'est le cas pour Harry.
Nous prenons juste le temps de nous découvrir, d'en apprendre l'un sur l'autre, à notre propre rythme. Parce que chaque relation est unique et spéciale à sa manière.
Derrière moi, j'entends rapidement l'eau remuer dans le bain. Puis, quelques secondes après, la voix de Harry.
– C'est bon.
Je me retourne, il est dans l'eau, sa tête et ses épaules dépassent de la surface mousseuse. Il a le visage tourné vers moi et me regarde, debout au milieu de la pièce, les bras ballants et incertain ce que je dois faire à présent.
C'est lui qui me guide, parce que parfois les rôles s'inversent, parce que nous sommes égaux.
– Viens...
Sa voix est lente, douce. Sans attendre, je m'avance et m'agenouille aux pieds de la baignoire, ma tête à la hauteur de la sienne. Il ne me lâche pas des yeux, je sens mon visage entier chauffer et virer au rouge.
Un silence passe, je pose mes bras sur le rebord et mon menton dessus, puis je le regarde. Je ne fais que ça, le regarde, et je sais déjà depuis longtemps que c'est une chose dont je ne pourrai jamais me lasser.
Au bout d'un moment, il prononce quelques mots qui résonnent longtemps dans la pièce.
– J'ai l'habitude des cauchemars.
Harry fixe l'eau mousseuse, elle ne bouge plus car il ne fait aucun mouvement, c'est à peine s'il respire en réalité. Son visage est tendu, je devine que tout le reste de son corps immergé doit l'être aussi. Sa voix est grave, pleine d'un poids que je ne peux même pas imaginer, des mots qu'il ne m'a pas encore avoué.
Je le regarde, silencieux, comme en apesanteur, suspendu dans le temps. Rien ne compte à part lui. Il passe sa langue entre ses lèvres et reprend, tandis que je l'écoute avec toute mon attention.
– Ils se sont calmés depuis un moment, j'en fais moins souvent. Mais avant, c'était régulier, presque toutes les nuits et... et ça a duré pendant des années... j'ai toujours eu du mal à... à gérer ça et a retrouver le sommeil ensuite, c'est... c'est à cause d'eux que j'ai peur du noir.
Il semble s'ouvrir un minimum, je garde le silence et lui laisse le temps de trouver les mots, la bonne manière d'exprimer ce qu'il a besoin d'extérioriser. Je redresse la tête de mon bras afin de mieux le voir, son regard à lui est toujours fixé sur l'eau. Pendant un long moment. Il est perdu dans ses pensées et moi, bien que mille questions me viennent en tête et que l'angoisse m'assaille, je ne dis rien, parce qu'il n'a pas terminé de parler.
Au bout de plusieurs minutes, qui paraissent interminables, il redresse la tête dans ma direction, le vert de ses yeux est mouillé, il est au bord des larmes, je ne sais pas pour quelle raison et ça me tue. Ça me tue de me sentir aussi impuissant. Ça me tue qu'il souffre autant, depuis des années.
– Tu te souviens, quand nous sommes allés à la mer ?
J'acquiesce, avec un léger sourire, parce que s'il y a bien un endroit et un moment de ma vie que je ne pourrai jamais oublier c'est celui-ci. Je n'ai même pas besoin de carte postale pour m'en souvenir, toutes les images sont gravées dans ma tête à jamais.
L'océan, l'exposition, les sourires, les crêpes, les vagues, la neige, le sable, la falaise, le baiser, le vent marin, la tornade dans mon ventre, le goût du sel sur le bord des lèvres, les larmes, le premier réveil à ses côtés, nos mains liées, Harry,
Harry partout et tout le temps.
Il détourne à nouveau la tête, je le regarde prendre une légère respiration, comme s'il craignait de faire du bruit. Moi, tout ce que je voudrais, c'est entendre sa voix et son rire chaque jour jusqu'à la fin de mon existe, même quelques secondes, ça suffirait à me rendre heureux. Mais secrètement, je rêve de danser au milieu de ses sons, de ses mots timides et lents, chaque syllabe qu'il prend le temps de prononcer, et le chant mélodieux de son rire qui n'est rien d'autre que la plus belle des musiques à mes oreilles.
