10.

Olivia.

 Je remonte mes lunettes sur mon nez et surligne une dernière ligne au stabilo jaune avant de me lever et d'aller en cuisine, la feuille dans la main. Lili termine la vaisselle des derniers clients qui viennent de partir, Noé range des restes au frais et Harry finit le glaçage de ses cupcakes pour demain.

– Je viens de regarder les congés qu'il vous reste à prendre avant la fin d'année, Noé tu as encore trois jours, Lili cinq et Harry douze. Ce n'est que dans trois mois, mais j'aurais besoin que vous me teniez au courant d'ici la fin de semaine pour qu'on puisse s'organiser.

Noé et Lili hochent la tête puis partent chercher leurs affaires dans le local fermé à clefs. Harry s'est figé dans ses gestes, mais continue de fixer la table. Je fronce les sourcils, mais dit au revoir à Lili et Noé qui ont terminé leur journée, Lili demande à Harry s'il vient aussi, il répond d'une petite voix qu'il a encore ses pâtisseries à terminer et qu'ils peuvent partir sans lui.

Lili retroussent ses lèvres mais lui embrasse la joue, Noé presse affectueusement son épaule et ils sortent par la porte arrière. Le silence revient dans la pièce, Harry pose sa pochette à glaçage et joue avec ses bagues. Je m'appuie contre le plan de travail, car je sens qu'il a besoin de me parler de quelque chose.

– C'est grave si je ne pose pas ces jours ?

– Eh bien, ce sont des heures de repos que tu perds. Disons que tu es obligé d'en avoir un certain nombre par an.

Son expression semble s'assombrir davantage. Il n'a toujours pas relevé les yeux vers moi, mais je vois parfaitement sa pomme d'Adam bouger lorsqu'il ravale difficilement sa salive.

– Je n'ai pas... tellement envie d'en prendre.

– Tu es bien la première personne que j'entends dire ça.

Je tente de détendre l'atmosphère, seulement il sourit à peine. Il passe une main dans ses cheveux et termine le glaçage sur ses deux derniers cupcakes. Je le laisse faire, sans rien ajouter. Ce dont il a besoin, c'est du temps. Je l'ai assez côtoyé ces trois dernières années pour le savoir. Harry ne parlera que quand il se sentira prêt.

Il se lève et met sa préparation au réfrigérateur, je m'approche doucement de lui et pose une main sur son épaule.

– Viens, on va monter boire un café. Il fait meilleur qu'ici.

Sans dire un mot, il me suit à l'étage. Dans mon petit appartement. Hadès, mon chat noir que j'ai adopté en arrivant ici, se redresse du canapé où il était affalé pour venir entre mes jambes et lécher les doigts d'Harry qui s'est accroupi à sa hauteur.

Pendant ce temps, je vais faire couler un café et sors deux tasses. L'odeur remplit rapidement la grande pièce qui regroupe mon salon et ma cuisine ouverte. Il est tard, il fait presque déjà noir dehors alors je tire les rideaux et allume une deuxième lumière tamisée.

Harry s'assoit autour de la table en bois, il regarde la couverture du magazine de cuisine que j'ai lu ce matin au petit déjeuner. Je nous sers le café puis ramène les tasses à table, il enroule ses doigts autour, le regard plongé dans le liquide noir à l'intérieur. J'inspire légèrement et me lance :

– Harry... tu es certain de ne pas vouloir prendre quelques jours pour toi ? Tu es un employé exemplaire, tu le sais, toujours à l'heure, motivé, sérieux et créatif, je n'ai jamais rien à te reprocher.

– Mais ?

Je sens le doute et l'inquiétude dans sa voix, dans ce seul mot. Harry sait qu'il n'a pas à s'en faire, c'est une personne à qui je fais totalement confiance.

– Mais tu m'as l'air épuisé. Ça fait quelques jours, peut-être quelques semaines que je l'ai remarqué déjà. Je n'ai rien voulu dire seulement... ça m'inquiète.

Un instant de silence passe, il fixe son café, je bois une gorgée du mien, encore bouillant sur ma langue.

– Je dors mal.

C'est tout ce qu'il me dit d'abord, mais je perçois, je ressens toute la tension sous sa peau. Le poids immense qu'il porte sur ses épaules depuis trop longtemps déjà.

