Il soupira quand, en tournant la tête, son regard croisa les petits yeux méchants du chef de la bande de sales gosses de la cour de récréation. Comme si c'était le signal qu'il attendait, le sale gosse alerta ses acolytes et ils fondirent sur lui, d'une démarche lente qu'ils pensaient sans doute intimidante, les mains dans les poches et un ridicule rire de sorcière aux lèvres — nierk nierk nierk.

Vous l'aurez sans doute deviné, il ne les aime pas. Ils ont l'habitude de s'approcher des élèves seuls à la sortie des cours, et leur prennent leur goûter, des vêtements, de l'argent. Bref, une bonne bande de merde. Et comme lui n'a pas d'amis pour l'escorter, il a pris l'habitude de ne plus rien emmener à grignoter et de ne plus porter de vêtements de marque, parce que de toute façon il sait qu'il finira la journée sans.

Alors, la bande de merde s'avançait vers lui avec une allure pseudo-conquérante qui l'aurait fait ricaner si elle n'avait pas été synonyme de petite bastonnade — car, ils l'avaient prévenu la veille : s'il n'apportait rien aujourd'hui, il passerait un sale quart d'heure. Or lui n'a rien amené — saviez-vous que ce qu'il aime le plus avant son visage est son goûter ? — et les voit venir vers lui avec confiance, sans se presser, déjà sûrs de leur coup.

C'est ainsi qu'il décide de prendre la fuite, mais pas une petite fuite, genre, la plus rapide de sa vie. Il a limite senti ses pieds voler sur le goudron de la route.

Maintenant on ne sait pas où il est, sa mère est inquiète et la police se démène ; il n'est plus là. Il ne le savent pas encore, ils ont de l'espoir.

Sauf que lui il était faible, et eux ils étaient cons.

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