– Durant plusieurs années, c'était... c'était vraiment l'enfer chez moi, et je... dès que je pouvais je... je prétextais que j'allais chez des amis et j'allais là-bas.... j'y passais toute la journée, je partais aussi tard que possible parce que... parce que je ne voulais pas rentrer. La mer me procurait une sensation de liberté, j'avais l'impression de respirer pendant quelques heures au moins... d'être loin de tout... d'eux, de moi-même... Ça me donnait l'illusion que cette vie là n'existait pas...
Je sens toute la tristesse accumulée dans sa voix. Elle est frêle, lointaine et tremblante. Celle d'un petit garçon apeuré qui voulait fuir le monde entier et se créer une nouvelle histoire, plus belle, plus légère, plus colorée.
– J'ai fait ça plusieurs fois... je mangeais un truc chaud dans des cafés ou je... je prenais un sandwich sur la plage, mais... mais au bout d'un moment je n'avais plus les moyens, je... je ne pouvais plus me payer l'essence ou le bus alors je... j'ai cessé de venir... parce que j'avais perdu le goût de tout... même me rendre là-bas ne me suffisait plus à combler le vide et...
Les paroles ont du mal à sortir de sa bouche, il ferme les yeux, je glisse mes doigts dans ses boucles. Pour lui dire que je suis là, que je l'écoute, qu'il peut compter sur moi.
Il en a besoin. Il a besoin de raconter. Malgré les premières larmes qui commencent à rouler sur ses joues, malgré sa difficulté à mettre des mots dessus, malgré l'émotion qui lui prend à la gorge et lui coupe le souffle. Malgré cette envie pressante que j'ai de tout envoyer valser pour l'attirer dans mes bras et l'enlacer de toutes mes forces, faire barrière entre lui et le reste du monde.
– Le pire... le pire c'est que si j'avais disparu, mes parents, tu sais ils... ils n'auraient rien remarqué... ils n'auraient même pas cherché après moi... je crois même qu'ils auraient été plus heureux ainsi...
Moi aussi, à mon tour, je sens les larmes s'accumuler au bord de mes yeux. Je ne regarde que lui, il n'y a plus que ça qui compte, sa voix, son visage, cette part de lui qui se décide à me raconter. Il me fait assez confiance pour me la confier, et ça me touche.
Mais ce qui m'atteint le plus, c'est tout ce qu'il ne montre pas. Cette facette cachée dont il ne me dévoile qu'un fragment aujourd'hui. Il détient en lui bien plus de peur et de tristesse que je ne pouvais l'imaginer. Et je me sens tellement bête de n'avoir rien vu avant.
Ou peut-être est-il bien trop doué pour dissimuler sa peine, peut-être qu'il a réellement pris l'habitude de ne rien montrer.
Je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable quand même.
– Harry...
Je souffle son prénom, dans un murmure porté par le silence, qui se perd entre les murs de la salle de bains. Il renifle et passe le dos de sa main contre sa joue afin de sécher ses larmes. Je lui laisse le temps de reprendre ses esprits, même si je ne pense pas que ce soit quelque chose dont on puisse se remettre un jour.
– Toi tu... tu as tous ces souvenirs joyeux avec ta famille, tout ce que tu m'as raconté déjà et moi je... je...
– C'est de ma faute, je suis désolé, je n'aurais pas dû te parler de tout ça.
La honte me tord le ventre. Une larme m'échappe, Harry tourne la tête vers moi et la secoue vivement. Lui aussi, est en train de pleurer.
– Non... non, tu ne pouvais pas savoir... je ne t'ai jamais rien dit.
Je hausse les épaules, la gorge nouée d'un sanglot qui est ne demande qu'à sortir. Il pose un instant sa joue contre mon bras, toujours sur le rebord de la baignoire. Sa peau est chaude, je joue avec ses cheveux, j'ai besoin de le toucher, il a besoin de me sentir, c'est comme ça. Nous partageons notre chagrin.
– J'aurais tout donné pour avoir ça, cette chance, moi aussi...
C'est encore un murmure, mes doigts glissent de ses boucles tandis qu'il redresse la tête et se remet en position droite, assise, dans la baignoire. L'eau bouge un peu, éclabousse les bords, j'ai peut-être un peu trop rempli la cuve. A tout moment, elle peut déborder, mais ce n'est rien nos émotions aussi.
Je sais que c'est la vérité, je le sens dans la façon dont la fin de sa phrase se brise, dans le désespoir au fond de sa voix, étouffé derrière une couche de sanglots.
