29.
Harry.
1er Février.
Mon doigt appuie sur la sonnette, je passe une dernière fois ma main entre mes boucles puis baisse mon regard vers ma tenue. Quelque chose de décontracté mais classe à la fois. Jeudi, avant que le cours de pâtisserie ne commence, Louis m'a quand même invité à venir dîner chez lui pour mon anniversaire. Je me voyais mal arriver en simple jean et tee-shirt après une journée de travail. J'ai eu le temps de prendre une douche et me préparer, l'avantage d'habiter - temporairement - au-dessus du salon de thé.
Quand j'ai dis à Olivia où j'allais, elle m'a sourit et m'a souhaite une bonne soirée. J'ai emmené avec moi un sac d'affaires. Louis m'a proposé de passer la nuit à son appartement comme Zayn ne serait pas présent, j'ai d'abord hésité parce que je n'ai pas souhaité m'imposer. Louis m'offrait déjà un dîner d'anniversaire, mais il m'a convaincu en me répondant qu'il aimerait passer cette soirée avec moi. Je n'ai pas pu refuser, parce qu'égoïstement je ne rêve que du moment où nous pourrons nous retrouver, seuls, tous les deux, depuis notre retour du week-end.
La porte s'ouvre sur le visage resplendissant de Louis. Il porte un tee-shirt noir moulant, rentré dans un pantalon à carreaux, mais c'est son sourire que je remarque surtout.
– Bonsoir !
Il me prend dans ses bras directement, je me fonds dans son étreinte, ma tête à moitié enfoui dans son cou, même si c'est moi le plus grand de nous deux. Je sens ses doigts qui caressent mon dos, au-dessus de mon manteau, je ne peux pas me retenir de sourire moi non plus.
Lorsque nous nous détachons, il me souffle un joyeux anniversaire contre mes lèvres avant d'y déposer un doux baiser. Ses doigts sont chauds contre la peau dégagée de ma nuque et sa bouche d'une douceur incomparable. Je souris encore, amusé, quand il se recule afin d'ancrer son regard dans le mien.
– Tu sais que tu me l'as déjà dit au moins dix fois aujourd'hui ?
– Oui mais pas de vive voix.
– On s'est appelé ce matin, je lui fais remarquer en souriant.
– Ça ne vaut pas le fait de te le souhaiter en vrai.
Je lève les yeux au ciel, il embrasse tendrement ma joue puis son regard glisse de mon visage au reste de mon corps. Le sourire qu'il me donne ensuite fait des ravages à l'intérieur de ma poitrine.
– Tu es magnifique.
– Merci Louis, je me sens rougir furieusement à son compliment, tu l'es aussi.
Il me remercie à son tour, je peux jurer voir des étoiles scintiller au fond de ses yeux. Ses doigts frôlent les miens et il m'invite à me débarrasser de mon manteau et mes chaussures afin d'être plus à l'aise. Il accroche toutes mes affaires dans l'entrée, je pose mon sac près de mes bottes, puis le suit au salon.
Ce que je vois me fait immédiatement sourire. Il a accroché une guirlande d'anniversaire sur le mur au-dessus de la télévision, gonflé quelques ballons à l'hélium qui restent suspendus au plafond, puis il a allumé ses guirlandes de lumières autour de sa bibliothèque. C'est une attention qui me fait chaud au coeur, je le sens s'emballer sous ma peau.
Louis s'approche d'une platine où il cherche parmi une sélection de vinyles avant d'en lancer un. Un fond de musique emplit la pièce, je reconnais les premières notes de l'album Tell Me I'm Pretty de Cage the Elephant, et ça me fait sourire. Ensuite, je me concentre sur une odeur qui me donne l'eau à la bouche.
Après ça, Louis se tourne vers moi, la mèche sur son front lui tombe un peu devant les yeux. Il y a quelques jours, je me serais retenu de passer mes doigts dans ses cheveux, de penser à l'idée même de frôler ses doigts ou son bras, mais là je ne me gêne pas pour m'approche de lui et dégager son regard dans un geste tendre. Ma main s'éternise derrière son oreille.
Il me sourit en coin, j'ai le temps de voir le rose lui monter aux joues, avant qu'il ne me demande en allant vers la cuisine :
– Tu veux du vin pour commencer ?
– Avec plaisir, merci.
