Chapitre 47
Après un long moment à parler tous les trois, je décide de m’éclipser afin de laisser le père et la fille en tête à tête et sors de la pièce. Raphaël me jette un regard inquiet juste avant que je ne sorte, mais je le rassure d’un sourire, pas du tout inquiète. Ils n’ont pas besoin de moi. IL faut que je les laisse se découvrir en douceur, sans passer par moi. C’est important pour eux. Et il faut absolument que je parle avec Émilien et Amelia.
J’erre un moment au rez-de-chaussée. Cette maison est tellement grande !
- As-tu besoin de quelque chose ? me demande soudain une voix féminine.
Je me retourne, soulagée.
- Amelia ! Je vous cherchais, toi et Émilien. Il faut que je vous parle...
Elle pointe sa poitrine de son index.
- A moi aussi ? s’étonne-t-elle.
- Oui, je réponds, un peu surprise. Cela te concerne aussi. En plus, tu es la femme d’Émilien, donc...
Stupéfaite, je vois ses yeux se remplir de larmes.
- Merci, Ophélia. On me tient souvent à l’écart, en me disant que je suis trop fragile...
Gênée, je l’observe sécher ses larmes. Puis elle me montre l’escalier.
- Si tu cherches Émilien, suis-moi. Il est avec Diego.
Je monte aussitôt les marches derrière elle.
- Bianca et Diego vont bien ?
- Oh oui ! s’exclame Amelia.
Ses joues sont roses. Elle semble heureuse.
- Émilien adore Diego ! Il accroche moins avec Bianca, car elle est plus réservée...
...et ressemble beaucoup à Isabella, je complète en pensée. Cependant, je ne le dis pas à voix haute, car je ne sais pas du tout si Amelia est au courant ou non du passé de son mari, et de notre relation complexe, à Émilien et moi, avec notre petite sœur.
Nous arrivons finalement dans un salon aux couleurs claires, éclairé par de larges baies vitrées. Il est plus petit que celui où sont restés Julia et Raphaël, mais il reste immense ! Diego et Émilien sont en train de discuter, mais se stoppent dans leur conversation lorsque nous entrons. Diego se lève et se jette dans mes bras.
- Tante Ophélia ! s’écrit-il.
Il semble très heureux de me retrouver, et ça me donne le sourire de le voir comme ça.
- Vous avez bien discuté, tous les trois ? me demande Émilien.
Ses bras sont croisés.
- Oui. Je crois que Julia a accepté son père.
- Quel père ?! s’exclame Diego, interdit.
- Le papa de Julia est revenu, Diego, dit doucement Amelia.
- Alors Julia a des parents. Elle a une famille, n’est-ce pas ?
Je me penche vers mon neveu.
- Nous formons tous une famille ! Toi, Diego, Bianca, Julia, ton oncle Émilien, ta tante Amelia, moi et ton oncle Raphaël. Enfin, ce sera bientôt ton oncle.
Il ouvre de grands yeux.
- C’est celui qui est resté avec nous le temps qu’oncle Émilien arrive ! se souvient-il. Il était très gentil.
Il fronce les sourcils.
- Mais attends... Si tu dis qu’il sera bientôt mon oncle, ça veut dire...
- Nous allons nous marier avec Raphaël.
- Quoi ?! s’écrient Diego et Émilien en même temps.
Leur expression est comique. Je ris, sans pouvoir m’en empêcher.
- Nous n’avons jamais rompu nos fiançailles, et nous n’avons jamais cessé de nous aimer. C’est plutôt logique de se marier enfin, non ?
- Logique..., marmonne Émilien, l’air bougon. Raphaël n’a pas intérêt à te faire souffrir, sinon je m’occuperai de son cas moi-même !
Au contraire, Diego m’enlace, les yeux brillants.
- Je suis tellement content pour toi et Julia, tante Ophélia !
Je me racle la gorge.
- Raphaël... Est-ce que Bianca pourrait venir ? J’ai à vous parler. A vous quatre.
Mon frère fronce un instant les sourcils, puis se lève sans poser de questions.
- Je vais la chercher, je reviens.
Il revient quelques secondes plus tard, suivi de Bianca.