– Est-ce qu'il y a des soucis dont tu voudrais me faire part ?

Il ravale sa salive, mais ne me répond pas. J'ajoute :

– Au travail ?

– Non, non, j'adore venir ici, tu le sais. C'est le seul endroit où je me sens... bien.

Au moins, ma question lui a fais relever les yeux vers moi. Même si d'un côté ça me soulage que son problème ne vienne pas d'ici, je ne peux que m'inquiéter à l'idée de ce qu'il vit en dehors du salon de thé.

Je sais qu'il a des problèmes familiaux, que sa mère est interné en hôpital depuis un moment, qu'il vit seul chez lui et que son père a disparu il y a des années. Mais malgré ces informations, j'ai l'impression qu'il y a une grande partie de sa vie qui reste un mystère et un secret pour moi.

– Qu'est-ce qui se passe alors ?

Ma voix est plus douce et faible, il croise mon regard une seconde, puis secoue la tête.

– C'est pas... je veux pas t'embêter avec ça Olivia.

– Harry, tu peux tout me dire. Ça fait trois ans qu'on se connaît et je veux t'aider si je le peux.

Un silence passe, il soupire lentement et la fumée de sa tasse vacille. Harry a toujours eu du mal à parler de ce qui ne va pas. C'est déjà un miracle, je crois, si j'en sais autant sur sa vie.

– Je crois que je vais me retrouver à la rue.

Sa réponse me prend de court, j'ouvre grand les yeux et il me fait quelques secondes pour percuter.

– Q... Quoi ? Comment ça ?

Il ferme les paupières un instant, je tend une main vers la sienne parce qu'il fait ça pour retenir ses larmes. Ce sont des petits gestes que j'ai fini par apprendre chez lui.

Quand il ouvre les yeux, il voit ma main, la regarde puis glisse la sienne contre. Je serre fort ses doigts, en signe d'écoute.

– Ma mère, elle... enfin, tu sais, je suis tout seul à la maison. J'ai que mon salaire pour payer les factures, sauf que c'est trop cher, j'ai... j'ai deux loyers de retard, je...

Sa voix est larmoyante, anxieuse. Il doit cohabiter avec ces pensées depuis des semaines, des mois peut-être et ça me fend le coeur d'imaginer qu'il garde tout pour lui jusqu'à l'explosion.

– Je vis presque tout le temps dans le noir, j'ai... j'ai pas encore mis le chauffage, je fais le minimum de courses mais... ça suffit pas. C'est de pire en pire même et... j'ai reçu deux courriers de relance, ils vont faire passer un huissier parce que si je ne paie pas rapidement ils... ils vont me virer de la maison. Ils ont le droit tu sais je...

Harry s'interrompt pour reprendre son souffle, chercher ses mots, ses épaules tremblent un peu. Je caresse le dos de sa main avec mon pouce.

– Je ne peux pas me permettre de prendre des congés, Olivia. J'ai besoin de cet argent... tu comprends ?

– Bien sûr, Harry, oui. On va s'arranger. Je suis désolée...

L'existence qu'il mène est encore plus difficile que je ne le pensais. Ce jeune homme n'a pas eu la vie simple et elle semble encore vouloir s'acharner sur lui. Je porte mon autre main autour de la sienne et attend qu'il me regarde pour reprendre la parole.

– Écoute, on va trouver une solution ensemble si tu veux de mon aide ? Il est hors de question que tu te retrouves à la rue, tu m'entends ? On va trouver un moyen pour que tu restes chez toi.

– Non.

Même si sa voix est basse, son ton est déterminé, presque froid. Ses yeux n'expriment rien d'autre qu'un immense vide. J'ai la gorge qui se noue d'émotions.

– Non ? Tu ne veux pas de mon aide ?

Harry retire sa main, je lui laisse sa liberté. Son dos se retrouve appuyé contre le dossier de la chaise, il laisse ses bras retomber sur ses cuisses. Il paraît si jeune, si vulnérable.

– C'est pas chez moi... j'ai pas envie de rester là-bas.

