Perte de contrôle
On a stormy sea of moving emotions
Tossed about I'm like a ship on the ocean
I set a course for winds of fortune,
But I hear the voices say
*
Les rumeurs fleurissaient, le lendemain. Des rumeurs sur l'étrange dispute entre Rosemonde Westmore et Rubeus Hagrid. Des rumeurs sur l'absence du professeur Dumbledore, dont la durée n'avait pas été précisée. Et des rumeurs plus légères, notamment sur l'ouverture d'un club de Métamorphose, ou sur la nouvelle petite amie d'un des Poursuiveurs de Serdaigle.
- Le Poursuiveur de Serdaigle ? répétai-je, intéressée.
- Ouais, répondit Aiden Potter en hochant vivement la tête.
Visiblement, c'était lui qui avait été chargé de rependre la nouvelle. Olive, Janice, Sharon et moi échangeâmes un regard.
- Et c'est lequel ? demanda Olive avec curiosité.
- Esther (Esther Boot, me rappelai-je, elle fait aussi partie de l'équipe de Quidditch de Serdaigle) m'a dit que c'était le grand brun qui a toujours l'air un peu triste... En sixième année... Il est dans votre classe, non ?
- Barnaby Edgecombe ? s'étonna Janice.
- C'est ça ! acquiesça Aiden. Barnaby Edgecombe.
Il tourna la tête en direction d'un groupe de Poufsouffle qui n'attendait que d'être prévenu de la nouvelle.
- Et comment elle s'appelle ? s'enquit Olive.
- Quelque chose comme Elisabeth Donsby, dit-il. Vous m'excuserez ?
Sur ce, il nous quitta pour rejoindre le groupe de Poufsouffle. Au même moment, Olive et Janice tournèrent la tête l'une vers l'autre.
- Tu penses à qui je pense ? chuchota Olive.
Janice hocha vivement le menton :
- Bien sûr que oui !
- Et à qui vous pensez ? intervins-je.
Les deux filles levèrent les yeux vers Sharon et moi.
- Lisbeth Dillonsby, dit Janice.
- Et qui est-ce ?
Sharon me donna un coup de coude.
- Voyons, Lacerta ! Dillonsby ? Tu ne te souviens pas ?
Je secouai la tête de gauche à droite.
- C'est une pauvre idiote de quatrième année qui suit Edgecombe à la trace depuis qu'il est Poursuiveur. Elle a même essayé de l'empoisonner au philtre d'amour l'année dernière. Tu ne t'en souviens vraiment pas ?
Un version 1944 de Romilda Vane ? Intéressant... Mais, qu'en était-il de Magnus Shacklebolt ?!
- Non... Mais pourquoi il sort avec, maintenant ?
- Bonne question, renchérit Janice. D'autant plus quand on sait qu'il n'est jamais sorti avec une fille auparavant.
- Toi non plus, tu n'as jamais eu de petit ami, fit remarquer Olive à l'adresse de la rouquine.
- Oui, mais moi, je n'ai pas une tonne d'admirateurs...
Sharon se racla bruyamment la gorge.
- J'ai une idée, dit-elle. Et si on le laissait tranquille avec ça ?
- Tu nous as bien vu, Sharon ? s'exclama Olive en éclatant de rire. Tu crois vraiment que c'est notre genre ?
Roulant les yeux dans leurs orbites, Sharon nous attrapa par le sac et nous mena avec elle dans les couloirs.
- Moi je n'ai rien dit, protestai-je d'une petite voix.
- Dépêchez-vous, on va être en retard en cours... dit Sharon sans m'écouter.
