Un mystérieux secret
Je vérifiai une dernière fois dans le miroir qu'il n'y avait plus aucune trace susceptible de montrer que je venais de pleurer. De mon pouce, je retirai une dernière tache noire sous mon oeil, vestige de mon mascara. Je me sentais vraiment idiote de m'être laissé aller de la sorte. En venir à pleurer... Quel misère ! Je quittai les toilettes des filles à grands pas, bien contente de ne pas avoir été surprise par qui ce cela fut. Avec toute la dignité dont j'étais capable, je relevai mes cheveux en une queue de cheval à l'aide d'un ruban et levai le menton. Voilà, rien ne pouvais laisser à soupçonner qu'il m'était arrivé quelque chose.
Les cours de Sortilèges du professeur Mills n'était pas habituellement pleins de rebondissement, mais celui-ci était particulièrement morose du côté des Serdaigle. Tout d'abord, et à mon grand mécontentement, Amy manquait à l'appel. C'était vraiment trop étrange. Amy ne manquait aucun cours en temps normal. Que mijotait-elle, par tous les dieux ? Victor Stebbins avait quitté la partie gauche de la salle pour aller raconter ses blagues aux Gryffondors qui chahutaient au grand désarroi du professeur Mills. Sharon ne voulait pas me parler, trop concentrée à recopier avec ardeur les formules écrites au tableau et Janice Peakes se rongeait les ongles en contemplant les vitraux au dessus du bureau du professeur. Quant à Edgecombe et Shacklebolt, les deux derniers qui participaient au cours de Sortilèges, il y avait entre eux un malaise tendu comme un arc. Lorsqu'Edgecombe leva les yeux vers moi, je m'empressai de détourner le regard, d'une manière beaucoup trop suspecte selon moi.
Je n'eus pas à beaucoup chercher, à la sortie du cours ; Amy parcourrais les couloirs, le pas sautillant, une boule lumineuse tournant autour d'elle. Elle se précipita en ma direction lorsqu'elle m'aperçut.
- Lacerta ! s'exclama-t-elle.
- Depuis quand est-ce que tu sèches les cours ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Oups, c'est vrai, gloussa Amy. Mais ce n'est pas important, regarde plutôt ça !
- Pas impor...?
Je fus coupée dans mon élan par la boule lumineuse que Amy pointait du doigt. Ce n'était pas une simple boule de lumière argentée. Elle avait des plumes, des ailes, un bec, et d'adorables petits yeux brillants.
- C'est un Patronus ? l'enquis-je, interloquée.
- Oui ! affirma Amy en hochant vivement la tête.
- Ton Patronus est un moineau ? pouffai-je.
- Pas un moineau ! protesta Amy. C'est un rouge-gorge !
- Comment peux-tu le savoir ? On ne voit même pas le rouge de sa gorge...
- Hé !
- Depuis quand tu sèches les cours ? réitérai-je, en prenant un air plus sérieux.
Amy passa la main dans ses cheveux noirs étrangement détachés. Je constatai ce détail avec déroutement. Depuis quand Amy se promenait-elle sans son habituel chignon ?
- C'était vraiment important, Lacerta...
- Je ne sais pas ce que tu considère comme important ou pas mais je ne me doutais pas que le cours de Sortilèges faisaient partie du "pas".
- Je ne comptais pas manquer ce cours, je te l'assure, dit Amy en hochant vigoureusement la tête. Mais seulement, Tom est arrivé et...
- Tom ? la coupai-je brusquement. Tu veux dire Tom Jedusor ?!
Amy eut l'air surpris.
- Bien sûr ! De quel autre Tom veux-tu qu'il s'agisse ?
Oh, misère ! Il ne manquait plus que lui ! Pourquoi, par Merlin, fallait-il toujours que mes mauvais pressentiments s'accomplissent ? Devant mon expression figée, Amy fronça les sourcils.
- Lacey ? Tu es sûre que ça va ?
- Que voulait-il ?
- Comment ça ?
- Jedusor. Que voulait-il ?
Un sourire illumina le joli visage d'Amy et son Patronus lança un gazouillis mélodieux. Elle ressembla à ce moment plus à Blanche-Neige que je n'aurais pu l'imaginer.
- Tu ne vas pas y croire...
- Rassure-toi, il y a peu de choses en lesquels je ne crois pas.
- D'accord, alors depuis quelques jours, Tom et moi nous retrouvons pour discuter, entre les cours... Il est tellement gentil ! C'est comme s'il n'y avait que lui qui me comprenait vraiment.
