Of love and war

  Pourquoi fallait-il que nous nous surprenions sans cesse dans nos petites manigances ? Je sentis mon visage se décomposer, fermant les yeux, comme pour les rouvrir sur une situation que je contrôlais. Il n'en fut, évidement, aucunement le cas. Je n'avais vraiment, vraiment pas envie de me retourner. Mais le choix ne m'était pas donné. Je ne pouvais rester indéfiniment dos à Tom Jedusor. Le visage grimaçant et l'esprit résigné, je tournai lentement les talons, tentant d'afficher l'air le plus naturel possible.

- Pardon ? demandai-je d'une voix tendue.

- Tu as l'air d'avoir un peu de mal à entrer dans cette pièce, à ce que je vois, constata Jedusor, l'air amusé.

Ne sachant que répondre, je ne dis rien.

- C'est le bureau de Dumbledore, non ? Ce serait bête qu'il apprenne que tu as essayé d'y entrer en son absence...

- C'est une menace ?

- On va dire ça comme ça...

- Qu'est-ce que tu veux, Jedusor ?

Mon emprise se resserra sur ma baguette magique et lorsque Jedusor baissa les yeux et s'en aperçut, il laissa échapper un rire sec.

- N'essaye même pas, Kenneth. Tu n'as aucune chance contre moi.

- J'ai bien réussi à te mettre par terre, la dernière fois, pourtant.

Un éclair rouge passa dans ses yeux noirs et son sourire s'étira.

- Qui te dit que c'est vraiment toi qui as fait ça ?

- Tu es tombé exprès... m'étranglai-je en écarquillant les yeux.

Je n'en revenais pas... Il avait fait semblant d'être moins puissant pendant notre duel... Il avait voulu que je pense pouvoir le battre... Pourquoi avait-il fait ça ? Pour que je me méfie moins de lui ? Mes mains se mirent à trembler.

- Tu en as mis du temps, pour comprendre... Tu croyais vraiment pouvoir me battre aussi facilement ? (Il eut un ricanement) C'était très amusant, je dois dire.

- En fait, en y réfléchissant bien, ça ne m'étonne pas de toi... sifflai-je.

- Je vais prendre ça pour un compliment, dit Jedusor en avançant d'un pas.

Je reculai aussitôt et rencontrai derrière moi la porte du bureau de Dumbledore.

- Alors ? demanda-t-il.

- Alors quoi ?

- Qu'est-ce que tu faisais là ?

Plissant les yeux, je réfléchis rapidement à une réponse. Heureusement que l'Occulmencie de Lacerta empêchait Jedusor de rentrer dans ma tête, ce qui semblait passablement l'énerver.

- Il faut toujours qu'on se surprenne dans nos manigances, n'est-ce pas ? fis-je remarquer en essayant de reprendre confiance en moi, abordant un sourire mince.

- Je ne t'ai pas surpris, Kenneth, me contredit Jedusor. Je t'ai suivi.

- Tu m'as...

- Mon comportement en cours de Potions était parfaitement réfléchi, figure-toi. Je voulais que ce soit toi qui me suive, mais mon plan ne s'est pas déroulé comme prévu. (Il haussa les épaules.) Mais ne te méprends pas. Je t'ai suivis lorsque tu es sortie des cachots, et je suis bien plus satisfait de ce que j'ai trouvé...

Les ailes du nez frémissantes, je lui lançai un regard de défi.

- Dénonce-moi, je m'en fiche, lâchai-je entre les dents.

- En fait, ce n'est pas la première chose que je souhaite faire...

- Et je suppose que c'est là où je suis censé de demander quelle est la chose que tu souhaite faire en premier ?

- Exactement. Tu vas me dire tout.

- Tout ?

- Tout.

- Ça m'a l'air plutôt vague comme requête... Tu savais que les éponges de mer avaient 70% d'ADN en commun avec les êtres humains ?