*
Parfois, je rêvais que des ailes me poussaient dans le dos, et que je m'envolais. Parfois encore, je rêvais que mes amis ne se souvenaient plus de mon nom, et que j'étais une étrangère aux yeux de tous. C'étaient les rêves normaux. Et puis, il y avait les autres, ceux qui n'avait rien à faire dans mon esprit. Les souvenirs de Lacerta. Ils étaient de plus en plus courants, et survenaient la nuit pour la plupart. J'avais le droit à des scènes badines, comme un petit déjeuner ou des heures à me coiffer devant un miroir, mais également à des scènes plus intéressantes, comme un cours de vol ou un passage aux épreuves de BUSE. Chaque fois que je me réveillais après un pareil songe, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un certain malaise, une certaine crainte. Chaque rêve de la sorte indiquait que Lacerta tentait de reprendre le peu à peu le contrôle de son corps, que je devenais de moins en moins moi-même.
- Il faut qu'on parle, dit Amy d'une voix forte, les poings sur les hanches.
Je levai les yeux de mon petit déjeuner, les sourcils haussés.
- Seulement si tu as quelque chose à dire...
Amy parut déconcertée par ma remarque et je laissai bruyamment retomber ma cuillère dans ma tasse de thé.
- Assieds-toi, l'invitai-je en indiquant la place libre en face de moi.
Hésitant un instant, Amy finit par consentir à s'asseoir, mais elle conserva une certaine distance dans sa posture. Elle croisa les bras et resta droite comme un piquet sur le banc, comme s'il possédait un dossier.
- Je souhaiterais que tu me présentes des excuses, dit-elle d'une voix blanche.
Des excuses ?! Non mais quoi encore ?! Tu te fourres le doigt dans l'oeil pauvre co... Je tentai du mieux que je le pouvais de garder mon calme et rétorquai avec une extrême froideur :
- J'aimerais bien savoir pourquoi. Parce que je n'en ai aucunement l'intention.
Les lèvres de Amy frémirent et elle eut l'air choqué par ma remarque.
- Tu sais très bien pourquoi ! C'est toi qui a commencé !
- Moi ? Voyons, Amy... Moi ?
- Oui, toi ! Je...
- "Tu" rien du tout ! Ce n'est pas à moi de m'excuser, Amy ! Tu le sais très bien !
- Alors explique-moi ce qui ne va pas, demanda-t-elle d'un ton froid. Si c'est véritablement moi la fautive, alors je te présenterai mes excuses comme il se doit.
- Pourquoi est-ce que tu souhaites soudainement te réconcilier ? lançai-je, le ton soupçonneux.
- C'est Tom qui...
Amy se coupa soudainement et se mordit la langue. Mince, devait-elle se dire. Elle n'aurait pas dû sortir ce nom devant moi. Effectivement, elle se disait bien...
- Ouais, c'est Jedusor qui t'a conseillé de redevenir mon amie, hein ? Tu lui as demandé pourquoi ?
- Oui. Et il a dit que je n'avais pas à me couper de mes amies de la sorte, que ce n'était pas dans mon intérêt.
- Mmmh... Et en quoi ce n'est pas dans ton intérêt ? Tu ne devrais pas te sentir trop seule maintenant que tu as ton amoureux, dis-je en plissant les yeux.
Amy rougit.
- Oooh, mais ce n'est pas ton amoureux, n'est-ce pas ? fis-je remarquer avec un sourire torve. Il te l'a dit en te regardant dans les yeux ?
- Il veut que nous soyons amis... murmura Amy.
- Mmmh... Amis...
Le visage d'Amy virait lentement au violet.
- Tout le monde n'a pas une vie sociale aussi agréable que toi, Lacerta !
- Une vie sociale agréable ? répétai-je avec lenteur. Agréable ? Ma vie est agréable ? Moi ?
- Oui, toi !
- Et depuis quand ? sifflai-je. Depuis qu'on m'a fiancé de force ? Depuis que ma mère est morte ? Depuis que mon père ne me donne plus aucune nouvelle alors qu'il travaille à l'autre bout du monde ? Ou depuis que j'ai appris que je...
