30.

Louis.

Le cours de pâtisserie vient de se terminer, je retire mon tablier et le plie avant de le poser sur le plan de travail. Tout le monde se souhaite une bonne soirée, le sourire aux lèvres d'avoir préparé de délicieux brownies au chocolat praline. Je discute un petit moment avec Quentin, puis rejoint Harry qui range silencieusement les premiers ustensiles. En passant à côté de lui, je glisse une main sur sa hanche et lui demande :

– Je peux rester pour t'aider à ranger si tu veux ?

Je vois dans son regard qu'il s'apprête à protester, mais il n'en a pas le temps parce qu'une voix familière nous interrompt tous les deux. Léonie s'arrête devant nous, de l'autre côté de la table. Je recule ma main qui était encore posée sur la taille de Harry, car je ne sais pas à quel point il est à l'aise avec les démonstrations physiques devant les autres personnes.

Cela fait à peine deux semaines depuis que nous nous embrassés en haut de cette falaise, et même si j'y pense tous les jours, je me demande aussi ce que ça signifie maintenant, ce que ça implique entre nous, si notre relation a prit un nouveau tournant, ce que je souhaite par dessus tout. Mais je ne veux mettre aucune pression à Harry, nous n'en avons pas encore discutés. Nous prenons notre temps pour nous découvrir avant de poser des mots concrets sur ce que nous sommes, et c'est aussi parfait ainsi.

– Avant de partir, je souhaitais vous inviter tous les deux à venir prendre le thé chez moi. Disons, Dimanche après-midi, à 15h si ça vous va ?

Un sourire se dessine sur mes lèvres, je tourne la tête vers Harry qui affiche le même air bienheureux que moi. Nous échangeons un regard, je hausse un sourcil dans sa direction, il pose ensuite les yeux sur Léonie qui attend notre réponse.

– C'est parfait, merci beaucoup. Il faut ramener quelque chose ?

– Génial ! Un sourire lumineux éclaire son visage. Et non, je me charge de tout. De toute façon, ce ne sera que nous trois. Ça fait un bon moment qu'on se connaît et je voulais trouver une occasion de te remercier pour tout ce que tu nous apportes chaque semaine dans ton cours.

Mon regard se pose à nouveau sur Harry, dont le sourire est devenu timide. Il la remercie, d'une voix plus basse, tandis que ses joues se colorent de rose. J'ai la soudaine envie d'embrasser l'entièreté de son visage, ses fossettes, le bout de son nez et ses paupières.

Il ne se rend pas compte à quel point ses cours nous apporte bien plus que l'apprentissage de recettes. C'est toujours un moment de convivialité et de partage, un moyen de créer du lien social, de rencontrer des personnes d'âges et d'horizons différents. Et moi, ça me rend vraiment fier de lui, de tout ce qu'il accompli. Je sais qu'il ira loin dans la vie, que son chemin vers le succès est tout tracé.

La voix de Léonie me ramène sur terre, je cligne des paupières en détachant mes yeux du visage de Harry. Si je sens mon coeur cogner sous la peau de ma poitrine, c'est parce que j'ai envie de lui dire à quel point il est merveilleux, la force avec laquelle il me rend heureux.

– Et Louis, non seulement je voulais faire plus ample connaissance avec toi, mais comme je sais que vous êtes inséparables tous les deux, et que Harry semble plus à l'aise en ta présence, elle nous fait un petit clin d'oeil qui me fait rire, je me suis dit que j'allais t'inviter aussi.

– J'en suis ravi, merci Léonie.

Je lui réponds avec un sourire chaleureux qu'elle me rend sans hésiter, elle nous salue alors et nous note son adresse sur un petit bout de papier qu'elle confie à Harry. Quand elle s'en va, il ne reste plus que nous deux. Je me charge de ramener tous les tabliers en cuisine, ainsi que la vaisselle sale, Harry entame la vaisselle, je viens tout lui apporter puis lui donner un coup de main.

