Un mariage de princesse

Nous atterrîmes le long d'une allée enneigée, bordée de rosier dont la floraison hivernale, peu naturelle, était certainement due à la magie. Les fleurs qui se renfermaient étaient couvertes d'une fine pellicule de givre, comme si elles avaient été surprise par une soudaine vague de froid. Le château, pour sa part, était bien plus petit, mais bien plus moderne que Poudlard. Tout d'abord, les fenêtres étaient plus grandes, si bien que la lumière qui en sortait permettait de distinguer facilement le parc, dans la nuit qui tombait. Les tours, recouvertes de pointes, étaient, par endroit, décorées de bas-relief à peine visible. En revanche, on remarquait avec netteté les nombreux balcons qui ornaient les étages.

Contrairement à ce que j'imaginais, le carrosse ne continua pas tout droit, vers l'imposante demeure, mais prit un virage inattendu, en direction d'un petit bosquet d'arbres nus qui dissimulait non sans peine un édifice discret. Un symbole religieux trônait sur le toit. Curieux... Je n'avais jamais entendu de religion chez les sorciers... Où était-ce pour la décoration solennelle que le mariage se déroulait dans une chapelle ?

La voiture s'arrêta devant et un homme, dont la robe n'était pas du tout appropriée vis à vis de la température extérieur, vint nous ouvrir la porte. Son air était très calme et il possédait une magnifique moustache, très anglaise. Le volume de nos robes, à Amy et moi, obligea les hommes à nous aider à sortir du fiacre. Amy semblait ravie de tenir la main de Jedusor. Pour ma part, je fus contente de porter des gants, ma peau n'entrant ainsi pas en contact avec celle de Rosier. Quand le professeur Slughorn descendit en dernier, les chevaux ailés firent demi-tour et disparurent dans l'obscurité. Un silence de mort s'installa tendit que nous suivions le sorcier-majordome. Puis il ouvrit les portes de la chapelle, et le silence s'envola.

Comment décrire les sentiments que je ressentais à ce moment là ? Et bien, tout d'abord, l'envie de faire une réflexion, quelle que soit sa nature, s'était envolée de mon esprit. Il fallait bien admettre que j'étais à la fois anxieuse, excitée, curieuse, perdue et émerveillée. Autant d'émotion qui aurait pu me faire "exploser" selon Ron, mais je n'avais heureusement pas "la capacité émotionnelle d'une cuillère à café".

L'intérieur de la chapelle était immense par rapport à l'impression que m'avait donné la façade extérieure. Entre le sommet de nos têtes et le haut dôme qui servait de plafond, des centaines de petites boules éclatantes illuminaient la chapelle, comme de nombreuses petites étoiles filantes. Ce ne fut que lorsque l'une d'elle passa devant moi que je me rendis compte que ce n'étaient pas des étoiles ; c'étaient des fées, des centaines de petites fées qui virevoltaient çà et là. Elles ressemblaient à de petits être humains qui auraient fusionnés avec des papillons fluorescent. Très étrange... Mais très joli ! Il n'y avait d'ailleurs pas que les airs qui grouillaient de vie. Assis sur de nombreuses rangées de bancs dans la nef, des sorciers et sorcières vêtus de leurs plus beaux atours discutaient bruyamment les uns avec les autres, et leurs paroles indistincts se répercutaient sur les murs, plongeant l'édifice dans un brouhaha semblable à un bourdonnement. Dans le choeur, au fond du bâtiment, un sorcier au nez en forme de bec qui avait volé sa perruque à Beethoven relisait des notes, perché au dessus de son pupitre. Derrière lui, les vitraux représentaient des sorciers hauts en couleurs qui conversaient avec autant de vivacité que les êtres en chair et en os.

Alors que notre accompagnateur à la belle moustache avait disparut, un autre sorcier-majordome, à la houppette rousse plutôt ridicule, se précipita vers nous. Il nous débarrassa de nos capes et nous demanda nos lettres, en sortant de nulle part un registre à la reliure de cuir. Tom Jedusor, comme à son habitude, fut le premier à se présenter.

- Tom Jedusor, lut Houppette Rousse. Oui, bien sûr, vous êtes au sixième rang à droite. Il me semble que Mr Lestrange vous a gardé une place. Amelia Blackthorn... septième rang à gauche, Miss. Professeur Slughorn vous êtes avec votre femme, au quatrième rang à... droite !

Enfin, Rosier s'avança avec notre lettre et la présenta avec toute la morgue dont il était capable.

- Connor Rosier et Lacerta Kenneth, dit-il (en se citant en premier, évidemment).

- Très bien, vous êtes au troisième rang à gauche, avec Mr et Mrs Rosier.

La lettre se consuma dans la main de Houppette Rousse qui nous sourit (sourire auquel, à part moi, personne ne répondit) et nous présenta l'allée que nous devions suivre.

Plus nous avancions dans les rangs, plus les robes des invités étaient richement ornées. J'en déduis alors simplement que le placement des invités était déterminé par leur richesse. Je trouvais cela particulièrement hypocrite. Peu importait que la famille des mariés soit proche : si elle n'était pas fortunée, elle se retrouvait au fond. Rosier étions, dans le groupe, les plus proches du choeur : Rosier et moi étions fatalement les plus riches du groupe.

