Memento
Now your life's no longer empty
*
- J'ai besoin que tu me fasses confiance.
- J'ai compris, mais pourquoi...
- Je t'en prie, Alphard, je promets que je te raconterai tout. Tout.
Je lui attrapai les mains et plongeai mon regard dans le sien. Ses yeux délavés tentèrent en vain de s'en détacher.
- Lacerta...
- Je te le promets, Alphard. Tu as confiance en moi ?
- Je...
- Tu as confiance en moi ?
- Bien sûr que j'ai confiance en toi, Lacerta, murmura Alphard d'une voix douce. Mais le professeur Dumbledore...
- S'il s'en rend compte, je dirai que tout est de ma faute, tu n'as rien à craindre, lui assurai-je.
- Lacerta, je ne veux pas que tout retombe sur toi ! protesta-t-il.
- Ce sont mes bêtises, Alphard. C'est moi qui en subit les conséquences, si conséquences il y a.
- Justement, qu'est-ce qu'il a de si précieux, cet objet, pour que tu sois prête à risquer autant pour le récupérer ?
- Risquer autant..., répétai-je, embarrassée. C'est un peu fort, comme terme... Pour l'instant, je ne préfère rien te dire, mais si on réussit, tu sauras tout dès ce soir.
- Et pourquoi pas maintenant ? se risqua Alphard en haussant les sourcils.
- Ce soir, soutins-je en approchant mon visage du sien.
Bien qu'encore réticent, Alphard semblait prêt à céder. Nous étions le jour de la Saint Valentin, peut-être pas le meilleur jour pour le faire, mais je me sentais prête. Tout le week-end, j'en avais fait des insomnies, me tournant et retournant dans mon lit, en sueur, luttant contre mes démons et les bouts de souvenirs de Lacerta qui me perturbaient tout autant. Je devais avoir une tête de zombie, mais la détermination me poussait à ne pas baisser les bras. Durant le dimanche, la journée succédant à la sortie à Pré-au-Lard, j'avais préparé une esquisse de plan que je souhaitais mettre en pratique le plus tôt possible, avant d'être ralentie par les obstacles qui se plaisaient à se mettre sur mon chemin (comme Jedusor, pour n'en citer qu'un). Par d'ailleurs, je m'étais rendue à la bibliothèque pour apprendre à détruire les souvenirs. J'avais trouvé quelques livres qui se trouvaient en ce moment sur ma table de chevet, au sommet de la tour de Serdaigle.
- Tout ce que tu as à faire, continuai-je, c'est détourner son attention à la fin du cours.
- Qu'est-ce que je lui dis ? paniqua Alphard.
- Déjà, ne laisse rien paraître, et évite de me regarder pendant que ferais... mon truc, ris-je. Parle-lui de tes difficultés au dernier devoir...
- J'ai eu un Optimal...
- Bien évidemment, marmonnai-je d'un ton songeur en fronçant les sourcils. Tu n'as qu'à parler d'un sujet que tu ne maîtrise pas ?
- Là, tout de suite, rien de me vient en tête...
- Eh bien tu n'as qu'à lui parler des Animagi !
- Les Animagi ?
- Exactement ! Quoi de mieux qu'un Black pour poser des questions sur les Animagi ?
- Je ne vois pas le rapport...
- C'est parce qu'il n'y en a pas ! me rattrapai-je tandis qu'Alphard haussait les sourcils. S'il te plaît, Alphard, me repris-je, plus sérieuse. J'ai vraiment besoin de toi...
- Bien sûr, sourit Alphard. Je vais faire ça.
Tout mon être poussa un soupir de soulagement.
- Merci, Alphard.
- Mais tu promets de m'expliquer ce que tout cela veut dire après ?
- Je te le jure, acquiesçai-je avant de l'embrasser.
Alphard me rendit mon baiser en souriant, mais je m'arrachai à son étreinte avant qu'il n'eût pu enrouler ses bras autour de ma taille. J'étais trop mal à l'aise. Je m'approchai de la fin. Des adieux. De la dernière fois où je croiserais son regard. Ce fut à ce moment-là que les cloches de la grande horloge de la tour nord me sauvèrent de mes pensées moroses. Avant de sortir de la salle de classe vide dans laquelle nous nous étions réfugiés, Alphard m'adressa un sourire que je lui rendit avec peine, et s'éclipsa dans le couloir. J'avais maintenant une heure avant de pouvoir récupérer la clef, une heure que je devais normalement passer en compagnie du professeur Mandrake et de ma classe de botanique. Mais je ne cherchai même pas à me rendre aux serres. Je pouvais y rencontrer Tom Jedusor, je pouvais tout faire rater...
Joyeuse Saint Valentin, Edith...