Ensuite nous allons remettre les tables en place dans la salle, il m'emmène avec lui nourrir les chats, j'en caresse quelques uns mais ils sont obnubilés par leur repas. C'est flagrant que Harry a l'habitude de s'occuper et de prendre soin d'eux. J'aime tout particulièrement cette douceur sans limite qui émane de lui.

Je caresse le crâne d'un chat roux du bout des doigts quand Harry se met à parler. Nous sommes encore tous les deux accroupis.

– Est-ce que...

Il s'interrompt, je tourne la tête vers lui, il est en train de verser de la pâté dans un deuxième bol. Il évite soigneusement son regard, et je crois qu'il est un peu gêné. Je ne dis rien, je lui laisse le temps de trouver ses mots.

– Olivia n'est pas là ce soir... je me suis dit qu'on pourrait passer la soirée ensemble, regarder un film ou peu importe et manger des tortillas. Si ça te dit ?

Le sourire qui étire mes lèvres me fait presque mal aux joues tant il est immense. Il n'ose toujours pas me regarder, c'est pour ça que je glisse délicatement mes doigts sous son menton afin que nos visages soient face à face. Le vert de ses yeux est très clair, presque transparent.

– Rien ne me ferait plus plaisir, Harry.

Et après avoir susurré ces mots, je l'embrasse avec toute la tendresse que je possède, toute celle qu'il mérite. Il soupire contre mes lèvres, je crois que c'est de soulagement. Quand je me recule, mes doigts remontent contre sa joue. Il me sourit, et c'est tout ce dont j'ai besoin.

Pour terminer, nous allons fermer les portes et les volets, Harry vérifie tout plusieurs fois. J'envoie un message entre temps à Zayn pour le prévenir que je rentrerai certainement tard, donc qu'il ne doit pas m'attendre pour dîner.

Nous montons à l'appartement au-dessus du salon de thé. Le chat noir que j'ai déjà vu quelques mois saute du canapé pour venir se faufiler entre les jambes de Harry en miaulant. Je souris en le regardant se pencher, après avoir fermé la porte à clefs, pour lui caresser le dos et le dessus du crâne. Ça, c'est exactement le genre de scène auxquelles je pourrais m'habituer.

Harry va ensuite allumer la télévision, il laisse une chaîne au hasard et nous allons préparer le dîner. Il me montre et m'explique comment préparer une tortilla. Nous en faisons deux petites, et une salade verte à côté. Je mets la table pendant qu'il surveille la cuisson et se charge de l'assaisonnement.

Je nous sers du vin et il ramène le plat. Rien que la vue me met l'eau à la bouche. Nous commençons à manger avec le bruit en fond de la télévision, c'est agréable, reposant. Harry me demande si j'aime ma tortilla, j'acquiesce vivement, parce que j'ai la bouche pleine, il me sourit et glisse timidement ses doigts qui ne tiennent pas sa fourchette contre les miens.

– Au fait, tu ne m'as jamais expliqué... tu vis ici avec Olivia alors ?

C'est après avoir avalé ma bouchée que je lui pose la question. Je me souviens d'une fois où je suis venu ici, quand je me suis ouvert la main, et qu'il m'a dit que ce n'était pas vraiment chez lui.

Il pose sa fourchette pour me regarder, mais il garde sa main sur la mienne.

– C'est temporaire, je cherche un appartement.

J'acquiesce, il baisse les yeux vers son assiette à moitié vide, ses sourcils se froncent légèrement et je n'ai pas besoin de plus pour comprendre que c'est un sujet difficile à aborder pour lui. Mon pouce se met à caresser le dos de sa main, un geste qui se veut rassurant.

Harry sait qu'il n'est pas obligé de me parler de quoi que ce soit s'il n'en a pas envie, que dans tous les cas, je serai là pour l'écouter. Mais il inspire légèrement et reprend la parole :

– Je vivais chez mes parents, avant et... c'est compliqué, mais... j'étouffais là-bas et j'avais vraiment besoin de prendre mon indépendance. Olivia m'a gentiment proposé de m'héberger le temps que je mette un peu d'argent de côté et que je trouve un logement.

