Le Sorcier au coeur velu
Once I rose above the noise and confusion
Just to get a glimpse behind this illusion
I was soaring ever higher
But I flew too high...
Crrrrr... Crrrrr...
- Oh là ! Arrête avec le papier! Madame Pince va te faire enfermer pour meurtre !
Je tournai frénétiquement la tête en direction de Alphard puis regardai l'ouvrage que je venais d'emprunter et que je tenais dans mes mains. Quelle idiote ! Je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais lentement en train de déchirer la page que j'étais supposé lire. Je retins un juron et m'empressai de réparer le papier à l'aide d'un sortilège informulé, avant de me faire renvoyer de la bibliothèque par une Madame Pince en furie. Lorsque je relevai les yeux, je constatai que la raison de ma très maladroite inattention avait soudainement disparu du rayonnage dans lequel elle lisait un livre à la couverture d'écailles, un instant plus tôt.
- Bon sang, marmonnai-je, furieuse d'avoir perdu Tom Jedusor de vue.
- Ça va, Lacerta ? demanda Alphard, un peu inquiet. Tu as l'air...
- Tout est nickel, le coupai-je, le ton légèrement abrupt.
Alphard fronça les sourcils. Il le pouvait. Rien n'allait. Rien du tout. Du tout. Du tout... La fichue pétition de Rosemonde Westmore avait reçu un nombre impressionnant de signatures et, malgré mes multiples avertissements, Amy continuait à divulguer tous ses secrets ainsi que les miens à un Jedusor de plus en plus effrayant. Tandis qu'Alphard n'avait emprunté qu'un livre minuscule imprimé en A6 pour un de ses devoirs de Divination, des piles et des piles de grimoires formaient devant moi comme une mini ville remplie d'immeubles et de ruelles étroites. Ces concentrés de connaissances étaient tous si énormes qu'il m'aurait fallu toute une vie pour tous les consulter dans leur entièreté. Je me contentais donc de les feuilleter en diagonale, mais absolument aucun ne contenait, visiblement, la solution à mes problèmes. Épuisée, je me pris la tête entre les mains.
-Je ne sais pas ce que "nickel" veut dire, mais tu n'as vraiment pas l'air d'être en forme... fit remarquer Alphard en trampant l'extrémité de sa plume dans son encrier.
- Non, non, je vais bien, le rassurai-je. Inutile de te faire du soucis pour moi.
- Tu es sûre ?
- Vraiment, soutins-je. Je suis juste un peu fatiguée, voilà tout.
Alphard n'eut pas l'air convaincu le moins du monde. Toutefois, il n'ajouta rien et se replongea dans sa besogne, la pointe de sa plume grattant frénétiquement sur sa feuille de parchemin. Je devais m'occuper en premier lieu du cas "Rubeus Hagrid". Mais comment m'y prendre ? Rosemonde Westmore n'allait pas annuler sa pétition par ma simple demande ! Je n'avais trouvé jusque là qu'un petit nombre de solutions, qui me paraissaient toutes aussi méprisables les unes que les autres :
1) Écrire une contre-pétition anonyme qui rétracterait tous les méfaits de Hagrid et déferait tous les arguments de Westmore
2) Faire faire une faute à Hagrid. Une énorme, qui le discréditerait irréversiblement
3) M'emparer de la pétition soigneusement gardée et la détruire
4) Faire du chantage à Westmore (mais encore fallait-il qu'elle aie un secret assez horrible pour que je puisse la menacer)
5) Lui jeter un sort de l'Oubli, comme à Druella et Walburga. Mais tous ceux qui auraient signé s'en souviendraient malgré tout...
Je refermai le livre ouvert en face de moi avec force. Pourquoi aucun de ces plans ne me semblait être le bon ? J'attrapai le prochain livre sur la pile la plus proche tandis qu'Alphard s'en allait en chercher un autre pour son propre travail. J'ouvris les Contes de Beedle le Barde sans grand intérêt. Je l'avais pris au cas où, mais ne voyais vraiment pas en quoi des contes de fées pourraient m'aider. d'autant plus que je les connaissais tous déjà.
- Les Contes de Beedle le Barde, constata une voix à glacer le sang, dans mon dos.
Je me retournai lentement pour faire face au beau visage de Jedusor, affublé d'un demi-sourire mystérieux.
- Je ne savais pas que tu te plaisais à lire des contes pour enfants, Kenneth.
- Les vieux contes sont toujours pleins de sagesse, rétorquai-je, le ton beaucoup trop poli.
Jedusor ne répondit pas. Il s'attendait à ce que j'aborde le sujet "Edith". Je pouvais le lire dans ses yeux. Chaque fois qu'il était trop impatient, je pouvais le voir. Je décidai donc de ne pas lui faire ce plaisir.
- Tu les as déjà lu, n'est-ce pas ? lui demandai-je.
- Bien sûr, Kenneth. Je m'intéresse à nos légendes.
- Tu connais donc le conte du Sorcier au coeur velu ?
Jedusor hocha la tête, curieux de savoir où j'en allais venir.