J'en vins alors à penser que les talents dans les arts de la séduction de Tom Jedusor étaient plutôt surcotés s'il ne les utilisait que sur les êtres qui avaient besoin d'être caressés dans le sens du poil. Ses petits tours paressaient presque redondants. Ginny Weasley, la Dame Grise, Hepzibah Smith, Amy... De quelle autre petite fille en manque d'affection allait-il encore tirer les vers du nez ?
- Vous vous confiez beaucoup l'un à l'autre ? demandai-je en tentant de garder mon calme du mieux que je le pouvais.
- Eh bien, plus moi que lui, mais tu sais comment il est... très humble, très discret, tellement à l'écoute...
Elle me donnait presque envie d'aller cueillir des fleurs pour les lancer au dessus de Tom, ce brave petit garçon empathique. Mes poings se serrèrent lentement.
- Je vois, marmonnai-je, une fureur sourde se mettant à bouillir au fond de mes entrailles. Tu lui racontes des anecdotes sur ta vie, en fait.
- C'est ça.
- Comme par exemple, que la fois où Sharon et toi m'aviez trouvé par terre dans le dortoir, je me prenais pour une certaine Edith Xavier ?
- Oui, c'est ça ! Attends, comment tu le sais ?
- Comme ça. J'ai dis ça au hasard. Fou, hein ? Ha ha !
- Qu'est-ce qui te prends ? Tu as l'air nerveuse...
- Pas du tout ! répondis-je sur la défensive. Tu sais quoi ? Fais comme tu veux, je m'en fiche ! m'exclamai-je avant de m'enfuir en courant.
Amy ne chercha pas même à m'arrêter. Heureusement, le peu de dignité qui me restait m'empêcha de hurler de rage au beau milieu du couloir central. La tête baissée, je me précipitai vers les plus hauts étages, en direction de la tour de Serdaigle.
- D'abord sans bruit, je viens sans qu'on y pense, je meurs en ma naissance et celui qui me suis ne vient, lui, jamais sans bruit, qui suis-je ? demanda l'aigle du fermoir.
- J'en sais rien, père Fouras, tu ne pouvais pas juste t'ouvir avec un mot de passe ?! aboyai-je.
Une bande de quatrième année qui arriva derrière moi me lança des regards interrogateurs. Neils Podmore, un des Poursuiveur de l'équipe de Quidditch, s'approcha du fermoir et frappa un coup contre celui-ci.
- Qu'en pensez-vous ? demanda-t-il en se tournant vers sa bande, après que l'aigle eût répété sa question.
- Hummm... Il s'agit de l'éclair suivi du tonnerre, je pense, répondit l'un d'eux.
L'aigle salua la bonne réponse et ouvrit le panneau de bois. Je m'engouffrai dans l'ouverture en grommelant puis montai directement dans mon dortoir. Sans aucun respect pour les affaires de Lacerta, j'envoyais son sac s'envoler contre un mur et me jetai sur son lit. Il ne me restai plus que deux heures de Runes, mais, si Amelia Blackthorn séchait les cours, pourquoi pas Lacerta Kenneth ? Il n'y avait plus aucune tristesse en moi. Plus aucune trace. Désormais, la colère avait pris le dessus. J'en voulais à cette Rosemonde de vouloir réintégrer Hagrid. J'en voulais à Amy d'être aussi aveuglée par ses sentiments. J'en voulais à Cattus de m'avoir fait plonger la tête la première dans des problèmes qui n'étaient même pas de mon ressors. J'en voulais à Rosier de m'espionner comme il le faisait. J'en voulais encore plus à Tom Jedusor de chercher ce qui clochait chez moi en utilisant les méthodes les plus viles. Et j'en voulais à Altaïr Potter de continuer à m'envoyer ces maudites fleurs alors que le contexte ne s'y prêtait absolument pas. Je pris entre mes doigts celle sur laquelle j'avais failli atterrir. C'était une petite plante à la corolle rose pâle, semblable dans sa forme à celle que Hercule offrait à Megara dans le dessin animé Disney. Je me mis à rire en faisant cette comparaison, puis mon rire s'évanouit lorsque je me demandai si j'allais pouvoir en revoir un un jour. Je réajustai mes cheveux de sorte à ce qu'ils ne me grattent pas la nuque et je plongeai alors mon regard dans le rideau qui servait de plafond à mon lit à baldaquin. Mes yeux suivirent les plis qui ondulaient en des vagues dans le tissu bleu sombre. Je n'avais jamais vraiment pris la peine de rester immobile, allongée sur mon lit, pour réfléchir. Si bien que je n'avais jamais remarqué qu'à un endroit, les plis formaient d'étrange angles droits. En relevant la tête et en plissant les yeux, je me rendis compte que ces angles droits, au nombre de quatre, se rejoignaient par des lignes tout aussi nettes en un rectangle. Il y avait quelque chose là-haut. Je pris soin de m'écarter d'un potentiel projectil et brandis ma baguette.
