27.
Harry.
C'est le silence quasi complet, mais il ne me dérange pas. Parce que je ne suis pas seul, je n'ai pas de raison d'avoir peur, pas aujourd'hui, plus maintenant je crois. La faible lueur du matin qui perce entre les trous du volet mal fermé me permet de voir à peu près le visage de Louis. J'ai fermé la lumière de la table de chevet quand il ne faisait plus trop noir. Son corps est tourné vers moi, le bout de ses pieds frôle les miens, ils sont froids malgré la couverture qui le recouvre jusqu'au cou. Ses légers ronflements comblent le silence, à intervalle régulière, ça me rassure bien plus que ce n'est permis.
Quand nous sommes rentrés de la plage, une fois le jour tombé, nous nous sommes arrêtés pour acheter un sandwich. Louis l'a mangé par petites bouchée, assit près de la fenêtre, la télévision allait en fond, il m'a ensuite demandé si ça me dérangeait qu'il se coucher, parce qu'il était fatigué. Je me suis joint à lui sans hésiter, après une après-midi riche en émotions, nous avions besoin de repos.
Lorsque je suis sorti de la salle de bain, en pyjama, je me sentais tout timide et gêné. Louis s'était changé aussi, dans un gros pull à capuche et un bas de jogging. Il est allé se brosser les dents, je me suis couché dans mon lit une place, les yeux fixés au plafond. Louis est revenu dans la chambre, ses yeux ont croisé les miens, et il m'a demandé si nous pouvions collés nos lits afin qu'il puisse être dans mes bras. A peine nos matelas rapprochés, il est venu chercher mon contact et il m'a remercié, encore une fois, avant de me souhaiter une bonne nuit. Les battements de mon coeur étaient si intenses que je n'ai pas trouvé le sommeil tout de suite, il se passait trop de choses dans ma tête.
Nous nous sommes endormis à peu près dans cette position hier, sur le côté, face à face, enlacés. Même si c'est plus moi qui le tenait dans mes bras, je n'ai pas demandé, il n'a pas cherché à comprendre, je l'ai pris contre moi parce qu'après toutes ces larmes, il en avait besoin. Il n'a pas eu besoin de me le dire, je ne l'ai jamais aussi bien compris qu'à cet instant, quand il a craqué en haut de la falaise et que ses yeux se sont remplis des vagues de l'océan.
J'ai toujours un bras autour de lui, parce que même dans mon sommeil je n'ai pas su briser ce contact entre nous. Ce lien qui a prit un tout autre tournant hier. Qui aujourd'hui signifie quelque chose de bien plus grand que nous. Quelque chose qui m'effraie et à la fois me donne envie de sourire à longueur de temps.
Une de ses mains est posée à plat, contre ma poitrine, au-dessus de mon pull. Encore trop peu d'espace sépare nos visages à mon goût, je sens son souffle rencontrer le mien, je vois ses yeux remuer sous ses paupières et les légers frémissements de ses lèvres. J'ai du mal à réaliser, même des heures après, qu'elles sont retrouvées à embrasser les miennes hier, qu'il m'a redonné un souffle que je pensais avoir perdu à jamais.
Nous n'avons échangé qu'un seul baiser, mais j'ai tellement envie de lui en offrir d'autres, d'avoir la chance de goûter ses lèvres pour le reste de ma vie.
J'en ai encore le coeur qui bat à tout rompre. J'ai l'impression que, d'un moment à l'autre, il va m'arracher la peau et perforer ma cage thoracique. Je suis heureux, bouleversé, effrayé, toutes les émotions se bousculent en moi depuis hier et pourtant je ne me suis jamais senti aussi vivant.
Dehors, au loin, le cri d'une mouette qui passe se fait entendre. Nous n'entendons pas vraiment les vagues si la fenêtre n'est pas ouverte, c'est un peu dommage. Mais ça n'enlève rien à la magie du moment. Louis ne bouge pas, il est calme, serein.
Il est encore tôt. J'allume l'écran de mon téléphone, posé entre nous sur le lit, la luminosité est baissée au maximum, mais elle me fait quand même plisser les yeux. Il est à peine huit heures. Mais je n'ai pas aussi bien dormi depuis des mois, voir des années.
Je reste encore un moment, allongé là, si près de Louis, à le regarder et l'écouter respirer. C'est tout ce dont j'ai besoin.