– Mais mes parents.... Ils ne sont pas comme les tiens. Je n'ai connu que la peur, les larmes et la solitude... l'abandon... le néant... il n'y avait que ça... un trou immense sous mes pieds, et je... je passais des années à courir sur un bout de ficelle à attendre le moment où je tomberais dans le vide...
Ses mots me broient le coeur, me retournent le ventre. Je ne sais même pas si j'aurais été capable d'endurer autant de souffrances comme il a su le faire. C'est un signe indéniable de courage et je ne l'ai jamais autant admiré qu'à cet instant même. Les larmes salées sur ses joues, la poitrine ouverte, il me raconte ses blessures les plus douloureuses, ses failles les plus marquantes, il me les montre, en plein jour.
– Ils ne voulaient pas de moi, ils n'ont jamais voulu d'un enfant mais... mais c'était trop tard pour avorter, et... j'ai juste été un fardeau à leurs yeux. Rien d'autre...
J'imagine le Harry enfant, apeuré et abandonné à lui même, cette pensée me fait monter une vague de larmes aux yeux.
– Je ne pourrais jamais te présenter ma famille, Louis... parce que j'en ai pas. Je ne... ce ne sont pas mes parents, tu comprends ?
Il tourne son visage vers moi, et j'acquiesce. Mon pouce passe contre sa joue humide de larmes, mais je ne les essuie pas, je les laisse couler, se libérer. Il appuie sa peau contre la mienne, cherche mon contact, je lui donne tout ce que j'ai à lui offrir et tellement plus encore. Je lui cède tout ce qu'il veut de moi en échange de son sourire.
Juste ça. J'irais remuer ciel et terre, montagne et océan, sable et boue, désert et neige, soleil et pluie, déchaîner tous les plus grands orages, secouer toutes les tempêtes, braver tous les tsunamis rien que pour faire son bonheur.
– Ce n'est rien, c'est toi qui compte, je lui souffle doucement. Et tu te souviens de ce que Lili a dit ? C'est nous ta famille maintenant, tes amis et moi. Ça ne s'arrête et ne se définie pas aux liens du sang, il existe bien plus puissant que ça, les personnes avec lesquelles tu décides de t'entourer.
A cet instant, il me regarde dans les yeux et j'y lis toute la douleur du monde. J'aurais aimé à la faire disparaître d'un baiser, d'un geste aussi simple qu'une caresse. Mais on ne guérit pas de longues années de souffrance aussi facilement, je ne sais même pas si on en revient indemne un jour.
Harry renifle, une larme descend le long de sa mâchoire, son cou et termine sa course en rejoignant ses sœurs dans l'eau du bain, perdue au milieu d'un océan de gouttes. Seules, elles sont fragiles, mais ensemble, quand elles unissent leur puissance, elles peuvent faire trembler le monde entier. C'est pour cette raison que pleurer n'est pas un signe de faiblesse, au contraire, c'est la plus grande des forces.
– Je sais, mais... Quand même... ils étaient censés m'aimer un petit peu, non ? C'est le rôle des parents... c'est... c'est à peine s'ils me nourrissait, parfois je... j'avais un seul repas par jour, parce qu'ils ne me faisaient pas passer en priorité.
Malgré tout, je ne peux pas dire que je comprends ce que Harry ressent, parce que c'est inconcevable à mes yeux que des personnes aussi proches de nous puissent détruire nos vies d'une telle manière, sans aucun remord.
– Ils ne m'ont jamais considéré comme leur fils non plus alors ce n'est pas si grave je suppose... ? Au moins, c'est réciproque, un rire jaune sort de sa bouche, c'est douloureux. Et si je n'en parle jamais c'est pour ça... parce que je veux les oublier, eux et tout... tout ce qu'ils m'ont fait subir pendant de longues années.
Si moi je ne peux pas m'imaginer vivre sans ma famille, Harry aurait tout fait pour les effacer de sa mémoire. Pour recommencer son histoire à zéro, autre part, loin d'eux et des souvenirs qui s'accrochent à sa peau.
Mais le passé ne s'efface pas, ne peut pas être refait, il est simplement possible de construire un futur différent, meilleur.
– Mon père est en prison....
J'ouvre un peu plus grand mes yeux, sous le coup de la surprise. Je comprends que les cauchemars et l'ignorance de ses parents n'est que la partie visible de l'iceberg qui l'a percuté, qu'en dessous de la surface glaciale de l'eau se trouve une histoire bien plus sombre.