A peine une minute plus tard, le temps pour moi d'observer le salon, il revient avec deux verres à pied et une bouteille. Il l'ouvre puis nous serre chacun notre tour, il me donne mon verre et lève le sien. Une nouvelle fois, il me souhaite un joyeux anniversaire en trinquant, je le remercie et nous prenons une gorgée en continuant de se regarder. Je devine le sourire derrière son verre, dans ses yeux, je passe ma langue rapidement entre mes lèvres et lui dit :
– Ça sent délicieusement bon.
– Merci ! J'espère que ça le sera, oui.
Louis hausse les épaules et emmène la bouteille, ainsi que son verre, avec lui pour aller dans le canapé. Je le suis, et m'installe à côté de lui, mon genou contre le sien. Je suis bien content qu'il n'y ait plus cette distance entre nous maintenant, ça devenait insupportable de devoir me retenir de le toucher alors que j'en brûlais d'envie.
Nous passons un petit moment à discuter, en dégustant ce verre de vin rouge, Louis me parle de sa semaine au travail, même s'il m'en a déjà raconté une bonne partie par message. Mais j'aime la façon dont ses yeux se mettent à briller quand il évoque un sujet qui lui tient à coeur ou dont il est passionné.
C'est souvent le cas avec les livres, les auteur.es qu'il admire, il me confie parfois une ou deux choses sur ce qu'il écrit, jamais trop en détail, parce que ça lui appartient pour le moment et il n'est pas prêt à partager ses mots avec le reste du monde, mais je sais que ce sont des poèmes et que la mer en est une grande source d'inspiration.
A mon tour, je lui fais un résumé de ma semaine. La reprise, après ce petit week-end que je me suis accordé, a été assez intense et fatigante, mais je suis heureux de remettre les mains à la pâte. Ces derniers jours, je suis plus inspiré encore que d'habitude, et le soir quand je monte dans l'appartement d'Olivia, nous peaufinons des recettes ensemble.
Je pense que Louis y est pour beaucoup, il me pousse à faire toujours mieux, à dépasser mes limites, changer mes habitudes et à être la meilleure version de moi même.
Aux alentours de vingt heures trente, nous passons à table. Les couverts sont déjà disposés, il me laisse m'installer le temps qu'il aille chercher le dîner. Il revient avec un plat fumant qu'il tient de ses deux mains gantées, il le pose sur un socle au milieu de la table puis m'explique :
– Ce sont des pâtes aux brocolis, un peu comme du pesto, il fait une légère grimace, je t'avoue que j'ai pas mal galéré à me servir du mixeur pour la première fois et en plus je m'en suis mit partout. J'ai bien fait de préparer le plat à l'avance. Mais ça ressemble à la photo de la recette, je l'ai suivi à la lettre en tout cas. C'est la première fois que je fais ça... d'habitude je me contente de faire des pâtes de la sauce tomate, il laisse échapper un rire gêné. Je crois que j'ai mieux réussi le dessert cependant, c...
– Tu as fait un dessert aussi ?
Son visage se tourne vers le mien quand je l'interrompt, il acquiesce en retirant ses deux gants de protection.
– Oui, un gâteau.
Mon corps entier se réchauffe, et je crois sincèrement que mon coeur n'a jamais battu aussi fort qu'à cet instant. J'ai la gorge qui se noue d'émotion tellement son geste compte à mes yeux. Ça peut paraître anodin, un gâteau le jour de son anniversaire, mais je n'ai jamais eu le droit à tout ça, aussi bien dans mon enfance que dans mon adolescence. Mes parents n'ont jamais jugé bon de me consacrer une journée dans l'année, ils n'allaient pas célébrer ma naissance alors qu'ils n'ont jamais souhaité que je sois parmi eux.
– Louis... tu n'avais pas à faire tout ça pour moi.
Je souffle ces mots sur un ton beaucoup plus bas, la voix légèrement tremblante, je suis à la fois touché et bouleversé. Ses sourcils se froncent et il hausse les épaules.
– Mais, ça ne me dérange pas. Au contraire, c'était amusant et ça me fait plaisir de te cuisiner quelque chose. C'est une occasion spéciale quand même, non ?
Le nœud dans ma gorge se serre davantage, je me pince les lèvres et baisse la tête. Je suis incapable de lui répondre, parce que je n'ai jamais eu le sentiment que ce jour se démarque des autres. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être assez important pour qu'on me consacre une journée.
