Chapitre 26
Je n'ai pas dormi de la nuit, montant la garde devant la porte. Quand ces brutes veulent quelque chose... Ils auraient pu essayer de casser la porte.
Je n'aurai pas servi à grand-chose pour protéger les enfants, mais ça m'a rassuré d'être là. J'ai eu l'impression de servir à quelque chose, enfin. Je veux préserver l'innocence de ces enfants. Ils n'ont rien à voir dans nos disputes, à Isabella et moi, rien à voir dans ses "aventures"...
Ce sont simplement des enfants...
Je n'entends plus de bruit depuis un bon moment. Je me relève en grimaçant. J'ai mal partout... On est lundi, et je sens que la journée va être difficile... Heureusement que je n'exerce pas un métier qui me ferait bouger dans tous les sens ! Je vais pouvoir rester un peu assise pendant la journée. Maja pourra s'occuper de... Zut ! J'avais complètement oublié Loïs ! Maja va me poser plein de questions sur lui, sur comment c'était... Alors que je l'ai repoussé ! Est-ce qu'il sera là ? Suis-je bête ! Bien entendu qu'il sera là ! Il travaille à la librairie, comme moi et Maja ! Oh non, non, non... Je ne suis pas prête à le revoir après hier...
J'inspire un grand coup. Il faudra bien que ça se passe. Je ferai de mon mieux. J'ai un problème plus important à régler, pour le moment...
En général, les "invités" d'Isabella disparaissent pendant la nuit, mais ils pourraient très bien être encore dans la pièce, ce qui serait assez problématique, je dois dire...
Je tourne lentement la clé dans la serrure de la porte, afin d'éviter le moindre petit bruit.
Je déglutis, puis j'entrouvre doucement, la porte. Isabella est vautrée sur le canapé, à moitié déshabillée. Beurk ! Je ne veux pas savoir ce qui s'est passé cette nuit, mais elle dort à poings fermés. Il n'y a personne à côté d'elle. Je soupire de soulagement, puis entre dans la pièce en fermant derrière moi par sûreté. Il faut que je fasse le tour de la pièce pour m'assurer qu'il n'y ait vraiment plus personne.
Alors c'est ce que je fais. Et lorsque j'ai finis, je me détends enfin. Ils sont tous partis. Je vais pouvoir préparer le petit-déjeuner tranquillement, et appeler les enfants.
Mais d'abord, j'ai besoin d'un bon thé pour me mettre en route et me réchauffer !
Je me dirige vers la cuisine, et met de l'eau à chauffer. Je sors une tasse et un sachet dans lequel je mets du thé noir en vrac. Je mets le sachet dans la tasse et ajoute l'eau bouillante. Je repose la bouilloire et me frotte les mains. Il fait froid ! Je me tourne vers le petit radiateur et monte un peu la température. Je mets également mes mains autour de la tasse pour les réchauffer.
Je suis dans ma petite bulle, lorsque quelque chose me touche l'épaule et redescend lentement vers ma poitrine. Je me tourne vivement vers l'arrière. Je me retrouve face à l'homme qui m'a abordé la veille. Que fait-il ici ? Je ne l'ai pas vu en faisant le tour de la pièce !
- Tu as oublié de vérifier dans le placard de l'entrée, ma belle, me lance-t-il.
Je tente de conserver mon calme, alors que je tremble de peur. Que me veut-il ?
- Ta sœur a été parfaite cette nuit, vraiment, mais je n'arrivais pas à t'ôter de ma tête.
Je hausse un sourcil, et ne bouge pas.
- Qu'est-ce qui vous dit qu'il s'agit de ma sœur ?
Il sourit. Mais je n'aime pas du tout son sourire. Il ne présage rien de bon pour moi...
- Elle me l'a dit. Et puis, vous habitez ensemble en ayant l'air de vous détester...
- C'est vrai qu'on ne s'apprécie pas. Surtout quand elle ramène des hommes à la maison.
Son visage se fait interrogateur ; il fronce les sourcils.
- J'aime les femmes, j'annonce, la voix sèche. Alors, si vous pouviez ôter votre main, ça m'arrangerait. Ça me dégoûte...
- Ah. Ah...