Au bout d'un certain temps, je me lève pour aller aux toilettes et prendre une douche. Je reste le plus silencieux et discret possible. L'eau tiède me réveille. J'ai du sable qui s'est infiltré sous mes vêtements, qui me colle un peu à la peau. Nous n'avons pas pris de douche en revenant de la plage hier, il n'était pas tard, mais nous étions tous les deux trop épuisés pour faire quoi que ce soit d'autre à part s'allonger dans le lit et s'étreindre toute la nuit.
Je me brosse les dents, mes cheveux sont encore un peu humides, j'attache quelques mèches rebelles dans un petit chignon au-dessus de ma tête, grâce à l'élastique en tissu accroché autour de mon poignet.
Quand je sors de la salle de bains, Louis dort encore à poings fermés, dans la même position, mais sa main qui était avant sur ma poitrine repose maintenant sur mon coussin. Contrairement à moi, il a un sommeil assez lourd.
Je m'assois doucement sur le bas du lit afin de mettre mes chaussures, et me retourne de façon à me pencher vers lui. Mes doigts frôlent sa pommette quand je repousse une mèche qui lui tombent devant les yeux, il frémit légèrement mais ne se réveille pas. Même endormi, il reste la plus belle personne sur laquelle mon regard s'est arrêté et je ne sais pas comment c'est possible.
Tout aussi lentement, je viens poser un baiser sur le dessus de sa tête. Il doit être tellement épuisé qu'il ne se rend compte de rien. J'espère qu'il se sentira mieux au réveil. Qu'il retrouvera sa lumière.
En attendant, je me lève, enfile mon manteau, prends mon porte monnaie et les clefs de la chambre. Je ferme discrètement la porte derrière moi, après un dernier coup d'oeil vers la forme de Louis sous la couverture.
La femme de l'accueil est déjà derrière son bureau, assise face à son ordinateur. Elle lève la tête en me voyant et me sourit. Elle me fait un signe de tête, en signe de bonjour, et je sors du bâtiment. Dehors, le froid est plus glacial encore que celui d'hier. Je ferme les boutons de mon manteau et enfoui le bas de mon visage dans mon écharpe. Les mains dans mes poches, je me dirige vers le petit centre ville où je sais que je trouverais ce dont j'ai besoin.
Certaines rues me sont familières, je prends quand même le temps d'observer autour de moi. Louis aurait adoré voir les maisons éclairées par les rayons du lever de soleil, encore doux et timides, oscillant entre le rose et le orange.
L'air marin me dégage les poumons. Je respire à plein nez, même s'il est à moitié caché dans mon écharpe. Les rues sont calmes, encore un peu silencieuses, endormies. C'est agréable.
J'aimerais me balader ici avec Louis, lui tenir la main et lui montrer ce bouquiniste où je sais qu'il pourrait passer des heures à dénicher un titre qui lui taperait dans l'oeil ou à la recherche de son auteur.e préféré.e, ce marchand de glace où j'allais en acheter dès que je venais ici, et qui me donnait une plus grosse boule à la pistache parce que j'adorais ça, qui en hiver se contente de vendre des boissons chaudes, des gaufres et des crêpes.
Un moment, je m'arrête afin de prendre en photo une vue sur la mer, entre deux bâtiments anciens, on y voit les vagues qui ne sont d'un bleu pâle, et le jour qui se lève à l'horizon, encore à moitié engloutit par la mer. J'immortalise ce moment, car je ne veux jamais l'oublier.
Je ne veux jamais oublier l'endroit où Louis m'a littéralement retourné le coeur.
Après être passé devant quelques boutiques, dont certaines ont le rideau baissé le dimanche, j'entre dans la boulangerie. Le vendeur empile des baguettes dans un panier puis me salut. Je lui demande deux croissants et une brioche au sucre. Sur le retour, je passe devant un nouveau café qui a ouvert, je commande un thé noir qui devrait plaire à Louis et un café au caramel pour moi. Je range les viennoiseries dans le sac que le serveur me donne avec les deux gobelets.
Sur le retour, j'observe autour de moi, les devantures des boutiques, les anciennes bâtisses des maisons, la mer à seulement quelque mètres, l'air est différent ici, plus respirable et je me promets de tout faire visiter à Louis avant de partir. Ou un autre jour, s'il reste assez longtemps à mes côtés.