- Diffindo !
CRRRRAAAAAAAAAC
Dans un long craquement de tissu, une grosse masse sombre chuta lourdement, rebondit sur le lit et atterrit au sol dans un bruit sourd. Je m'apprêtais à me baisser pour la ramasser lorsqu'un autre objet, beaucoup plus petit et brillant, tomba à son tour. Je le ramassai par la chaîne en haussant des sourcils. Je découvris alors un médaillon argenté, finement ouvragé et incrusté d'un saphir bleu comme le ciel. Curieux... Alors que toute un tiroir de la commode de Lacerta était remplie de bijoux, c'était celui-là, ni le plus beau, ni le plus riche de sa collection qu'elle avait décidé de cacher. La question était alors : pourquoi ? Rien n'était, par ailleurs, extraordinaire à l'intérieur. Une photographie en noir et blanc de Lacerta servait de fond au médaillon. Non, cette personne qui me souriait discrètement avaient les traits plus fins, l'air plus âgé et des cheveux sombres. S'agissait-il... de sa mère ? Je me demandai bien quel pouvait être le but de cacher un photo de sa mère au dessus de son lit. Puis je me baissai pour ramasser le plus gros objet, qui se révélait être un gros carnet à la reliure en cuir d'où dépassaient des feuilles de parchemin. Il y était gravé en lettres calligraphiée : LETTRES
Je pris bien soin de ne rien faire tomber lorsque je l'ouvris. J'y trouvai les traces d'une correspondance assidue entre Lacerta et Urania Kenneth. Poussée par la curiosité, j'entrepris de lire une lettre au hasard. Datant du 6 septembre 1941. De Lacerta à Mère.
Ma très chère mère,
Je ne suis retournée à Poudlard que depuis cinq jours que je m'inquiète déjà. Ce que nous a raconté le guérisseur ne cesse de revenir dans mon esprit. Se pourrait-il que sa théorie s'avère, sinon juste, proche de la vérité ? Que m'arriverait-il si, par malheur, c'était le cas ? J'ai l'impression que tous les regards sont braqués sur moi, lorsque je marche dans les couloirs de l'école. Des regards dégoutés. Des regards méprisants. Comme si ils se doutaient de quelque chose. Je n'en ai parlé à personne. Ni à Druella, ni à Walburga, encore moins à Blackthorn et surtout pas à Rosier. Je n'ose même pas imaginer de quelle façon il réagirait s'il savait. Oh ! Mère ! Venez-moi en aide, je vous en conjure ! Promettez-moi que tout ira bien.
Votre fille, Lacerta, le 6 septembre 1941
Je relis la lettre une deuxième, puis une troisième fois. Lacerta cachait quelque chose qui l'effrayait. Et seule sa mère semblait au courant. Soudain, je fus prise d'un étourdissement, comme si je venais de tourner longtemps sur moi-même. Je portai la main à la tête. Des mains écrivent fébrilement des mots sur une feuille jaunie. Qu'est ce que... Des gouttes d'eau tombent sur le papier et l'encre s'étale. Pourquoi ma tête me faisait-elle si mal tout à coup ? Ce ne sont pas des gouttes d'eau, mais de grosses larmes. Je voulais que la douleur s'arrête ! Les mots s'effacent sous les pleurs. Les mains déchirent la lettre, désormais illisible. Une main attrape une autre feuille de parchemin et recommence à écrire : " Ma très chère mère , Je ne suis retournée à Poudlard..."
Les images disparurent aussi soudainement qu'elles m'étaient apparues. Et cette horrible douleur dans mon crâne en fit de même. Je réalisait ce qui venait de m'arriver. J'avais eu une vision. Une véritable vision, d'un souvenir qui n'était pas le mien. Mais j'avais reconnu ces mains. Celle de Lacerta. Ce n'était pas normal. Je contrôlais le corps de la jeune fille, mais je n'avais aucune porte sur son esprit. Alors pourquoi un passage sur sa mémoire s'était-il ouvert ?! Je me rendis compte de dans mon étourdissement, j'avais froissé la lettre de Lacerta. Je ne trouvai pas la réponse de sa mère, mais il était clair que quelque chose clochait avec mon avatar. Mais ce mystère allait devoir attendre. J'avais déjà deux problèmes sur les bras. L'un s'appelait Hagrid, et l'autre, Jedusor.
(Atbash) Zogzïi m'vhg kzh znlfivfc wv Ozxvigz
Désolée pour le retard, desoleeeeeeeeeeeeee. J'espère toutefois que ce chap vous aura plu ! Des questions ?
Rodnoffyrg 💝
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