- Je ne plaisante pas, Kenneth...

  - Pourtant, ce n'es pas un sourire que je vois sur tes lèvres ?

  - Répond-moi.

  - Pose d'abord une question.

  - Tu veux jouer à la plus maligne, donc... Tu ne réalise pas que tu n'es vraiment pas en position de te comporter de la sorte ?

  - Et qu'est-ce que tu comptes faire, hein, Jedusor ? Me jeter un mauvais sort ? Très mauvais exemple pour un Préfet.

  Le sourire mystérieux de Jedusor devint roublard.

  - Oh non, Lacerta... Comment pourrais-je faire une chose pareille ? dit-il d'une voix douce pleine d'hypocrisie. Je pourrais, en revanche, laisser échapper quelques petits secrets que tu cherches à cacher à tous prix... Par hasard... Sans faire attention...

  - Vraiment ? Tu ne risques plus de connaître beaucoup de mes secrets maintenant que je connais ton plan, avec Amy.

  - C'est vrai que... Tu as su très rapidement pour Blackthorn...

  Il prit un air songeur, très faux. 

  - Et toi, tu n'as pas choisi la bonne taupe, rétorquai-je. Amy est très bavarde, et pas seulement en ce qui me concerne...

  - Je sais. Mais ne t'inquiète pas, je suis assez habile. D'ailleurs, ça m'a fait bien rire lorsqu'elle m'a rapporté que, selon toi, j'étais "loin de l'apprécier à sa valeur".

  - Je n'en doute pas un instant...

  - Je n'ai pas besoin d'elle pour tout savoir de toi, Kenneth. Ces méchants secrets que tu gardes pour toi depuis des années sont bien plus faciles à découvrir que tu ne le penses...

  - Je pourrais dire la même chose sur toi... rétorquai-je, en pensant à tout ce que je savais sur lui.

  Eddie... Attention...

  - Tu ne sais rien de moi, rit Jedusor. 

  - Ne parles pas trop vite, Voldemort...

  Jedusor fit volte-face. Il ne s'était pas attendu à ce que je connaisse son surnom, ou du moins, que je le retienne. Les rôles s'inversaient-ils ? Lui qui m'appelait Edith lors de notre duel se voyait lentement démasquer par la même personne qu'il croyait avoir battu. Mais son expression redevint aussi rapidement moqueuse qu'elle n'avait tressailli.

  - Tu connais mon petit surnom, donc...

  - Pas seulement le nom. Sa signification également...

  Non, Eddie, non ! Ne dis rien !

  - Vraiment ? demanda Jedusor, d'une voix soudain beaucoup moins amusée.

  - C'est vrai que ce n'est pas très glorieux de garder le nom de son Moldu de père... Mais bon, tu n'as plus de problème avec ça, hein ?

  Edith, arrête !

  - J'ai fais des choses, des choses que tu ne peux même pas imaginer, dit Jedusor à voix basse, le ton menaçant.

  - Oui. Comme faire joujou avec un gros serpent dans les toilettes des filles, par exemple... Comment on dit "démasqué" en Fourchelang ?

  PUTAIN, EDITH, TAIS-TOI !

  Jedusor ne répondit pas, le regard meurtrier. Et encore, je ne lui avait pas sorti la carte des Horcruxes. Les secrets de Lacerta semblaient soudain avoir perdu toute leur valeur. Désormais, tout ce qu'il voulait était savoir à quel point j'en savais sur lui. Du coin de l'oeil, je le vis sortir sa baguette magique de la manche de sa robe.

- C'est dommage, Lacerta... Je tenais vraiment à utiliser la manière douce, mais on dirait que tu me forces la main...

- Ouuuh, j'ai peur... ricanai-je d'une voix pourtant de moins en moins assurée.

- Eh bien, tu devrais, me menaça Jedusor. Je te laisse une seule et dernière chance. Dis-moi d'où tu tiens toutes tes informations.