Noé et Lili m'ont organisé une fête pour la deuxième fois depuis que nous nous connaissons, une petite soirée entre amis, où nous buvons des cocktails, avec des petits fours et ils me donnent des cadeaux, même si je leur précise à chaque fois que je n'en ai pas besoin. Mais c'est tellement récent que c'est encore tout nouveau pour moi. Je n'y suis pas habitué.
Et quand je pense à tout ce que Louis m'a préparé ce soir, j'ai les larmes qui me montent aux yeux.
– Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait quelque chose de mal ?
Sa voix est tout ce qu'il a de plus doux, il s'approche de moi et glisse ses doigts contre ma joue quand je relève mon visage vers le sien. Son regard est brouillé par l'inquiétude, il me caresse tendrement les cheveux et je secoue la tête.
– Non, c'est... c'est parfait même. Je... je suis désolé, c'est juste que...
J'inspire, Louis m'attire contre lui, dans ses bras. Il est encore debout, alors ma joue se retrouve contre son ventre, mes bras se nouent par réflexe autour de sa taille et je me sens immédiatement rassuré. Parfois, j'ai vraiment l'impression que je n'ai pas besoin d'utiliser les mots avec lui, qu'il lui suffit d'un regard pour me comprendre.
– Je n'ai pas vraiment l'habitude...
C'est au bout de quelques secondes silencieuses que je reprends la parole, d'une voix basse et humide. Louis joue toujours avec mes boucles, et moi je garde ma tête posée tout contre lui. Son étreinte me fait du bien, sa présence me réchauffe le corps entier.
– Comment ça ?
Après sa question, j'attends un petit moment pour lui répondre. Dans d'autres circonstances, avec d'autres personnes, je n'aurais peut-être jamais osé ou voulu raconter tout ça. Mais, je finis par me reculer, mes mains sur ses hanches. Il me regarde, et je puise dans son sourire le courage dont j'ai besoin.
– Disons que... je n'ai jamais eu des souvenirs très heureux de mes anniversaires...
Je sens Louis se tendre légèrement, ses doigts se figent dans mes cheveux et son sourire s'efface petit à petit. C'est pour ça que je ne souhaite jamais évoquer mon passé, déjà parce que les souvenirs me sont douloureux, mais aussi parce que je ne supporte pas de voir le visage des personnes en face de moi s'éteindre, comme moi je me suis éteint il y a des années.
– Je m'excuse, Harry... J'en ai fait trop, c'est ça ? J'aurais dû te demander ton avis avant de...
– Non, je l'interrompt d'une voix douce en exerçant une légère pression sur sa hanche, non ça me touche énormément Louis. Je te remercie, je n'ai même pas les mots pour exprimer à quel point ça me va droit au coeur, parce que... personne n'a jamais fait tout ça pour moi.
Mes paroles semblent le rassurer un minimum, au moins les plis sur son front disparaissent. Sa main glisse contre ma joue, puis il se penche afin de poser ses lèvres sur mon front. Ce geste est rempli d'une tendresse qui me serre le ventre, mais ce n'est pas de l'angoisse, au contraire, c'est un sentiment chaud et agréable qui se manifeste de plus en plus souvent quand je suis avec lui.
Et, la petite voix au fond de ma tête, me répète que ça s'appelle le bonheur.
– Tu sais, avec moi, ça pourrait être ton anniversaire tous les jours si tu le veux.
Louis me dit ça lorsqu'il se redresse, et je ris, même si ça me fait monter les larmes aux yeux et que ma poitrine se gonfle d'amour. Parce que, contrairement à moi, il sait toujours trouver les mots justes, ceux dont je ne savais même pas que j'avais besoin. Son rire se joint au mien, ses doigts se perdent dans mes cheveux et il m'attire une nouvelle fois dans ses bras.
Mais l'étreinte ne dure pas très longtemps, parce que Louis finit par me proposer de manger au risque que ce ne soit froid. Je ris légèrement, il me laisse cependant me détacher en premier. Ses doigts caressent une dernière fois ma joue, il m'offre un sourire puis me sert une part.
Une fois que son assiette est posée devant lui, il s'assoit à côté de moi, et nous nous souhaitons un bon appétit avant de goûter. Il me lance un regard en coin, tandis que j'avale ma première bouchée, je sens toute l'impatience qui se dessine sur son visage dans l'attente de mon verdict.