Quand je rentre dans la chambre, les volets sont ouverts et Louis est réveillé. Il fume à la fenêtre, emmitouflé dans son pull, à pieds nus sur le parquet. Je ferme derrière moi, pose le sac sur la table et retire mon manteau puis mon écharpe. Il tourne la tête vers moi, ses doigts jouent nerveusement avec le bout de sa cigarette, il la porte à ses lèvres, tire longuement dessus, puis l'écrase sur le bord, avant de fermer la fenêtre.
– Bonjour.
Sa voix est légèrement rocailleuse, soit parce qu'il s'est levé il y a peu, soit parce qu'il vient de fumer, soit parce qu'il est encore secoué par tout ce qui s'est passé hier.
Je peux comprendre, moi aussi j'ai tout mon corps qui remue à l'intérieur. Un tsunami de sentiments.
– Bonjour Louis.
Mon ton est bas, d'une douceur que je ne lui connaissais pas avant. Il s'avance vers moi sans attendre, ses yeux sont un océan d'inquiétude, de questionnements, je tends la main pour prendre la sienne. Mes doigts caressent sa peau douce, il les regarde, et je lui dis :
– Je n'étais pas parti.
– Oui, il acquiesce en souriant doucement, je le sais. J'ai cru un instant que... mais j'ai vu que tes affaires étaient encore là, alors.
Il hausse les épaules, je prends plusieurs secondes pour l'admirer. Ses cheveux en bataille, son air encore à moitié endormi, la légère trace de l'oreiller sur sa joue. Si j'avais la chance de me réveiller avec cette vue là chaque matin, je crois que ma vie serait moins compliquée.
– Comment tu te sens ?
– Bien, il serre mes doigts, ça va mieux. Je crois que j'avais besoin de... de tout ça, de craquer. Je suis juste désolé que ça se soit passé comme ça.
– Pas moi, je réponds en le regardant droit dans les yeux, si ça t'as fait du bien alors tu n'as pas à être désolé. Et puis, moi aussi j'ai pleuré tu as oublié ?
– Non, mais ce n'est pas pareil, tu étais...
Je glisse mon autre main contre sa joue chaude afin qu'il me regarde, il s'arrête de parler. Pour une fois, c'est moi qui lui ôte les mots de la bouche. Il me fixe, droit dans les yeux, mon coeur s'emballe toujours un peu plus.
– On en avait tous les deux besoins, il n'y a aucun problème avec ça. Et si tu as encore envie de pleurer aujourd'hui, tu peux le faire autant que tu veux, d'accord ?
Son regard ne lâche pas le mien, il acquiesce au bout de quelques secondes et appuie sa joue tendrement contre la paume de ma main. Il cherche, demande mon contact. Mon pouce caresse sa pommette, je sens sa peau frissonner sous mes doigts, un léger soupir lui échappe.
– Mais je n'en ai plus besoin.
C'est un murmure qui résonne partout dans la pièce.
– Tant mieux dans ce cas, je souris et demande après quelques secondes, tu as bien dormi ?
– Oui, mieux que jamais. J'aurais pu rester au lit pendant des heures encore.
– Tu veux qu'on retourne se coucher ?
– Non, j'ai envie d'être avec toi, et de profiter de la journée.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire, il joue un petit moment avec mes doigts puis tourne la tête doucement afin de frôle la paume de ma main, toujours contre sa joue, de ses lèvres. Je frisonne de partout, et j'essaie réellement de calmer les battements de mon coeur.
Il me regarde avec un sourire qui réveille des tempêtes en moi. Et je ne fais rien pour les calmer, parce que pour une fois je veux tout ressentir. Je veux être submergé par les vagues de Louis et ne jamais quitter l'océan de ses yeux.
– J'ai ramené le petit déjeuner, c'est pour ça que j'étais sorti.
– Merci, c'est vraiment gentil.
Je baisse ma main, après avoir caressé sa joue une dernière fois. Nos doigts restent liés, comme un point d'accroche pour se dire à tous les deux que c'est bien réel, que hier n'était pas un rêve.
– Et toi, ça va ?
– Je vais bien si tu vas bien.
Louis lève les yeux au ciel en secouant doucement la tête, il s'approche davantage de mon corps qui n'attend que la chaleur du sien. Il me regarde moi, puis mes lèvres, il fait l'aller retour plusieurs fois. Je crois que c'est une façon de me demander s'il peut m'embrasser.