Et je comprends. Je comprends que ce n'est plus une option mais un besoin pour lui, de s'en aller. De se détacher au maximum de tout ce passé qui s'accroche à sa peau. Je l'ai vu la dernière fois où je l'ai accompagné jusque devant l'hôpital pour aller voir sa mère. Il ne voulait pas y remettre les pieds, il ne voulait pas l'affronter à nouveau.

Quand il est ressorti, je l'ai tout de suite remarqué. Ce changement, ce vide en lui. Il était dévasté, bouleversé. Comme si une vague immense de tristesse l'avait emporté. La glace que nous avons été manger ensuite, il n'y a pas touché, seulement trempé ses lèvres par politesse et bonne mesure envers moi, mais il était ailleurs, absent de son propre corps.

Ce soir, c'est le même Harry que je retrouve. Et parce qu'il ne comprend pas tout de flot d'émotions qui afflux en lui, qu'il ne maîtrise pas, il se ferme au reste du monde. Sa manière à lui de se protéger des autres.

– J'ai... depuis que ma mère est partie, que je suis tout seul je... j'essaie de mettre de l'argent de côté pour me louer un petit appartement, et je pourrais vendre la maison mais je... je ne sais même pas comment m'y prendre, comment ça fonctionne tout ça. Je... je suis perdu et j'ai peur... j'ai peur de jamais pouvoir partir de là. Je veux pas y rester, je veux pas continuer à y vivre. Je te jure je... je m'y sens pas bien du tout, il y a...

Seulement, Harry a aussi besoin de s'exprimer, de mettre des mots sur son mal être, sur ce qu'il subit chaque jour, en silence, secrètement, au fond de lui. Et ce soir, il en partage une partie avec moi.

Même si j'aurais aimé ne jamais entendre ces paroles, ne jamais me retrouver face à une réalité si cruelle, je l'écoute attentivement. Parce qu'il me fait assez confiance pour se confier.

– Il y a des soirs, j'ai presque envie de dormir en bas dans... dans la cuisine, ou dehors sur un banc, je ne sais pas je... partout sauf là-bas.

Il murmure ces derniers mots, les yeux baissés vers le sol. Pendant une poignée de secondes, le silence nous entoure. Hadès parcourt le salon puis s'arrête devant Harry, il frotte son museau contre sa jambe, renifle son pantalon puis s'allonge en boule à ses pieds.

– Harry... pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?

Son regard croise le mien, un vert triste, délavé, noyé de larmes qu'il retient au fond de lui. Il hausse les épaules, sans rien dire, je crois que c'est la seule réponse à laquelle j'aurais le droit.

Mais il s'est déjà beaucoup livré ce soir, je lui souris faiblement et me redresse dans ma chaise. Il prend la tasse afin de boire une petite gorgée. Je me doute que c'est, encore une fois, par politesse et qu'il se force à y goûter devant moi.

Je regarde autour de moi, il repose la tasse sur la table et tend une main pour caresser le pelage noir d'Hadès qui ne tarde pas à ronronner.

– Écoute, pour le moment, tu vas dormir ici ce soir, d'accord ? J'ai un canapé convertible et mon lit, tu dormiras où tu veux, ça suffira amplement pour cette nuit.

Après une petite hésitation, il hoche la tête. Je pense que, face à une toute autre situation, il aurait refusé mon aide. Mais, ce n'est plus une question de choix. Il me l'a assez répété, il ne veut pas retourner chez lui, il ne peut plus vivre entre ces murs.

Je ne sais pas d'où vient cette peur, je ne sais pas ce qui s'est passé pour qu'il cherche à tout prix à fuir la maison où il a grandi. Ce que je sais, c'est qu'Harry a besoin de moi, de mon soutient, il ne m'en aurais jamais parlé si ce n'était pas aussi important.

– Je suis épuisé Olivia...

Sa voix résonne à nouveau, je ne m'attendais pas à l'entendre encore. Ce n'est pas simplement un état d'esprit ou une fatigue physique. Ce n'est pas ce qu'on ressent après une longue journée de travail mais après avoir passé des années à se battre pour tenir debout.

Aujourd'hui, Harry est arrivé à un stade où il n'a plus assez de force pour tenir. Peut-être même que c'est un sentiment qui date d'il y a plus longtemps, mais qu'il n'osait pas à en faire part.

– Je sais bien, je le vois. Et je ne te laisserais pas dans cette situation, je te le promets.