Je me coupai soudainement, au bord des larmes. Cependant ce n'était pas la tristesse qui venait de m'envahir et avait fait disparaître les mots dans ma bouche, mais la stupeur. Je ne pensais pas un mot de ce que je venais de dire, et pourtant, ma voix tremblait de sincérité. Ce n'était tout simplement pas moi qui venait de m'exprimer. Aussitôt, je portai la main à la bouche, horrifiée. Lacerta. C'était Lacerta qui venait de parler à ma place. Comment cela était-il possible ?! Cattus m'avait promis que le processus serait trop long pour prendre effet. Ne comprenant pas ce qui était en train de m'arriver, Amy décroisa les bras et tendit une main en ma direction.
- Lacerta ? demanda-t-elle d'une voix incertaine.
Je la repoussai en m'écartant de sa portée.
- Non, je n'ai pas une vie agréable, Amy. Bien au contraire. Donc je te prie de ne plus jamais insinuer ce genre de chose.
- Je suis désolée, Lacerta, je ne savais pas... balbutia Amy. Tu as toujours l'air détaché, je ne pouvais pas m'en douter...
- Est-ce que tu vas cesser de fréquenter Jedusor ?
- Non.
- Malgré ton fiancé ?
- Je n'ai pas de fiancé, répondit Amy, le ton redevenant distant.
- Et ce garçon avec lequel tu dansais au mariage ?
- C'était Evan, Lacerta. Mon frère.
- Ah, j'ai dû le prendre pour quelqu'un d'autre...
Un visage s'imposa dans mon esprit. Celui d'un jeune homme qui ressemblait fortement à Amy. Et je ne pouvais m'empêcher d'associer ce visage à un nom. Evan Blackthorn. Cattus m'avait prévenu également que je reconnaitrais des visages inconnus. J'en frémis d'horreur tandis qu'Amy se levait.
- Où vas-tu ? lui demandai-je d'un ton abrupt.
- Je ne vais pas voir Tom, si c'est ce que tu veux savoir, répondit-elle en soupirant.
Elle attrapa son sac et s'éloigna avec empressement, en direction de la porte principale. En s'en allant, elle croisa Barnaby Edgecombe qui arrivait pour le petit déjeuner, une brunette à la "Lavande Brown" accrochée à son bras. Je ne me lassai pas d'observer mes camarades, mais mes sourcils froncés devaient leur donner l'impression que je leur en voulais pour quelque chose. Malgré tout, la frustration que m'apportait le comportement de Amy m'empêchait de retrouver une expression "normale", ce qui me frustrait encore plus.
Jedusor était très étrange, en cours de Potions. Plus qu'à son habitude, si toutefois cela était possible. Adopte la méthode Cattus, Edith, n'y prête pas attention. Plus facile à dire qu'à faire... Il ne tenta pas de me harceler de question, au contraire, mais je le sentais fébrile. Or, Tom Elvis Jedusor n'était jamais fébrile. Ses gestes n'étaient pas aussi fluides et adroits qu'à son habitude, et il semblait presque bâcler sa potion magique, comme pour la terminer le plus rapidement possible. Qu'avait-il de si urgent à accomplir ? Je m'empressai de détourner mon regard de lui, pour ne pas lui donner l'impression que je l'espionnais (même si c'était le cas). Refoulant une multitude de sentiments, je me mordis l'intérieur de la bouche pour ne pas lui cracher tout le venin que je conservais en moi à la figure. D'ailleurs, il ne parla pas une seule fois durant le cours, pas même pour répondre aux questions de Slughorn et lorsque le double cours prit fin, il fut le premier à quitter les cachots, filant sans se retourner, comme une flèche.
Alors que je me levai et m'apprêtai à le suivre pour découvrir ce qu'il manigançait, une horrible migraine m'écrasa sous la douleur. Je me retins de pousser un râle mais dû me rasseoir en titubant, les mains pressant sur les tempes et les yeux fermés avec force. Le mal de crâne s'intensifia, et s'évanouit soudainement. Je rouvris les yeux sans comprendre, et me rendis compte que je m'étais écroulée au sol.
- Ça va ? demanda avec empressement une voix de fille que je ne connaissais pas.
Le mal de tête avait complètement disparut, à présent, et je constatai qu'un petit groupe de personne s'était réuni autour de moi.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Edmund Bones en m'aidant à me relever.
