Chapitre 43

Lorsque je me réveille, je me sens complètement désorientée. Quelle heure est-il ? Je me lève et marche en grimaçant jusqu'à la fenêtre. Je n'ai rien de cassé, c'est déjà ça...

Le rideau est ouvert. Il fait encore jour, mais plus pour longtemps. Le ciel commence à rosir, et le soleil est bien bas... J'ai passé la journée à dormir, mais je me sens toujours un peu fatiguée. Je n'ai qu'une envie : me rendormir...

La porte s'ouvre d'écrire moi et mon frère apparaît. Il regarde d'abord le lit vide d'un air horrifié, puis tourne la tête dans tous les sens jusqu'à me remarquer près de la fenêtre.

- Ça va ? Tu n'as pas trop mal ? Le médecin t'a apporté des anti-douleur, sinon. Ils sont sur la table de nuit.

Je secoue la tête.

- Merci, mais ça va. Je suis désolée d'avoir dormi autant...

- Ne t'inquiète pas. Tu pourras sortir bientôt. Il faut juste que le médecin passe te voir et te signe une autorisation de sortie !

- Et Julia ? m'inquièté-je.

Il se fend d'un large sourire.

- Elle s'est réveillée.

Je cours vers la porte, mais Émilien est plus rapide que moi et m'attrape doucement par le bras pour ne pas me faire mal.

- Du calme, Ophélia ! Elle va très bien, en pleine forme ! Le médecin l'a examinée, il a signé son autorisation.

- Quand s'est-elle réveillée ?

- Ce matin.

- Tu as bien empêché Raphaël de la voir, ne serait-ce qu'un instant ? m'alarmé-je.

- Oui.

Un profond sentiment de soulagement m'envahit.

- Merci beaucoup.

Je sens ses yeux pour moi, et j'ajoute :

- Je t'expliquerai plus tard. On va pouvoir sortir d'ici, alors ?

- Bientôt, bientôt ! dit-il devant mon impatience.

- Je ne peux pas aller voir Julia ?

- Non, il faut attendre le médecin pour qu'il t'examine...

Le médecin entre justement dans la pièce. Mon frère sort en me faisant un clin d'oeil.

- Vous pouvez sortir. Je ne doute pas que votre famille prenne soin de vous, sourit-il.

Ma famille... C'est vrai. Mon neveu et ma nièce. Mon frère. Ma fille. Et Raphaël, le père de ma fille.

- Je voudrais également vous demander quelque chose, madame, si vous le le permettez.

Je fronce les sourcils, mais acquiesce en renfilant mes vêtements.

- L'homme qui était avec vous avant que votre frere n'arrive... Est-ce que ce ne serait pas le père de votre fille ? Elle lui ressemble beaucoup... Mais il n'est pas venu la voir et disait toujours son prénom... Et je n'ai pas osé l'interroger à ce sujet. Bien sûr, je comprendrai si vous ne me répondiez pas. Ça ne me regarde pas.

- C'est bien sa fille, mais il n'est pas au courant.

- J'allais vous proposer un test de paternité...

- Non, je vous remercie, mais ce n'est pas nécessaire. Je suis certaine de l'identité du père de Julia. Et c'est lui. Merci. Ça fait du bien de raconter ça à quelqu'un.

- Vous allez lui en parler ?

- A qui ?

- Au père.

- Il le faut. Même si j'ai peur.

- De quoi avez-vous peur exactement ?

- J'ai peur qu'il réclame la garde. Ça me rendrait malheureuse, même s'il en a le droit.

- Je pense que cet homme ne souhaite que votre bonheur.

Sur un dernier sourire, il se lève et me tend un papier.

- Montrez ça à l'accueil. Voici également celui de votre fille, ajoute-t-il en me rendant un deuxième papier.

- Merci.

Je finis de m'habiller (difficilement avec mes bleus et autres) et sors de la pièce. Mon frère m'attend dehors.

- Allons chercher Julia ! je lui lance.

Alors que nous marchons dans les couloirs de l'hôpital, je demande à mon frère où sont Diego et Bianca.

- Chez moi. Je leur ai interdit de rester trop longtemps à l'hôpital. Ces enfants avaient besoin de repos.

Je m'arrête sur place.

- Ils sont tous seuls dans ta grande maison ?

A ma grande surprise, mon frère rougit et se gratte la nuque. Il est gêné ! J'ouvre de grands yeux.