Je me décide à prendre les devants, je penche légèrement ma tête, en cherchant ses yeux, afin de poser ma bouche contre la sienne. Comme hier, c'est plutôt timide et léger au début, puis ça devient plus passionné. Mais ça reste tellement doux et tendre. Les doigts de Louis se perdent dans mes cheveux, il soupire contre ma bouche et je ne fais plus attention à rien d'autre que lui.
Nos lèvres se retrouvent pour la deuxième fois, je n'ai jamais envie que ça prenne fin. Je voudrais pouvoir arrêter le temps. Louis se recule en premier, mon souffle est plus court, je lui souris et il pose un baiser sur mon menton.
– On ferait mieux de déjeuner avant que ce ne soit froid.
J'acquiesce en souriant, Louis rit si près de ma bouche que ça me donne des frissons, ça résonne dans tout mon corps. Mais, malgré ses mots, il vient une nouvelle fois chercher mes lèvres. Et je ne m'en plains pas, c'est la plus belle chose qui pouvait m'arriver. Je n'en ai que faire de manger, si à la place je peux savourer ce moment toute la journée.
Nos langues osent encore à peine se caresser, mais nous prenons notre temps, parce que rien ne presse, parce qu'aucun de nous ne veut précipiter cet instant. Louis sourit contre mes lèvres lorsque je glisse une main sur sa hanche, au-dessus de son pull, il frotte le bout de son nez contre le mien en se reculant puis tire sur nos doigts enlacés pour me guider vers la table.
Je sors mes achats, il croque dans un bout de croissant puis se lèche les lèvres. Il me remercie encore, je lui souris. Je bois mon café, il est devenu tiède, mais le goût est encore délicieux.
– Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?
– Tu m'avais promis une visite, non ?
– D'accord, j'acquiesce, mais je ne sais pas si j'aurais le temps de tout te montrer. Et en plus les magasins où je voulais t'emmener sont fermés aujourd'hui.
– Alors nous reviendrons. Pourquoi pas en été, on pourra prendre le soleil sur la plage et manger des glaces.
Louis me propose ça avec une nonchalance et une aisance qui me fait sourire. Comme si penser au futur ne l'effrayait pas. Et d'un côté ça me rassure qu'il pense que nous serons encore en contact dans quelques mois. Je commence à apprécier cette perspective, moi aussi. L'idée d'une vie à ses côtés. Il passe une main dans ses cheveux afin de dégager les mèches de devant ses yeux puis incline la tête sur le côté en me regardant.
– Seulement si tu veux, bien sûr ?
– Oui, je dis en lui souriant, ça me plairait beaucoup.
– Parfait dans ce cas.
Il se penche pour m'embrasser rapidement au dessus de la table, et c'est tellement naturel que mon coeur bondit à l'intérieur de ma poitrine. Le sourire qui prend place sur ses lèvres est celui du Louis habituel, il me fait un clin d'oeil et nous parlons un peu d'autre chose, de l'exposition d'hier puis des endroits que je veux l'emmener voir.
Après ça, il va prendre sa douche, je reste un temps sur mon téléphone, donne des nouvelles rapides à Lili, Noé et Olivia. Louis sort de la salle de bains, les cheveux légèrement humides, un nouveau pull noir sur les épaules et un jean bleu. Je prends sa place afin de me brosser les dents, il me rejoint afin de coiffer rapidement ses cheveux en passant ses doigts dedans. Je le regarde dans le miroir, puis lui aussi, il me sourit, je continue de me brosser les dents et il me donne un léger coup d'épaule avant de sortir de la pièce.
Louis est comme une tornade, mais elle ne détruit rien sur son passage. Elle chamboule tout, elle bouleverse, elle attire, elle est fascinante, mais elle n'est pas effrayante. Je n'ai pas envie de la fuir, je veux me réfugier et me perdre dans ses bras.
J'observe mon reflet dans le miroir, mes yeux sont d'un vert clair, et mes joues teintées d'un rose plus prononcé que d'habitude. Ça faisait des mois que je n'avais pas vu mon visage aussi épanoui. Je passe mes doigts contre mes lèvres, là où nous nous sommes embrassés hier, puis encore ce matin, et le baiser que Louis m'a dérobé. J'ai l'impression d'encore sentir la chaleur de sa bouche contre la mienne et en même temps d'en avoir toujours plus besoin.
