3.
Harry.
La chaleur est étouffante aujourd'hui, j'ai l'impression que mes vêtements me collent à la peau et que mon corps se vide de son énergie en peu de temps. J'ai dégagé mes boucles de mon visage comme j'ai pu avec un bandana, au moins ils ne me tombent plus sur le front ou devant les yeux. Ça ne m'empêche pas pour autant d'avoir chaud.
Olivia nous envoie en pause aussi souvent que possible pour qu'on puisses'hydrater et respirer un minimum. Même si les fenêtres du salon sont ouvertes et qu'elle a mis en route un ventilateur, j'ai l'impression que ça brasse uniquement de l'air chaud.
Je suis à la caisse quand Lili sort de la cuisine et me ramène une nouvelle bouteille d'eau froide. Elle s'appuie contre le comptoir tandis que j'enlève le bouchon et bois une grande gorgée. Je la regarde mettre correctement son tablier puis le nouer à l'arrière, elle jette ensuite un coup d'oeil autour d'elle.
– Il y a que trois clients, tu peux aller prendre une petite pause.
Après avoir posé la bouteille, je passe le dos de ma main contre mes lèvres et hausse les épaules.
– Ça ira, je viens d'y aller il y a une heure peut-être.
– T'inquiète pas, elle lève les yeux au ciel, je te préviendrais si jamais il arrive.
Elle insiste particulièrement sur ses derniers mots en me plantant son regard dans le mien, je sens mes joues chauffer. J'essaie de garder un visage naturel. Elle doit le remarquer car son sourire s'agrandit. Je hausse un sourcil et lui demande, l'air de rien :
– De quoi tu parles ?
– C'est ça, fais celui qui ne comprend pas.
J'ai beau tenter, en vain, de le cacher, je vois parfaitement à qui elle fait référence. Enfin, je me souviens surtout du bleu vif de ses yeux et peut-être aussi de la couleur de son sourire. Ça n'a pas échappé à l'attention de Lili que ce garçon ne m'a pas laissé indifférent.
Et pourtant, il y a de nombreuses personnes, peu importe leur genre, qui franchissent les portes du café et dont la beauté me paraît irréelle. Mais, ce client là, c'était différent. Je ne saurais pas l'expliquer. Et je ne veux pas non plus.
C'est pour ça que je détourne le regard et prends ma bouteille d'eau pour rejoindre la cuisine. Lili me sourit en levant les yeux au ciel mais ne me demande rien de plus. Je la remercie intérieurement de ne pas insister. Elle sait que, parfois, j'ai besoin de temps avant d'évoquer un sujet et qu'il ne vaut pas essayer de creuser au risque que je me renferme davantage.
Noé nettoie la vaisselle et prépare une commande à emporter. Je m'assois sur un tabouret, dos contre le mur puis sors mon téléphone de ma poche. Je le regarde constamment depuis ce matin parce que je déteste cette boule d'angoisse qui se forme dans mon ventre. La peur d'avoir encore un autre appel de ce numéro.
Je lâche un soupir, Noé me jette un coup d'oeil mais ne dit rien, il tourne simplement un peu plus le petit ventilateur vers moi. Je lui souris, il pose un baiser sur mon front en passant à côté de moi et rejoint la salle.
Quand je suis seul, je retourne dans ma messagerie de téléphone et rejoue le dernier que j'ai reçu, il y a deux jours. Je l'écoute en boucle depuis ce soir là, je n'ai pas beaucoup dormi depuis et je ne sais pas si je vais supporter de vivre ça une nouvelle fois. Mon genou tremble tout seul, je pose ma main dessus et appuie doucement dessus, alors que la voix continue de parler et prononcer les mêmes mots que je connais par coeur à force de les avoir entendu.
Je coupe mon téléphone pour le poser brusquement sur la table. Ma bouche est sèche, j'ai du mal à ravaler ma salive et les larmes qui se coincent en travers de ma gorge. Pourtant, je devrais être habitué, à ces coups de fil, à ces messages, à ce passé qui ne cesse de me rattraper à chaque pas en avant que je fais. L'ombre déteste la lumière et elle essaie de me noyer dans le noir pour m'empêcher de voir ce qui m'entoure.