- Non, ils ne sont pas tous seuls, marmonne-t-il. Je t'expliquerai... Et si on allait chercher Julia ?

Je me remets en marche.

- Et où est Raphaël ?

Mon frère me jette un regard curieux.

- Il nous attend dehors. J'ai essayé de le dissuader de nous raccompagner jusqu'à chez moi, mais il n'en démord pas. C'est curieux...

Je tressaille, mais ne relève pas. Raphaël... Pourquoi es-tu resté ? Je me le demande...

- C'est ici, fait Émilien en s'arrêtant devant un bureau. Bonjour madame, nous venons chercher Julia Lansay.

- Autorisation de sortie ?

Je la lui tends. Elle n'a pas l'air particulièrement aimable, mais à faire ça toute la journée...ça doit être long. En plus, elle ne doit pas voir que des gens aimables, c'est sûrement même plus le contraire...

- Très bien. Au fond du couloir, dernière porte à gauche.

Lorsque nous entrons dans la pièce, nous trouvons Julia en grande conversation avec une fille de son âge avec qui elle partage vraisemblablement la chambre d'hôpital. En fait, je remarque deux autres lits dont les draps sont froissés, mais il n'y a personne d'autre dans la pièce. Julia s'interrompt lorsqu'elle me voit entrer et court dans ma direction pour se jeter dans mes bras.

- Maman ! s'écrit-elle.

Je grimace légèrement lorsqu'elle me serre contre elle. Mes côtes...

- Tu vas bien, ma chérie ?

- Oui. Mais, et toi ?

- Je vais très bien, Julia. Nous avons toutes les deux l'autorisation du médecin pour partir.

- Alors je n'ai rien de grave ?

- Non.

- Et toi bon plus ?

- Non plus.

Un large sourire étiré enfin sa bouche.

- Alors je suis soulagée !

Je ris. Julia se tourne vers la fillette.

- Je vais devoir partir, Carla. J'espère qu'on se reverra. Je viendrai te voir !!

Je secoue la tête en riant. Si ça peut lui faire plaisir...

- Tes parents arrivent bientôt ? demande ma fille.

- Oui, dans une dizaine de minutes. Ne t'en fais pas, Julia. Je ne vais pas être seule très longtemps !

Julia acquiesce, l'air satisfait. Et lorsqu'elle se tourne à nouveau vers moi, elle tend les bras pour que je la porte.

- Tu peux me porter.

Je ne sais pas lui dire non quand elle fait cette moue adorable. Elle a six ans, certes, mais elle ne pèse quasiment rien. On dirait qu'elle a quatre ans... Je la soulève dans mes bras. Et puis, j'ai besoin de sentir son odeur, sa chaleur... Je n'ai jamais été séparée d'elle pendant une journée auparavant... Alors ça me fait tellement de bien de la retrouver !

Nous sortons dans la couloir après que Julia ait dit au revoir à sa nouvelle amie Carla.

Je n'imaginais pas que porter ma fille dans l'hôpital me demanderait un si grand effort... Arrivés avec Émilien devant la sortie, je resserre ma prise sur Julia. Elle grogne, mais ne parle pas. Je baisse les yeux sur elle et découvre qu'elle s'est endormie dans mes bras.

Parfait. Ça m'évitera de la cacher à Raphaël...qui vient d'ailleurs à notre rencontre !

- Ophélia, tu vas bien ?

Il a l'air inquiet. Étrange... Mon frère le repousse.

- Ne t'approche pas trop près d'elle. Ophélia, tu as voulu porter Julia et je n'ai rien dit, mais passe-la moi, maintenant. Tu vas te faire mal.

- C'est si grave que ça ? s'enquit Raphaël.

Émilien le toise.

- Non, ça ne l'est pas, je m'empresse de dire. J'ai juste de grands bleus.

- Et ta fille ? demande Raphaël. Elle va bien ?

- Julia va parfaitement bien, coupe mon frère en prenant sa nièce dans ses bras. Tu es venu avec ta voiture ?

Raphaël acquiesce.

- Tu peux y aller. On se retrouve chez moi, conclut Émilien d'une voix froide.

Raphaël ne dit rien et après un dernier regard à mon intention, il nous tourne le dos et s'en va vers la fond du parking. Je tends une main, puis ferme le poing et abaisse mon bras en serrant les lèvres. Je ne peux pas le retenir. Je n'en ai pas le droit.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top