II. III

Zayn


Je repousse la couverture et m'extirpe du lit avec difficulté. Je suis exténué mais je refuse de rester ici. J'ai l'impression d'étouffer. La douleur dans ma poitrine ne me quitte pas. C'est un pincement indescriptible qui semble s'apaiser depuis quelques heures pourtant.


Ou bien, je m'y suis habitué.


Je me déplace lentement dans le couloir jusqu'à ma salle de bain. J'ouvre le robinet de la douche pour que l'eau se réchauffe et enlève mon pyjama. J'observe mon reflet dans le miroir : mes cheveux parsemés de touches de gris, les rides aux coins de mes yeux, ma barbe qui mérite d'être taillée. Je souffle, fatigué. Je glisse mes doigts sur les contours des tatouages qui ornent ma poitrine, mes bras. Mon regard s'arrête sur l'un d'eux, placé juste sous mon pectoral gauche... Un œil et deux lettres, un L et un P. Je n'ai jamais réussi à me souvenir des circonstances dans lesquelles j'ai fait ce tatouage. Mais il est là, comme la partie la plus importante de mon être.


Je souffle... Encore.


Je pénètre dans la douche et apprécie l'eau chaude sur mon corps. Je glisse mes doigts dans mes cheveux, sur mon visage avant d'attraper mon shampoing. Je me lave et termine de me préparer. J'enfile mon pantalon, noue ma cravate sur ma chemise blanche et descends dans ma cuisine. Je bois un grand verre d'eau puis attrape une banane et sors de la maison, ma veste de costume et mon attaché-case à la main. Je monte dans ma voiture et m'engage sur la route pour rejoindre l'immeuble où je travaille.

Le chemin me semble interminable alors que la circulation est fluide. Il faut dire que je suis parti à l'aube. Je suis d'ailleurs le premier à pénétrer dans les bureaux de l'étage de la société, un bureau d'études chargé de la réhabilitation des quartiers défavorisés et surpeuplés.


Installé à ma table de dessin, une tasse de café à portée de main, je n'ai pas entendu les équipes arriver. Ce n'est que lorsque mon assistante, Jelena, dépose un dossier sous mes yeux que je m'aperçois du brouhaha environnant.


"Monsieur Malik, sérieusement ? m'interroge-t-elle, le regard au-dessus de ses lunettes. Vous devriez être chez vous à vous reposer. Qu'est-ce que vous faites là ?

- Pour être honnête, je suis épuisé mais chez moi, j'angoisse. Je suis mieux ici, je réponds un peu trop fermement.

- Vous pouviez aller chez votre sœur ou chez un ami, mais pas au bureau, souffle-t-elle. Je n'ai pas envie de devoir appeler les secours à nouveau...

- Je suis désolé Jelena, vraiment."


Jelena s'assied sur le tabouret à roulettes et s'approche de moi. Je vois bien son air soucieux sur son visage. Nous étions en train de ranger les dossiers et maquettes après une réunion animée lorsque j'ai été traversé par une douleur intense dans la cage thoracique. Je me suis écroulé, emportant avec moi la maquette. Je me souviens du noir qui m'a englouti et du cri de Jelena. Puis je me suis réveillé à l'hôpital, pris en charge par une équipe sceptique devant mon électrocardiogramme.


"Vous n'y êtes pour rien. Je m'inquiète pour vous.

- Merci, je lui réponds doucement en attrapant sa main.

- Je ne comprends pas que les médecins vous aient laissés sortir si rapidement, ajoute-t-elle.

- Ils n'ont rien trouvé...

- Ils n'ont pas suffisamment cherché.

- Jelena, ça va aller... D'accord ?

- Zayn, vous êtes livide. Vous avez l'air amaigri. Ça fait des semaines que je vous vois vous dégrader."


Jelena n'ose pas croiser mon regard et moi, je reste perplexe face à ses mots. Je reconnais que ça fait plusieurs mois que je me sens épuisé physiquement, un peu déprimé. Mais je pensais sincèrement faire illusion. Je porte la main sur mon cœur, les sourcils froncés.


"Prenez soin de vous. Vous vous acharnez au travail mais la vie ce n'est pas ça. Vous avez encore de belles années devant vous, faites en sorte que ça ne s'arrête pas prématurément."


Jelena se lève, glisse sa main sur mon épaule et s'éloigne de moi. J'étouffe dans mon costume. Je quitte ma table de travail, faisant basculer ma chaise dans la précipitation et me dirige vers les toilettes. La porte claque contre le mur. Je desserre le nœud de ma cravate et déboutonne ma chemise. Les deux mains sur le lavabo, je tente de prendre une respiration régulière. Les mots de Jelena provoque un malaise en moi, douloureux. Mon cœur s'emballe et me fait mal. Ma vision se trouble brusquement. J'ouvre maladroitement le robinet et m'asperge le visage avant de m'asseoir à même le sol.


Qu'est-ce qu'il m'arrive ?


*

* *


Et voilà Zayn, celui dont on parle depuis le début de cette histoire et que nous n'avions jamais rencontré.

Notre pauvre Zayn est mal en point...

L'Amour et la magie seront-ils assez puissant pour le sauver ?

Liam arrivera-t-il à temps ?

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