Je n'ai pas besoin d'y réfléchir à deux fois. Harry est un de mes employés, mais avant tout un être humain auquel je ne me suis attachée au fil des mois, des années à travailler à ses côtés, partager des idées de recettes et cuisiner ensemble.

Il lève les yeux vers moi, et je sens qu'il me remercie silencieusement.

– Est-ce que tu veux manger quelque chose ?

Une nouvelle fois, il se contente de secouer la tête en baissant les yeux au sol. Il n'a même pas terminé sa tasse de café, alors je ne m'attendais pas à ce qu'il me demande un repas.

Je me lève de ma chaise, il me suit du regard alors que je termine ma tasse de café en me dirigeant vers la cuisine pour la mettre dans l'évier.

– Dans ce cas, pourquoi tu n'irais pas prendre une douche ? Tu peux m'emprunter un vieux tee-shirt, ce ne sera pas ton style mais...

– C'est parfait, merci.

Il ne me rend pas le sourire que je lui adresse, mais ce n'est pas par manque de politesse, il est simplement trop préoccupé pour y penser, peut-être qu'il n'en a pas envie aussi.

Je vais lui chercher des affaires pour la nuit, une serviette et un gant propre puis je dépose tout sur une chaise dans la salle de bains. Il me remercie, sa voix est faible, je lui presse doucement l'épaule en sortant de la pièce.

Pendant qu'il se lave, je range un peu le salon et déplie le canapé-lit. Je lui ramène une couverture, des oreillers. Une dizaine de minutes plus tard, il sort de la salle de bains. Il porte un vieux tee-shirt à moi et un jogging que je ne mets qu'ici, le Dimanche. Le bas est un peu court pour lui, comme il doit bien faire deux têtes de plus que moi, mais ça ira pour ce soir.

Son regard se pose sur le canapé déplié, il m'adresse un sourire frêle puis s'assoit sur le bord. Hadès grimpe directement sur le matelas, lui aussi. Je m'apprête à lui demander de descendre, mais Harry me dit que je peux le laisser là, si ça ne me dérange pas.

J'acquiesce, il passe une main dans ses cheveux détachés, qui tombent en cascade bouclées de chaque côté de son visage fin. Ses traits sont creusés par la fatigue, l'épuisement. J'éteins la grande lumière du dessus, débarrasse sa tasse encore remplie.

– J'ai encore quelques petites choses à terminer, mais tu peux dormir. Tu as tout ce qu'il te faut ?

Il hoche lentement la tête et me remercie, avant de se coucher sur le dos. Une fois la couverture ramenée jusqu'à son torse, Hadès se roule en boule près de lui. Harry fixe le plafond puis glisse ses doigts dans le pelage noir de son petit compagnon de sommeil.

Je prends des affaires sur la table basse, vérifie que la porte est bien fermée puis lui souhaite une bonne nuit. Il me répond d'une voix faible, nouée. Je le regarde un moment et m'avance vers la table où une dernière lampe éclaire encore le salon.

– Est-ce que... est-ce qu'on peut laisser la petite lumière allumée, s'il te plaît ?

La détresse dans sa voix me serre la gorge, je me tourne vers lui et acquiesce en lui souriant pour le rassurer. Il inspire, puis ferme les yeux. Je décide alors de m'éclipser dans ma chambre afin de le laisser dormir en paix.

Pendant près d'une demi heure, je fais les comptes, trie des papiers administratifs et rédige deux mails à nos fournisseurs et une association. C'est la partie la moins drôle de mon travail, gérer tout ce qui permet au salon de thé de fonctionner financièrement. Mais c'est aussi une grande satisfaction de voir son projet grandir et aboutir.

Je rêvais depuis des années d'ouvrir mon propre salon de thé. Après un long moment à travailler derrière un bureau, j'ai décidé de mettre mon argent de côté pour tout quitter et changer de vie. Aujourd'hui, quand je regarde où j'en suis, je ne regrette rien. Je suis même fière d'en être arrivée là. C'est exactement l'endroit que je voulais ouvrir. Un café convivial qui regroupe toutes mes passions, la pâtisserie, les chats et les livres. Parfois, il ne suffit pas de grand-chose pour être comblé de bonheur.