- Tu vas bien ? me demande-t-elle aussitôt.
Ses yeux sont cernés, et son regard est sombre. Je la comprends. Elle a échappé de peu à un viol. Il faut que je discute avec elle, un peu plus tard. Seule à seule.
- Isabella, votre mère, est en prison. Vous n’êtes pas majeurs, et Isabella n’aura plus le droit de vous avoir à sa charge. Elle est un danger pour vous. Donc, j’aimerais savoir ce que vous voudriez. Je n’ai pas de maison pour le moment, mais ça ne saurait tarder. Je suis bien entendu prête à vous accueillir, si le tribunal l’accepte. Et je sais que Raphaël sera d’accord avec moi, qu’il sera prêt à accueillir son neveu et sa nièce. Pour le temps qu’il faudra.
- C’est qui Raphaël ? demande Bianca.
- Pardon, Bianca, j’aurai dû te le dire avant. Raphaël est mon fiancé, bientôt mon mari. C’est le père de Julia. Il est revenu après un certain temps qu’il a passé...ailleurs.
Elle acquiesce sans un mot. Je m’apprête à reprendre, quand Émilien m’interrompt :
- Bien sûr, je serai ravi de vous accueillir ici. Ce serait mieux qu’une famille d’accueil... J’ai une bonne situation financière, et Amelia est là également. Je serai étonné que le juge soit contre.
- Vous pouvez prendre quelques jours, fait Amelia avec gentillesse. Vous n’êtes pas obligés de vous précipiter.
Diego regarde un moment ses pieds, avant de me regarder et de me dire :
- Tu as déjà une fille. Tu as Julia, et tu vas te marier. Je ne suis pas ton fils, et je serai de trop parmi vous trois.
- Non, pas du tout, Diego ! Tu ne serais pas de trop !
- Et...
Il jette un regard timide vers Émilien et Amelia. Cette dernière lui sourit avec une profonde tendresse. Je n’avais pas remarqué qu’ils étaient aussi proches... Bon, certes, il faut dire que je n’ai pas vu Diego et Amelia en même temps, c’est aujourd’hui la première fois que je les vois ensemble, de même pour Diego et Émilien !
- Je voudrais une famille à moi, achève-t-il dans un souffle.
Je fonds en larmes, et prends mon neveu dans mes bras.
- Sache seulement que tu seras toujours le bienvenu ici, mon ange.
- Merci.
Je me tourne vers ma nièce.
- Et toi, Bianca ? Que décides-tu ? Tu peux aussi prendre un peu plus de temps pour y réfléchir, si tu préfères...
Elle inspire, puis lâche :
- Comme Diego, je souhaite une famille à moi. Mais je ne veux pas rester ici. Je préfère recommencer à zéro. Peut-être que la vie m’offre, à nouveau, une chance... La chance d’être enfin aimée...
Je la serre à mon tour dans mes bras. Elle reste crispée un moment, puis se relâche dans mes bras et me serre contre elle.
- Si jamais tu as besoin, Bianca... Je serai là. Tu pourras venir chez nous quand tu le souhaiteras. Ma maison sera toujours ouverte.
- Merci, tante Ophélia..., murmure-t-elle à mon oreille.
- Ne me remercie pas, c’est normal.
- Je transmettrai au juge ce que vous voudriez tous les deux, dit Émilien.
Je me relève et lui adresse un sourire, qu’il me rend. Il pose ensuite une main sur l’épaule de Diego et prend Amelia par la taille.
- Bienvenue dans la famille, Diego.
- Diego, répète Amelia, les yeux pleins de larmes. Tu es un enfant tombé du ciel, un merveilleux cadeau pour moi qui ne peut pas avoir d’enfants.
Sa voix tremble. Mon frère l’embrasse doucement sur la tempe. Ainsi, Amelia ne peut pas avoir d’enfants. Ça me rend triste pour elle, car sentir un enfant dans son ventre est une sensation merveilleuse, qu’elle ne connaître jamais... Je sens dans son regard que ça a dû être très dur pour elle de se dire qu’elle ne pourrait jamais donner naissance. Et Diego est apparu, et il la rend heureuse. C’est tout ce qui compte.
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