Son regard se voile d'une émotion grave, quelque chose s'éteint dans ses pupilles. Il baisse les yeux, sans pour autant détourner le visage. Je ne dis rien.
– Il vendait de la drogue, toute sorte, il en consommait aussi... il en donnait à ma mère et il m'a plusieurs fois encouragé à en prendre, mais je ne voulais pas toucher à ça et... il est vite devenu violent, il levait parfois la main sur ma mère mais jamais... jamais au point de la blesser, seulement pour lui faire peur, et moi aussi. Il... il devenait parano parfois, il veillait à ce que tout son stock soit rangé et caché, parce que c'était... c'était dangereux... Mais... c'est pas ça le pire... il...
Harry s'arrête pour reprendre sa respiration. Il inspire et expire plusieurs fois, comme je lui ai montré lorsqu'il se réveille en panique d'un cauchemar. Je plonge ma main sous l'eau chaude du bain pour venir chercher la sienne et la serrer, lui montrer que je suis toujours là, qu'il ne craint rien. Pas avec moi.
Il lui faut plusieurs minutes. Le temps de reprendre ses esprits, de calmer son souffle et trouver ses mots, des mots assez forts pour exprimer ce qu'il s'apprête à me confier.
– Il m'a fait du mal aussi, il m'a atteint et détruit d'une autre manière...
Avant même qu'il ne me le dise, j'ai compris.
J'ai saisis la gravité de la situation. La réalité déferle d'un coup sur moi, une vague immense qui m'engloutit et m'emporte. Je cède aux larmes, à un sanglot qui m'arrache la gorge, et qui pourtant reste silencieux.
Mais à l'intérieur de moi, tout se met à hurler.
– C'est ça que je vois dans mes cauchemars, Louis... c'est ça, c'est lui que j'avais vu la première fois que j'en ai fait avec toi... quand je me suis enfermé dans la salle de bains ensuite, je... j'avais l'impression d'entendre sa voix... je me suis... Je me suis juste écroulé au sol et j'ai vomi toutes mes larmes, je me sentais misérable et... j'avais peur. C'est lui, toujours lui... toujours ce souvenirs qui me hante, quand il... se glisse dans mon lit, qu'il me... qui me murmure des choses à l'oreille et me demande de ne pas bouger et de rester silencieux et... Et de ne jamais en parler à personne... ses mains froides et dures sur mon corps et... et...
Sa voix s'étrangle dans un sanglot douloureux, un son qui brise toutes les parcelles de mon être. Il détourne le visage et l'enfouie dans sa main libre, son dos nu courbé, presque recroquevillé sur lui-même. Je serre davantage ses doigts entre les miens, je ne le lâche pas. Je le tiens.
– Harry... c'est ok, je suis là. Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'en as pas envie, si c'est trop douloureux pour toi...
Son corps est secoué par des tremblements incontrôlés, des sortes de spasmes, il s'accroche à ma main pour ne pas sombrer dans l'eau et je fais en sorte de le maintenir à la surface. Même si cette vue me brise le coeur et que je me rends compte que je ne peux rien faire pour le sauver de ses propres démons.
Un long silence passe, entrecoupé par nos reniflements et nos souffles irréguliers. Puis, Harry se redresse doucement, afin de me regarder. Mes joues sont humides de larmes et j'en sens toujours qui coulent, d'autres qui nagent à la lisère de mes paupières.
– Je me suis... je me suis enfermé dans le silence et la solitude pendant des années car j'avais peur... j'étais effrayé de lui, de ce qui pourrait encore me faire... même s'il m'avait déjà sali et brisé corps et âme... et c'est... tu te souviens, un jour... quand tu t'es blessé, tu m'as demandé si ma cicatrice sur mon poignet était dû à la pâtisserie ?
Là aussi, je comprends. J'ai envie de me gifler moi même tant je me sens stupide, en colère. Comment ai-je pu être aussi aveugle et ignorant ? Sur le moment, je me souviens parfaitement avoir pris cela comme une blague entre nous, mais ça n'en a jamais été une. Pour Harry, c'était la pire des souffrances et moi je m'en suis amusé.