Sauf que j'ai réussi à m'en défaire, je ne veux pas revivre ces années de cauchemars. Elles m'ont laissé des séquelles, des marques à vie peut-être, des souvenirs que je ne pourrais jamais oublier même si je ferme les yeux assez fort pour apercevoir des étoiles.
– Harry ?
Dans un sursaut, je sors de mes pensées et tourne la tête vers Olivia, elle se tient à l'entrée de la cuisine et me regarde en fronçant les sourcils. Je baisse le visage vers mes pieds, parce que je n'ai pas envie qu'elle me voit dans cet état.
– Est-ce que ça va ?
Elle s'approche doucement de moi, mais elle n'a pas le temps de me toucher que je descends de la chaise et attrape ma bouteille d'eau ainsi que mon portable sur la table. Sans vraiment la regarder, je réponds d'une petite voix :
– Oui, j'ai chaud c'est tout. Je dois y retourner.
Je passe à côté d'elle sans lui laisser l'occasion de me poser plus de questions. Olivia est celle à qui j'ai raconté le plus de détails et de secrets sur ma vie, elle connaît des parts de moi que je ne dévoilerais peut-être jamais à personne d'autre. Et même si j'ai confiance en elle et que ça m'a soulagé d'un poids de lui en parler, j'ai toujours peur. Peur du jugement. Peur que ça se retourne contre moi. Peur qu'un jour elle réalise qui je suis en réalité et me voit autrement, celui qui se cache derrière le masque.
Le regard inquiet de Lili ne m'échappe pas quand je reviens en salle, sans rien dire, et vais m'occuper de laver les tables et ranger les bibliothèques au fond. J'en profite pour redonner à boire aux chats et les caresser.
Nous terminons cette longue journée, épuisés et en sueurs. Noé retire son tablier tel un fardeau qu'il a dû porter pendant des heures. Lili garde ses cheveux noués au-dessus de sa tête dans un joli chignon, elle porte une jolie robe qui fait ressortir la couleur de ses yeux. Je finis de mettre les préparations de demain au réfrigérateur, Olivia s'occupe de fermer les portes.
Toute souriante, Lili s'appuie sur le plan de travail à côté de moi. Elle sent les fleurs et les fruits d'été, le café un peu aussi.
– Tu veux venir au cinéma avec nous après ?
Je me pince les lèvres, le regard rivé sur mes mains que je passe sous l'eau, et secoue doucement la tête.
– Je ne peux pas, j'ai des choses à faire. Une autre fois ?
Elle semble hésiter un instant, pas très certaine de croire à mon demi mensonge. J'aimerais me joindre à eux et passer un belle soirée comme l'autre jour, mais j'ai réellement des choses dont je dois m'occuper et que je ne cesse de repousser depuis trop longtemps déjà.
– D'accord ! On pensera à toi en mangeant des pop-corn salés.
Je souris malgré tout, elle pose une main sur mon épaule et se hisse sur la pointe des pieds pour embrasser ma joue, car je fais bien presque trois têtes de plus qu'elle. Ce n'est pas un simple baiser d'au revoir, je sens qu'elle me demande aussi prends soin de toi s'il te plaît.
Je lui souris quand elle se recule et la remercie. Noé passe à côté de moi pour m'ébouriffer les cheveux, il sait que ça me fait râler. Mais je lui souris aussi quand même et leur réponds pas un signe de la main.
Ils quittent le café, je me retrouve donc seul avec Olivia. Elle entre en cuisine, Gribouille dans ses bras, un gros chat gris et assez grognon, il passe vraiment ses journées à dormir et manger. Il aime aller se réfugier à l'étage, chez la maîtresse des lieux. Son regard se pose d'ailleurs sur moi, elle m'offre un petit sourire et me demande, même si elle connaît déjà la réponse :
– Tu es pressé ?