– Louis... c'est vraiment délicieux, je n'avais jamais goûté ce mélange là et je t'avoue que c'est totalement réussi. Je n'aurais pas mieux fait.
– Pour de vrai ?
– Oui, j'acquiesce, j'adore.
Le sourire que je lui adresse fait apparaître des étoiles dans son regard, il prend ma main sur la table et la serre dans la sienne en me remerciant plusieurs fois. Je comprends que ce repas comptait énormément à ses yeux et qu'il ne voulait pas se louper, mais même si ça aurait été le cas, la soirée n'en aurait pas été moins merveilleuse. Il aurait pu me servir des sandwich et ça aurait fait mon bonheur également. L'important, ce n'est pas le plat, mais la personne avec qui je partage ce temps.
Pendant une partie du repas, Louis me raconte le procédé de la recette et à quel point ça a été une épreuve pour lui, mais qu'il a apprécié me la préparer. Mon sourire ne quitte jamais mes lèvres, il nous resserre à chacun un verre de vin, je m'essuie le coin de la bouche avec une serviette entre deux et souvent je le surprends à me regarder, un long moment, juste ses yeux qui réchauffent ma peau et se frayent un chemin jusqu'à mon coeur.
Nous avons presque terminé notre assiette, quand je me mets à parler de moi, d'une partie de mon passé, sans entrer dans les détails, mais ça me fait plus de bien que je ne le croyais. Et Louis ne me pose pas de questions, il m'écoute, sans m'interrompre, sans chercher à creuser, il me laisser raconter ce que je souhaite. Et je me sens plus léger.
– Il y a deux ans, mon anniversaire tombait un samedi, je ne travaillais pas ce jour là. Mais je n'avais pas envie de rester seul chez moi... à rien faire, et je voulais me changer les idées. J'ai passé plus de cinq heures dans un petit café, j'ai bu du thé et j'ai lu un roman en entier. C'était La Ballade de l'impossible, d'ailleurs. Je crois que c'était le meilleur anniversaire que j'ai eu, après celui-ci.
– Ne parle pas trop vite, tu n'as pas encore goûter le dessert.
Un nouveau rire sort de ma bouche, Louis porte le verre à ses lèvres en me souriant, et je sens son genou appuyer légèrement contre le mien sous la table. Ce simple geste suffit à m'envoyer une décharge de frisson dans tout le corps, et j'ai l'impression de brûler à l'endroit où il me touche à peine.
– Je te remercie Louis, vraiment, ça compte tellement à mes yeux. Tu ne peux pas savoir à quel point c'est important...
Je ne trouve pas une façon assez juste d'exprimer ce que toutes ses attentions signifient pour moi, il m'a donné plus en quelques semaines que mes parents en vingt quatre ans.
– Dans ma famille, on a... ils ont jamais fait tout ça, de fête ou de gâteau, j'allais m'acheter un livre avec l'argent que je mettais de côté quand... quand je pouvais me le permettre mais ils... ils ne...
Ma gorge commence à se nouer une nouvelle fois, et je sens les larmes qui menacent de couler, je ne parviens même pas à terminer ma phrase. Louis se penche vers moi et prend mon visage entre ses mains, elles sont chaudes et douces, et me réchauffent immédiatement le coeur.
– Hey Harry, ses pouces caressent doucement mes joues tandis que son regard s'ancre dans le mien, on est pas obligé de parler de ça maintenant si tu ne t'en sens pas prêt. C'est ta journée et je veux te voir sourire, d'accord ?
Et c'est Louis qui me fait sourire. Toute la soirée. Il pose un baiser sur ma joue, je soupire près de ses lèvres et finis par les embrasser, c'est ma manière à moi de le remercier.
Après ça, je lui propose de l'aider à débarrasser, même s'il proteste plusieurs fois. Il cède et me dit de tout poser dans l'évier, qu'il s'occupera de la vaisselle demain matin. Une fois chose faite, il va changer de vinyle à la platine pour un album de jazz. Nous nous installons dans le canapé, il nous a ramené des verres d'eau à tous les deux, il s'assoit tout près de moi, de façon à ce que nos cuisses se touchent. Il pose ses pieds sur la table basse en face de lui, puis appuie son épaule contre la mienne, avant de me demander :
– Tu veux savoir mon pire anniversaire ?