Il est environ vingt deux heures quand j'ai terminé mon travail et sors de la douche. J'ai avalé un reste de bagel au saumon de ce midi devant mon ordinateur tout à l'heure. Silencieusement, je m'approche du salon. La petite lumière est toujours allumée, sa légère nuance dorée éclaire faiblement les murs, mais je suppose que c'est assez pour rassurer Harry.

Son corps est tourné sur le côté, emmitouflé dans la couverture, je ne vois que son dos et ses cheveux. Hadès est toujours lové contre lui, je l'entends ronronner. Mais la respiration d'Harry n'est pas celle lente et apaisée d'une personne en plein sommeil.

Je m'approche d'un ou deux pas, me pince les lèvres puis demande tout bas :

– Harry... tu dors ?

– Non...

Sa réponse me parvient presque immédiatement, il se tourne vers moi. Malgré la fatigue apparente sur son visage, il ne trouve pas les bras de Morphée et je peux le comprendre. Son esprit doit grouillé de tous ces problèmes qui le hantent et lui tombent dessus. A sa place, moi non plus je ne parviendrais pas à fermer l'oeil.

Il se redresse sur son coude pour mieux me faire face, des boucles éparses effleurent ses pommettes et son front.

– Je réfléchissais à quelque chose, c'est tellement simple que ça ne m'est pas venu à l'esprit tout de suite.

Toute son attention est tournée vers moi, j'inspire et continue sur ma lancée.

– Pourquoi tu n'emménagerais pas avec moi ? L'appartement est assez grand pour deux, je te libère mon bureau pour y faire ta chambre, ton espace à toi et...

– Non, je... Je ne peux pas accepter, tu en fais déjà assez pour moi.

Un léger rire sort de ma bouche tandis que je lève les yeux au ciel. Il peut être vraiment têtu quand il le souhaite.

– Oh parce que tu crois que je vais te laisser continuer à vivre dans cette situation ou être jeté à la rue ?

Harry passe une main dans ses cheveux en haussant les épaules avant de bafouiller, les yeux baissés vers le sol.

– Tu n'es pas obligé. Je... je vais me débrouiller pour trouver un appartement, même si je dois dormir dans un hôtel pendant plusieurs jours.

– Premièrement, c'est hors de question. Deuxièmement...

Je m'approche afin de m'asseoir sur le bord du lit, de manière à ce qu'il me regarde. Ma voix se fait plus douce et lente, parce que je veux qu'il comprenne qu'il n'est pas un fardeau pour moi ou personne d'autre. Au contraire, je crois que Lili et Noé, par exemple, ne demandent qu'à l'aide.

– Ce ne serait que temporaire, Harry. Le temps pour toi de retomber sur tes pieds et de te mettre assez d'argent de côté. Et ne t'en fais pas pour tes congés nous allons voir ça ensemble. Je ne m'attends pas à ce que tu passes dix ans ici, mais t'avoir à mes côtés pendant quelques mois me ferait très plaisir. Et je serais rassurée de te savoir ici, l'esprit apaisé. Pas toi ?

Il reste silencieux un moment, perdu dans ses pensées, en pleine réflexion. Puis il se rallonge, un soupir sort de ses lèvres. Harry est épuisé par la vie.

– Je ne sais pas, il faut que j'y réfléchisse...

– Bien sûr, tu as le temps d'y penser.

En signe d'affection, je presse tendrement son poignet et jette un coup d'oeil à Hadès qui n'a pas bougé d'un poil. Un sourire se dessine sur mes lèvres, Harry se remet à le caresser.

– Allez, essaie de dormir un peu, on en reparlera à tête reposée demain. Mais on va trouver une solution.

– Merci Olivia, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Je lui offre un sourire rassurant puis me redresse, nous nous souhaitons bonne nuit pour de vrai cette fois. Après être passé me laver les dents, je me couche dans mon lit et écoute le silence au salon. Le léger filet de lumière se reflète jusqu'ici, je me demande de quoi demain et les prochains jours seront fait. Ils risquent d'être émotionnellement compliqués et fatiguant.

Mais ce qui est certain, c'est que je vais aider Harry. Je lui en ai fait la promesse.

Je ne l'abandonnerai pas.

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