– Harry ! Harry viens voir vite !
Sa voix, soudaine, me fait sursauter et sortir de mes pensées. Je le rejoins dans la chambre, mon regard tombe sur lui, collé près de la fenêtre. Je fronce les sourcils puis m'approche de lui en quelques enjambées.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– Il neige ! Regarde.
A mon tour, j'observe dehors. La pluie de flocons qui tombe du ciel, ils sont épais et nombreux. Mes yeux se posent ensuite sur Louis, son expression émerveillé, celle d'un enfant le matin de Noël, le sourire qui fend ses lèvres et les étoiles dans son regard du bleu de la mer, au loin, dont nous ne devinons qu'un petit bout. Mais c'est suffisant. Et de toute manière, je préfère admirer les yeux de Louis que l'océan.
Puis au bout de quelques secondes, il se tourne vers moi et me prend la main.
– Il faut qu'on aille dehors ! Vite, habille toi !
Je n'attends pas une minute de plus, avec Louis j'apprends à croquer chaque seconde de ma vie, à ne plus autant réfléchir. Nous nous dépêchons de nous couvrir, Louis manque d'oublier son écharpe, il insiste pour que ce soit moi qui porte les gans aujourd'hui, je les enfile tandis que nous arrivons dehors.
Nos doigts se retrouvent sans difficulté, sans avoir besoin de se chercher. Louis me sourit et je le suis où il m'emmène, ça peut-être à l'autre bout du monde, plus rien n'a d'importance tant qu'il reste avec moi. Les flocons ne cessent de tomber de plus en plus, bientôt la ville sera recouverte d'un magnifique manteau blanc.
Le rire de Louis me réchauffe le coeur, nous croisons quelques habitants sur notre chemin, qui bravent le froid ou viennent profiter de cette météo. Louis s'arrête au bord du sable, il lève le visage vers le ciel et les flocons se posent délicatement sur son visage, semblable à des caresses, il ferme les yeux et son sourire s'étend. Et moi je ne regarde que lui. Tout s'efface pour ne me laisser voir que son air heureux.
J'ai la sensation, pendant une fraction de secondes, d'exister hors du temps. Louis ouvre les paupières, il observe autour de lui, puis serre mes doigts. J'ai le coeur qui gonfle de bonheur.
– C'est si beau.
Louis tourne la tête vers moi, j'acquiesce. Il me sourit, des minuscules flocons se posent sur le bout de ses cils, il me coupe le souffle. Ses doigts libres viennent se poser contre ma joue, ils sont froids, et me font frissonner. Il caresse ma pommette lentement, son regard ne lâche pas le mien. Je peux jurer que le temps s'arrête.
– Harry.
– Oui ?
– Je peux t'embrasser ?
Mon coeur s'emballe à chacun de ses mots, ça semble devenir une habitude. Je ne m'en plains pas. C'est quelque chose que je veux ressentir tous les jours. Rendre heureux Louis et l'entendre rire.
– Tu n'as pas à me le demander, tu sais.
Ce n'est qu'un murmure, ma voix tremble légèrement sous l'émotion. Il me sourit avec ses yeux, son pouce continue de caresser ma peau tandis qu'il s'approche de moi et fait rejoindre nos lèvres. Les siennes sont étrangement chaudes, je pose mes mains sur ses hanches, dans son dos, afin de le garder tout contre moi.
Louis m'embrasse comme s'il n'y avait pas de lendemain et je suis déjà accro à sa façon de me faire tourner la tête. Quand nous nous détachons, je pose un baiser sur le coin de sa bouche, là où elle se relève quand il sourit, il joue avec mes cheveux. Puis, tout bas, il me dit :
– Tu es beau, toi aussi. Ce n'est pas une blague, tu es tellement beau, surtout quand tu souris. Tu sais, ça fait tellement longtemps que je veux te le dire, à quel point je te trouve incroyable.
Mes joues se mettent à chauffer, il recule sa tête afin de me regarder et je suis trop captiver par ses yeux pour baisser les miens. En moins de vingt quatre heures, mon coeur a raté plus de battements que dans tout le reste de ma vie.
Un sourire timide se dessine sur le coin de mes lèvres, Louis passe son pouce à cet endroit où se cache ma fossette. Je me laisse aller sous son toucher.