J'acquiesce vivement, il me sourit, amusé et commence son récit.
– C'était mes quinze ans, on avait organisé ça chez Zayn. Il y avait plein de monde, de la musique sur des enceintes, des jeux de société, et de l'alcool. Le grand frère d'un garçon de notre classe, majeur, lui avait donné de l'alcool pour la soirée. J'ai goûté ma première bière, j'ai trouvé ça écœurant sur le coup, mais je voulais faire comme les autres et apprécier ça. A l'époque, je faisais tout pour impressionner la galerie et me fondre dans la masse, je venais de découvrir ma sexualité et j'avais franchement la trouille d'être la risée de tout le bahut, alors je me suis forcé à en boire. Une, deux, puis cinq au final. Ça, mélangé aux sucreries et aux parts de gâteaux, j'ai terminé la soirée à vomir au-dessus des toilettes de Zayn. Je me sentais pas bien, je pleurais et j'avais tâché mes nouveaux vêtements.
Louis me lance un regard en coin afin de guetter mes réactions. Je me pince les lèvres pour ne pas rire, mais je finis par céder parce que c'est bien trop drôle. Et j'imagine parfaitement le Louis plus jeune qu'il est en train de me décrire.
– Ma mère l'a su, bien évidemment, et j'ai été puni pendant trois semaines. Je lui en ai pas voulu, parce qu'au fond je me sentais stupide et immature d'avoir pris une telle décision. Je n'ai pu toucher à une seule bière avant mes dix huit ans. Mais ça m'a marqué, parce qu'au final je n'ai même pas profité de ma soirée, parce que je me suis senti malade tout le long. Honnêtement, je ne sais même pas comment ma mère a eu le force de me gérer moi et le reste de ma famille. Elle était réellement plus forte que je ne le croyais.
Son sourire est tout ce que je vois. C'est à mon tour de glisser mes doigts, timidement, contre sa nuque et dans ses cheveux.
– J'ai l'impression que tu étais un adolescent turbulent.
– Ouais, il hausse les épaules, je faisais quelques bêtises mais j'avais une bouille d'ange alors ça excusait tout.
Je ris de plus belle, il penche légèrement la tête en arrière comme pour chercher davantage mon toucher. Il hausse un sourcil dans ma direction tandis que je me mets à caresser sa nuque.
– Ce n'est pas totalement faux.
Depuis que nous nous sommes rapprochés avec Louis, avant même le baiser, quand nous étions de simples amis, j'ai remarqué qu'il m'était parfois plus facile de m'autoriser des libertés avec lui. Des mots, des gestes que je n'aurais pas fait devant un inconnu. Il y a quelques semaines, j'aurais encore été incapable de lui faire un compliment, même si sa la beauté de sa personne, intérieure et extérieure, m'a frappé dès notre première rencontre.
– Pardon ?
Un sourire étire ses lèvres et je vois le soupçon de malice dans son regard. Mes joues se mettent à chauffer, mais je lui avoue ce que je pense au fond de moi depuis trop longtemps déjà :
– Tu l'es encore, mignon je veux dire.
– Tu me trouves mignon ?
J'acquiesce, son sourire s'étend jusqu'à ses oreilles, il rougit légèrement lui aussi. C'est une couleur qui lui va à ravir. Il se redresse dans le canapé, afin d'être face à moi puis me fait un clin d'oeil en me souriant d'un air taquin.
– Toi, je crois que tu veux tes cadeaux, il embrasse ma joue et murmure contre celle-ci, et moi je te trouve plutôt craquant.
Après ces mots, qui me laissent avec un coeur palpitant, il se lève afin d'aller chercher un sachet posé sur le dessus d'une petite étagère. Je n'ai même pas le temps de réfléchir à ce qu'il vient de me dire, d'enregistrer l'impact que ça a eu sur moi, la chaleur qui naît au creux de mon ventre, qu'il revient s'asseoir près de moi et pose le paquet sur mes genoux.
Je le regarde, il me fait signe de l'ouvrir. Mon coeur bat encore la chamade, mes émotions semblent toujours décuplées quand je suis avec Louis, et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti tout ça.