L'heure ne sembla pas durer seulement soixante petites minutes, mais le double. Sans cesser de tapoter ma baguette nerveusement contre ma cuisse, assise sur le rebord de l'estrade normalement réservée au bureau du professeur. Mes yeux parcoururent les moindres recoins de la grande pièce. Au bout d'une quinzaine de minutes immobile et seule avec mes pensées, je me levai d'un bon, et arpentai les rangées de pupitres. Sur les tables étaient gravés des dizaines de petits mots, messages, dates... Je n'y avais dès lors jamais prêté véritablement attention. La saga littéraire de Harry Potter ne se déroulait qu'entre 1980 et 1998, et pourtant, ces milliers d'élèves qui étaient passés sur ces tables pour y étudier la magie avaient bien existé, dans ce monde. Autrement, d'où seraient venues ces gravures ? Finalement, le monde de Harry Potter tel qu'il m'était présenté était-il si différent du mien ? Ce monde ne tournait pas autour de quelques personnages – certainement pas autour de moi – et chaque individu avait le droit à sa propre histoire, à son propre passé. J'avais pu notamment en faire la constatation lors de ce repas aux Trois Balais, lorsque la mère de Sharon s'était révélée être notre serveuse.
La petite aiguille des minutes paraissait ralentir à mon poignet, puis accéléra subitement dès qu'arrivèrent les dix dernières minutes. Ma perception du temps faisait n'importe quoi, elle aussi. Ma vision se troubla légèrement, tandis qu'une deuxième fois, la cloche qui sonnait la fin des cours.
Je me rendit en direction de la salle de Métamorphose, le pas trottinant. Des élèves de cinquième années en sortaient déjà, de Serdaigle et de Serpentard. L'une d'entre eux, une Serdaigle que j'avais déjà croisé, et qui se nommait, si je me souvenais bien, Evanna. Elle me lança un regard suspicieux et s'en alla avec une amie bruyante. J'attendis que les autres élèves s'en allassent pour me jeter un sortilège de Désillusion et lançai un regard furtif à l'intérieur de la salle. Ce jour-là, le professeur portait une longue robe violette parsemée d'étoile en fils d'or qui jurait de manière frappante avec ses cheveux auburn, dos à la porte. Ce ne pouvait pas être aussi simple...
- Excusez-moi, professeur, l'interpella Alphard, qui avait été le dernier à ranger ses affaires. Pourriez-vous me dire ce que vous savez des Animagi ?
Alphard avait l'air parfaitement naturel et sourit. Il paraissait véritablement intéressé par ce que pourrait lui répondre le professeur. Cet aspect là de lui m'était également inconnu. Cet aspect bon menteur... Mais cela signifiait qu'il n'était pas à Serpentard pour rien...
- Bien sûr, Mr Black, répondit aimablement le professeur Dumbledore. Je ne savais pas que c'était un sujet qui vous intéressait...
- En fait, si, je trouve ça fascinant...
- Souhaiteriez-vous devenir un Animagus ?
Alphard haussa les épaules.
- Je ne sais pas, je ne pense pas en avoir les capacités, je voulais juste savoir si vous pouvez m'expliquer le concept de base.
Je levai les yeux au ciel. Bien sûr que le professeur Dumbledore pouvait lui expliquer un sujet aussi simple dans la théorie ! Tandis qu'Alphard continuait de détourner l'attention du professeur, je sortis ma baguette, qui était devenue aussi invisible que le reste de mon corps, de la poche de ma robe. Si j'avais été dans un manga, on aurait sûrement vu une perle de sueur couler sur mon front. Je pris mon courage à deux mains et pointai ma baguette en direction du professeur Dumbledore, suppliant Merlin de ne pas me faire prendre alors qu'au même moment, la classe suivante de Métamorphose apparaissait au détour d'un couloir.
- Accio clef du bureau de Dumbledore ! chuchotai-je précipitamment, en espérant avoir été assez précise.
De la table du professeur s'éleva un petit objet brillant et Alphard, qui devait tout voir, s'efforça avec brio de faire comme si de rien était, continuant sur la lancée des Animagi. La clef d'or s'élança vers moi pour atterrir dans ma main, et je me précipitai au loin dès que ma mission fut accomplie.
Je n'en revenais pas. Ça avait été d'une facilité presque déconcertante, et le professeur Dumbledore ne s'était douté de rien, absolument rien ! Avait-ce été de la chance ? Ou un indescriptible talent ? Doutant fortement de mes capacités, j'optai pour la première idée, plus crédible. Mais je n'étais pas moins ravie de ce que je venais d'accomplir. Cette clef était désormais en ma possession, ce qui signifiait que le souvenir le serait également.