– J'ai essayé de me faire du mal deux fois... ça n'a rien changé, au fond il y avait toujours cette douleur en moi... mais je... je déteste les regarder parce que... elles me rappellent sans cesse que je voulais juste en finir... tout oublier... que je n'étais pas assez pour... pour tout.
Il baisse les yeux et je me déteste à un point inimaginable. Harry doit sentir cette rage qui bouillonne en moi, car il serre à son tour ses doigts autour des miens. Comme si c'était moi qui avait besoin d'être rassuré.
– Harry... je... je suis désolé, je... je me sens tellement bête et...
– Tu ne pouvais pas savoir, il m'interrompt, ça arrive de faire des erreurs, tu le dis tout le temps... ce n'est pas de te faute... Mais c'est pour ça que je porte toujours des manches longues, je veux les cacher. Même si ça n'efface pas ce que... ce qu'il m'a fait...
J'essuie férocement les larmes sur mes joues, je ne me sens plus digne de les avoir. Harry passe son pouce sur le dos de ma main, sous l'eau, son contact a le don de me calmer, ne serait-ce qu'un petit peu.
Les larmes perlent aux coins de ses yeux, leur expression est vide, toutes les lumières se sont éteintes. Aujourd'hui, il me raconte son cauchemar et les années qu'il a passé à chercher un moyen de s'en sortir, de s'échapper dans le noir.
– Un jour, il... il s'est fait coincé, parce qu'il... il faisait ça avec d'autres enfants, et il... il en a tué un. Depuis, il est derrière les barreaux. Il croyait que... il croyait que c'était moi qui avait déposé plainte.
J'inspire, le coeur lourd, en travers de ma gorge serrée. Harry baisse le visage, les lèvres pincées, un peu tremblantes aussi.
– Tu ne l'as pas fait ?
Il secoue lentement la tête, il ne s'entend pas sur le sujet, je n'insiste pas non plus. C'est sa décision et je la respecte. Même si son père aurait mérité les pires souffrances. Mais je crois que Harry préfère enterrer cette histoire et ne plus avoir à affronter ses deux parents pour le reste de sa vie. Ils lui ont déjà bien assez gâché son existence ainsi.
Je sors sa main de l'eau, doucement, afin de pouvoir poser un baiser sur le dos de celle-ci. Sa peau a un goût savonneux, mais je n'y tiens pas rigueur. Je veux juste lui montrer que je suis encore là et que je le supporte.
Un souffle fébrile sort de sa bouche, il laisse échapper d'autres larmes, elles semblent être sans fin. Je ne peux pas imaginer une seule seconde tout ce qui se passe dans sa tête quand il me raconte cela, toutes les parties brisées de son être qu'il a dû maintenir ensemble, tant bien que mal, pendant tout ce temps.
– Et ta mère ?
Je pose la question après plusieurs minutes de silence. Il ne remet pas nos mains sous l'eau, il les pose sur son genou et observe nos doigts liés.
– Elle est en hôpital psychiatrique, il répond faiblement, elle a perdu la tête avec toute la drogue qu'elle a consommé durant des années. Je... elle n'a jamais rien fait pour moi, elle savait... elle savait tout ce qu'il me faisait subir et elle s'est contenté de détourner le regard, de rester silencieuse elle aussi... elle n'a... elle ne prenait pas ça au sérieux, je crois que... la drogue lui a bousillé le cerveau... certains jours, elle ne me reconnaissait même plus... c'est à peine si elle savait se lever et parler... mais elle avait conscience, elle le taisait, simplement... peut-être qu'elle avait peur de lui, peut-être aussi qu'elle s'en fichait de ce qui m'arrivait... je n'étais rien à ses yeux...
Ce qui fait d'elle une complice, un être autant coupable que son conjoint, et sa démence lui certainement évité la prison. Je me dis que c'est tellement injuste, qu'une personne aussi aimante et délicate et humaine que Harry se soit retrouvé emportée dans cette vie si misérable. Au point qu'il ait eu envie de la quitter.
– Je... je suis allée la voir deux ou trois fois depuis qu'elle y est, quand... quand elle a demandé après moi, que c'était urgent, apparemment... mais je suis incapable de la regarder, et de... c'est juste une inconnue pour moi.
– C'est normal, Harry. Tu n'as pas à t'en vouloir, pas après tout ce que tu as subi. Des parents ne devraient jamais se comporter ainsi. Tes sentiments sons tout à fait légitimes.