- Non.

- Non ? Très bien...

Je cherchai à reculer mais me rendis compte que j'étais déjà dos au mur. Tout je que je réussis à faire fut brandir ma baguette mais Jedusor me fit comprendre par un sourire narquois à quel point elle m'était inutile. C'était comme dans mon cauchemar, sauf que nous n'étions pas dans la bibliothèque, et que je n'étais pas à terre - pas encore.

- Qu'est-ce qui se passe, ici ? demanda la voix d'un élève.

  Mon sauveur ? J'expirai bruyamment et cherchai du regard celui qui venait d'interrompre Jedusor. Lorsque je l'aperçus, mon coeur s'arrêta de battre. Grimpant lentement les escaliers qui se trouvaient sur notre gauche, l'élève nous regarda tour à tour, jusqu'à ce qu'il sourire torve s'étire sur son visage.

  - Te voilà, Rosier, constata Jedusor d'un ton beaucoup plus calme.

  - Qu'est-ce qu'elle a fait ? demanda Rosier en me désignant en levant le menton vers moi.

  - Beaucoup de choses, en fait...

  Connor Rosier me lança un regard méchant. Du mieux que je le pouvais je tentai de me contrôler pour ne pas avoir l'air d'une biche entourée de chasseurs. Pourtant, j'y ressemblais grandement. Ma poitrine se soulevait au rythme de ma respiration saccadée, tandis que la petite voix dans ma tête me disait avec lassitude qu'elle m'avait prévenu. 

  - Voyez-vous ça... ricana Rosier. Tu as des explications à fournir, Lacerta ?

  Lui aussi sortit sa baguette de sa manche. A deux contre une, donc. Quel combat égal. Je fronçai les sourcils, pour me donner plus de contenance.

  - Des explications ? crachai-je. Je n'ai pas à m'expliquer auprès de toi. Auprès d'aucun de vous.

  Jedusor lança un regard amusé en direction de Rosier, qui s'avançait de plus en plus près. 

  - Peut-être ne le feras-tu pas de ton plein gré, dit Jedusor, mais nous pouvons toujours t'apporter l'aide dont tu as besoin... Tu pourrais, par exemple, gentiment nous décrire ce qu'est un "rêve magique"...

  Alors que je m'apprêtai à sortir une remarque acerbe qui m'aurait valu d'empirer la situation déjà peu enviable dans laquelle j'étais embourbée, je remarquai une silhouette au fond du couloir de droite. Cette silhouette, je la connaissais ; c'était celle de Sharon Ackney. 

- Ne me dites pas que vous étiez sur le point de vous battre ? s'exclama-t-elle, excédée, en fonçant en notre direction. Encore ?

Coupés dans leur élan par cette intervention inattendue, Jedusor et Rosier firent imperceptiblement disparaître leurs baguettes dans leurs manches.

- Pourquoi est-ce que vous vous tapez dessus, cette fois ? demanda-t-elle, les yeux plissés.

Elle se rendit alors soudain compte de mon désavantage numérique ainsi que de ma position de faiblesse et une lueur de compréhension passa dans ses yeux marrons.

- J'ai vu le professeur Winchester dans les parages, dit-elle. Alors vous feriez mieux de vous disperser avant que je ne vous dénonce.

- De quoi tu te mêles espèce de simple Sang...

- Rosier, le coupa Jedusor en lui lançant un regard lourd de sens.

Jedusor et Rosier s'écartèrent de moi, l'air suffisant. Non, ils ne voulaient certainement pas attirer l'attention des professeurs, surtout pas Jedusor qui devaient conserver son image d'élève modèle. Nul doute qu'il savait ce que Sharon pensait de lui, mais il ne se risqua pas à le confirmer. Il adressa un signe de tête à Rosier pour lui faire comprendre qu'ils s'en allaient tandis que je rejoignis Sharon avec un certain empressement, sans le quitter du regard.

