« Tu trouves pas ça incroyable ? »

Il releva la tête de sa feuille pour regarder son ami, dont l'attention était focalisée sur une affiche de l'UNESCO.

« Quoi ?

— Le sourire. »

Il se pencha à son tour sur l'affiche, qui ne présentait rien d'inhabituel, avec un petit garçon dans les bras d'une petite fille de son âge, leurs peaux brunes salies par la poussière et la terre, maigres comme des bouts de bois et dont les sourires édentés faisaient la promotion des bons soins qu'on leur donnait.

« Quoi ? Répéta-t-il en voyant que son ami continuait de fixer les enfants.

— Leurs sourires... murmura l'autre, plongé dans ses pensées. »

Alors il regarda l'affiche à nouveau, mais ça restait un contenu assez classique pour ce genre d'associations.

« Ils ont quoi leurs sourires ? Soupira-t-il, las de ne pas comprendre.

— C'est pas les-leurs, mais le sourire en général, tu trouves pas ça incroyable ? Lui demanda son ami en arrêtant de fixer les enfants.

— Je... sais pas ? C'est normal, se défendit le premier.

— Justement ! S'exclama l'autre en sautant de sa chaise, envoyant valser la table et son contenu sur le tapis.

— Calme-toi.

— Non ! Tu ne réalises pas combien c'est dingue ! Insistait le fou en le regardant dans les yeux, immensément sérieux. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi on sourit quand on est contents ? Tous les humains savent sourire, et tous rient quand ils trouvent que quelque chose est drôle, alors qu'on n'est même pas tous foutus de parler la même langue ! Un sourire, ça aide à vivre, sourire ça fait du bien, ça libère, ça allège le corps, alors qu'à la base c'est juste un putain de muscle ! Tu- C'est pas fantastique ? Quand on te sourit dans le métro, t'es gêné ?

— ... Euh... oui ? Beugga l'autre quand la pause s'allongea.

— Mais quand on te sourit parce qu'on est fier de toi, d'un truc que t'as fait et dont t'es toi-même fier, ça fait tellement de bien ! Le sourire ça montre un soutien, et c'est l'une des seules choses que tu peux partager avec quelqu'un dont tu ne connais pas la langue, mais personne ne s'en rend compte, parce que... "

Un soupir.

" Parce que tout le monde s'en fout. »

Réaction de la première lecture :

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