– C'est vraiment adorable de sa part.

A son tour, il hoche la tête et je continue de faire des cercles sur sa peau avec mon pouce. Je prends une gorgée de vin et il reprend sa fourchette, jouer avec une feuille de salade.

– J'ai peut-être trouvé quelque chose.

– Tu as déjà fait des visites ?

– Pas encore, j'en ai deux Mardi après-midi. Pas très loin d'ici, je voulais rester proche du salon de thé.

– Tu cherches un studio ou un appartement un peu plus grand ?

Je passe à un autre sujet, parce que je devine que le sujet de sa famille n'est pas facile à aborder pour lui, je le lis dans la façon dont il fuit mon regard et dont son corps semble se tendre. Son visage se tourne vers le mien, il hausse les épaules. Une boucle lui tombe sur le devant du front, presque dans son œil, mais je ne fais aucun geste pour le remettre en place, je préfère continuer à lui tenir la main.

– Franchement, ça n'a pas d'importance. Tant que j'ai de la place pour faire de la pâtisserie et mettre mon matériel de cuisine, je n'ai pas besoin de plus pour me sentir chez moi.

– Un lit et un canapé c'est pas mal aussi tu sais.

Ma remarque le fait rire, un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Avant de lâcher mes doigts, il le serre entre les siens puis prend son couteau afin de continuer à manger.

– Merci du conseil.

Il me lance un regard amusé, je mange un bout de tortilla presque tiède et lui réponds :

– Parce que je te préviens, quand je viendrais passer la nuit dans ton futur chez toi je refuse de dormir au sol.

– Il y aura de la place pour toi dans mon lit.

– Alors ça, je suis heureux de l'entendre.

– Entre un ou deux chats.

– Tu aimes les chats ?

– Oui, il acquiesce, pas toi ?

– Si, mais j'aime aussi beaucoup les chiens.

– Dans ce cas, entre un chat et un chien.

Rien que d'imaginer cette scène, mon coeur s'emballe. Je me prends à rêver de voir nos deux animaux se balader dans notre futur appartement. Les grasses matinées le week-end, moi qui lit un roman entre les draps, et Harry qui nous prépare un délicieux petit déjeuner. Ça me semble si réel sur l'instant que ma peau frissonne à l'idée même qu'un jour ça puisse être vrai.

Son rire me ramène sur terre et me sors de mes songes qui me font presque rougir, c'est un son que je voudrais entendre toute la journée pour le reste de ma vie. Il secoue la tête en mangeant sa salade, je lui souris et nous terminons le repas en discutant de comment il voit la décoration de son appartement.

Comme d'habitude, nous faisons la vaisselle ensemble, je débarrasse, il lave et j'essuie. Il allume une bougie qui sent le sapin fraîchement coupé sur la table du salon une fois qu'elle est lavée, le chat s'est installé en boule sur une chaise et ronronne déjà.

Une fois confortablement installés dans le canapé, je pose ma tête contre son épaule et me concentre sur la télévision. Je sens son souffle chaud contre mon front lorsqu'il me demande :

– Tu vas encore t'endormir tu penses ?

Je lui donne un petit coup avec mon genou contre le sien, son rire caresse mon oreille et je lève la tête vers lui afin de lui ma meilleure fausse mine énervée. Ses fossettes n'ont jamais été aussi apparentes, il pose un baiser sur mes lèvres, qui dure à peine deux secondes, mais c'est assez pour remplacer mes sourcils froncés par un sourire.

– Je te ferais savoir que tu es très confortable déjà, donc ce n'est pas entièrement de ma faute.

– Dans ce cas, je plaide coupable.

C'est à moi de rire à sa réponse cette fois, je lève les yeux au ciel puis repose ma tête sur son épaule. Mais ce n'est pas un mensonge, je sens que je pourrais prendre l'habitude de m'endormir ainsi.