- On reprendra cette conversation plus tard, Kenneth, me dit-il, son habituel sourire scotché sur son visage d'une pâleur maladive.

Sur ce, il s'éloigna avec Rosier sans se retourner. Son temps viendrait, cela ne faisait pas de doute. Sharon les suivit du regard également mais ne dit rien. Je n'en revenais pas d'avoir été aussi stupide. C'était que j'avais voulu faire peur à Jedusor. Tout mon être voulait le défier, lui faire comprendre qu'il ne m'inspirait que dégout et mépris. Lorsque je lui parlais, j'oubliais tout bon sens et refusais d'écouter la voix de ma raison. Peut-être était-ce pathologique ? Je me voyais mal expliquer à Cattus que j'étais atteinte de Jedusorophobie... Mais, sur le coup, mon idiotie ne fut pas ce qui m'affligea le plus. Je me désespérai de ne pas avoir réussi à entrer dans le bureau de Dumbledore pour y récupérer ce précieux souvenir.

- Qu'est-ce que tu leur as dit, encore ? lâcha finalement Sharon.

- Rien ! mentis-je en prenant un air outré.

Sharon haussa un sourcil et claqua la langue sur son palais.

- Si Amy est naïve, toi tu te laisses très facilement envahir par tes émotions...

- Peut-être, rétorquai-je sur la défensive. Et alors ?

- Est-ce que tu vois au moins une bonne raison de provoquer Tom Jedusor et Connor Rosier ?

- Ils m'horripilent, marmonnai-je.

- Oui, moi aussi je possède ma liste noire, ce n'est pas pour cette raison que je m'arrange pour me faire taper dessus tous les deux jours...

Je voulus lui répondre mais ne trouvai rien à redire. Je ne m'arrangeai pas pour me faire taper dessus... Ou peut-être que si... À cause de ce maudit orgueil...

- Comment tu as su que j'étais là ? demandai-je alors.

  - Viens avec moi, me dit-elle. C'est plutôt à toi de m'expliquer. 

  Je haussai les sourcils, sans rien dire, me contentant de la suivre dans le couloir. Nous dépassâmes le Moine Gras qui nous salua chaleureusement et descendîmes quelques étages. Nous nous retrouvâmes alors dans un petit escalier étroit duquel surgit...

  - Filly ? 

  Sharon fronça les sourcils et Filly battit les oreilles l'air gênée.

  - Tu connais cette elfe, donc, marmonna Sharon. Je peux savoir ce qui se passe maintenant ? 

  - C'est toi qui as su pour moi ? demandai-je à Filly.

  L'elfe hocha la tête avec vivacité.

  - Oui, Miss. Mais Filly ne pouvait pas intervenir, Miss, Filly n'a pas le droit de faire quoi que ce soit... Alors Filly s'est permis d'aller chercher une de vos amies... 

  Je lui adressai un sourire reconnaissant. Evidemment qu'elle m'avait vu. Je lui avait demander de surveiller les Serpentards et elle avait vu qu'ils s'en prenait à moi... et Sharon était bien la meilleure personne qui pût me venir en aide. Décidément, cette elfe était irremplaçable. Alors, je me tournai vers Sharon et entrepris de lui raconter une grande partie de la vérité.

*

Salut les amiiiiis ! Comment allez-vouuuuus ? Encore une confrontation avec Jedusor qui fait plaisir ! Qu'en avez-vous pensé ? Le dessin en média est de Lady_PaulaTena98 vous pouvez le retrouver dans son Artbook d'une Lady Tonks ! La vidéo, quand à elle, est une musique de Nicholas Hooper et est tirée du Prince de Sang-Mêlé : c'est elle qui donne son titre à ce chapitre ! 

Le prochain chapitre s'intitule "Voyage au bout du néant", je vous laisse deviner ce qu'il va s'y passer 😁

A la semaine prochaine

Rodnoffyrg 💝

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