Alphard me rejoignit quelques instants plus tard, dans la même salle de classe. Il avait l'air embarrassé et défit ses cheveux de son catogan pour se gratter vigoureusement le crâne.
- Je n'aime pas mentir à un professeur, lâcha-t-il. J'espère que c'était pour la bonne cause...
Je hochai la tête, les yeux rivés sur la clef. Elle était tout ce qui avait de plus simple au niveau de sa forme et chatoyait comme si elle était neuve.
- Une clef ? s'étonna Alphard. C'est ça que tu as volé au professeur Dumbledore ?
- Emprunté, corrigeai-je en pinçant les lèvres.
- Ne me dis pas que c'est la clef de son bureau...
Gloussant nerveusement, je détournai le regard.
- Euh... Il se pourrait bien que si...
- Donc tu ne veux pas seulement lui "emprunter" quelque chose, tu veux aussi entrer par effraction dans son bureau ?
- Pour emprunter quelque chose d'autre... avouai-je, les épaules basses.
Même s'il ne paraissait pas vraiment en colère, Alphard fronça les sourcils.
- Tu peux m'expliquer maintenant ?
- Pas tout de suite, insistai-je. Ce soir, dès que j'aurais le souvenir...
- Le souvenir ? répéta Alphard, sans comprendre.
- Tu comprendras tout ce soir. En attendant, on a encore une heure avant le repas pour aller chercher le souvenir...
- Laisse-moi deviner, tu veux que je t'accompagne ? dit Alphard avec un sourire.
Maintenant qu'Alphard avait distrait Dumbledore pour moi, je n'avais plus besoin qu'il risque de se faire virer pour moi.
- Non, répondis-je. Tu en as déjà fait beaucoup pour...
- Ce n'était pas vraiment une question, me coupa-t-il. En fait, je ne te laisse pas le choix. Qui d'autre pourrait faire le guet pendant que tu commets ton petit délit ?
- Mais tu pourrais vraiment te faire virer en faisant ça !
- Disons que ma curiosité est plus forte que ma peur...
Un sourire au coin des lèvres, Alphard haussa les épaules. Pas de doutes, je savais maintenant de qui Sirius avait hérité.
- Tu es fou... balbutiai-je.
- Disons que j'ai eu un bon professeur, répliqua-t-il en m'adressant un clin d'oeil.
Nous quittâmes la salle vide comme des voleurs, surveillant qu'aucun élève, fantôme, professeur ou concierge ne pouvait nous voir et empruntâmes un passage secret pour nous rendre discrètement au septième étage. Par miracle, nous ne croisâmes personne, même pas Peeves. Tous devaient encore être en cours, dont Tom Jedusor, que je savais être en ce moment même dans les serres de Botanique - il ne pourrait donc pas me surprendre comme la fois passée.
- C'est ici, prévins-je Alphard lorsque nous arrivâmes devant la petite porte en chêne du bureau de Dumbledore.
Il hocha la tête et s'en approcha tandis que je sortis la clef de ma poche. Dès qu'elle se trouva près de la poignée, elle perdit sa couleur dorée, ainsi que toute autre couleur pour que je ne puisse la repérer plus qu'au toucher. Je dus m'y prendre à plusieurs fois pour faire rentrer l'objet invisible dans la serrure et aucun déclic ne retentit lorsque je parvins enfin à la tourner la clef à l'intérieur. La porte se contenta de s'ouvrir immédiatement, dans un long silence. Alphard et moi échangeâmes un regard et il leva les pouces en l'air sous mon exclamation étouffée.
- Fais vite, murmura-t-il avant que je ne m'engouffre dans l'office de Dumbledore.
La pièce était encore plus petite que dans mon souvenir. Chaque mur était caché par de hautes bibliothèques qui donnait une désagréable impression de confinement. L'unique fenêtre en était le seul échappatoire, et la vue qu'on y avait était un véritable panorama sur le parc, et notamment le Lac Noir. Mais je n'y prêtai pas attention une seconde. Je me précipitai aussitôt vers une grande armoire vitrée, ignorant la table, au milieu de la pièce, surchargée de plumes et de feuilles de parchemin. L'armoire était aussi haute que les bibliothèques mais ne contenait que des centaines de petits flacons ainsi qu'une sorte de bassine couverte de runes et de symboles - les souvenirs et la Pensine. Je l'ouvris précautionneusement, soulagée qu'elle ne soit pas elle aussi fermée à clef.
- Dépêche-toi, chuchota précipitamment Alphard depuis le couloir.