Il se mord les lèvres et me regarde avec une impatience retirer le papier cadeau. Mon regard tombe sur un livre de recettes, et un sourire apparaît sur mes lèvres quand je remarque que c'est plus spécial que ça encore, car il regroupe des plats inspirés d'œuvres littéraires ou mentionnés dans des romans. J'ouvre la première page et une carte glisse contre ma cuisse. J'en reconnais immédiatement la photo, et je tourne la tête vers Louis pour lui demander :
– C'est pas la carte que tu as acheté ?
– Si, il hoche la tête en me souriant, lis la.
Mes sourcils se froncent, je la prends et la retourne. Son écriture recouvre la totalité de l'espace blanc laissé à cet effet. Mon souffle se fait plus court dès la première phrase.
« C'est le premier souvenir que nous avons créée ensemble, et un que je chéris le plus parmi tous ceux que je possède déjà. Je te donne cette carte dans l'espoir qu'un jour prochain nous irons en acheter une autre ensemble, un nouveau morceau à ajouter à notre histoire. Parce que j'ai envie qu'elle soit inoubliable.
Je te souhaite un très joyeux anniversaire, et je t'embrasse, Louis. »
A la fin du petit mot, j'ai les larmes qui se coincent au milieu de ma gorge. Louis m'a offert sa carte, celle de notre week-end, et ça signifie tellement plus qu'il ne peut l'imaginer. Parce que depuis qu'il est entré dans ma vie, il ne m'a apporté que de la lumière et des moments de bonheur, il apaise le poids que j'ai sur le coeur. Et je n'ai besoin de rien d'autre que ça. Que lui.
– J'espère que ça te plaît ? Il me demande au bout de plusieurs secondes de silence. J'ai demandé à Lili si tu n'avais pas déjà le livre, elle s'est ensuite renseignée auprès de ta patronne, je crois, et...
Je ne lui laisse pas le temps de finir, parce que ma bouche fond sur la sienne. C'est un des baisers les plus intenses et les plus passionnés que nous avons échangé jusqu'ici, une de ses mains se pose sur mon biceps, à travers mon haut, et mes doigts encadrent son visage. Je n'ai jamais autant désiré me fondre en lui, qu'il me consume sous ses baisers et m'enveloppe de partout, qu'il laisse son nom sur ma peau et sa trace sur mon coeur. Je ne veux jamais l'oublier. Je ne veux jamais le perdre. Parce que ce sera la fin de ce bonheur que je viens à peine de commencer à goûter. Et j'ai l'impression qu'avec Louis, il aura mille saveurs différentes.
Mon coeur bat à tout rompre quand je me recule, tandis qu'il essaie de reprendre son souffle en cherchant mon regard. Ses doigts descendent contre mon coude, j'ai tellement de choses à lui dire mais les mots ne suffisent plus à exprimer ce que je ressens. Je n'ai pas non plus l'habitude de le faire, c'est plus facile pour moi d'utiliser des gestes, et Louis comprend généralement les messages cachés derrière chacun d'eux.
– Ça veut dire que tu aimes tes cadeaux ? C'est pas grand-chose je suis désolé, je voulais trouver quelque chose d'original mais...
– Louis, je l'interrompt avec un sourire en coin, arrête de parler et embrasse moi encore.
Il ne faut pas lui demander deux fois, après m'avoir adressé un sourire amusé, il pose ses lèvres sur les miennes et m'offre le plus beau cadeau d'anniversaire, un baiser qui réveille en moi des sensations auxquels je pensais ne jamais avoir le droit. Mais Louis me donne tout ce dont j'ai besoin, et davantage encore. Il me remplit de lumière et de chaleur, et je sais qu'à ses côtés je n'ai plus à avoir peur.
Après ce long moment à simplement s'embrasser, Louis pose un dernier baiser sur ma joue puis attrape la télécommande, il allume la télévision puis me la donne.
– C'est ton anniversaire, c'est toi qui choisit l'émission.
– Tu es sûr ?
– Mets ce que tu aimes, ça m'ira parfaitement. Je vais chercher le gâteau.
Il se redresse, me lance un sourire avant de partir en cuisine. Pendant ce temps, je change quelques chaînes et m'arrête sur une rediffusion d'une émission de pâtisserie que je regarde souvent. Environ cinq minutes plus tard, Louis revient avec l'assiette du gâteau entre ses mains, sur laquelle il a allumé une bougie. Il prête une attention particulière à ne rien renverser quand il le pose sur la table basse.