- Un petit malaise, rien de grave, mentis-je, sans rien comprendre moi-même.
- Ce doit être les fumées, fit remarquer le professeur Slughorn. Vous ne désirez pas aller à l'infirmerie ?
- Non, non, tout va bien, ce n'est pas nécessaire, assurai-je en remettant mes cheveux en place.
Abasourdie, je tentai de reprendre un peu de contenance. Que venait-il de m'arriver ? Si jamais il s'agissait-là du symptôme « Harry Potter »... Je passai une main sur mon front lisse. Non, je n'avait pas encore de cicatrice en forme d'éclair... Je me retrouvais bien bête, maintenant, d'avoir perdu la trace de Tom Jedusor, mais je pensai soudainement que je pourrais consacrer ce temps perdu à une autre mission : celle qui visait à récupérer le souvenir de Dumbledore. Le timing n'était-il pas parfait ? Dumbledore quittait Poudlard au moment ou je devais m'introduire dans son bureau ! En me rendant au septième étage, je repensai à ce qui m'étais arrivé en cours de Potions. J'étais au courant pour l'apparition de souvenirs et un potentiel changement de comportement, mais Cattus ne m'avait pas parlé de migraines subites, comme Harry Potter lorsqu'il avait un lien avec Voldemort.
Vérifiant à chaque détour de couloir qu'il n'y avait personne pour me voir, je passai devant le tableau de la Grosse Dame pour me rendre devant la porte du bureau du professeur Dumbledore. La petite porte était à demi cachée par des tapisseries, et un élève moins attentif ne l'aurait peut-être jamais remarqué. Mais je n'étais pas un élève inattentif, et je m'y étais déjà rendue auparavant.
Un regard à droite, à gauche, et je tournai lentement la poignée ronde, d'un métal froid et noir, qui permettait de garder la porte fermée. Mais rien ne se passa. La porte ne s'ouvrit pas.
- Bon sang, marmonnai-je en constatant la porte fermée à clef.
A quoi m'étais-je attendue ? Dumbledore n'allait pas laisser son bureau ouvert, à la merci de tous, alors qu'il était absent. C'était d'une évidence même... Sans trop m'inquiéter, je sortis ma baguette magique de la poche de ma cape et la brandis en direction de la porte en bois usé par le temps.
- Alohomora ! soufflai-je, le plus discrètement possible.
Mais le sort ne fonctionna pas. Pourquoi Dumbledore protégeait-il son bureau avec des contre-sorts en 1944 et pas le couloir interdit du deuxième étage en 1991 ? Je tentai de me souvenir du deuxième sortilège possible, celui que Queenie Goldstein avait utilisé en essayant de forcer l'office de Perceval Graves. Ah, oui !
- Aberto !
Toujours pas de déclic. Je fronçai les sourcils et tournai la poignée à nouveau. Encore une fois, la poignée n'alla pas jusqu'au bout et la porte resta bloquée. Je poussai un juron. Je n'allais tout de même pas donner un coup de pied dedans, si ? Avec la masse musculaire de Lacerta, c'était plutôt le panneau de bois qui allait m'écraser. Et si j'essayais la méthode moldue ? Le seul problème était que je ne savais pas crocheter une serrure... Je pensai à ces films ou ces séries dans lesquels il était si simple de s'introduire en toute illégalité dans la propriété d'autrui. Les sourcils froncés, je cherchai rapidement une solution à mon problème. Je ne comptais pas baisser les bras aussi rapidement...
- Un peu d'aide, Kenneth ? siffla soudainement une voix dans mon dos...
Ouais c'est là que je coupe, ouais. J'adore faire ce genre de chose x) Alooooors ? Qu'avez-vous pensé de ce petit chapitre ? Pour ma part, j'ai mis beaucoup de temps à l'écrire donc je suis très contente d'avoir réussi à prendre de l'avance ! Ce n'est qu'un chapitre transitoire, mais je vous ai lâché de petites informations par-ci par-là ^^
A la semaine prochaine,
Rodnoffyrg <3
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