Bien qu'il ne pût pas me voir, je hochai la tête et m'empressai de chercher, parmi les souvenir de Dumbledore, celui qui me concernait. C'était dingue. Il y en avait qui remontaient à 1886 ! Dumbledore devait avoir, quoi, 5 ans ? 6 ans ? Je baissai les yeux vers les dates les plus récentes. 1927... 1938... 1943 ! Décembre 1943 ! Il n'y avait que trois flacons correspondant à cette date, et j'en lus rapidement les titres. Annonce de G. Têtenjoy... Non... G. Grindelwald aux Pays-Bas... Toujours pas...
- Le voilà ! murmurai-je avec excitation. E. Xavier et L. Kenneth !
Je contemplai le petit flacon sans y croire. Je l'avais ! Je l'avais enfin ! Une substance argentée s'y mouvait paresseusement. Ni liquide, ni solide, elle me rappelait légèrement la consistance des fantômes.
- Tu l'as ? demanda Alphard.
- Oui, je l'ai !
Je refermai délicatement l'armoire et sortis de la pièce, le coeur battant à la chamade. Je laissai la clef près de la porte, sur un pilier de pierre et entrainai Alphard loin de là sans lui laisser le temps de poser de question.
- Tu as réussi ? dit-il lorsque nous nous trouvâmes assez loin du bureau pour ne pas sembler suspects.
- On a réussi Alphard ! m'exclamai-je en le serrant dans mes bras. Je vais enfin...
Je ne finis pas ma phrase. J'allais enfin rentrer chez moi, retrouver mes parents et mes amis qui me manquaient tant. Mais j'allais perdre Alphard. J'allais perdre celui qui me rendais heureuse et complète. J'allais le perdre alors que je l'aimais.
- Lacerta ? dit la voix d'Alphard, inquiète.
Il me tira subitement de mes pensées et je me rendis soudain compte que je sanglotais.
- Ce n'est rien, assurai-je en reniflant.
J'essuyai une larme qui perlait sur ma joue et m'efforçai de sourire.
- Lacerta... commença Alphard, pris au dépourvu par ce soudain changement d'humeur.
- Retrouve-moi sur le kiosque, le coupai-je. Après le repas. Je t'attendrais.
Mon coeur se serra, mais Alphard m'adressa un de ses sourires empathiques dont il avait le secret. Il se pencha alors sur moi et m'embrassa alors comme il ne m'avait jamais embrassé auparavant. Il n'y avait pas seulement de la passion, dans ce baiser, mais de la détermination et de la confiance. Je me laissai aller à cette sensation d'oubli, comme si le monde ne se résumait qu'à nous deux. Ne se résumait qu'à lui. Il n'existait alors plus que la sensation de ses lèvres douces contre les miennes, de ses bras protecteurs qui m'enlaçaient et de ses cheveux longs qui me chatouillaient le visage. Je ne sus quelle force s'empara de moi pour réussir à me défaire de ces caresses, mais j'en fus bien obligée.
- Après le repas, au kiosque, répétai-je. Je t'attendrais.
- Je serais là.
Une vingtaine de minutes plus tard, je me retrouvais devant l'aigle qui gardait la salle commune, le flacon de souvenir au creux de mon poing.
- Plus j'ai de gardien, moins je suis gardé, fis la voix mélodieuse de l'aigle. Qui suis-je ?
- Le secret, répondis-je aussitôt, sans savoir d'où la réponse m'était sortie.
Je n'attendis pas que le panneau laissât un assez grand espace pour passer, pour me faufiler par l'ouverture. J'avais déjà mon plan bien en tête. Je m'engouffrai dans la salle commune et me précipitai vers mon dortoir encore désert. À l'aide des livres que j'avais récolté, je pourrais détruire le souvenir, après, bien sûr, avoir tout dit à Alphard. J'ouvris d'un coup sec le tiroir le plus haut de ma table de chevet, pour y déposer le souvenir avec les livres. Mon coeur s'arrêta de battre. Le tiroir était vide.
J'avais oublié les livres à la bibliothèque.
N.d.A. :
Salut les loulous ! Hehe, c'était le pénultième chapitre ! Edith a enfin récupéré le souvenir de Dumbledore et s'apprête à tout dire à Alphard ! C'est bientôt la fiiiiiiin !!!!!! 😱 Même moi je suis triste 😂 Vous avez aimé ? Le couple Alphard/Edith n'est pas trop nian-nian ? J'espère qu'Alphard ne vous a pas trop rappelé Tom Jedusor, en posant ses questions à Dumby x) Vous avez trouvé à quoi correspondent les dates des souvenirs de Dumbledore ? 😏
Des théories pour la suite ? Vous avez hâte de connaître la fin ? À votre avis, happy end ou bad end ?
Vous pouvez poser vos questions pour la F.A.Q. ici ->
Je vous aime mes lecteurs !!!!!!
Rodnoffyrg 💝
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