Il a l'air déboussolé.
- Je ne pensais pas que... Tu avais l'air de...
- La sortie est par ici, j'indique en montrant le couloir qui mène à la porte d'entrée.
Je me tourne ensuite vers ma tasse de thé et le touille avec une cuillère après avoir ajouté un morceau de sucre.
Il est toujours derrière moi.
- Tu es sûre que tu n'aime pas les deux ? Parce que si tu as besoin, je suis là.
Je me tourne et lui souris.
- Désolée, mais je n'aime que les femmes. Vous ne m'intéressez pas. Au revoir. Ma sœur n'aime pas se réveiller et voir l'homme avec qui elle a couché. Elle pique de très grosses colères si c'est le cas...
L'homme ne dit rien, et sort. La porte d'entrée claque, et je distingue le bruit de ses pas qui s'éloignent dans l'escalier de l'immeuble.
J'ai eu chaud ! En tous cas, ça a marché. Pour cette fois... J'ai peur des hommes comme ça. Ils pensent que tout leur est dû et...ça se termine mal. Certains paraissent même gentils au premier abord et puis...tout finit mal.
Plongée dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que mes mains me chauffent. Lorsque je m'en rends finalement compte, c'est trop tard, et je pousse un cri, les larmes aux yeux. Ça fait mal, les brûlures !
Je plonge ma main sous l'eau froide, amis le mal est fait. Une petite cloque rouge et sensible apparaît sur la paume de ma main. Zut ! C'est vraiment une journée pourrie qui commence !
Je sors des assiettes et des couverts, et décongèle quelques tartines de pain pour les enfants.
Je passe ma tête dans l'entrebâillement de la porte qui donne sur le salon, dans l'idée de demander à Isabella ce qu'elle veut manger et surtout, si elle est capable d'avaler quoi que ce soit après tout l'alcool qu'elle a ingurgité, mais je m'arrête avant d'ouvrir la bouche. Elle dort encore. Et son sommeil a l'air profond... Elle est à moitié habillée (plus déshabillée que l'inverse) et ses bras pendouillent du canapé. Elle a plein de marques rouges sur le corps, et je ne veux pas savoir ce dont il s'agit.
Je ne peux pas aller réveiller les enfants alors qu'elle est dans cet état ! Diego et Bianca seraient choquée de voir leur mère ainsi. Ils n'ont pas à voir ça à leur âge !
Je n'ai jamais vraiment connu mon père sobre. Isabella a hérité de lui ce penchant pour les boissons alcoolisées... Il en est mort et même si je n'apprécie pas ma sœur, ça me tue de voir qu'elle se laisse aller devant ses jeunes enfants. A vrai dire... il n'y pas que cela qui me choque...
Je pousse un soupir et me dirige vers la forme informe de cette humaine allongée sur le canapé qui est ma petite sœur.
- Isabella, je chuchote doucement.
Elle continue de dormir paisiblement. Je le prends par les épaules et la secoue en disant son prénom. Je me prends un coup de coude en pleine tête lorsqu'elle se redresse, un peu désorientée et à moitié endormie.
- Quoi ?
Lorsqu'elle comprend que j'ai osé la réveiller, ses yeux s'agrandissent jusqu'à devenir ronds comme des soucoupes.
Elle croise les bras sur sa poitrine.
- Qu'est-ce que tu veux ? marmonne-t-elle, hargneuse.
- Lève-toi et va dans ta chambre. Je sais que tu n'en as rien à faire, mais je refuse que les enfants te voient dans cet état.
Bizarrement, elle se lève, n'émettant aucune objection. Elle tangue, alors je passe mon bras sous le sien en guise de soutien. Elle ne me repousse pas. Elle est trop fatiguée de sa nuit mouvementée...
Je l'accompagne jusque dans sa chambre, et l'aide à s'allonger sous les couvertures.
- Appelle mon travail, articule-t-elle ensuite, alors que je m'apprête à sortir de la peine, la voix pâteuse et les yeux vitreux.
Je ne réponds pas et sors dans le couloir, fermant la porte de sa chambre derrière moi. Mais je le ferai, bien sûr !
Parce que je ne suis pas capable de dire non.
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