Je crois que c'est ce qu'il a besoin d'entendre, parce qu'il inspire fort, si fort qu'il en fait trembler sa poitrine, tandis qu'une larme coule le long de sa joue. Son visage est pâle, son regard éteint, il a perdu toutes ses couleurs.
Le Harry que je découvre aujourd'hui est celui qui est resté enfermé dans le noir trop longtemps et qui s'est habitué à vivre dans un monde sans lumière.
– Je... je me suis retrouvé à vivre seul dans cette maison pendant longtemps, mais j'étais... j'étais hanté par les souvenirs, je croyais sentir la présence de mon père la nuit et... je faisais des nuits blanches, j'allumais toutes les lumières, je... je devais partir. Je faisais en sorte de... d'y passer le moins de temps possible, je restais tard au travail. Puis... quand c'est devenu insupportable, Olivia m'a hébergé... Et aujourd'hui... j'ai vendu la maison et...
– Et tu as ton appartement, je réponds à sa place quand il est incapable de continuer, tu t'en es sorti. Tu as gagné, c'est fini. Tu es la personne la plus forte et courageuse que j'ai rencontré, Harry. Et tu sais quoi ?
Je passe mes doigts libres contre sa joue, humide, il renifle, les yeux rougies par les larmes et le visage tiré de fatigue. Et pourtant, la victoire lui appartient. Il s'est battu et aujourd'hui il se tient debout face aux vagues les plus puissantes, parce que plus rien ne peut le faire chavirer maintenant.
– Je suis incroyablement fier de toi, tu ne peux pas savoir à quel point.
Il cligne des paupières, je me penche afin de poser un baiser sur son front. Mes lèvres s'attardent contre sa peau, une caresse tendre, un frôlement qui fait naître des frissons sur ses bras.
Quand je me recule, je me suis un peu redressé sur mes genoux afin de mieux le regarder. Et je lui dis, mes yeux ancrés dans les siens :
– Tu es extraordinaire, je sais que je te le dis souvent, mais ce ne sont jamais des paroles en l'air, je le pense réellement. Je t'admire, je t'admire du plus profond de mon être. J'aimerais te ressembler, avoir ton courage. Et je... Je suis désolé de tout ce qui t'es arrivé... j'aurais aimé être là, à cette époque, et t'aider.
– Tu n'aurais pas pu faire grand-chose, Louis... personne ne savait.
Il me répond dans un murmure, mais je sais que ça compte pour lui. Je vois cette petite étincelle, à peine une lueur vacillante, fragile, qui brille au fond de sa pupille.
– Mais j'aurais voulu te donner de l'espoir, te tenir la main dans le noir, quand tu avais peur, sécher tes larmes, faire disparaître la douleur, au moins un temps.
– C'est ce que tu fais maintenant.
– Et je ne te lâcherais pas, je te le promets.
Harry me regarde un long moment sans rien dire, ses yeux semblent mettre mon âme à nue et je lui laisse tout voir de moi, à quel point je suis sincère.
Puis, il me tend sa main, son petit doigt, levé entre nos visages. Mon coeur se serre à l'intérieur de ma poitrine, un sourire se dessine sur mes lèvres et je déplie à mon tour mon auriculaire afin de le lier au sien.
Notre promesse.
– Je te remercie d'avoir décidé de partager ça avec moi, ça me touche au plus haut point.
Même si au fond, j'aurais préféré qu'il n'ait jamais une telle histoire à me raconter. Mais maintenant que je connais ses peurs et son passé, je peux mieux les appréhender et l'aider à gérer quand ça ne va pas.
Parce qu'il y aura encore des bas, il y aura encore des cauchemars, des pleurs, des sanglots, des frayeurs. Ce sont des émotions qui nous collent à la peau, à Harry plus encore, mais il n'a plus à souffrir en silence, il n'a plus à supporter le poids de sa douleur seul.
Je serai là pour le tenir dans mes bras aussi bien quand il se sentira de bonne humeur que lorsqu'il aura envie de se laisser aller au chagrin. Je lui en fais la promesse et je suis un homme de parole.
– Je te fais confiance, Louis.
Harry me répond ça, comme une évidence. Je lui souris, à travers les larmes qui habillent mon regard. Je sais qu'il pense, lui aussi, chacun de ses mots.
– Oui, je te remercie, je passe mes doigts le long de sa joue en le regardant dans les yeux. Et moi je te fais confiance, moi aussi.