– C'est toi qui l'est, Louis.
Il pose son front contre le mien, nos nez se frôlent et il maintient mon regard. Je le respire lui, son odeur, son bonheur, ses couleurs, tout ce qui le compose et m'a fait tomber sous son charme ces dernières semaines.
Nous restons ainsi, un long moment, sous les flocons de neige qui nous pleuvent dessus, en face de la mer, serrés l'un contre l'autre. Nos souffles se mêlent, nos regards se répondent. Nous n'avons besoin de rien de plus que ça.
Au bout de plusieurs minutes, Louis me demande :
– Je peux t'avouer un secret ?
– Toujours.
J'ai l'impression que je peux parler de tout avec lui. J'ai envie de tout lui raconter sur moi et en même temps j'ai peur que connaître mon histoire ne le fasse changer d'avis sur ce qui vient de se passer entre nous ces dernières heures.
– Je rêvais de t'embrasser depuis des semaines, je n'ai jamais osé faire le premier pas parce que... j'avais peur de te faire fuir, que ça gâche tout entre nous, je tiens déjà beaucoup à toi et je ne voulais pas que... je ne voulais pas te perdre.
Sa voix tremble légèrement, je recule mon visage du sien pour le regarder. Il baisse sa main sur mon épaule, les sourcils froncés, je glisse la mienne contre sa joue.
– Je te l'ai dit Louis, ça n'a rien gâché du tout. Au contraire. Je crois que tu en as la preuve, c'est bien la dernière chose qui me repoussera.
Si je suis bien certain d'une chose, après ce week-end, c'est que je ne veux plus jamais vivre dans un monde sans Louis.
– Moi aussi, j'en mourais d'envie.
Mon aveu le fait sourire jusqu'aux oreilles, il est si beau que ça me tord l'estomac. Je passe mon pouce près des ridules qui se forment aux coins de ses yeux. J'ai envie d'apprendre chaque détail de son visage par coeur, mais je crois que c'est impossible parce que Louis est un homme aux mille couleurs.
– Je n'ai pas envie que ce week-end se termine.
– Moi non plus, il avoue tout bas.
– C'est à mon tour de te dire un secret.
– Je t'écoute.
Il m'écoute toujours. Je souris et baisse les yeux vers sa main qui est venue se lier à la mienne, entre nos corps.
– Je me sens si bien avec toi, Louis.
– Vraiment ?
J'acquiesce, des centaines d'étoiles semblent s'allumer en même temps dans son regard. Mon coeur se met à battre plus fort et les larmes me montent aux yeux, je ne sais pas réellement pour quelle raison mais je ne cherche pas à savoir. Peut-être un sentiment de libérté. Louis dépose de doux baisers contre mes paupières fermées, le long de ma joue, puis sur mes lèvres, près desquelles il murmure :
– C'est mon cas aussi, tu ne peux pas savoir comme je suis heureux là maintenant.
A mon tour, je souris. Je n'avais pas connu ce bonheur là depuis des années, ce sentiment d'exister et de savoir respirer. Que tous les nuages chargés d'orage s'écartent au loin pour laisser passer les rayons du soleil. C'est Louis qui apporte la lumière dont j'ai besoin.
– Et je te promets qu'on reviendra ici et que je t'embrasserai de la même manière en haut de la falaise. Peut-être juste sans les larmes, ce serait bien.
Son rire se joint au mien, il sait que je n'accorde aucune importance à le voir pleurer. J'inspire et lui tend mon petit doigt, il y accroche le sien pour sceller notre promesse. Son regard ne lâche pas le mien, tout comme sa main une fois que nous nous mettons à marcher.
Je lui fais visiter certains endroits, il écoute attentivement chacun de mes mots et me pose parfois des questions. La neige continue de tomber, elle tient au sol. Il en prend dans ses mains, forme une petite boule et me la lance sur l'épaule tandis que je regarde une devanture d'un magasin fermé. Je me retourne vers lui, il hausse un sourcil, et je ne tarde pas à me venger.
Nous partons dans une bataille de neige, comme des enfants, son rire chante à mes oreilles et le mien n'a jamais été aussi léger. Quand il m'embrasse, ses doigts contre ma joue sont gelés, mais je ne prête attention qu'à ses lèvres et les battements effrénés de mon coeur.
Son sourire me laisse croire que tout est possible maintenant qu'il est là.
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