Sans vraiment réfléchir, je secoue la tête. D'un mouvement de menton, elle me fait alors signe de la suivre chez elle. Nous montons les escaliers qui mènent à son appartement, elle dépose Gribouille au sol une fois la porte ouverte et il entre pour aller s'allonger sur un fauteuil. Tout est propre et bien rangé. J'adore venir ici, il y a toujours l'odeur lointaine du café mêlée à celle des vieux livres.
Je suis Olivia en cuisine, elle nous sort des verres, un pichet de son réfrigérateur et des glaçons. Un sourire se dessine sur mes lèvres car je reconnais tout de suite notre boisson préférée à tous les deux, un thé glacé au fruits rouges avec du sirop d'agave.
Elle nous prépare deux jolis verres, met trois framboises au-dessus, des glaçons et une paille. Je la remercie, elle me regarde prendre la première gorgée. Je me détends presque immédiatement.
– Alors, maintenant que nous sommes seuls, tu veux me parler de ce qui te tracasses ?
Olivia ne perd jamais de temps, elle est directe et franche. Perspicace. C'est peut-être cela que j'aime le plus chez elle, elle ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu'elle pense. J'ai besoin de m'entourer de personnes honnêtes.
Le verre est soudainement très lourd dans ma main, je le pose sur la table et baisse les yeux. Avant même que je n'ai le temps de hausser les épaules, elle me devance :
– Et ne me dis pas que c'est rien, j'ai bien vu ton regard tout à l'heure. Tu étais tout pâle, j'étais prête à te renvoyer chez toi !
Je me mords la lèvre tout en jouant nerveusement avec mes doigts. Olivia ne sait pas tout sur moi, mais elle me connaît assez pour savoir que ça ne va pas, moins que d'habitude en tout cas. Elle s'assoit sur la chaise à côté de la mienne et attend. Elle attend que je parle en premier, elle ne me presse pas. Nos conversations d'avant lui ont appris que j'avais souvent besoin de temps pour m'ouvrir et me lancer dans des explications.
L'air est encore plus lourd ici, même si les fenêtres sont ouvertes depuis ce matin. Je la regarde, elle aussi, elle boit tranquillement son thé.
– J'ai reçu un appel il y a deux jours.
Elle pose son verre sur la table, à côté du mien, et me demande très sérieusement, les sourcils froncés :
– De lui ?
Tous les muscles de mon corps se tendent à l'évocation même de sa personne. Je détourne le regarde et ravale lourdement ma salive, elle me bloque ma respiration. Même si nous sommes en plein été caniculaire, j'ai l'étrange impression d'avoir froid tout d'un coup. Je resserre mes bras autour de mon ventre, comme un réflexe pour me protéger, puis secoue la tête, lentement.
– Non, je marque une pause, l'hôpital.
Ma propre voix est lointaine, elle ne semble plus faire partie de mon corps ou bien je l'entends mal parce que mes pires pensées prennent le dessus. Olivia inspire lourdement et ça ne m'échappe pas. Elle sait parfaitement ce que ça veut dire, elle aussi.
Je la laisse faire quand elle se penche pour poser sa main au-dessus de la mienne, sur mon genou. Ses doigts sont chauds, son sourire doux, ça pourrait presque me faire du bien. Je bloque tout seul ma respiration parce que c'est trop pour moi.
Trop de pression, trop d'angoisse, trop de peur.
Et je connais par coeur ces sentiments parce qu'ils m'ont hanté pendant des années. Ils continuent encore de le faire. Parfois, ils se taisent pendant un temps et me laissent croire que je peux mener une existence tranquille, jusqu'à ce qu'ils refassent surface. Ensuite, c'est plus qu'une longue, très longue, chute dans le vide. J'attends de m'écraser contre le sol, d'en finir avec toutes ces émotions débordantes et ce passé qui s'agrippent à ma peau, mais il n'arrive jamais. C'est une descente infinie.
– Tu n'es pas obligé d'y aller tu sais.