- Lacerta ! s'exclama une voix cassante par dessus le brouhaha ambiant.

Une jeune femme aux cheveux blonds coupés sous la mâchoire me fit signe de la rejoindre. Aussi étrange que cela puisse paraître, ses paupières lourdes et sa voix cassante me faisait penser à une personne, ou plutôt à un personnage...

- Druella, fais preuve de plus de retenue, grommela Rosier en asseyant à côté d'elle.

- La retenue ! répéta Druella avec un rire sec. C'est ton point fort, n'est-ce pas ? Maintenant, laisse ta place à Lacerta, c'est à côté d'elle que je veux m'asseoir.

Je m'avançai vers eux, gênée et m'installai entre les deux, silencieusement.

- Et bien tu ne dis pas bonjour, Lacerta ? demanda Druella.

- Euh... Si... Bonjour Druella...

Soudain, mes neurones établirent une connexion inattendue. Si je comprenais bien, Druella et Connor se connaissait assez pour se tutoyer, se donner des ordres et se charier. Comme je doutais fort qu'ils étaient amis, j'en déduis que Druella était une Rosier. Et je connaissais une Druella Rosier, même avant de me retrouver dans le corps de Lacerta. Mariée Black, Druella Rosier étaient la mère de trois jeunes femmes : Andromeda, Narcissa et Bellatrix. Voilà pourquoi les paupières lourdes et la voix cassante me rappelaient quelqu'un ! C'étaient des points communs que partageaient Bellatrix Lestrange et sa mère!

Druella ne put malheureusement pas entamer une discussion avec moi (malheureusement pour elle, bien évidemment). Des dizaines de fées se placèrent au niveau de l'allée, formant un chemin lumineux semblable à une piste d'atterrissage et les sorciers, vivants ou peints sur les vitraux, se turent.

Deux hommes, un petit brun aux yeux humide et un autre, plus grand, aux cheveux d'un roux flamboyant, se levèrent et se placèrent devant le pupitre du maître de cérémonie. Le brun en tant que garçon d'honneur et le roux -- Ignatus Prewett -- à la place du futur marié. Il étaient tous les deux vêtus de robes d'un blanc immaculé. Alors, une musique enchanteresse s'éleva de l'orgue de la chapelle et tous se retournèrent sur leurs bancs.

Lucretia Black avançait dans l'allée, le visage rayonnant, au bras de celui qui semblait être son père, et le pas gracieux. Sa robe aérienne, d'une couleur de perle, était recouverte de papillons de différentes nuances de rose, qui battaient paresseusement les ailes, sans s'envoler. Des pierres précieuses, des rhodonites pour plus de précision, brillaient dans ses cheveux d'or, ramenés sur la nuque dans un chignon compliqué. Et deux petites filles, d'environ sept ans, aux airs de poupées, lançaient des pétales de fleurs dans son sillage. Enfin, elle s'arrêta au niveau d'Ignotus et son père, ainsi que les deux fillettes s'assirent au premier rang.

Le sorcier qui présidait le mariage se racla doucement la gorge, l'air solennel.

- Si nous sommes réunis ici ce soir, c'est bien pour fêter l'union de deux êtres que le destin à choisi de lier...

Je jetai un rapide coup d'oeil aux invités. Si ce n'étaient quelques jeunes filles semblables à Amy, personne ne paraissait vraiment ému. Les fées qui bordaient l'allée virent s'envoler au dessus de la tête d'Ignotus et Lucrecia.

- Non mais écoutez-le avec son discours sur l'amour... ricana Druella à voix basse en me lançant de vagues regards. À l'entendre, on croirait qu'ils se sont choisi l'un l'autre !

- Lucretia à l'air heureuse pourtant, fis-je remarquer.

Druella eut un geste de la main négligent, comme pour chasser une mouche particulièrement embêtante.

- Bien sûr qu'elle est heureuse ! Elle a un mariage de princesse ! Pour l'instant il n'y a que ça qui compte...

C'était un raccourci plutôt brutal de ce qu'était le mariage chez les Sang-Pur, mais ça avait le mérite d'être clair et précis. J'éprouvais un soudain élan de pitié envers Lacerta et, après avoir très brièvement levé les yeux en direction de Connor, reportai mon attention sur ce qui se passait en face de moi.

- Ingnatus Charles Prewett, voulez vous prendre Lucretia Aria Black pour épouse?

Tandis qu'Ignatus acceptait Lucretia, j'entendis comme un sanglot. Je me retournai encore une fois pour voir une Amelia Blackthorn cachée dans un mouchoir de dentelle.

- Lucretia Aria Black voulez vous prendre...

Une fée me distrayait un instant, si bien que, lorsqu'elle s'éloigna, le sorcier au nez en forme de bec disait déjà:

- Je vous déclare désormais mari et femme.

Ils ne s'embrassèrent pas. Les invités se levèrent dans de grands applaudissements et les fillettes lancèrent d'autres pétales.

Tandis que moi, je restais toujours bloquée sur le fait que les deux époux ne s'étaient pas embrassés.


Note de l'auteur : Au départ, ce chapitre devait être très long et apparaitre dans très longtemps, mais, me connaissant, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas tenir le rythme donc j'ai divisé le chapitre en deux. Voilà voilà. Je trouve que ce chapitre comporte trop de descriptions... N'hesitez pas à commenter 😉.

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