- C'est mon conte préféré. Le plus effrayant, mais mon préféré. Le jeune sorcier de l'histoire avait tout pour lui. La richesse, la noblesse, la jeunesse, la beauté et la puissance. Mais il avait peur. Peur de perdre tout ça. Il ne supportait pas cette idée. Et comme il voyait ses semblables se marier et fonder des familles, il en déduit que l'amour était le déclencheur de cette déchéance.
- Je sais, Kenneth. J'ai lu cette histoire également.
- Je n'ai pas fini, rétorquai-je. Le sorcier a donc fait le voeu de ne jamais aimer. Il s'est donc arraché le coeur de la poitrine. Aussitôt, il est devenu froid, insensible. Cette situation lui plu dans les premières années. Mais le temps passait, et tandis que ses proches connaissait un bonheur auquel il n'avait jamais goûté, lui restait seul dans son immense demeure. Il désira alors ce bonheur. Mais quelle femme pourrait un jour lui être assez digne ?
- Il l'a pourtant rencontré...
- Oui, et il n'a pas été dans la capacité de l'aimer. Il voulut alors récupérer son coeur, qui s'était dégradé en son absence. Comme il fut dans l'incapacité de le remettre dans sa poitrine, il arracha celui de la femme dans l'espoir de l'échanger. Mais ils moururent tous les deux.
- Tes goûts sont plutôt curieux, Lacerta, dit Jedusor, dont les yeux s'apparentaient maintenant en deux fentes sombres.
- L'histoire en elle-même me dérange un peu, dis-je sur le ton de la confidence. Mais la morale est fantastique. Ce sorcier a arraché une partie de lui-même dans un but de grandeur, mais n'a récolté que la peine, la souffrance, puis la mort. N'est-ce pas une intelligente allégorie de la mégalomanie ?
- S'il n'avait pas eu de remords, la fin aurait été différente, fit remarquer Jedusor.
- Pas du tout, le contredis-je. Il a abandonné une partie de lui-même. Il n'était plus humain. Il n'était dès lors destiné qu'à une fin dans la disgrâce.
Mon regard descendit malgré moi sur la bague des Gaunt. Jedusor avait déjà abandonné plusieurs parties de lui-même, sans aucun doutes. Les doigts qui se situaient le plus près de sa baguettes tressaillir.
- Tu n'es pas d'accord ? demandai-je.
Jedusor ne répondit pas, son sourire se contentant de s'étirer comme s'il conversait avec une enfant intelligente. Ce fut alors qu'Alphard s'approcha de nous, les sourcils froncés et l'air méfiant.
- Jedusor, salua-t-il à mi-voix.
- Black, répondit Jedusor sans quitter son air mystérieux, avant de prendre congé de nous.
J'attendis de le voir sortir de la bibliothèque pour souffler un grand coup.
- Que te voulait-il ? demanda Alphard, le ton rempli de méfiance.
- Je ne sais pas, mentis-je. Mais tu sais comment il est. Toujours quelque chose derrière la tête.
- Je ne l'aime pas, dit Alphard de but en blanc.
- Moi non plus, je te rassure.
Je le regardai s'asseoir puis levai la tête, droit sur le rayon dans lequel Jedusor lisait plus tôt. Peut-être que le livre qu'il lisait... Je ne savais pas quelle sorte de curiosité avait bien pu s'emparer de moi. Je bondis de ma chaise et me précipitai vers le rayon, sans qu'Alphard n'ai pu réagir. Je parcourais rapidement les étagères pour trouver l'ouvrage. Sa couverture en écailles de dragon attira rapidement mon attention. Son titre, également : Comment détecter les Grands Principes de la Magie Noire. Cette partie avait beau être la section sur la Défense contre les Forces du Mal, je concevais difficilement qu'un grimoire possédant ce titre ne fût pas rangé dans la Réserve. Par chance, la ficelle accrochée à la tranche marquait une page. Le chapitre sur la pratique de l'animal de compagnie chez les mages noirs, plus précisément. Il y était écrit :
Les animaux de compagnie sont très fréquent chez les sorciers. Hiboux, chouettes, chats, crapaud et rats sont les plus populaires. Mais en général, ils n'ont pas de grande importance magique. Ce n'est pas le cas chez les adeptes de la mauvaise magie. En effet, l'animal de compagnie est pour eux un véhicule de puissance, c'est pour cela qu'ils ne choisissent jamais un vulgaire chat de gouttière pour les accompagner. Chez eux, l'animal est un symbole, et est dans la grande majorité des cas une bête fantastique. Dragon, phénix ou encore Basilic, comme Herpo l'Infâme. Cependant, selon les théories d'Ygerne d'Avallach, connue comme étant la plus terrible sorcière du bas Moyen-Age, la grandeur du sorcier ne résidait pas dans sa capacité à se faire obéir par les animaux, mais par les humains. Ainsi avait-elle transformé son pire ennemi en loup avant de le réduire en esclavage, illustrant donc ses propos.
Nagini... Jedusor était déjà en train de se renseigner pour trouver un être tel que Nagini ! Oh. Mon. Dieu. Il fallait que Tom et Poppy sussent ça !