Tandis que nous regardons une série à la télévision, Harry me fait défiler sur son téléphone des photos qu'il a sauvegardé de différentes décorations, afin de s'inspirer pour son futur chez lui. Ça me fait chaud au cœur de le voir si impatient et apaisé à l'idée d'obtenir cette libérté.

Il me montre également les annonces des appartements qu'il va aller visiter, ils me semblent assez lumineux et assez spacieux, surtout l'un d'eux possède une belle cuisine équipée ouverte sur le salon, je sais que c'est exactement ce que Harry recherche.

– Tu me tiendras au courant de comment se sont passées tes visites ?

Je joue avec ses cheveux, tandis qu'il hoche la tête en se pinçant légèrement les lèvres. L'impatience se lit dans son regard, mêlé à une étincelle de bonheur qui lui va à merveille.

A la fin de l'épisode, il me propose du thé. J'acquiesce en le remerciant et me redresse afin de le laisser se lever. Ses doigts passent délicatement contre ma cuisse avant qu'il ne se lève, je le regarde s'éloigner en cuisine et nous préparer une boisson chaude.

Et c'est seulement quand il vient poser les tasses sur la table basse que je remarque l'édition d'Orlando qui s'y trouve, elle aussi. Je le remercie pour le thé, il boit une gorgée du sien, l'odeur de la verveine me caresse les narines. Je me penche afin d'attraper le roman et fais défiler quelques pages. Un sourire prend place sur mes lèvres, car certaines sont criblées de notes en bas ou dans la marge, d'autres sont marquées d'un post-it.

Quand je tourne la tête vers Harry, il me regarde déjà. Je lui souris, repose le livre sur la table basse et prends ma tasse dans mes mains avant de me remettre tout contre lui. Il embrasse ma tempe et je peux jurer sentir mon coeur se serrer de bonheur.

Le temps de finir notre boisson en regardant la télévision et le chat vient s'installer sur les cuisses d'Harry qui d'une main caresse son pelage et de l'autre mes cheveux, tandis que je suis de nouveau appuyé contre son épaule. Je suis presque tenté de ronronner, moi aussi.

Au bout d'un moment, je prends la parole afin de dire tout bas :

– Je pourrais faire ça tout le temps, tu sais.

Ses doigts glissent contre ma nuque, je redresse la tête puis le regarde. Ses sourcils sont légèrement froncés, je m'explique.

– Simplement être là, avec toi, passer la soirée à tes côtés et que tu me tiennes dans tes bras. Je m'en fiche de ce qui passe à la télévision, tu peux regarder des émissions de cuisine à chaque fois ou même des reportages sur des bébés animaux, que sais-je, il rit et moi aussi... je me sens juste bien comme ça, j'ai besoin de rien de plus que ça.

Peut-être qu'il rougit autant que moi, je ne fais pas réellement attention parce que tout ce qui compte c'est l'étincelle dans son regard et ses yeux qui se plongent dans les miens. Sa main remonte contre ma joue, son pouce passe contre ma pommette, son contact est brûlant et pourtant je voudrais qu'il me touche partout où c'est possible, qu'il laisse sa trace sur moi.

– Moi aussi, Louis. Tu me suffit.

C'est ce qu'il me répond, dans un murmure, contre mes lèvres, avant de les embrasser de la plus belle des façons. Il laisse le chat de côté pour s'occuper uniquement de moi, de ma langue qui part caresser la sienne. Son contact est tellement doux que j'en ai la tête qui tourne. J'accroche mes doigts autour du col de son pull, je me tiens à lui, je le serre de toutes mes forces et donne dans ce baiser toute la force de mes sentiments.

Je ne veux pas oublier tout ce qu'il me fait ressentir, jamais. Toutes ces sensations grandioses qui se réveillent en moi et me donne envie de hurler mon bonheur et mon amour au reste du monde.

Comme l'autre fois, au bord de la falaise, mais cette fois je veux crier parce que je suis heureux.

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