Chapitre 38
Nathaël écoute mon récit en silence.
- Ma mère a tué mon enfant parce qu'elle pensait que je n'avais pas le droit au bonheur. Qu'une abomination dans mon genre n'avait pas le droit d'avoir des enfants. Elle a tué mon bébé comme elle aurait voulu pouvoir me tuer.
- Et ton enfant... Tu l'as appelé Théo...
Entendre le prénom de mon fils me foudroie sur place, perturbe mon âme encore plus profondément que je ne le pensais. Mais comment aurais-je pu savoir que j'entendais ce prénom, le prénom de mon fils dans la bouche d'un autre ?
- C'était un garçon ? Tu le savais déjà ?
La voix de Nathaël est pleine de douceur. Ou alors, je ressens ça parce que je suis vraiment dans tous mes états... C'est sûrement plus ça !
- Non. Je ne savais pas que c'était un garçon. Je l'ai su à l'hôpital, en me réveillant.
Il fronce les sourcils.
- Ta mère t'a emmenée à l'hôpital ?
- Non. C'est d'abord ce que j'ai pensé. Mais le médecin qui s'est occupé de moi m'a dit qu'on m'avait trouvée sur le bord d'une route, presque morte. J'ai survécu de justesse. Ce jour là, quand il m'a dit ça, j'aurais préféré être morte.
- Tu as dit que c'était ta mère ?
- Non. Isabella n'avait pas besoin de perdre sa mère en plus de son père, à seulement quelques semaines d'intervalle. Et puis... Est-ce qu'on m'aurait crue ? Moi-même, quand je le dise éveillée, j'ai cru que j'avais tout imaginé. Mais ce n'était pas le cas. Ma mère m'a répète cet incident jusqu'à ce que j'en fasse des cauchemars toutes le nuits, jusqu'à ce que je ne supporte plus sa présence quand elle venait me voir à l'hôpital pour sauver les apparences. Quand j'ai été rétablie et que je suis sortie de l'hôpital, elle a attendu quelques jours puis m'a jetée dehors le jour de mes dix-huit ans...
- Tu n'avais personne à tes côtés... Tu as été forte. Comment as-tu remonté la pente ?
Je détourne les yeux.
- Je n'ai jamais remonté la pente. Et quand j'ai cru que Raphaël m'avait abandonnée, alors que c'était toi...
Son regard sombre me scrute.
- Tu as cru que l'histoire se répétait.
- J'ai aussi failli perdre Julia. Mais elle est en vie. Et c'est mon plus beau cadeau...
- Je n'avais pas connaissance de ton passé quand je suis parti. Je n'aurai pas dû. C'est toi qui a le plus souffert, alors que je voulais toucher Raphaël.
Je ris tristement.
- Raphaël n'en a plus rien à faire de moi, tu as bien réussi ton coup...
- Je ne suis pas certain que ce soit vrai, Ophélia.
Je secoue la tête.
- Il s'est fiancé.
Nathaël part dans un fou rire sans joie.
- Oui, je lui ai fait quelques remarques à ce sujet, d'ailleurs...
- Pourquoi ta mère te haïssait-elle à ce point, Ophélia ?
- Elle croyait en Dieu, et sa mère lui a fait détester les roux depuis son enfance.
- Tu n'en sais pas plus ?
- Non. Et je n'ai aucune envie d'en savoir plus. Je préfère que ma mère reste là où elle se trouve à présent, c'est à dire, dans sa tombe, su cimetière. Je ne l'ai jamais revue depuis mes dix-huit ans, et je ne m'en porte pas plus mal...
Suis-je vraiment en train de raconter ma vie à Nathaël ? Pourtant, je me sens bien avec lui, maintenant. Et il ne faut surtout pas que ce soit le cas.
- Ta curiosité a-t-elle été satisfaite ? je lui demande d'une voix aussi froide que possible.
Il ne paraît pas le moins du monde surpris par mon brusque changement de ton et se renverse contre le dossier de sa chaise.
- Je connaissais déjà cette histoire. L'histoire de ton fils.
- Comment ?
- Je connais le père de ton fils.
Je manque de tomber de ma chaise.
- Comment ? je répète.
- C'est une vieille connaissance. C'était l'un de mes meilleurs amis. Mais je ne recherche plus sa compagnie depuis un moment déjà. Je l'ai revu quand mon enquêteur a reconstruit ton passé. Voudrais-tu le revoir ?
Il a l'air de s'amuser.
- Non, merci.
Ma voix est glaciale. Je n'ai aucune envie d'été aimable avec lui.
- J'aimerais que tu me parles de lui.
- Pour quoi faire ? je le défie.
Il fait mine de réfléchir, puis m'adresse un sourire goguenard.
- Pour connaître la vérité sur le père de ta fille ?
Je prends une grande inspiration. Tout ceci commence sérieusement à m'agacer...
- Il s'appelait Louis. Un jour, il est venu me trouver pour m'avouer qu'il m'aimait bien et et qu'il aimerait sortir avec moi. J'étais surprise que quelqu'un s'intéresse à moi, mais c'était agréable. On est sortis deux-trois fois ensemble avant qu'il ne me demande de venir chez lui. Je n'avais pas conscience de ces choses-là, alors. C'était lui, ma première fois, pas Raphaël. Puis, le lendemain, il a rompu. Quelques mois plus tard, j'ai découvert que je portais son enfant.
- C'était déjà un salaud, observe Nathaël.
Je serre les poings.
- C'est exact. Mais mon fils est mort.
- Tu l'as enterré dans le jardin ?
- Non. Ma mère n'aurait jamais voulu. Les gens de l'hôpital se sont occupés du corps de mon fils. Il est enterré dans un cimetière pour enfants. Mais, pour ne jamais oublier que mon fils était mort des coups de ma mère, j'ai enterré ça (Je désigné le morceau de bois ou est gravé le nom de mon fils.) dans le jardin de la maison de mon enfance.
- Tu m'as dit que tu ne savais pas que ce serait un garçon, mais que tu avais déjà choisi le prénom...
- Je pensais avoir un garçon. Et j'avais raison. Alors j'ai gardé le prénom que j'avais choisi sans savoir son sexe.
- Tu n'es jamais allée voir Théo ?
Je tressaille.
- Je ne peux pas. Je n'y arriverais pas.
- Tu n'as jamais rien dit à Raphaël ?
- Non. Et puis, heureusement.
Nathaël sourit bizarrement. Son sourire est étrangement tordu, mais c'en est plus sincère de mon point de vue...
- Je ne vais pas prétendre regretter. Enfin. Je regrette de t'avoir fait revivre ton passé. Mais je ne regrette pas d'avoir blessé Raphaël.
- Ça ne l'a pas blessé.
Il croise les bras et lève les yeux au ciel. Il semble soudain plus doux avec moi, plus...
- Bien sûr que si. Mais tu ne peux pas voir ce que je vois, Ophélia. Tu verras. Certaines choses vont changer...
Hello !! J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu, même s'il ne comporte pas beaucoup d'informations supplémentaires...
Il est très court, je sais !!! J'ai un peu de mal pour la conversation avec Nathaël, mais ça va passer ! C'est dur d'écrire le passé d'Ophélia, parce que je suis tellement attachée à ce personnage que je ressens tout comme elle...
On est très liées, Ophélia et moi. Beaucoup plus que je ne le pensais au début ...
La suite très bientôt, je cours l'écrire !!!
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