- J'espère qu'il ne lisait ça que dans un but théorique... dit Alphard, qui s'était levé pour lire au dessus de mon épaule.
- Toi aussi tu l'observais tout à l'heure ? pouffai-je.
- Tu avais ce regard flippant rivé sur lui. Avoue que ça attire l'attention...
- Mon regard n'est pas du tout flippant ! protestai-je avec un grand sourire.
- Je t'assure que j'aurais dû prendre une photo, dit-il avant de reprendre son sérieux. Pourquoi ce livre n'est pas dans la Réserve ?
- Je me suis posée la même question.
- Tiens, regarde. Un autre grimoire qui n'a rien à faire ici.
Il sortit de l'étagère un livre peu épais relié grossièrement.
- Les sortilèges d'influence, lut Alphard. Il ne faudrait pas qu'il tombe entre les mains de n'importe qui...
- Les sortilèges d'influence ? répétai-je. Tu veux dire, des alternatives à l'Imperium ?
- Visiblement. C'est ce que j'en comprend, en tous cas.
C'est ce qu'il me faut.
- Fais voir ?
Mes mains trémulaient lorsque je m'emparait de l'ouvrage. L'alternative à tous mes problèmes... Peut-être était-elle juste là...
- Tu le refais.
- De quoi ? demandai-je.
- Ce regard flippant.
- Oh, arrête ! le rabrouai-je.
Alphard m'adressa une autre sourire éclatant et reposa Comment détecter les Grands Principes de la Magie Noire à sa place. Il tendit la main pour me reprendre l'autre livre mais je ne le lui donnai pas.
- Je vais l'emprunter, décrétai-je.
- Tu parles sérieusement ?
- Je préfère que personne n'ait vent de ce qu'on peut faire avec, mentis-je (encore).
- Quel sacrifice personnel ! ironisa Alphard.
- Tu as terminé tes devoirs ? l'enquis-je pour changer de sujet.
Nous nous redirigeâmes alors lentement vers notre table.
- Oui, et je ne comprend toujours rien à l'oniromancie.
- Je ne peux pas t'aider, je ne suis pas les cours de Divination.
Je réunis mes affaires et entrepris à les ranger. Alphard réajusta la sangle de son sac sur son épaule et poussa les chaises contre la table. Il m'aida également à remettre à leurs places les nombreux ouvrages que j'avais consulté puis j'allai emprunter Les sortilèges d'influence auprès de Madame Pince.
- Tu retournes dans ta salle commune ? me demanda Alphard lorsque nous quittions la bibliothèque.
- Je ne pense pas, non, répondis-je en rangeant le livre dans mon sac.
- Tu veux qu'on aille se promener ?
- Oh... C'est que... Je n'ai pas pris ma cape...
L'expression d'Alphard ne tressaillit pas, et il sortit sa baguette de la poche de sa robe avec un grand sourire.
- Accio cape de Lacerta, prononça-t-il.
Nous restâmes un instant silencieux puis, soudainement, un bruit de battement semblable à celui d'un drapeau sous une tempête retentit dans les couloirs. Ma cape surgit à toute vitesse d'un croisement. Quelques élèves sursautèrent à la vue de ce Morempli ondulant sous une brise inexistante. Elle atterrit doucement dans les bras d'Alphard qui me la tendit, fier de lui.
- J'adore la magie, murmurai-je, admirative. Merci.
Je m'en enveloppais aussitôt, à la manière du Docteur Strange.
- Où va-t-on ? lui demandai-je.
- Pourquoi pas sur le viaduc ? Il parait qu'on a une assez jolie vue du paysage depuis.
- Cool, allons nous promener sur le viaduc, alors.
Alphard sourit un instant avant de dire :
- Il faudra vraiment que tu m'expliques la signification de tes mots étranges.
Note de l'auteur : Salut à vous tous, comment ça va ? Vous avez bien aimé le test du "chapitre" précédent ? Il y en aura un pour chaque partie de cette fanfiction. D'ailleurs, je n'ai pas encore fixé le nombre de chapitre par partie, mais sachez que vous n'allez pas rencontrer (Atbash)Nziovmv Nxprmmlm avant longtemps !
Qu'avez-vous donc pensé de ce chapitre ? Vous a-t-il été plaisant ? Avez-vous déjà lu les contes de Beedle le Barde ? Avez-vous trouvé l'analyse d'Eddie pertinente ? Y a-t-il des choses que vous aimeriez que j'aborde plus, ou, au contraire, que j'aborde moins ? Y a-t-il des personnages que vous préféreriez voir apparaître plus souvent ?
En média, Rosemonde Westmore. Les mots en anglais du début sont les paroles de Carry on my wayward son de Kansas. En voici la traduction : Une fois que j'avais dépassé le bruit et la confusion/Juste pour avoir un aperçu au-delà de cette illusion/Je montais toujours plus haut/mais je volais trop haut. Bizarrement, les paroles sonnent toujours mieux en anglais...
Merci d'avoir lu ce chapitre, Rodnoffyrg <3
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