Je le regarde tandis qu'il se rassoit et glisse une main contre mon genou, que son pouce se met à caresser tendrement. C'est à mon tour d'avoir des étoiles dans les yeux. J'inspire, ferme les paupières et fais le vœu que ce moment ne se termine jamais, puis je souffle sur la bougie.
Louis me souhaite encore un joyeux anniversaire, je n'ai pas le temps de protester car sa bouche se pose tendrement sur la mienne. Ensuite, il se charge de nous couper une part à chacun, qu'il sert dans une petite assiette avec une cuillère.
– C'est au chocolat, spéculoos et des petits morceaux pommes caramélisées au-dessus. Lili m'a fait une liste de ce que tu aimais, et c'est végan.
Je le remercie, plusieurs fois, même si ce ne sera jamais assez suffisant pour lui exprimer ma gratitude, puis je pose un baiser sur sa pommette, il rougit presque autant que moi. Mais son sourire illumine tout autour de lui.
Nous le mangeons devant la télévision, c'est tout simplement délicieux et on se partage une autre part à deux. Puis, après l'avoir aidé à tout ranger, Louis se blottit contre moi, sa tête est posée contre mon épaule, et mes doigts caressent timidement son genou. Mon coeur n'a jamais battu aussi fort, et ne même temps c'est loin d'être déplaisant.
Au bout d'un moment, je tourne la tête vers Louis et remarque qu'il s'est assoupi. Je pose un baiser sur le dessus de sa tête et lui dit à voix basse :
– Si on allait dormir ?
Il proteste un peu, mais je vois qu'il est fatigué et c'est normal vu tout ce qu'il a préparé pour moi. Je me redresse en même temps que lui, il ferme tout et me guide vers sa chambre en baillant derrière sa main. Il me laisse aller me changer et me brosser les dents en premier dans la salle de bains. Quand je reviens, il a allumé la petite lampe de chevet et il me dit de choisir la place que je veux dans le lit.
Je m'assois au bord du matelas en l'attendant, il revient, et il porte maintenant un jogging et un tee-shirt ample. Il s'installe à côté de moi, remonte la couverture sur nous et se couche sur le côté afin de me regarder. Je lui souris, une de ses jambes se mêle aux miennes, et il tend la main afin de caresser ma joue du bout de ses doigts.
– Merci pour cette soirée Louis, c'était vraiment formidable.
– C'est toi qui es formidable, Harry.
Encore une fois, il ne me laisse pas le temps de lui répondre, parce qu'il se redresse sur son coude et m'embrasse avec une tendresse qui me ferait presque pleurer. J'ai mon coeur qui s'emballe, mes doigts se posent timidement dans son dos. Il se recule, me sourit et pose plusieurs baisers un peu partout sur mon visage, je ne peux pas m'empêcher de rire. C'est comme ça, c'est l'effet Louis. Je ne cherche pas à y résister non plus. Parce que ça me fait du bien. Puis, il se rallonge à côté de moi.
– Bonne nuit, il murmure en me regardant droit dans les yeux, et joyeux anniversaire.
– Bonne nuit Louis, je lui souris, est-ce que ça te dérange de laisser la lampe allumée ?
Louis secoue la tête, puis m'attire dans ses bras, ses doigts retrouve immédiatement mes cheveux, il se met à jouer avec et je ne pensais pas qu'un geste si simple pourrait me procurer autant de réconfort. Je pousse un long soupir d'aise. Un de mes bras vient se poser par dessus son ventre, et timidement mon pouce vient caresser un bout de la peau de sa hanche sous le pli de son tee-shirt.
Ma tête est posée sur sa poitrine, à l'endroit même où je peux entendre son coeur battre. Je l'écoute un long moment, je ne suis plus concentré que sur ce son rassurant. Son rythme devient de plus en plus régulier et calme. Un moment après, quand je relève discrètement la tête vers lui, il est endormi, ses cils semblent encore plus longs dans la lumière tamisée de la chambre.
Même dans son sommeil il ne me lâche pas, et je ne voudrais quitter cet endroit pour rien au monde. Parce que c'est avec lui que je me sens enfin moi même. Et j'ai la sensation que je n'ai plus aucune raison d'avoir peur du noir tant qu'il est là.
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