– Je crois bien que si, ils m'ont appelé plusieurs fois ces dernières quarante-huit heures.
La présence et la voix d'Olivia me ramène un minimum sur Terre et m'empêche de sombrer dans une crise de panique. Je crois que mes émotions cherchent déjà assez à prendre le dessus comme ça pour que mon corps en rajoute une couche.
Mes yeux se concentrent sur le pouce d'Olivia qui caressent lentement le dos de ma main, elle cherche à m'aider à me calmer et reprendre ma respiration. Je tente de caler mon rythme cardiaque et mon souffle sur les mouvements lents et circulaire de son doigt. Elle finit par me dire, plus bas :
– C'est toi qui décides, Harry.
– Il faut que je le fasse. Pour moi.
Sur la fin de ma phrase, ma voix se brise. Parce qu'il y a quelques mois encore je n'aurais jamais pensé à moi, à me préserver avant tout. Mais j'en ai besoin pour avancer, pour regarder devant et non plus derrière, c'est justement Olivia qui m'a appris cela. L'importance de prendre soin de soi-même. Alors je me répète ces mots sans cesse, dès que je commence à en douter.
Pour moi.
Pour moi.
Pour moi.
Pour moi.
C'est peut-être égoïste, vu de cette façon, mais je n'ai jamais pris le temps de me mettre en haut de mes priorités. Et je dois le faire, je dois y aller. Je dois affronter même ce que je redoute le plus.
Sinon, je ne vais pas pouvoir arrêter d'y penser. Ça fait deux jours que j'ai reçu le premier appel et je n'ai que ça à l'esprit. Je vois le même numéro partout. Je n'en dors plus ou j'en fais des cauchemars.
Olivia presse doucement ses doigts autour des miens et je cligne des paupières, j'étais dans la lune. Il m'arrive parfois de m'enfoncer si loin dans mes pensées que j'en occulte le monde extérieur, tout ce qui m'entoure.
– Est-ce que tu veux que je t'accompagne ?
Je tourne la tête vers elle, son sourire est doux même si ses yeux trahissent son inquiétude. Le fait qu'elle s'en fasse tellement pour moi me tord le ventre, mes doigts tremblent légèrement mais je les bouge quand même pour les lier aux siens.
Ce simple contact me donne du courage, je puise toute la force dont j'ai besoin dedans et demande, dans un souffle court :
– Tu... tu pourrais me déposer en voiture, s'il te plaît ?
– Bien sûr, je t'attendrai à la sortie.
– Merci, merci beaucoup.
Elle n'attend pas une seconde de plus pour me prendre contre elle, dans ses bras. Et je ne résiste pas. Je suis trop fatigué, trop épuisé de fuir sans cesse, d'intérioriser. Olivia comprend ça, elle caresse mon dos et moi je serre plus fort sa main.
Tout le poids sur mes épaules semble s'ôter le temps d'un instant. Le temps de respirer. Le temps qu'elle me tienne en sécurité entre ses bras. J'ai la sensation d'être protégé du monde entier. Ce n'est qu'éphémère, mais je profite de chaque petite seconde comme si c'était la dernière.
C'est moi qui me recule en premier, je ne pleure pas. Je respire normalement. Elle me regarde avec des yeux larmoyants et je crois y lire un mélange de fierté et de compassion. Je lui adresse un sourire en coin, je ne cherche même pas à cacher qu'il est faux, c'est simplement pour la remercier, parce que je n'ai plus la force de parler.
Olivia comprend le message, elle me tend mon verre de thé et prend le sien. Nous continuons de le boire ensemble et c'est elle qui anime la conversation. Elle me parle de ses nouvelles idées de recettes et me montre une vidéo sur un gâteau à trois étages qu'elle aimerait réaliser pour le mariage de sa cousine.
Vers vingt et une heures, je suis rentré chez moi. La maison est silencieuse, plongée dans la lumière faible et fatiguée de la fin de journée. Le jour va se coucher dans peu de temps. Mais je n'ai pas sommeil et je me sens affreusement seul.