Il acquiesce et pose son front contre le mien. Je ferme les yeux, inspire une fois, son odeur, mêlée au parfum de la lavande du bain. Mes doigts retrouvent le chemin de ses cheveux, il noue nos doigts davantage ensemble.
Je laisse mes larmes couler sur mes joues tandis qu'il m'embrasse, un baiser lent et désespéré, ses lèvres ont un goût salé, ou c'est peut-être les miennes, je ne sais pas trop. Mais je tremble, je tremble d'amour contre sa bouche qui m'apporte un souffle que je retenais depuis le début de son récit.
Mon coeur bat la chamade, tape à l'intérieur de ma poitrine tandis que nos lèvres s'aiment désespéramment, comme s'il n'y avait pas de lendemain. Ses mains mouillées s'accrochent à ma nuque, l'eau qui déborde trempe mon pantalon mais je n'y porte même pas attention. Une seule chose compte à cet instant, Harry. Harry qui m'embrasse à m'en faire oublier ma propre existence.
Quand on se détache, en restant encore collés l'un à l'autre, seule la baignoire nous sépare. Son souffle est aussi rapide et lourd que le mien. Nous restons agrippés l'un à l'autre, parce que c'est notre façon de nous montrer que nous nous abandonnons pas, que le futur nous appartient et que nous nous battrons pour qu'il soit meilleur que le passé.
Harry pose un baiser plus court et léger sur mes lèvres, entrouvertes, il me remercie plusieurs fois dans un murmure d'être là, de l'avoir écouté, de l'avoir soutenu, d'être resté. Mes doigts retracent les larmes encore présentes sur ses joues humides, j'apprends chaque partie de son visage, je découvre un nouveau détail que j'apprécie et ça n'aura jamais de fin, cet amour que je ressens et qui m'anime la poitrine.
Mon coeur se serre, je l'écoute, battre à une cadence infernale et résonner dans tout mon corps, pulser sous ma peau. Je l'écoute me dire que c'est le bon moment.
La gorge nouée par les différentes émotions qui me secouent encore et les sanglots qui menacent de s'échapper, je prends la parole.
Et je les prononce enfin, ces deux mots.
Qui contiennent, à mes yeux, tous ceux du monde.
Qui me brûlent les lèvres depuis des semaines.
Qui m'assurent que j'ai fait le meilleur choix.
Que je suis sur le chemin du bonheur.
– Je t'aime, Harry.
A mon tour, je murmure à peine cette phrase, mais elle résonne longtemps dans la pièce silencieuse. Elle rebondit entre leurs murs, se mêle en échos à toutes les autres paroles que nous avons pu prononcés avant. Ma gorge s'assèche, parce que lui comme moi savons que ce ne sont pas des mots anodins.
J'ouvre les yeux, Harry se recule, les siens sont immenses et d'un vert si pigmenté que j'en perds la notion de toutes les autres couleurs. Une larme dévale le long de sa joue, je ne sais pas si c'est encore la tristesse qui le ronge, l'accumulation de tout ce dont il vient de me parler ou bien mes aveux, mais je saisis ses mains et je plonge mon regard dans le sien, pour qu'il comprenne que ce qui sort de ma bouche n'est que la vérité.
– Tu n'es pas obligé de me répondre, je veux juste... je voulais que tu le saches, je t'aime, je t'aime depuis bien trop longtemps et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureux. Tu mérites toutes les plus belles choses du monde. Et tant que tu voudras de moi dans ta vie, je donnerai tout pour que la tienne soit meilleure.
Au lieu de me répondre, Harry me serre dans ses bras, d'une force qui m'était encore inconnue et qui me coupe le souffle. C'est sa manière à lui de me dire qu'il m'aime, lui aussi. C'est une étreinte qui a l'effet d'une immense vague d'amour qui déferle sur moi et m'emmène dans une mer plus calme.
Avec tout ce qu'il vient de me révéler sur son histoire, sur son passé, j'ai compris que Harry a peur depuis des années, qu'il pleure en silence, que ces souffrances lui rongent les os et que seule la lumière lui apporte du réconfort dans le noir complet de sa vie.
Et j'ai décidé que moi, je voulais lui apporter toute la lumière de l'univers pour qu'il puisse voir le monde en couleurs. Il est temps que ses étoiles de son ciel se mettent à briller, elles aussi.
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