Seulement, je ne voulais pas importuner Olivia et passer plus de temps chez elle qu'il n'en faut. Elle aussi a besoin de sa tranquillité. Je sais que parfois je peux être difficile à supporter.
Je me dirige vers la salle de bains sans allumer aucune lumière. J'ouvre avant les fenêtres du salon et de la cuisine, ma chambre aussi. L'air est irrespirable ici, mais je ne pense pas qu'aérer y changera quelque chose. C'est une atmosphère constante, même en plein hiver. L'impression d'étouffer.
Une fois dans la salle de bains, j'allume la plus faible des lumières et me déshabille. J'évite mon reflet dans le miroir. L'eau est froide quand je me mets sous le jet. Je me lave et frotte le gant savonneux contre ma peau, frotte jusqu'à faire disparaître chaque petit résidu de sueur, de saleté.
Il y a des traces que je frôle du bout des doigts, ces marques qui ne partiront jamais. Ma peau frissonne, ce n'est pas à cause de l'eau glacée.
Quand je sors de la douche, mon corps se met à trembler. Je m'enroule dans une serviette et m'assois sur la cuvette rabaissée des toilettes jusqu'à ce que ça me passe. Le temps m'échappe, mais quand je sors de la pièce, habillé d'un short de pyjama et d'un grand tee-shirt, il fait noir dehors.
Sur le chemin jusqu'au salon, je me cogne l'orteil sur le coin d'un meuble. Je serre les poings pour ne pas crier. Même si je suis seul dans cette maison, j'ai pris l'habitude d'être silencieux, de me faire tout petit.
J'allume le lampadaire, la télévision. C'est une émission que je ne connais pas. Je m'assois dans le canapé, met le son en muet et j'écoute le silence. Assourdissant.
Il me fait peur, ce vide, ce calme. Je n'aime pas ne rien entendre, ne pas avoir de bruit auquel m'accrocher. Et pourtant, je tends l'oreille pour le chercher, partout autour de moi. Il m'entoure.
Dehors, une voiture klaxonne, un chien aboie, un enfant crie, une personne rit trop fort, parfois. Un bout de vie qui jaillit, soudain et me tend. Les bruits du monde sonnent comme les échos d'un cauchemar interminable.
Avant d'aller dormir, je ferme les fenêtres, sauf celle de ma chambre, éteins la télévision et vérifie plusieurs fois que la porte d'entrée est bien fermée à double tour. Chaque soir, mes doigts tremblent à ce moment là autour de la poignée, je regarde dans l'œillet qui me permet de voir dehors, sur le seuil. Le jardin avant est plongé dans le noir, mais je retiens mon souffle quand même.
Une fois dans ma chambre, je m'assois sur mon matelas, prends le livre sur ma table de chevet et allume aussi la guirlande de lumière accrochée au mur au-dessus du lit. La légère brise chaude d'été vient caresser mes jambes nues, je regarde les pages ouvertes du roman mais je suis incapable de me concentrer sur ce qui est écrit.
Mes doigts glissent contre le papier, je ne sais pas quelle heure il est mais je ferme le livre et prends mon téléphone pour lancer un son qui va me distraire et, surtout, faire taire mes pensées. Le silence est rapidement comblé par la douce musique des vagues qui s'échouent les unes contre les autres, puis viennent lécher le sable.
Je tends la main pour éteindre la grande lumière puis m'allonge sur le dos, au-dessus des couvertures. Mes yeux fixent le plafond blanc, éclairé par la lumière dorée affaiblie de la guirlande. Je reste comme ça un long moment. Peut-être une partie de la nuit je ne sais pas.
Le bruit des vagues se joue en boucle, il ne s'arrête jamais. Je bloque les images qui me reviennent en mémoire chaque soir. Dès que je me couche ici, entre ces murs.
Mais je ne pleure pas.
Je pleure pas.
C'est ce qu'ils me répétaient
ne pleure pas.
Je ne pleure pas.
Sauf quand je ferme les paupières.
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